3,02 D E L A
tua ensuite le Géant. On dit de lui
cju’il se métamorphosa sept fois en
cheval. ELirlter a fait graver une Estampe,
ou sont représentés les Géans,
qui ont tué les sept frères de Vichnou,
métamorphosés en sept chevaux, et
Chrisnou, qui échappe. On y remarque
la -figure du Soleil et de la J.une, un
Cheval à sept têtes, et de l’autre un
Eléphant. Au milieu est un Arbre élevé,
au pied_ duquel est une Tortue ; là est
aussi un Génie, avec une couronne et
un sabre ; une espèce de Taureau agenouillé
est à ses pieds, et l’arbre est lié
par une corde, que tirent des Génies,
dont deux ont des cornes de Boeuf. Au-
dessous est JSssoda assise. Je laisse au
Lecteur à chercher les rapports plus ou
moins éloignés de ce tableau, avec celui
des Cieux et des Sphères.
On trouve sur Vichnou une autre
fable, qui pourroit également trouver
ici sa place, sous les rapports de son
union au Serpent.
Un Raia ( 1 ) marie sa soeur à un
Brame très-versé dans l’Astronomie. Celui
ci lui annonce, qu’elle mettra au
inonde sept enfans, dont le septième le
détrônera. Le Raia fait enfermer sa
soeur dans une étroite prison. Ces fictions
sont connues chez les Grecs dans
la fable de Persée et de Danâé sa
mère,et dans d’autres fables encore. Il fait
égorger les six premiers enfans , dont
elle accouche , et donne les ordres les
plus sévères, pour que le septième, dont
elle est enceinte, n’échappe pas. Malgré
ses précautions , la Princesse met au
monde un enfant d’une grande beauté,
et qui, en naissant, donne des preuves
de sa Divinité; c’est Vichnou lui-même
incarné en Chrisnou. On substitue un
autre enfant. 11 fuit avec son père et
sa mère. Un Serpent le guide et le défend.
Ce Serpent élève la tête au-dessus
de Vichnou , et le garantit du Soleil.
Poursuivi par le Raia , qui envoya des
( j ) Cont. d’Orv. t. 2, p. 51.
(1) Cont. d’Orv. t. 1 , p. 253.
S P H È R E ,
Monstres pour le dévorer , il demeura
vainqueur dans tous lès combats qu’il
livra. Il descendit dans le plus profond
de l'abyme , et terrassa le Serpent
Alinag. La femme d’un pauvre Jardinier
l’invita à entrer chez elle : une
autre versa sur sa tête un vase rempli
de parfums. Chrisnou voyagea par toute
la terre pour châtier les médians , et
fut ensuite enlevé au Ciel. Il y a beaucoup
de ressemblance entre ce Vichnou,
ombragé du Serpent, et le Serpentaire,
Esculape , frère des Cabires ; entre
l ’Ialdabooth des Ophites, qui produit un
Serpent. Au reste , je ne prétends pas
donner de ces fictions une explication
rigoureuse, mais réunir sous un même
point de vue des fables sacrées, prises
dans différentes Théologies, et qui pa-
roissent avoir entre elles quelque ressemblance.
Quant aux sept Chevaux , dans lesquels
se métamorphosent les sept frères
de Vichnou, ils semblent indiquer la
même idée théologique, qui a été exprimée
par un Cheval à sept têtes chez
les Japonois (a). Ils ont le Dieu Ami-
da ou Omytho , qu’ils représentent sur un
autel et monté sur un Cheval, qui a sept
têtes ; emblème non équivoque des sept
Sphères planétaires. Leur Dieu Canoun
a aussi sept têtes sur la poitrine.
Ils ont un temple à Méaco (3) , qui
renferme un grand nombre d’idoles,
qui ont toutes un grand nombre de bras
et sept têtes sur la poitrine. On trouve
des animaux à sept têtes dans l’Apocalypse.
C’est l’ouvrage du même Génie
allégorique.
Les Japonois ont une procession tous
les .ans ( 4 ), dans laquelle les Bonzes
portent avec beaucoup de pompe sept
idoles dans sept temples diftérens.- Ces
idoles ' sont environnées de lanternes
portées par des dévots, et sur la toile desquelles
on lit aisément le nom de
l’idole. 3 4
(3) Ibid. p. 157.
(4) Ibid. p. 287.
E T D E S E S
Les habitans du Tnnquin ont aussi
sept idoles célestes , qui sont les sept
Planètes, et qui, comme elles , président
aux sept parties du corps humain (1).
Voilà bien des expressions variées
d’une même idée , et des symboles destinés
à peindre le système des sept
Cieux et des sept Planètes et des intelligences
Planétaires, qni y sont attachées.
En voici encore de nouvelles.
Nous les avons vu designées dans
l’Apocalypse par le l i v r e aux sept sceaux.
On les trouve ailleurs , sons l'emblème
de sept tablettes.
Dans le quarante-unièmechantduPoè-
me de Nonnus Ça) , Vénus se transporte
au palais d’Harmonie , qui est dépositaire
des tablettes du vieux Ophion, qui
a gravé en caractères Phéniciens , sur
sept tablettes , dont chacune porterie
nom d’une Planète , tous les arrêts du
destin. Le nom de cet Ophion ressemble
assez à celui d’Ophiuchus , au Cadmus
dont nous parlerons bientôt ; au Dieu
des Ophionites. _
La première Planète porte le nom de
la Lune.
La deuxième, qui est d’o r, est celle de
StilBon ou de Mercure.
La troisième, de couleur de rose , est
oelle de Vénus ,et elle porte l ’empreinte
de l’Etoile du matin.
La quatrième, qui occupe le milieu ,
est celle du Soleil.
La cinquième , de couleur de feu , est
celle de Pyroeis ou de Mars.
La sixième est celle de Phaëton, ou
de Jupiter, fils de Saturne.
La septième, la plus élevée, est Phé-
non , ou celle de Saturne.
Les destinées du Monde furent gravées
en caractères Phéniciens par ce vieux
Ophion.
Quelques vers plus loin, léchant finit
par une promesse que fait Vénus à
l’amour son fils, de lui donner la Lyre
d’or , dont Apollon fit présent à Har-
(r) Ibid. p. 367.
(a) Dionysiaq. 1. 41, v. 34® > etc.
P A R T I E S . - „ 3o3.
monie à ses noces , et que l’Amour doit
toucher comme Apollon.
Cette Lyre est celle que nous avons
vue plus haut, qui rend sept sons dans
l’harmonie universelle , et dont le rayon
solaire forme le P lectrum.
Dans cette distribution des sept tablettes
allégoriques, on retrouve encore
le Soleil au milieu , comme le lien de
l’harmonie universelle. Ici ce ne sont
plus sept voyelles , mais sept tablettes,
qui sont l'emblème des sept Sphères.
Dans le Voluspa , Odiri , père du Temps
et des .Années , a aussi ses tablettes
d ’or (v. 55). On les trouve au moment
où l’Univers détruit renaît sous une
forme nouvelle, après la destruction du
grand Serpent par le Dieu Thor, Dieu
à tête de boeuf, et au moment où la terre
sort du sein des eaux toute couverte
de verdure.
Dans le cinquième livre du même
Poème , les sept Sphères sont encore
désignées par l’emblème d’une grande
ville à sept portes , dont.. chacune a
le nom d’une Planète , et Cadmus ou
le Serpentaire la bâtit en honneur
d’Harmonie , son épouse, dans l’endroit
où une Vache, qui porte le Croissant
de la Lune sur sa cuisse, vient a se coucher
3 c’est-à-dire sous le Taureau c sieste,
signe d’Io et de Venns , qui etoit le premier
signe anciennement , et le point
où se rapportoit le commencement du
mouvement des Sphères.
Cadmus vainqueur, comme Apollon ,
du Serpent Python , ou de celui que
l’Antiquité a placé au Pôle du Monde,
jette les fondemens de la capitale de la
Béotie, et épouse la belle Harmonie ,
fille de Vénus et de Mars (3 ).
Il aligne ses rues dans la direction
des quatre parties du Monde.
Il donne la forme circulaire à son enceinte,
et la perce de sept ouvertures ,
cherchant à imiter les sept divisions
(3) Nonn. Dionys. 1. 5 , v. H