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 T O M E   T R O I S I È M E . 
 ( a. )  V -/N  remarque que ce mot, au commencement,  
 a  été  consacré  par  la  Genèse,  Zoroastre  ne  1 a  
 répété  qu’afin  de  nous  dire,  que  le  bon  principe  
 agit  toujours  le  premier,  et  que  le  principe  du  
 mal  n’agit  qu’a près  lui. 
 cc  Plantaverat  mit cm  dominus  Deus  (  hertum  
 »  amtenum )  paradtison  voluptatis  à  Priilcipio,  in  
 »  quo  posuit  hominem  qutm formavtrat ». 
 La  Genèse,  comme  Zoroastre,  met  dans  ce  
 lieu un  fleuve ,  qui  se  divise  en  quatre  branches.  
 «  Et egrtdiebatur Fluvius de loco voluptatis ».  C ’est  
 le  fleuve  d’Eiren,  dans  lequel  le  Serpent  répand  
 ensuite  le  froid. 
 (b)  Anquetil  (  i  )  pense  qu’Ereirè-Vedio  est  
 l ’Iran,  ou  i’Ajan ,  portion  de l’Arménie,  pays  véritablement  
 délicieux.  C’est  l’ ibérie  et  l’Albanie  
 décrites  dans  Strabon  ,  aujourd’hui  l'Aran  et  la  
 Géorgie,  le  plus  beau  climat  du  monde. 
 (c)  ~ E t  egredïtbatur ftuvius  de  loco  voluptatis  ad  
 irrigandum  paradi.um ,  qui  mdt  dividitur  in  'quatuor  
 capita.  Nomcn  uni  Phison  :  ipse  est  qui  circuit  
 ornnem  terrain  llevd.it h ,. ubi  nascitur aurum...  
 et  nomcn.  fluvii  secundi  Gekon ; ipse  est  qui  circuit  
 ornnem terrain Æthiopioe  Nomen fluvii  tertiiTygris :  
 ipse  vadit  contra  Assyrios.  Fluvius  autan  quart us  
 ipse  est  Euphrates.  (Genes.  cap.  2 ,   v .  10). 
 ||É  Les  Peuples  de  la  Colchide,  voisins  des  
 J b ri  ou  Iberi,  ont  conservé  encore  long-temps  
 l’usage  de  la  Circoncision  ,  qui  leur  étoit  commun  
 avec  les  Egyptiens  et  avec  les  Juifs  (2),  
 et  les Ethiopiens.  11  y   a  beaucoup  d’apparence ,  
 que le nom des Ebri, que L’on donnoit à ces  F.breux,  
 est  une  altération  de  celui  des  Ibri  eu  Ibtri  de  
 d’Albanie,-  ou  des  Nations,  qui  demeuroient  au-  
 delà  de  l’Euphrate  et  de  ses  sources,  entre  la  
 mer  Caspienne  et  la  mer  Noire.  Ce  pays  est  aujourd’hui  
 l’Aran. 
 Les  Livres  Hébreux  nous- rappellent  vers  l’Arménie  
 ,  non-seulement  en  nommant  les  fleuves  
 q u i  y  coulent,  dans  la  fable  d’Adam,  mais  encore  
 en  nommant  ses  montagnes  dans  la  fable  du Déluge. 
   Donc  les  Auteurs  de  ces  ouvrages  habi- 
 (1)  Zend-Avest.  t.  1 ,  part,  a,, p.  2<$J- 
 (2)  Hérodote,  î.  2  c..  104.. 
 (3) Strsb. h  u, p. 499* 
 toient  ces  lieux.  Les  Grecs  chantent  leurs  fleuves  
 et  leurs  villes;  les  Indiens,  le  Gange;  et  c’est  
 sur  les  confins  de  l’Arménie  et  de  là  Perse,  
 que  nous  trouvons  le  réparateur  Mithras.  Tous  
 ces  traits  ne  sont  pas  à  négliger.  Ces  pays étoient  
 anciennement  très-habités.  On  y  trouvoit  de  
 grandes  villes,  de  beaux  édifices  (3 ) ,  des  places  
 bien  décorées,  des  édifices  publics  magnifiques  ,  
 et  en  général  tout  ce  qui  tient  à  l’opulence  et  
 à  la  civilisation.  On  parloit  jusqu’à  vingt-six  
 langues  dans  ces  pays  ( 4 )   ,  ce  qui  annonce  les  
 restes  d’anciennes  peuplades  ,  c(îii  s’etoient  succédées  
 sur  cet  heureux  sol. 
 (c)  Une  chose  assez  remarquable,  c’est  que,  
 dans  Origèoe  (5) ’  011  reproche aux  Juifs  le  meme  
 culte  ,  que  celui  que  Strabon  suppose  établi  ea  
 Arménie  et  en  Albanie  (6).  Héraciéon  y  dit  aux  
 Juifs ,  « qu’eux  qui  prétendent  seuls  conncitre  le  
 »  vrai  D ieu ,  l ’ignorent  néanmoins,.  puisqu’ils  
 »  prostituent  leurs  hommages  aux  Génies ,  aux  
 »  Mois,  et  à  la  Lune». 
 (ƒ)  Si  le Géon est,  comme  on le  dit  communé-  
 r/fent,  le  N il,  il  s’ensuit  qu’ils  ont  voulu  désigner  
 en  cénéral  la  terre  qu’ils  connoissoient,  du  
 Nord  au^Midi,  avec  les  grands  fleuves  qui  écoient  
 les  plus  fameux  chez  eux,  tels  que  l’Araxe  ou  
 le  Fhasis,  le  T ig re ,  l ’Euphrate  et  le  Nil. 
 Lylio  Giraldi  in  Pythag.  Symb.  p.  92,  nous  
 a  conservé  une  fiction  de  Zoroastre  sur  1 ame  ,  
 dans  laquelle  on  remarque  une  allégorie  mystique  
 sur  les ^quatre  fleuves  du  Paradis;  ce  qui  
 prouve, que ces quatre fleuves de l’Eden onde  l’|Fren  
 n’étôient  point  étrangers  à  la  religion  de  Zoroastre. 
 (g)  Rien,  dit  Beausobre  ( t.  2  ,  1.  5 ,  c.  1 ,  p*  
 144 ),  n’ a  plus  embarrassé  les  Philosophes  en  
 général,  soit  les  Païens,  soit*lès  Chrétiens,  que  
 la  question  de  i ’origine  du  mal.  11  y   a  du  mal  
 dans  le  monde;  il  s’agit  de  savoir  d’où  il  vient,  
 et  c’est  ce  qui  a  toujours  paru  très-difficile.  Beau-  
 sobre cite  à ce  sujet  un  beau  morceau  de Maxime 
 (4)  Ibid,  p«- 503".  # ■ 
 (•5)  Orig., Comm.  in  Johan.  14»  P*  212. 
 £6)  Strab,  1.  11,  p.  5.035  et  1,  12,  p.  5575. 
 de T yr.  ( Orat.  25 ,  p.  144  ;  Origen.  contr.  
 G if*   !•  4 >  p*  207 ;  et  S.  Aug.  de  Ord.  1.  
 a ,c .   ï/.)  . 
 ■  (/i)  Basilides  étoit  d’Alexandrie,  où  il  érigea  
 une  école.  Il  avoit  voyagé  en  Perse.  Cette  doctrine  
 , remarque  avec  raison  Beausobre  (1 ), avoit  
 sa  source  dans  la  philosophie  Burb.ire  ,  dans  
 celle  des  Mages  et  des  Brachmanes.  réussi  
 Epiirem  l’appelle  Vhérésie  des  Indes,  il.  au.roit  
 pu  ajouter,  que  c’étoic  aussi  celle  de  rEgy..te  ,  
 où  Basilides  tenoit  son  école.  ‘ 
 (i)  C ’est  dans  la  partie  méridionale  du  monde,  
 que  les  Manichéens  plagoient  l’empire  des  Ténèbres  
 (a).-  La  Lumière  et  les  Ténèbres,  c’ est-  
 a-drre  ,  «Dieu,  avec  toutes  les  Puissances  cé-  
 »  lestes,  et,le  Démon,  avec  toutes  les  siennes, 
 »  avoient. chacu;*leur  empire  et  leur  séjour.  La  
 >>  Lumière  tenoit  lc-s  parties  Orientales,  Occi-  
 x>  dentales  et  Septentrionales  de  l’espace.  Les  
 »  Ténèbies  étoient  placées  vers le midi».  C ’est-à-  
 dire,  que  la  ligne  tirée  de-l’Orient  à  l’Occident,  
 deux  points  ,  où  naissoit  et  finissoit -le  règne  des  
 longs  jours,  séparoit  l’Univers  en  deux  .parties  
 ,  dont  l’une  étoit  l’Hémisphère  septentrional,  
 et  l’autre  le  méridional  :  que  le  premier  étoit  
 le  domaine  de  la  Lumière;  et.  l’autre,  celui  des  
 Ténèbres.  C’est  là  qu’est  ce  Pôle  abaissé:  quem  
 Styx atra videt,  -mânesque  profundi  (3).  L ’Auteur  
 des  Pseaumes  demande  à  être  délivré. à  deemone.  
 mtridiano. 
 Tire  de  Bostrès  ( 4 )  dit  :  Meridianam  partem  
 malo  tribuiint Manichau.  Simplicius  (in  Epict.  c.  
 34 ,  p.  i 65  )  et  Theodoret ' ( Hæres.  Fa b.  1.  1  ,  
 p.  26)  attestent  1;;  même  chose.  Dans  le  Boun-  
 dèsh,  p.  351  ,  etc.  Ahriman  se  réfugie  vers  
 le  Midi. 
 Albuf.irage  (Dynast.  p.  82)  raconte  que  le  
 Dieu  Bon  remporta la  victoire,  et  chassa  le  Démon  
 dans  les  parties  du  Midi,  où  il  tâ.ha  de  
 se  créer  un  monde  ,  sur  lequel,  il  dominât.  J1  
 commence ,  et  déjà  il  crée  au  Pôle  austral  une  
 Constellation  semblable  à  celle  de  l’Ourse ,  lorsque  
 les  Anges  s’entremettent,  et  font  la  paix  entre  
 les  deux  Dieux,  à  condition  que  le  Dieu  Bon  
 jetera  dans  la  matière  quelque  partie  de  la  substance  
 céleste.  Ce  fut  là  ce  qui  donna  lieu  à  
 Ja  création  de  notre  monde,  qui  est  sujet  à  la  
 génération  et  à  la  corruption,  et  sur  lequel  le  
 méchant  domine. 
 {F)  .Cette  Cosmogonie  dit  que  l’homme  cultiva  
 la  Terre,  1^ . Arbres  et  les  Plantes.  Celle  
 des  Juifs  dit  également  :  cc postât  eum  in  paradiso  
 »  voluptatis ,  ut  operarctur et custodiret  ilium ». 
 (/)  Les  Manichéens  eptendoient  par  lé  Paradis  
 terrestre,  le  monde,  dans  lequel  le  bien  et  le 
 mal  sont  mêlés  (5).  Il  est  vrai  qu’ils  appliquoiînt  
 au  mal  moral  ce  qui  d oit  s’entendre  du  mal  
 physique.  A   l’égard  du  Paradis,  les  Manichéens  
 disent  (6)  que  «  c’est  le  monde,et  que  les  arbres  
 »  ■ du  Paradis  ne  sont  autre'chose  que  les  objets  
 »  de  la  convoitise  ;  que  c’est  tout  ce  qui  séduit  
 »  les  hommes,  et  corrompt  la  raison.  Mais  pour  
 »  l’arbre,  qui  donne  la  connoissance  du  bien, 
 »  c’est  Jésus,  et  la  science  de  Jésus ».  Ainsi  le  
 bien  et  le  mal,  ou  la  science  du  bien  et  du  
 m a l,  est  une  allégorie  relative  aux^  deux  principes  
 et  à  leurs  moeurs ,  même  chez  ceux  qui  
 ont  rapporté  cette  fable  à  la  morale,  plutôt  qu'à  
 la  physique. 
 (rn)  Suivant  les  traditions  Juives  ,  chaque  
 monde  se  dérruisoit  au  septième  mille,  et  ne  
 devait durer que.sept  mille  ans  ( Basnag. Hist. des  
 Juifs,  t.  4 »  Q-  16»  P*  i* 7 ) .  On  voit  aussi,  dans  
 Boulanger  (Despot.  Orient,  p.  125) ,   que  cette  
 chronologie,  qui  donnoit  à  la  durée  du  monde  
 six  raille  ans  ,  étoit  en  vogue  dans  la  primitive  
 église,  et  que  l’on  attendoit  la  fin  du  monde  ,  
 et  le  renouvellement  de  toutes choses  au  septième  
 mille.  De  là  l ’erreur des Millénaires ,  et la frayeur  
 universelle  de  l’Europe  vers  la  fin  du  dixième  
 siècle. 
 (rc)  C’est le mille de  l’Agneau ,  chez  .les  Perses,  
 ou  Avril. 
 Le  second  sera  le  Taureau  ,  ou  Mai. 
 Le  dernier  la  Vierge  ,  ou  Août. 
 (0)  Je  remarque,  que  la  Constellation céleste  ,  
 qui  tient  ce  Serpent,  où  l’Ophiuchus,  est  le  fumeux  
 Cadmus,  et  que  les  Cabalistes  appellent  
 Adam  Kadmon,  le  premier  homme  ( Beausobr.  
 t.  2 ,  p.  a 16 )* 
 ([p)  Ce  Samaël  est  aussi  appelé  Asmodceüs ;  çe  
 qui  n’est  qu’un  nom  composé  de  deux  noms  
 d’Ahriman  chez  les  Perses,  qui  l’appellent  tantôt  
 le  Serpent  Asmog,  tantôt  le  Dcw,   ou  mauvais  
 Génie;  d’où  on  fit  Asmog-Dçw  ou  Asmedecus. 
 Suivant  les  Talmudistes,  Eve  étoit  si  belle  ,  
 que  Samaël  en  devint  amoureux,  et  jouit  de  ses  
 faveurs.  Les  Rabbins  même  disent  qu’elle  eut  
 Caïn,  non  pas  d’Adam,  mais  du  Serpent  qui  
 trouva .lieu  de  la  séduire. 
 (q)  Si  au  contraire  on  prend  pour  le  Serpent  
 séducteur  le.  Draco  custos  Hesperidum  ,  cela  
 s’explique  encore ;  puisque  les  étoiles  de  sa  tete  
 sont  appelées  par  les  Arabes  les  cinq  Dromadaires  
 ou  Chameaux  (7). 
 (r)  Ipsa content caput  tuum  et  insidiaberis  cal-  
 caneo  cjus,  etc.  (8) 
 (j)  Cette  femme  porte -  balance  pourront  étr,e  
 prise  pour  Eve,  à  moins  que  l’on  ne  s’en  tienne  
 au  passage  de  Chardin,  qui  la  met  dans  U 
 (1)  Beausobr.  t.  1,  p. 41« 
 ( 1 )   Ibid.  c.  7.,  p.  298. 
 (3)  Virgil.  Geor.  1.  1  ,  v.  243, 
 (4)  Tir,  de  Bostr.  Coli.  8So. 
 (5)  Epiph.  ad vers.  Hæres.  c,  66. 
 ,(6)  Beaus,  t.  a,  p.  452. 
 (7 )  Cæs .  p.  i i  2.  B ay.  Uranol.  tab.  3. 
 (8)  Gen,  c.  3, 
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