plus haut, que dans les premiers siècles
de l’Eglise on étoit persuadé * que
c’étoit à Pâques que de voit avoir lieu
le second avènement de Christ, et conséquemment
le jugement dernier. Que
c’étoit même là le but du P_errigilium
Paschoe, ou de la veiljéé de Pâques, où
l’on attendoit l’apparition du Grand
Juge. C’est ce qui est clairement marqué
dans le dernier verset du onzième
chapitre ( i ) de l’Apocalypse. <c Le
jj temps de votre colère est arrivé." Le
j> temps de juger les morts et dedon-
jj ner la récompense aux Prophètes
jj (aux chefs de l’initiation) vos servi-
jj teurs, et aux Saints ( aux inities ) et a
ceux qui craignent votre non» , aux
petits et aux grands , et d’exterminer
ceux qui ont corrompu la terre. Cet te
époque équinoxiale étoit fixée tous les
ans, le soir par l’apparition de l’Ar-
ehe , ou du Vaisseau Celesfe, placé au
midi de la Vierge, qui tous deux mon-
toient. à l’Orient, la veille de Pâques,
au commencement de la fameuse veille
Sacrée. Voilà pourquoi l’auteur ajoute,
v. r(). Alors le temple de Dieu s’ouvrît
dans le Ciel, et on vît l’Arche de son
alliance dans son temple : il se lit des
éclairs , des voix , un tremblement de
terre , et une grosse grêle. Le temple
de Dieu , c’est le Ciel, le premier temple
de la Divinité. Aussi l’auteur dit-il :
« Qu’on vit dans le Ciel cette Arcl e,
jj ce fameux vaisseau d’Isis, ou de la
-» ViergeCéleste , appelée Isis par Era-
» tosthène », C’étoit même l’tinbléme
sous lequel les anciens Suèves hono-
roient Isis , comme on le voit dans Ta-
cite. C’est le meme vaisseau, qui .acoorn-
pagnoit toujours Janus , dont l’Etoile
brillante, suivant Plutarque, fait partie
de la Vierge Céleste. Cette union
de la femme Céleste et du Vaisseau,
qui se lèvent ensemble le soir, lorsque (i)
(i) Ibid. v. 18,
- (y) Riccip1..p, 126. etCoesius.p, 324
(a) Meursiüs, Eleusin. c, 11,,
Pie thon, ScIiqI. ad Oracul. fldàglca.
lq Soleil arrive à la fin des Poissons;
à l’approche de l’Equinoxe du prin-i
temps , a donné lieu à l’expression,
dont la Sphère Indienne se sert pour
caractériser l’aspect céleste, qui paroîfc
à ce moment : Millier formosa, albz
sedens in navi in mari etc. cupiens
exire in siccum. La Vierge alors et le
Vaisseau, sortant de dessous l’Horizon,
sont censés, comme le Soleil, se lever du
sein des Ilots. Quant au nom. A'Area,
ou Kiêulor, c’est un des noms du Vaisseau
Céleste dans certains livres d’Astronomie
(2) , qui l’appellent Arche de
JVod. Effectivement c’est, cette Constellation
, qui figure dans la fable du
Déluge.
Le bruit du tonnerre , les éclairs,
les tremblemens de terre , qui isont
censés accompagner cette apparition,
sont des phénomènes qu’on ne man-
quoit pas d’imiter dans les mystères
anciens (3), sur-tout au moment où l’on
alloit découvrir la statue de la Dresse,
soit. Isis, soit Cérès, qu’aecompagnoient
toujours des Serpens, soi t la bonne Déesse
auxpieds de laquelle étoit te Dragon,
d’Erichtouius, comme le dit Plutarque
dans la vie de César: et comme oneiivoi|
ici un à la suite de cette femme a-îléè,
qui porte dans ses bras l’Enfant sacré,
qui va régner sur le monde. Ou sent
bien que le Ciel, où la Vierge est toujours
accompagnée de l’Hydre, et suivie du
Serpent, est le fondement de cetle ressemblance
de tableaux. Le Prophète,
dit Tbemisthins, ou l’Hiérophante oii-
vroit les portes du sanctuaire , et tout-
à-coup , les ténèbres étant dissipées, où
voyoit paroître la stafue de la Déesse
toute environnée de clarté.
Que voit-on ici aussitôt, que le terJ1'
que de Dieu est ouvert? Avec l’Arche
sainte , on voit une femme (4) revêtu»
du Soleil, qui a voit, la Lune sons ses
CluHdian.cteB.apt. ïroserp, el-Themi^1,
Oral, in Pal rein. ,
j (4) Apocal. Ibid. c. 12. v, î.
' pieds
njeds et une couronne de douze étoiles
sur la tête; elleéprouvoit la douleur de
l’enfantement; età sa suite étoit un grand
Dragon roux , couleur de Typhon, qui
vouroit dévorer le j eune enfant qui alloit
résnicr sur l ’univers. C’est-à-dire , on
voit Isis, grosse d’Orus , ou du Soleil,
à qui le principe des ténèbres Typhon
veut faire la guerre (1) ; mais qui est
bientôt vaincu par la force du $ang de
1 Agneau ou à'Arles , lieu derexalfa-
tioa du Soleil, et signe sous lequel le
Dieu Lumière rprend son empire sur
le principe ténèbres, en faisant triompher
la durée du jour sur celle de la
nuit.Voilàà-peu-pres, en dernjèreana-
Jyse, le sens de ce chapitre.Voici comme
il commence. « Il pai ut encore un grand
u prodige dans le Ciel ; c’étoit une
» femme revêtue du Soleil , qui avoit
» la Lune sous ses pieds et une cou-
ï ronne de douze étoiles sur la tête.
, » Elle étoit grosse , et elle crioit commue
étant en travail. (2) et ressen-
m tant les douleurs de l’enfantement.
» Un autre prodige parut ensuite dans
, b le CielQf). Un Dragon roux, qui avoit
» sept têtes et dix cornes , et sept dia-
[ b dèmes sur sçs sept têtes ». Tous ces
tableaux , comme on le voit, se pré-
[ sentent dans le Ciel aux yeux des ini-
| fiés. C’est donc aussi dans le Ciel
[ qu'il faut les chercher. Effectivement
nous voyons à l’Orient, à cette époque
I du printemps , outre le Vaisseau , une
j femme , que suit immédiatement un
Serpent ou un Dragon; celui-là même
[ qui, dans un autre endroit de cet ouvra*
j ge, nous sert à expliquer l’introduction
du mal dans le monde. Cettefemmeest,
| comme nous l’avons déjà dit, laConstel-
! lationqui, àminui!,annonçoitle 2Ôdé-
Icembve le renouvellement de l’année
Lum-Solaire. Voilà pourquoi on la fait
1 accompagner des deux Astres, dont le
I (D Ibid. v. I I .
K (2) Ibid. y. z.
1 Qj) Ibid. v. 3.
Relig, Univ. Tome III.
commencement delà révolution, à partir
du Solstice d’hiver, étoitfixéepar son ascension.
C’étoit donc laQéessequi pré-
sidoità l’année. C’est-là sans doute cette
femme symbolique, dontse servoient les
Egyptiens, suivant Horus Apollon (4),
pour désigner l’ann.é sous le nom
d’Isis. Les Egyptiens, voulant désigner
l’année, peignoient Isis, ou une femme:
mais Isis est le nom qu’Eratosthène
donne à la Vierge de nos Constellations.
Il 11’est donc pas étonnant, que la Constellation
, qui annonce par son lever le
départ de l’année, ait été prise comme
symbole de l’année elle-même. Il est
vrai, que l’auteur applique ce nom à
la Belle-Etoile du Grand Chien , ou
du Chien d’Erigone , autrement dite la
Vierge; et qui se trouve précisément au
méridien, lorsquel’Epi ou la belleétoile
de la V ierge monte sur l’Horizon. Mais
ceci n’est pas contre nous. Car , si
l’année ou la période caniculaire prit
son nom de l’Astre , qui en fixoit le
dépurtau Solstice d’été, l’année Luni-
Solaire , qui commenooit à minuit au
Solstice d’hiver , put emprunter le
sien de la Vierge, ou du signe Céleste,
qui en fixoit le départ à minuit, et qui
a encore conservé jusqu’à nos jours le
nom d’Isis et de Gérés, Déesse dont on
découvroit la statue ou l’image rayonnante,
dans les mystères. La couronne
de douze étoiles , qui orne sa tête ,
désigne les douze mois , ou les douze
signes, que le Soleil parcourt durant
une année, et la Lune à chaque révolution.
Les Romains exprimoient la
même idée par douze autels (5 ) , qu’ils
mettaient aux pieds de leur Janus, ou
de l’Etoile des pieds de la Vierge, qui
tous les ans , à minuit, ouvrolt la carrière
des douze mois , que devait parcourir
le Soleil. C’est la Couronne
aux douze rayons, dont Martianus Ca-
(4} Hor. Apol. 1. i.e. 3.
(5) Macrob.’Sat. 1, 1. c.
I