aspect Astronomique du couchant, qui
se lie avec les aspects de l'orient,au moment
où la nature va être régénérée,
que l’Hiérophante Astrologue a chanté,
dans la défaite du Dragon , qu’un Génie
, ami d’Ormusd , vient d’enchaîner.
Nous remarquons, que ce même
Serpentaire , appelé aussi Cadnius en
Astronomie , est le même Ge'nie, qui,
dans le poëme de Nonnus , aide Jupiter
à remporter sur Typhon le fameux
triomphe , qui amène la fin de
l’hiver, au moment où I e Soleil va s’unir
au Taureau , comme on peut le voir
dans Nonnus , 1. i. et 2.
Quant aux idées Théologiques, sur la
durée du temps où.Ahriman , qui a
pris la forme de ce monstre, reste enchaîné
, cous avons vu plus haut
qu’elles avoient été empruntées par
J ean, de la Théolog ie des Perses, qui su p-
posent, qu’Abriman vaincu est ensuite
lâché, et qu’il livre un dernier combat,
qui achève sa défaite. Tout ceci entroit
dans le système de combats, de défaites
et de victoires successives entre les deux
principes, dont on représentoit les chocs
durant l’espace de 12000 ans , ou durant
la révolution annuelle, jusqu’au
moment où le feu Ether consumeroit
l ’ancien monde avec les productions
d’Ahriman, et renouvellerait la nature
sons le signe fameux de l’Agneau
Equinoxial.
Mais il y a ici une nouvelle théorie,
qui ouvre un champ à nos réflexions;
c’est celle de la double résurrection.,
ou plutôt de la double imort, dont parle
l ’auteur de l’ Apocalypse. Pour bien
l ’entendre, il faut consulter Platon (1)
et Plutarque (2): le premier, dans le dixième
livre desa Piépublique; le second,
dans la dissertation sur la face qu’on
apperçoit dans la Lune, Ces deux auteurs
y ont développé les principes de 1 2
(1) Plat, c’ e Rep. 1. 10. p. 61S.
(2) Plut, de fad e in orbe Lune , p, 943,
etc.
la Philosophie Barbare ou Orientale
qui fait la base de cet ouvrage. *
On voit dans Platon (3), qu’aprèslj
mort les âmes se rendoient dans an
certain lieu, placé entre la terre et 1»
Cité Lumineuse ou le Ciel Ethéré ,,et
qu’elles mettoient mille ans à y arriver
; ensorte que le jugement définitif,
qui décidoit de leur sort, ne s’accom-
plissoit que mille ans après leur mort,
C’est ici la même chose. En effet, on
nous montre au ch. 4. des trônes, des
personnes qui s’asseoyent dessus pour
juger ; et près de là les âmes de ceux
qui ont souffert le martyre pour la parole
de Dieu , et qui n’ont point adoré
la Bête , ni son image , ni reçu son
caractère. Ceux-là vivent et régnent
avec J . C. pendant mille ans. Mais les
autres morts ne sont point encore rentrés
dans la vie, jusqu’à ce que ces mille
ans soient accomplis. Après quoi"il y
aura une seconde mort et une seconde
résurrection, lorsque ce jugement s’accomplira,
comme on voit qu’il s’exécute
dans le dernier verset de ce chapitre,
à compter dji verset 11. Tous
ceux qui, dans ce jugement, né se trouveront
pas écrits sur le livre de l’initiation
de l’Agneau, et qui n’auront pas
mené une vie vertueuse, subiront uns
condamnation , qu’on peut regarder
comme une seconde mort. Voilà, en
derniere analyse, le résultat de ce chapitre.
Ce dernier jugement est précédé
d’un dernier effort du mauvais principe
contre le bon principe, combat qui
n’est pas de longue durée, et dans lequel
celui-ci succombe avec ses amis et
toute son armé#, comme on peut le
voir dans les versets 7 , 8 ,9 et 10.
Il paroît par Platon (4),que les âmes
pures , et d’une vertu rare, se rendoient
en ce fieu avec grande facilité; puis*
que Er et plusieurs autres y arrivent
(3 ) Plat, de Republ. 1. 10. p. 614.
(4) Ibid. p. 614.
Lu bout de peu de jours. En effet , il
ne s’écoule que douze jours entre la
mort du Pamphylien Er et sa résurrection.
Nous voyons pareillement
dans l’Apocalypse (1) les élus, qui n’ont
[point adoré la Bête , réunis avec Christ,
pendant 1000 ans, en attendant que les
autres morts viennent comparoître devant
le Grand Juge , après avoir soutenu
les assauts des monstres agens du
[mauvais principe.
On voit également dans Platon, que
[les morts, qui sont obligés de mettre
icoo ans pour arriver dans cette prai-
[rie, où sont dressés les sièges des Juges
des morts , éprouvent une grande résistance
au moment d’y arriver ; qu’à
[l’extrémité du chemin se trouvent des
[monstres affreux, qui les combattent, et
même qui repoussent dans l’abyme les
[grands coupables , ou ceux dont les
[fautes n’ont pas été suffisamment expiées
(2). C’est sans doute ce qu’a, voulu
[dire l’auteur de l’Apocalypse, qui, après
[avoir enchaîné le mauvais principe, le
[fait reparoître au bout de 1000 ans,
[et assemble ses armées, pour combattre
[près des limites de la ville bien aimée
[et du camp des Saints, jusqu’au moment
où le Grand Juge vient s’asseoir
pur un trône blanc (3).
| Si on rapproche de cette théorie celle
[de Plutarque , on verra que ce lieu du
[dépôt des âmes , où elles se rendoient
lavant d’avoir subi le grand jugement,
[qui décidoit de leur sort, étoit dans
[la Lune (4). Que c’est-ià qu’aboutis-
[soient les routes, dont parle Platon ; et
pont les unes conduisoient les âmes
[vers la partie supérieure de l’Ether,
*t les autres vers la terre.
( C’est donc cet intervalle de chemin
[qu’elles mettoient 1000 ans à franchir,
frour peu qu’elles fussent surchargées
r e matière grossière et terrestre, dont
| ■ Apocal. c. îo. v. 4.5.6. I $ P- 614.
I 13) Apocal, c. 2o. et 7. 8. et 9. 10. Il,
elles avoient contracté la souillure, par
un trop grand attachement au corps.
Cet intervalle de temps se partageoit,
suivant Proclus (S ) , en cinq parties
de 200 ans chacune , et qui corres-
pondoient à chacune des siiç antres Pla-
uètes, dont l’aine traversoit les couches
, sans cloute, en remontant d’A-
quarius affecté , dit Mac-robe , à la
mort, jusqu’au Cancer et 411 Lion,
signe ou domaine du Soleil, dans lequel
passoient les âmes.
Mats avant ce passage, l’ame éprou-
voit dans la Lune une seconde mort ;
il se faisoit une seconde séparation ,
qui ne laissoit que sa partie intelligente
la plus épurée.
Les Champs Elysées (6), suivant ces
anciens Philosophes, étoient placés hors
diycône d’ombre, que projette la terre
opposée au Soleil, et que traverse la
Lune dans les éclipses. C’étoit là le
terme de la terre ou de l’obscurité
qu’engendre la matière opaque, qui la
compose. La Lune étoit en conséquence
sur les confins dn mortelet de l’ immortel
; de la Lumière et des ténèbres,
dont elle se révêtoit successivement.
Au-dessus d’elle étaient les champs
Lumineux , dans lesquels se rendoient
les âmes vertueuses. On n’y admettait
qui que ce soit, qui fût méchant ou
souillé ; mais seulement les hommes
vertueux , qui après la mort s’y rendoient.
Ils y menoient une vie aisée et
facile; mais ils ne jouissoient pas encore
de la vie divine et parfaitement heureuse
, dans laquelle ils ne passoient
qu’après la seconde mort.
Plutarque explique ce qu’on enten-
doit par cette seconde mort, ou par cette
nouvelle séparation, qui épuroit assez
l’ame , pour qu’eile pût être rendue à
sa pureté primitive , et passer dans
l ’Astre lumineux , dont elle tiroit sou
(4) Pfutarch. 4 e facie in orbe Luuæ,p, 944.
(5) Procliu in Tim. 1. I, p. 45,
pi) Plat- P- 94S