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siècle, étant des Espagnols, il n’est
pas étonnant de voir uii Concile d’Espagne
se signaler par son zèle pour la
gloire de l’Apocalypse. Et il est vrai
de dire ic i, <[iie le témoin le plus éloigné
croit être mieux instrurt que le
voisin, et que le dernier informé semble
mieux informé que le preniier. C’est
assez l’ordinaire en fait de foi.
La sanction donnée à l’Apocalvpse
parle Concile de Tolède fit un effet
merveilleux. Les menaces d’exèommü-
nication achevèrent d’ illuminer lés esprits
, et,depuis ce-temps-là'on ne vit
plus parmi les Latins aucune trace
d’opposi.tion. Il n’en étoit pas de même
chez les Grecs ,<jui, fauté d’un remède
aussi prompt et aii&si- efficace, ne
revenoient que pen-à-peii de leur an-'
eien préjugé. Car la voie de la persuasion
est bien plus longue ;• et Saint-
Maxime, qui l’employoitpour les ramener
, quelqn’éslime qn’il se hit acquise
parmi eux, - ne fàisoit pas de si'
grands progrès^
On auroit pu croire, que le Concile
de Constantinople ,- assemblé dans le
palais de l’Empcrevir , l’an 692 ,. mét-
troit fin a ’cette dispute. Mais il ne fit
rien de cela. Il approuva le Concile*
de Carthage , qui reeevoit l’Apoca-
lypse*;' mais il approuva aussi celui
de Laodicé , (pii le rejetoit ; contradiction
qui n’est permise qu’à un Concile
, et que personne -alors n’apper-
éut , quoiqu'il y eût à cette assemblée'
quatre patriarches, deux cent dix Evêques
, ht un légat , qui représentent
l'Eglise d’Occidënt. Mais le Saint-Esprit
ne dit pas toujours tout aux Evêques.
D’ailleurs lès deux Eglises y trou-
voientleur compte, d’autant plus (ju’on
neprononçôit pàssurla différence (ropinions
relativement à un livre, auquel on'
n’a'ttaehpit pas grenelé importance.
Nous vpilà donc aussi peu avancés
qu’au paravant.
' Le siècle suivant , qui est;le 'hui-
(i) Oi Uioc.üli. 1. 6. ‘4. e. 1, ièt.
tïème , ne nous éclaire pais davantage.
On y voit1 seulement Jean de Damas
(1) , qui met l’Apocalypse au rang
des livres sacrés, malgré l’autorité
dont il jouissoit en Orient , ce jb fut
pas encore le'sentiment'général de
l’Eglise Grecque, comme on pentle
voir par laSticho-Méfrie de Nicéphore,
(2) lequel étoit à la-tête de 1 eette
Eglise , versie commencement du neu-.
vième siècle. Ce patriarche de Constantinople
y range [’Apocalypse an
nombre des livres contestées et douteux.
Après, viennent ces temps dfignis
tance , qui sont les-beaux siècles -de
l’imposture et de la'crédulité:, cessiS
clés de fer pour la raison , oivl’ondiJ j
gère facilement toutes les, absurdités,1.
On y perd de due l’Apocalypse, pat
le défaut de monumens, Totit eeqidon
peut présumer ,' c’est que ce fut alors'
que son triomphe ‘fut complet dans 1 Es
glise Grecque', et qu’elle: fut, sûre eng
fin de sa piàce parmi lès livres iHj
vins. On ne sauroit marquer le temps
précis, ni les circonstances de cette
réception. Ce qu’il y a d’assez cous*
tant , c’est que ce fut vers -le dixième
siècle. Depuis ce temps-là , il ne pa-
roît pas -1 a moindre contestation’sut
cette matière, ni parmi-le» Grecs,»1
parmiles Latins. L’empereur Olkoeffi;
portoit par dévotion un habit, où J,
avoit fait mettre toute- l’Apôcalyps*
eu broderie. C’étoit, sans doute une té
pèee' de robe Olympique , isetnhlaWf
à colle des Initié*, qui étoit' cbargJ
de figures monstrueuses de toute espère
, de Dragons , etc,
M. Brunet-, dans son voyage d’ItJ-
fie', prétepd avoir vu un maniiscj»
de Bco aqs , • qui ■ con-fennit avec
figures les visions de RApocalyp*'
jbiii'tès/aU-x’ fables d Esope, Si je W
est vFaî , cette union n’ a rien qui dm1*
bous surprendre-, : puisque tous W
ont été fiiits-pom Pinsirueton des W
(a) X. b. de§ yr;'0'ds ÈWtikjyes ' 1
Liens,et composés d ans le même pays, et
Rans la même langue, Jean iostruisoit
|e8 mêmes hommes, qu’avoit instruits
Esope; et tousdeux employèrent le style
[allégorique , qui étoit celui que pre-
C0it° la science en général , et eu particulier
la morale , dans ces pays-là.
L’un enseignoit la morale sacrée , et
l ’autre la morale humaine ; et tous
Meux par des figures , les unes à la portée
du simple peuple , et les autres ,
Lui ne pouvoient être entendues que
Les Initiés. L’intelligence des unes
[étoit facile ; on a bientôt écarté l’en-
irtloppe. Le voile est resté étendu
[sur les autres , jusqu’à ce que la même
Bcience, qui l’avoit tissu , vint le dé-
(com poser et le réduire à ses plus simples
élémens. Il y avoit une clef ; et
[il falloit la trouver ; et conséquemment
fies esprits ont dû se tourner sur tous
lessens. On jugera si c’est nous qui avons
[été heureux.
I Au reste , si jamais livre a été re-
[deyable de quelque lustre à ses com-
Inientateurs, ce n’est pas assurément
[l’Apocalypse ; j’entends de tout le
(temps qui a précédé la réformation
«de l’Eglise. Outre qu’ils ne son* qu’en
(fort petit, nombre, ce sont des com-
Imentaires si obscurs et si pitoyables ,
jqu’on n’ose même les attribuer aux
(personnes, dont ils portent les noms.
(Témoins ceux de St.-Ambroise , de
[l’ninase, de St.-Anselme , de St.-ThomaSj
de St.-Bernardin. Mais depuis
la grande révolution arrivée dans le
seizième siècle , un nouvel intérêt de
religion a mis les esprits en mouvement
, et l’on s’est appliqué plus que
jamais à chercher lê sens de l’Apocalypse.
Dès-lors, livrée, en proie à toutes
sortes de commentateurs , ea ell fait le
sujet de disputes et de controverses
entre les Catholiques, les Luthériens,
les Calvinistes, et les Anglicans. Comme,
de l’aveu de tous les partis, ce livre
contenoit la destinée de l’Eglise,
chaque secte en particulier n’a pas
manqué de s’en faire l’application, et
souvent à l’exclusion des autres. Les
Anglais y trouvèrent les révolutions
de la Grande - Bretagne ; les Luthériens
y virent les troubles d’Allemagne
; les -Français réformés , ce qui
étoit arrivé en France. Enfin chaque.
Eglise prétend y être selon le rang,
qu’elle croit tenir dans le plan de ia
Providence, et ce rang est toujours la
première place. On y a vu tout ce
qu’on y a voulu voir, excepté ce qui
y est réellement. Les figures bisarres
de l’Apocalypse ont été semblables à
celles des nuages , qui présentent
toujours l’image que l’on veut ,
pour peu qu’on s’étudie à chercher
les traits épars, qui servent à la composer
, et en voulant voir , on finit, par
être dupe de l'illusion , qui suit toujours
celui qui la cherche.
F i n de la Préface.