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Nonnns, dans ses Dionysiaques (r),
suppose que Bacchus fut mis en pièces
par les Géafis ; Jupiter le venge en envoyant
un déluge qui détruit l’imivers ;
et ceDicu redonneun second Bacchus à
la terre renouvelée.
Diodore de Sicile (2) rapportant les
traditions des Cretois, raconte aussi
la mort de Bacchus mis en pièces par
les Titans, telle qu’on l’enseignoit dans
les Orphiques.
Plutarque (3) reconnoît lui-même,
que ce qui se pratique en Grèce dans
les fêtes de Bacchus, appelées Titani-
ques et fêtes de la nuit parfaite , s’accorde
entièrement avec le déchirement
d’Osiris et avec son retour à la
vie.
Arnobe (4) etPausanias parlent aussi
de la mort de Bacchus mis en pièces
par les Titans (5 ). Le premier dit, qu’on
le confondait avec le Soleil, ou avec
Apollon; et nous avons preuve à nos-
tre article Bacchus , que ce Dieu étoit
effectivement le Soleil (6).
Quelques auteurs ont avancé, que le
Bacchus (7) fils de Cérès , ou de la
Déesse , dont le nom a été donné à la
Vierge céleste, avoit été mis en pièces
par les Géans , qui avoient fait cuire
ses membres dans une chaudière, mais
que sa mere les avoit réunis, et qu’il
étoit sorti de la chaudière avec toute
sa vigueur. On voit par-là combien le
génie des Mjjstagogues a varié les aventures
du Dieu Lumière, que Us uns ont
fait cuire dans une chaudière, d’autres
attaché à une croix, d’autres enfermé
dans un coffre, et que tous ont fait resr
susciter-
Dans d’autres mystères, ou le sup-
posoit seulement perdu.. Les femmes 1
( 1 ) Norinus, ]'. 6. v. 17 5 . etc. .
(2) Diod. Sic. 1. 5. c. 7S. p. ùcr,
(3) Plut, «i'e ls id . p. 864-
(4) Arm b. Centr. gent. 1. 1. p. 24,.
(5) Pausan. Arcad. p. 267.
(6) Ci-dess. 1. 3. T .,2 . c. 6.
(7) Arnol>.l'i3. p . n o -
éplorées le cherchoient, et ensuite fer.-
minoicut leurs recherches en chantant
le retour du Dieu au sein des Muses,
pu des Intelligences, qui présidoient à
l’harmonie des sphères-
Plutarque „dans son traité sur l’inscription
de Delphes „ nous parle de
ces fictions, théoîogiques sur la mort et
le”démembrement, de la Divinité , qui
cependant par son essence est indivisible
et immortellc.Jl cite pour exemple
la mort et la résurrection de Bacchus
, qui étoit l’objet des mystères anciens
et des chants Dithyrambiques. (8)
On célébrait des fêtes en l’honneur
de Bacchus à l ’Equinoxe de printemps
, ( g.) au coucher du Scorpion„
domicile (te Typhon et des. Géans ses
ennemis. ( 10 ) On invoquoit en lui la
St. Taureau, que l’on prioit de descendre
du Ciel. Telles étoient les prières
des femmes Eléennes.Q i) Les Chrétiens
invoquent l’Agneau , qui a remplacé
le Taureau au point équinoxial,.
Dans, ces fêtes,, on mettait à. mort
le Taureau , que l’on décliiroiten pièces
„afin de retracer le mystère de la.
passion de Bacchus, ou de ce qu’a voit
souffert le Dieu Boeufde la part des mauvais
Génies , ou des Géans à pieds de
Serpent.. Ce n’étoit point la représentation
de l’Agneauégorgé; c’étoit.çeila
du Boeuf déchiré „.que l’on donnait aux
Peuples-
Julius Firmicusrapporte fortau long,
cette histoire , (12) et nous décrit tout
le cérémonial de cette fêle. C’est le
père de Bacchus „qui est. instruit par:
Minerve de la mort de sou fils , dont
ses ennemis avoient coupé par morceaux
les membres , qu’ils, avoient ensuite
fait cuire.. Minerve lui en ap-
(8) Plut, ( le« , apud Dèlpli. p; 388-
(9) Paus. Lacon. p. iô 5.
Tbeod G a z a ,c . 4Vp. 158.
(10) Ovid- Fasl, 1. 3. v. 712-
(11) Plut, de Isid. p. 364.
(12) Julius. Juin..,de prof-Errer- Rclig-
p- 13-etc,
P H H
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I -norte le coeur, qu’elle avoit sauvé de
■ leurs mains. Le Père furieux fait pe-
■ ;r ]es Titans par différons supplices.
■ pour adoucir sa douleur, il fait faire
I une statue à son fils, et y fait insérer
I k coeur du mort , que lui avoit ap-
I porté sa fille. U lui élève un tombeau,
■ établit des Prêtres qui le gardent, et
■ tous les ans on y célèbre des fêtes de
■ j e Jeoil, où l’on retrace les souffrances
■ du jeune Bacchus,eu déchirant à belles
■ dents la chair crue d’un Taureau vi-
| vant. Transportés par la douleur, le
■ délire et la fureur , les Initiés à ces
■ mystères courent ensuite , comme les
■ Menades , sur les montagnes et au mi-
■ lieu des forêts , pleurant la mort du
B jeune Prince , dont ou fait l’apo-
■ théose. ( 1 ) On porte en cérémonie la
I boîte, dans laquelle son coeur avoit été
I renfermé, comme ou porte au Jeudi-
J Saint le ciboire où repose le Corps de
B Christ- B Julius Fîrmicus, qui nous rapporte
™ cette légende Crétoise, et qui s’obstine
à faire de Bacchus un prince „comme
il croyoit aussi que Christ étoit un
homme, qui avoit effectivement vécu,
qui étoit mort „et qui étoit ressuscité, ne
peut s’empêcher de convenir, que les
payens expliquoieut tout cela par la
nature, et regardoient cette aventure,
comme une fiction mystique sur le
Soleil. Il est vrai aussi, qu’il se refuse à
ees raisons „et qu’il met même un discours
dans la bouche du. Soleil „ par
le peignait comme un cocher : Il au-
roit pu ajouter , tantôt en le faisant
pendre, comme Christ. 1(Pleurez Bac-
,, chus , dit le Soleil, pleurez Atys ,
,, pleurez Osiris; ajoutons-nous,pleurez'
,, Christ-, mais que ce soit sans me
» déslronorer par vos fable» ». Ainsi
parle le Soleil dans Firniicus.
D’après ee que dit Firmicus , il est
clair, que la tradition s’é toit conservée
chez les payens , que toutes, ces aventures
lequel ce Dieu reproche aux hommes
de chercher à le déshonorer par des
fables impertinentes , tantôt en le sub-
rnergeantdansleNil,soüs lesnomsd’O -,
siris et d’Orns ; tantôt en le mutilant
sous celui d’Atys ; tantôt en le faisant
cuire daus une chaudière „ ou rôtir à
la broche , comme Bacchus ; tantôt eu
tragiques et incroyables, ces morts
et ces résurrections, n’étoient que des-
fictions mystiques sur le Soleil. C’est
ce que nous prouvons encore ici dans-
la personne factice de Christ, aujourd’hui
que la science nous a mis à portée
de suivre les explications physiques
de la théologie ancienne , et de
comparer lès formes bisarres de ce*,
religions avec le ciel et la nature.
Gomme Christ, Bacchus prenoit l’épithète
de Saotés „ ou de Sauveur. {3 >
Comme lui, il faisoit des miracles , (4 )
guérissait les malades , et prédisoit l’avenir.
(5 ) . . -
Non-seulement on enseignoit dans
les mystères la mort et la résurrection
du Soleil sous le nom de Bacchus ,.
mais on parloit aussi de sa descente
aux enfers; ensorte que, comme Christ„
Bacchus est mort, descendu aux enfers
(6) et ressuscité. Osiris également
meurt, revient des enfers, et ressuscite.
Nous conclurons donc,.malgré la
différence des légendes et des noms r
que Christ n’a rien qui n’appartienne-
à Bacchus et à Osiris, c’est-à-dire,
au Soleil honoré sous ces noms. Bacchus
dès son enfance fut menacé de
perdre la vie. (7) On lui tendit des pièges
, comme Hérode en tendit à Christ-
Bacehns, comme Christ, établit de*
initiations „ et u’y admit que les gens
(0 Tul. Firm', ibid. p. l 5-
(2) . Julius Firm. ibid. p. 19.
(3) Paus; Çorjnthj.p. 74—79-
(4) Paussîn. Messen, p. 147'-
(5) Pausan. Phoc. p. 352-
(6) Paus. Córinth. p. 73-80-
(7) Pausan. Achaic