Q U I N Z I È ' M E.
L E P O I S S O N A U S T R A L .
N o US avons déjà eu occasion de
parler du Poisson Austral, appelé par
excellence le Grand Poisson ( i ), lorsque
nous avons parlé des deux Poissons
du Zodiaque, qu’on dit être ses
enfans. Comme la fiction sacrée est
commune aux uns et aux autres , et que
d’ailleurs nous avons donné quelque
étendue à l’explication de cette fiction
, dans notre article de la Déesse
de Syrie, et de Dagon ( i ) , nous aurons
peu de chose ici à dire.
Ce Poisson, qui est à l’extrémité du
Verseau , dont il semble boire l’eau,
passe pour avoir autrefois sauvé la vie
à Isis, et c’est en reconnoissance de
ce service, qu’il fut placé lui et ses
petits, au nombre des constellations.
C’est aussi par une suite de-cette consécration
, que plusieurs Syriens ne
mangent point de Poisson , et honorent,
comme Dieux Pénates, des images dorées
de Poissons ( 3 ).
On dit qu’il fut apperçu, pour la première
fois, dans un lac près de Bam-
byce, et qu’il sauva la vie à Dercetp ,
qui étoit tombée dans la mer pendant
la nuit ; cette Derceto passe pour
Déesse chez les Syriens. Les deux antres
Poissons sont les enfans de celui-
ci ; ils ont été placés aux Cieux avec lui,
et les uns et les autres sont révérés
par les Syriens. Tel est le récit d’E-
ratosthène , à l’article de ce Poisson (4).
Théon l’appelle le Poisson du Capricorne,
et le Grand Poisson, qui reçoit
dans sa bouche l’eau , qui coule de
l’urne du Verseau ( 5 ). Effectivement
il se replie sous le Capricorne, et c’est
peut-être même cela, qui a fait représenter
le Capricorne avec une queue
de Poisson, en unissant les deux symboles.
Dans le Planisphère Indien des
Transactions Philosophiques, le Capricorne
n’a pas de queue de Poisson;
mais en récompense il y a avec lui,
dans la même case, un Poisson à nez
effilé; c’est l’Oxyrinque.
Germanicus César ( 6 ) suppose , que
Phacetis, fille de Vénus, étant tombée
(3 an s un étan g , y fut métamorphosée
en Poisson, et devint,sous cette forme,
la Déesse de Syrie. D’autres disent,
ajoute-t-il , que ce Poisson avort sauvé
la fille de Vénus tombée dans les eaux ;
et que c’est dedâ que vient le respect
des Syriens pour les Poissons, dont
ils ont consacré les images en argent
dans leurs temples. Il est placé dans la
partie la plus australe, recevant dans
sa Bouche l’eau du Verseau, et se levant
en partie a.vcG, les Poissons (7 )•,
Il est situé' entre le cercle Antarctique
et le Tropique d’Hiver, entre la Capri-
(0 Eratosth. c. 38. Germ. c. 3;
(î) Ci-dess. t. 2,, y. 207 , etc*
g » Hyg. h 1 , c. 42.
.<*) Eratosth. c. 38.
(5) Theon, p. 146.
(ô) Germ. c. 37.
(7) German, ibid. Theon, p. 176. Hygifl* 1*
3 , c. 40.
corne ( 1 ) et le Verseau. Il regarde
l’Orient et la queue de la Baleine qui
1$ suit; il se couche au lever du Cancer.
C’est alors qu’il donne à la Lune,
qui a son domicile au Cancer, la forme
de Poisson, qu’elle prend sous le nom
de Diane Eury n o m e. ( 2 ). U ne partie
de ce Poisson achève de se lever avec
le Belier, suivant Théon ( 3 ).
Les Arabes rappellent Haut, ou Al-
Jîïit al-Gjenubi ( 4 ) , Ie Poisson Austral.
Ils nomment la brillante de la bouche,
Al-Diphda-al-Aziwal, la première
! Grenouille, et Al-Dalùn., Agger. On
l'appelle : aussi Phain ou Phom a l hût,
la bouche du Poisson ; nom qu’on a
I travesti en Phomaant , Fomahaul ,
puniahant , Fumahaut , Fumalhaut,
\Fontahant, Phomolcuti ( 5 ). On le
nomme aussi Alhaut , A-lfitiut - Ge-
mubi ( 6 ) , Monazon oit Solitarius ,
| Unions ( 7 ) , Ichtys Notios ( 3 ) , Ansj
tnrius. ( 9,).
Les, Hébreux le nomment Dag (î©),-
; Suivant Columelle (11), le Poisson
Austral achève de se coucher , le quatre
des Noues de Septembre ; il y a çha-
lîeur.* -,
j Nous terminons ici l'énumération des
Constellations connues des anciens, et
dont l’origine se perd dans la nuit des
temps. Elles se réduisent à quarante-
huit, dont douze dans le Zodiaque,
et trente-six hors du Zodiaque (12).
ICar les Pléiades, quoique nous les
0 ) Arat. v. 386.'
(2) Pausan. Arcad. p. »71.
! (3) Theon, p. 176.
(4) Com. sur Alfrag. p. 108. Hyd. Comm. ad
Plug-Beigh, p. 69.
(4) Cæs. c. 16 , p. 308. Riceiol. p. 126—1*7.
^Ca%- P* 4^9 * Bay. tab. 48. Alfrag. c. 2a.
(6) Cæs. ibid.
(7) Stoffl. c. 14.
(8) Germ. p. 8.
(9) Germ. c. 1.
(10) Kirk. p. 197.
(11) Columell. i. 1 1 , c. 2 , p. 4 19
(12) Alfragan.
(13) Eratosth. c. 23. Germ. c. 22.
(14) Procl. c. 16. Thten, p* pjpt Hyg. 1. 2 p
ç* a5* Eratosth. e. i* .
ayons comprises sous le signe du Taureau
, doivent compter pour une' Constellation
à part et extrazodiacale. Aussi
Eratosthène et Germanicus en ont-ils
fait un chapitre séparé , qu’ils ont
placé parmi ceux, où ils traitent des
Constellations Extrazodiacales (i3 ). De
ces trente-six Constellations Extrazodiacales,'
vingt et une sont au nord,
et les quinze autres au midi.
Nous n’avons point parlé de la Chevelure
de Bérénice, parce qu’elle ne
remonte pas au-delà du siècle, des Ptolémées
(14) , ni de. l’Antinoüs, qui ne
remonte pas au-dessus de celui d'Adrien
; ni même du petit Cheval. A plus
forte raison n’avons-nous pas parlé
d’autres Constellations encore plus modernes
, que Blaeü a comprises dans son
Catalogue, et qui ne datent pas de plus
-de deux, siècles. Telles sont les quatorze
Constellations suivantes : l'Indien (iô),
la Grue (16) , le Phénix (17), lu Colombe
(18), la Croix (19) , lu ,Mouche
(20), le Triangle Austral (2.1),
P Oiseau de Paradis (22), le Paon (2 3 ) ,
le Toucan (2.4) , F Hydre mâle (26), la
Dorade (26) , le Poisson volant (27) ,
le Caméléon (28).
Les Voyages de la Caille, et son séjour
au Cap de Bonne - Espérance en
ont fait encore imaginer d’autres, dans
la partie Australe, ou vers le Pôle Antarctique.
On en a aussi placé de nouvelles
, dans la partie septentrionale du
( iç ) Cæs. c. 1 4 , p. 3*4.
(ï6 ) Ibid, cl 15 , p. 505.
(17) Ibid. c. 1 7 , p. 3 n .
(18) Ibid. c. 18 , p. 3i3.
(19) Ibid. c. 2.0, p. 344.
(*o) Ibid. c. 21 , p. 349.
(21) Ibid. c. 2 2 , p. 35?*
(22) Ibid. c. * 3 , p. 354*
(23) Ibid. c. 24 , p- 356.
(24) Ibid. c. 25 , p. 366.
(25) Ibid. c. 26, p. 373. . . L
(*6) Ibid. c. 2 7 , p. 376.
(27) Ibid. c. 28, p. 377*
(28) Ibid. c. 29 , p. 378.
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