3 ^ 4 R E L I G I O N U
monument précieux et trop méprisé
par ïontenelle , qui n’en comprit
pas l’utilité. Les autres animaux n’y
sont pas t.out-à-fait les mêmes , ni dans
le même ordre ; mais c’est parce qu’ils
sont empruntés d’autres Constellations.
La Chèvre céleste, gar exemple, qui se
lève en aspect aveclaBalance, est casée
dans ce Planisphère , sous la Balance ;
tandis que le Planisphère des Orientaux
j met un Dragon; mais le principe,
sur lequel ilaété construit, est le même:
c’est-a-dire qu’il est fait snr les aspects
des lev ers et des couchers des Constellations
avec les douze signes.
Il résulte de cet accord entreles douze
animaux des Orientaux et les douze signes
du Zodiaque: i Q. qu’il faut supposer
une haute antiquité aux Constellations
extrazodii cales , puisqu’elles
ont servi à former un Cycle, lorsque le
Taureau occupoit. l’Equinoxe de printemps
, trois mille ans avant l’Ere Vul-
giiire ; 2e*. que le Cyle des douze animaux
n’est pas un Zodiaque, ensor-
te qu’on ne peut pas dire, qu’il soit
un Zodiaque différent du nôtre ; 30. enfin
, que les emblèmes astronomiques,
désignés sous le nom de ces douze animaux,
sont les mêmes que dans nos
Sphères , et que cette partie de l’Astronomie
des Chinois, et de tous les
Orientaux , a une filiation commune
avec la nôtre. Æ
Tous ces traits de ressemblance sont
comme les débris de leur ancienne Astronomie
: peut-être qu’une étude approfondie
de leur Astronomie moderne
pourroity montrer encore de nouveaux
rapports.
Enfin g les Américains (1) mêmes ,
quoique séparés de not re continent par
de vastes mers, et inconnus à nos’ ré-
gions, pendant tant de siècles, ont conserve
des traces d’une communication
ancienne avéclesnations savantesdel’an-
0 ) Les A mène air, s en ont ponservé quelques
noms. , , . „ T ..
N I V E R S E L L E .
eienmonde.Les peuples de laRivièredej
Amazones appellent mâchoire de Bcçuf
les étoiles de la tête du Taureau céleste
(2). Les Iroquois appellent Ourée , les
mêmes étoiles que nous (3I. Ainsi
la Constellation voisine du Pôle, ou la
Polaire , qui servoit de guide aux anciens
Pilotes, et le Taureau, signe équinoxial
de printemps, Divinité universelle
de tous les peuples , ont échappé
à l’ignorance de ces nations. Si ces
étoiles ressembloient â un Boeuf, oui
une Ourse, peut-être pourreit-on supposer
, que cette réssemblance auroifc
pu conduire les peuples des deux Hémisphères
, sans aucune communication
, à désigner par le même nom les
mêmes étoiles. Mais je soutiens, qu’un
homme , qui me connoîtroit aucune
étoile , et à qui l’on dirait de chercher
dans le Ciel le Taureau et 1 Ourse, né
choisirait pas les étoiles qui portent ces
noms. Ainsi l’accord des peuples, qui
habitent les deux Hémisphères', sur le'
nom de ces astérismes , accord qui rie
peut être l’effet du hazard , annonce
une ancienne communication.
Il paraît donc paré, ce Mémoire
, que l’Astronomie part s d’une
source unique; qu’elle est née sur les
bords du Nil, sous le Tropique même;
qu’elle s’est ensuite propagée chez les
différons peuples du monde, à diverses
époques; et que l’état du-Ciel, au temps,
de la distribution des signes , qui est
venue jusqu’à nous , étoit, tel, que le
Solstice d’été devoit répondre au Capricorne
, et que l’Equinoxe, de, printemps
, celui qui chez tous lés- peuples,
a été le plus observé , ét-oit alors marqué
par, le, signe, hiéroglyphique de^
la Balance.
L ’époqne de/cette invention remonte
bien au-delà du terme fixé par nos Chro-
nologistes , pour, la création du mon-
(2) ha Condamme, Àracb des Scienc. ?7E'
(3) fiatiteau, T . 2. p. 236.
-r e l i g i o n u n i v e r s e l l e . m
de, à laquelle nous sommes bien éloignés
de croire; car il nous semble éternel.
6 Quel que soit à cet égard l’opinion de
noslecteurs, il nous suffit d’avoir trouvé
un rapport marqué de notre Zodiaque
avec le climat de l’Egypte , à une certaine
position des Equinoxes ; accord
qui a lieu pour ce pays exclusivement
à tout autre. C’est, u ne espèce de d émons-
tration , à moins qu’on ne s’obstine à
regarder les symboles traeés dans le
Zodiaque, comme des figures bizarres,
établies sans aucun dessein. Mais comment
se peut-il faire , qne des figures
jetées au hazard , et sans objet , les
fruits, bizarres d’une imagination , qui
ne sé serait proposé aucun but ,
aient un sens très-naturel , et un rapport
si marqué avec les époques les
plus importantes du Calendrier Astronomique
et rural, dans un tel pays, et
à une telle époque ? qu’elles donnent
un tableau sensible de l’harmonie de
la terre et des Cieux ? C’est une difficulté,
que nous laissons à résoudre à
ceux qui n’admettent pas notre hypothèse
, que nous sommes prêts de sa-
[ erifier à une meilleure.
Nous ne dissimulons pas, que quelques
Ecrivains , tels que le Gentil, ont
j voulu profiter de nos idées, pour attribuer
aux Indiens une invention, que
nous croyons devoir appartenir aux
Egyptiens. Mais leur tentative ne nous
U pas paru assez -heureuse , pour nous
faire abandonner notre hypothèse. L ’Astronomie
, sans doute , remonte à une
très-haute antiquité chez les Indiens,
chez les Chinois , comme jelle y re-
montoitaussiehezlésChaldéens et chez
les Egyptiens. Car quoi de plus ancien ,
flae l’idée de chercher dans les Cieux
oesmesuresdu temps,etdecomparer ces
diverses mesures entre elles, et avec les
niouvemens célesles, qui nous les donnent,
Mais il ne s’agit pas ici de déterminer
l’antiquité de l ’Astronomie en
général et celle de Ses calculs , qui,
Haps un Univers éternel, doit se perdre
dans l’immensité des siècles, qui nous
ont précédé. Les hommes ont pu avoir
des Tables du Ciel et de ses divisions ,
sans y appliquer des-figures hiéroglyphiques
, et sans y tracer autre chose,
que,des lignes, qui fixassentlaposition
respective des Etoiles , et des cercles
, qui marquassent leurs routes apparentes
et les routes réelles des Planètes.
Ce n’est point Je cela dont ilest ici question.
Il s’agit de savoir , qui a tracé
aux Cieux les figures symboliques, que
nous avons , lesquelles marquent et
remplissent les douze divisions de la
route annuelle du Soleil , et group-
pent les divers assemblages d’Etoiies,
connues sous le nom de Constellations.
11 s’agit aussi de savoir, à quelle époque
du temps , dans les siècles qui ont précédé
les âges, qui nous sont connus ,
ces figures hiéroglyphiques, dont l’origine
nous est inconnue , et que nous
trouvons employées plus de 25oo ans
avant l’Ere Chrétienne, ont été dessinées
dans la Sphère. Nous ne parlons
pas même de toutes les figures , que
différens peuples dans l’éternité ont pu
y peindre. Nous ne parlons que des
figures du Zodiaque et des Constellations
, que les Astronomes Grecs , qui
avoient étudié en Egypte, nous ont
transmises, et qui se trouvent gravées
sur les plus anciens monumens de l’Egypte
et de la Perse. Voilà à quoi se
réduit toute la question. O r , nous disons
, que les Auleurs anciens, pour la
plupart, s’accordent à faire honneur
de cette invention aux Egyptiens ; que
quelquefois cependant ils en font partager
la gloire aux Chaldéens , célèbres
dans l ’antiquité par leurs commis-,
sances Astronomiques. Nous ne voyons
pas, qu’ils aient attribué cette invention
aux Indiens , quoique les Indiens
ne fussent p.as inconnus aux Grecs,
sur-tout depuis l’expédition d’Alexandre
dans l’Inde. LesAutenrs, qui nous
ont parlé des Brachmanes. , ou des