Cette Théorie se retrouve dans le Pi-
mander, dont l’auteurest supposé Egyptien,
ou au moins nous avoir donné
la doctrine des Egyptiens sur le monde;
Dieu , dit-il, est musicien de sa nature.
C’est ce Dieu étemel et infatigable,
qui non-seulement nous a donné l’har-
mdnie, mais encore qui a organisé tous
les instrumens de Sa musique éter-
.nellë- ( t 55
Ces instrumens, observe judicieuse^-
ment Jablonski ( a ), Sont les sept Pial
nètes , que Platon appelle les organes
ou les instrumens du temps. Pythagore '
ui étudia sous les Prêtres d'Egypte et
e Chaldée, transporta dans la Grèce
et dans Pltalîe dette doCtrihe des
Orientaux , qui représentaient Dieu,
sous l’emblème d’uti1 * 4 5 (б)musicien qui entretenait
le concert éternel du monde,
lequel ne se soutenoit que. par l ’iiar-
monié , d’on naissoit une espècede concert
des Sphères, célestes ( i ).
Les Indiens font aussi de fettr'"\ficb-
nou un musicien célestë', sotrs'1%, nom
do Bérengui HH
Les Pythagoriciens appeloient le Ciel,
composé de ses sept Sphères harmoniques,
la Lyre de Dieu (5 )'; L du rte
motrice du Ciel étoit la divinité elfe-
niêrne , et le Soleil étoit censé souvient
êtrô cette sue.
Ainsi Hercule devint, comme Apollon
un chef des Muses , et son imagé
aux Cieux est accompagnée de la Lyre;,
appelée -Lyre d ’Jnge/iiculus, et Lyre
d'Orphée Car cette Constellation porta
le nom d’Orphée. Aussi Virgile met-
il entre les mains d’Orphée, crans-l’Elysée
, une Lyre, qui rend sept sons
différens (6 )-
Cette même idée étoit; exprimée par
la flûte aux sept tuyaux 'inégaux , mise
(i) Poemandr. p. 56. Edit. Grtfec. Turrcebv -
(а) Jallonski Proleg.
(3-E Origen. Philosophiim T. p. .27.
(4) Manuscrit ‘ des Iviétam. EV. 1 1 , fig. 2 y.
Bifcuot. Narion.
(5) Marsit. Fie. Connu, in Plop; Enner,d. 2 |
1. 5, c. a:
(б) Virg. AEncid. I. 6 , v . C46.
entre les- mains de Paft, qui H H
qu’une des: formes' du Soleil, et de
l’ame motrice des Sphères , comme
nous . l'avons déjà dit à notre article
Pan (7).
Ainsi on divisoit l’ame du monde en
sept parties ( 8 ),, et l’impulsion qu’elle
donnoit aux .différens Cieux en tiroit
les sons harmonieux, qui formoient le
concert éternel de la Divinité.
Vidtt' et Æthirelo mmiefum terquerier axe , Et siptetn xternis sonitum dàri vecibus- orbes (9).
- La lumière du Soleil, ou ses rayons,
étoient' comme Parcliet (10) , dont se
seryoif le bel Apollon , pour toucher la
Lyre du Chef de l’unfvers.
Les anciens , persuadés que des mou-
Vémens des sept Sphères ne pouvoient
s^éxècuter, sans qu’il en résultât un
côftcert, harmonique, dont ïô mouvement
du Soleil dans Je Zodiaque étoit
comme Famé,, âveient placé sur chacune,
des Sphères des intelligences chantantes
, connues' sotis le nom de Sirènes (13).
Cette fiction se trouve dans Flaton. Les
Théologiens y plaçoient les Muses, également
filles de Tharmonie (12) ; ces
Muses formoient le cortège du Soleil
on d’Apollon, Chef de Pharm'ctiié universelle.
On. se servit aussi de l’emblème du
vaisseau ( i3 ) , pour représenter l’uni-
vers. Sept Pilotes, figurant les sept Planètes,.
en dirige oient le cours. Des flots
dé lumière Ethéréê remplissoient le
vaisseau , et de là se répantîcient dans
tous lès grands flambeaux de la nature.
Ce vaisseau voguoit dans la Sphère
même du Soleil. Au milieu du vaisseau
étoit 1?imagé du Lion , ou du signe céleste
, dans lequel le Soleil a son domiÇ7)
Ci-dèss1. t. a , c. 9.
(8) Macrob. Som. Scip. 1. 1 , c. ,6.
(9) Varro-, Aatae. Chorographr. in Fragm. Astr.
Vet. Poet. à Scalig. in Catalect. Edit. p. 162.
(.1©) Plut, de Pythie..Orac. p. 400.
(11) Hetac. Pont. p. 425— 426. Opusc. Mythol.
(12) Marrob. Soni. Scip, h a , c*. 3. \
(13) Mart. Capell. 1. 2 , p. 42..
cile. Les sept Pilotes étoient tous frères,
et d’une parfaite ressemblance entre
eux. On trouve, dans lessupplémens de
l’antiquité expliquée par Montfaucon ,
les sept Planètes également personnifiées
et portées sur un même bateau. Cet
emblème étoit du goût des Egyptiens, qui
supposoient que les Astres voyageoient
dans des vaisseaux. Ils avoient aussi
représenté l’univers, sous l’image symbolique
tVun grand vaisseau, dont- le Soleil
étoit le Pilote, comme nous l’apprend
Jamblique. Les Chrétiens ont spiritualisé
ces idées , lorsqu’ils dirent que F arche
désignoit le monde intellectuel ( 1 ),
que d’autres désignoient par la fameuse
Ogdoade (2) * ou nombre huit, qu’ils
appeloient allégoriquement la Sainte-
Jérusalem. Dans la Sphère Persique
d’Abenezra , rapportée par Scaliger,
dans ses notes sur Maniiius, et que
nous avons fait imprimer plus haut,
on voit, dans la division du Taureau,
un grand vaisseau, au miUeti duquel
est un Lion. Il est possible que ce vaisseau
soit le vaisseau céleste, qui se
trouve au Méridien avec le Lion, lorsque
le Taureau se couche. On trouve
un semblable vaisseau dans la Sphère
Egyptienne de Kirker, que nous avons
fedt graver : et je pense qu’on doit y
Voir un Paranatellon composé, plutôt
que le vaisseau symbolique du inonde,
conduit par les sept Pilotes.
Ces sept frères ressemblent beaucoup
aux sept frères Cabires , dont parie
Sanchoniaton , qui leur donne pour
h uitième frère Esculape, ou le Dieu
Phorbas , qui présidoit, comme les Cabires
, à la navigation, et qui étoit placé
au huitième Ciel ou à la huitième
Sphère, qui enveloppe Jes sept autres.
Il présidoit aussi par son lever du soir
au départ des Sphères , a l’Equinoxe de
Printemps, point auquel on rapportoit
les iHouvemens célestes. C’est son Serpent,
qui étoit révéré par les Ophites,
(1) Clem. Alex. Strom. 1. 5 , p. 563.
(2) Ibid. p. 564.
(3) Epiph. adv. Hæres. c. 07. Irénée, 1. 1 , c. 34.
dont la Théologie ressembloit assez à
celle qui est allégoriquement indiquée
par ce vaisseau ( 3 ).
Iis admettaient (4) , comme les Perses ,
une lumière première , heureuse, incorruptible,
qu’ils appelaient le premier
homme, le Dieu père. L ’Intelligence
émanée de lui étoit le fils de
l’homme , ou le second homme. Iis
donnoient à cette Intelligence la forme
du Serpent. Ils plaçoient ensuite sept
autres Dieux, distribués dans sept Cieux
différens. Saint Epiphane dit , qu’Ial-
dabooth produisit un Serpent dans la
matière, et qu’il engendra sept fils, qui
se changèrent en autant de Cieux. Il
referma le Ciel, afin de dérober à leur
connoissance le Ciel intellectuel, supérieur
à lui, etafin qu’ils ne le reconnussent
pas pour leur Chef. Ces sept Génies
formèrent avec lui l’homme. Cette génération
de l’homme ressemble fort à
celle qui est figurée dans le Thnée de
Platon.
Nous croyons devoir rapporter à la
suite de cette fiction des Ophites' sur
Ialdabooth , qui enfante le Serpent, et
sur ses .sept fils, la fable des Indiens
sur Vichnou, dans sa métamorphose en
Cbrisnou. Voici ce qu’en dit Kirker,
dans seséelaireissemens sur la Chine (5).
La huitième métamorphose est celle'
de Vichnou , sous la f orme de Cbrisnou.
Il y prend le titre de Bouvier , de
Pàsteur, et d’homme blessé à la poitrine.
Ses sept frères furent tués par
un Géant appelé K ans. Tandis qu’Es-
soda sa mère portoit dans son sein le
jeune Clirisnou, le Géant se saisit d’elle,
la jeta dans -une prison, ou il la fit
garder par lëé* autres Géans; et il fit
entourer la prison d’un énorme Serpent.
Son intention étoit de faire périr ce
huitième fils, comme les autres. Mais il
vint au monde au milieu de la nuit,
tandis que les Géans étoient endormis;
et la mère se sauva avec son fils, qui
(4) Zsnd-Avesta, t. 2 , pars 2 , p. 27$.
. (5) Kirker Chjn. illustr. p. 160. v