joie, quoiqu’un nom d’iju homme et d’un
héros, ne sont pourtant que des fictions
mystiques en honneur du Soleil, vaincu
d’abord par les ténèbres, et ensuite vainqueur.
Les docteurs de ces religions,
qui nous ont transmis ces mystères et
ces légendes, s’accordent à nous dire,
que le héros pleuré et. chanté est le Soleil
, quoiqu’on enseignât aux peuples
qu’il s’agissoit d’un homme, qui avoit
réellement vécu et régné autrefois sur
la terre (ggg).
Voici une réflexion que nous devons
faire, et qui se présente naturellement.
Dans les mêmes siècles à-peu-près,
où ces religions et ces fables passèrent
en Occident, à la faveur de la com-
înunicatio/j entre les peuples d’Orient
et d’Occident , que les conquêtes de
Rome avoient rendue plus facile , nous
voyons sortir du même pays une secte
d’initiation, qui réunit presque tous les
caractères, des autres , et dont le héros
non-seulement naît le même jour que
le Soleil , que Mit lira , Orus , etc.
triomphe le même jour , mais encore
meurt et. ressuscita comme eux , et
remporte son triomphe sous les mêmes
formes Astronomiques, et. dans le même
signe que ce Soleil. Quoi ! parce qn il
y a une légende , qnien fait un homme,
et des sots qui le croyent, comme le
peuple d’Egypte croyoit à la légende
d’Osiris, enfermé dans un coffre par
son frère Typhon , mort ensuite et ressuscité;
comme le peuple de Phénicie
croyoit à celle d’Adonis tué par un
sanglier , ensuite descendu aux enfers,
puis ressuscité ; nous nous obstinerons
à foire un homme réel du héros
ds la secte des Chrétiens , qui'épreuve
absolument le même soft ? Nous croirons,
qu’il est né et mort, parce qn’on
a montré l’antre où la Vierge l’a mis
an monde , et le tombeau dans lequel
oh l’ayoit déposé , et d’où il est sorti
vivant et, glorieux? O s fictions mystiques
, devons-nous dire , étnient uai-
(i) Maprob. S;jf. 1, i. e. 18, p. aüb,.
verselfement. reçues dans tout l'Orient-
c’est de l’Orient qu’est venue cette Relil
gion qui a la même physionomie que les
autres; c’est dans le temps même,oùles
Isiaques,lcsMithriaques, et les mystères
de Cybèle et d’Atys faisoient le plus de
bruit a Rome , et en étoieut souvent
chassés , qu’y a paru avec quelque
éclat la secte de Christ, adoptée d'abord
par quelques gens obscurs, chassée
ensuite comme les autres , et persécutée
plus qu’elles, comme plus intolérante
; elle est du même pays, du
même temps , elle a les mêmes formes
; donc il est plus que vraisemblable,
que c’est la mêmechose. Le pins
ou moins de fortune , que les circonstances
peuvent donneF à une opinion
Philosophique, ou à une secte Théologique
, n’en change pas la nature.
C’est elle-même que nous devons considérer
, approfondir,, analyser. Peu
nous importe après tout, que des peuples
crédules aient pris ses fictions à
la lettre , et que ne pouvant pas deviner
le sens de ses figures mystiques,
ils se soient obstinés à révérer sou
écorce bisarre', et monstrueuse, et s’eu
soient contentés.
Il paroît cependant que, dans les premiers
siècles, scs rapports avec la religion
du Soleil n’avoient point échappé
aux Payens. C’est ce que nous voyons
par Tertuliien , qui convient qu’on les
regardoit comme une secte d’adorateurs
du .Soleil. Ce qu’il y avoit de
plus savant entre eux, les Gnostiques
etles Basilidiens, s’étoient écartés moins
qu’aucun autre de ces formes solaires,
et la Religion Chrétienne entre leurs
mains conserva beaucoup de traces des
initiations anciennes. Les Gnostiques
donnoient à leur Christ le nom d’Iao,
nom que l’oracle de Claros (i), dansMa-
crobe, donne au Soleil, et que les Phéni-
niciens (2) donnoient à (a Lumière. Ils
avoient leurs trois cents soixanteÆons
calqués sur les 360 dégrés do Zodiaque
jap Cedren. p. i6u.
qpe
tiques, qui décéloient l’origitTe de leur
religion (ici). Ils ne prioient jamais,
qu’en se tournant vers I Orient, ou vers
le lieu d’où sort le Soleil. Tous leurs
temples ou lieux d’assemblées anciennement
étaient orientés, ou tournés
vers le Soleil levant. Leurs assemblées
sacrées ont été fixées au jour du Soleil,
qu’ils appellent, jour du Seigneur, ou lo
Dimanche. Tout cela n’a pas été établi
sans raison. Ces pratiques fenoient à
la nature même de leur religion. Résumons.
Nous" avons vu ci-dessus (6) que
dans son second chapitre la Genèse
, hase de loute Je religion des
Chrétiens, n’était qu’une pure allégorie
: que le mal, qu’elle supposoit
introduit par le serpent, n’étoit que
l’hiver , son froid et ses ténèbres ;
qu’un pareil mal ne pouvoit être réparé
que par le Soleil ; que le réparateur
devoit donc naître et triompher
aux mêmes époques, que naît
et. triomphe le Soleil , et subir les
mêmes aventures, qu’éprouvoit le Soleil
dans les fictions sacrées de toutes
les religions solaires. Or en examinant
les traits- 'caractéristiques de Christ et
sa forme symbolique, et en réunissant
les traditions, nous voyons qu’elfec-
tivernent il a tous les caraetères, que
devoit avoir le réparateur allégorique
d’un mal physique produit par l’animal
symbolique. Donc Christ, soit dans
sa nativité , soit dans sa mort et. sa
résurrection, n’a rien qui le diff érencie
du Soleil; ou plutôt ce n’est.que par
1c Soleil , qu’on peut expliquer les traditions
extravagantes, qu’on pous a
transmises sur lui. Donc Christ est le
Soleil.
La partie miraculeuse étant expliquée
, avant de passer à la partie métc-
physiqueef à lamysticité, ou plutôtaux
abstractions mystérieuses de cette re-
(4) ïlav. V o p ù c . in Saturnin.
(6) Eyang. •loan. c. 3. c. 14.
(6) Ci-dessus ch. i.
M