N E U V I È M E .
L E C O C H E R .
L ’antiquité a placé dans cette Constellation
le fameux Erickthonius, fils
de Vulcain ou de la Terre , suivant les
uns ( 1 ), pu de Minerve , selon d’autres
( a ). Jupiter admira le génie inventif
i ’E ricktkonius, qui le premier
imagina, sur la terre, le Char à quatre
chevaux, comme Apollon l’avoit inventé
aux Gieux. Il imagina en effet
un attelage de quatre chevaux blancs, à
l’imitation de ceux du Soleil. Pour perpétuer
le souvenir et l’admiration de sa
découverte, Jupiter le plaça aux deux (3).
Il institua aussi le. premier les sacrifices
de Minerve , les fêtes Panathénées,
et construisit le temple et la citadelle
d'Athènes. Voici ce qu’on raconte de
sa naissance.
Vulcain épris des charmes de Minerve
, Déesse, qui a son siège au Belier,
avec lequel se lève le Cocher, et où
les anciens plaçoient l’élément du Feu,
auquel préside Vulcain, lequel a lui-
même son siège dans la Balance ,
opposée au Belier et au-Cocher, que
la Balance, par son coucher, fait lever,
voulut obtenir les faveurs de la Déesse ;
mais ce fut inutilement. Minerve se cacha
dans un lieu appellé Vulcanien,
à cause des amours de Vulcain pour
elle. Vulcain l’y poursuivit et essaya
de lui faire violence. La Déesse le frappa
de sa lance et l’obligea de lâcher
(1) Pairs. Attic. p. 5. Eratosth. c. r3.
(2) Germ. c. 12.
(3) Germ. ibid. Hygin. 1. 2 , c. i 4 - Eratosth.
ibid. ïsidor. Orig. 1. 3 , c. 47*
prise (4 ) J mais dans les transports de sa
passion, des germes de fécondité tombèrent
sur la terre ; et Minerve , en rougissant,
les couvrit de poussière. De ces
germes naquit Erickthonius (5 ) , dont le i
nom retraçoit leur dispute. C’étoit un
j eune en f ant, qui avoit la partie inférieure
du corps terminée en Serpeùt, ou ter-
minée par les formes de la Constella-j
tion du Serpentaire , qui se lève à son
coucher. On dit, que Minerve l’enferma
dans une corbeille bien couverte, qu’élit
confia à la garde des filles d’Erechthée,
avec défense de l’ouvrir. Mais ces filles
cédant à la curiosité naturelle à leur
sexe, irritée encore par ladéfense, ouvrirent
la corbeille et n’y trouvèrent qu’un
Serpent. C’est eelui d’Automne, consacré
dans les mystères de Bacchns..
Cette vue les effraya ait point, que, dans
leur folie, elles se précipitèrent du haut
de la citadelle d’Athènes (6). Le Serpent
.fut se cacher sous le Bouclier de
Minerve, et la Déesse l’éleva ( 7 ). D’autres
traditions portent, qu’Erickthonius
n'avoit de Serpent que les jambes;
que dans sa jeunesse il institua les Fa-
nathénées , en honneur de Minerve;
qu’il y courut monté sur un Char, qui*
avoit inventé ; et que ce sont là je*
traits de sa vie, qui lui ont mente
l’honneur d’être placé aux Cieux. I*
avoit, dans ses courses, pour compagnon
(4) .Eratosth. c. 13.
(5; Fuîgcilt. Myth. I. 2.
(6) Pairs. Attic. p. 16 Apollod. 1. 3 .
, (7) Hygin. ibid. !. 2 , c. 14.
Jlenioehus, ou le Cocher assis à côté
de lui, tenan.t dan6 sa main un Bouclier
et ayant sur sa tête un casque à
triple aigrette ( 1 ). Quelques Auteurs
prétendent, que Vulcain ayant forgé la
foudre de Jupiter, ce Dieu lui promit
de lui accorder ce qu’il lui demande-
roit 5 et que Vulcain lui demanda la
main de sa fille Minerve. Le Dieu la lui
accorda ; mais en même temps il enjoignit
à Minerve de défendre sa virginité.
C’est dans cette lutte, que les germes
féconds du Dieu du Feu tombèrent
sur la terre ; allusion manifeste à
l’Equinoxe de Printemps, annoncé par
le lever du Cocher. De cette semence
naquit Erickthonius. Minerve en
confia le soin à trois Soeurs , dont
les noms expriment la rosée et les vents
doux du Printemps.
Ces trois filles ayant ouvert la Corbeille
( 1 ) , leur indiscrétion fut trahie
par une Corneille , qui les dénonça à
Minerve ;-.et 1® Serpent, qui parut sortir
de la Corbeille, leur inspira la fureur
des Bacchantes. C’est la fable d’Eve ; car
ce Serpent est celui d’Automne, qui se
lève peu de momens après le Corbeau,
placé sous l’Isis ( 3 ) ou sous la Vierge
céleste , dans lequel Minerve avoit
aussi son siège ( 4 ).
On dit qu’Erickthonius fut le premier,
qui introduisit à Athènes l’usage de
la monnoie d’argent ( 5 ).
D’autres traditions placent dans cette
Constellation Myrtile, Cocher d’QEno-
»aüs, qui servit si utilement Pélops ,
dans ses amours pour Hippodamie,
dontil disputa la main, dans une course
chars, contre le père de cette Princesse.
On faisoit co Myrtile fils de Mercure
et de Clytia ( 6 ) ; après sa mort ,
son père le plaça au Cieux.
OEnomaüs (7)', fils de Mars., qui a son
C1 2 3 ) Eratosth. ibid-.
(-) Hygin. Fab. 166.
(3) Eratosth. c. 9.
(4) Serv. Cotnm. in AEneid.
fiC Hygin. Fab. 274.
WfHygin. 1. j , c. 14. Germ, c. 12. Erat. c. 13.
siège au Belier , et d’Asteropé, une des
Pléiades ou Atlantides (B), eut de sa femme
Enaretê, fille d’Açrisius et soeur de
Persée, une fille célèbre par sa beauté ;
c’étoit la Pleïade Hippodamie. Beaucoup
dff personnes la recherchoient en mariage
, et son père ne vouloit pas la marier,
parce que l ’oracle lui avoit prédit, qu’il
seroit tué par son gendre. En conséquence
il proposoit une condition à tous
les amans, qui se présentaient; c’étoit
de se mesurer^ avec lui dans une course
de chars, dont sa fille seroit le prix,
s’ils étoient vainqueurs ; et dont la mort
seroit la peine, s’ils étoient vaincus.
Il ne proposoit ce défi, cjue parce qu’il
étoit sûr de la bonté de ses chevaux,
qui étoient plus légers à la ceurse que
le vent. Après qu’il eut ainsi fait périr
beaucoup d’aspirans à la main de sa
fille, vint enfin Pélop's, fils de Tantale
ou du Serpentaire (9), Constellation
opposée au Cocher, et qui le fait cou-
cnerparson lever. Pélops ayant apperçu,
sur les portes du palais de ce Prince
féroce, les têtes des amans malheureux,
qu’il y avoit fait clouer, se repentit
de sa démarche imprudente. Craignant
de succomber aussi, il mit dans
ses intérêts le Cocher d’OEnomaüs,
Myrtile, à qui il-promit la moitié de
ses états, s’il le servoit dans son entreprise.
Le traité se conclut ; et Myrtile,
attelant le char, eut soin d’ôter les cbe-’
villes, qui contenoient les roues. En
conséquence, à peine les chevaux se
furent-ils élancés dans la carrière, que
le char se sépara en plusieurs pièces,
et les coursiers fongueux en dispersèrent
çà et là les débris. Pélops, 1 vainqueur
par cette ruse, retourna chez lui
avec Hippodamie et Myrtile ; mais il
ne tint pas parole à ce dernier : au
contraire, il le précipita dans les flots,
Theon, p. 124. Hyg. Fab. 254. Nor.n. Diotiys.
]. T , V.' 178.
(7) Hyg. Fab. 84.
(■ &) Paus. Heliac. p. 15j.
(9) Theon, p. 1 16.