lance., nom qu’elle portait chez lé*
Grecs , et. dan* Geminus (i) , qui écri-
voit. du temps de Sylla , suivant le P.
Petau ; cet Auteur emploie aussi lè
mot de > comme Ptolémée; il pa~
roît qu’on disoit l’un et l’autre. La raison
de cette double dénomma tion vient,
de ce que les étoiles du Scorpion s’étendent
jusque dans-la division qui appartient.
à la Balance , et que souvent on
a mis cette Balance dans les pinces de
cet animal- Delà le nom de x»*« ou
serres donné au signe de la Balance ;
mais originairement la Balance y était
placée entre les mains d’une femme,
semblable a celle qui occupe le signe
de la Vierge. C’est ainsi qu’on la trouve
dans une foule de monumens anciens
g. Humana est fa c iè s Libroe , dit
Manilius , Liv. I I , v. Sa7 ; Libripens
enim , ajoute Scaliger , in Astrothe-
siis figurabalur : alii tamen d Virgil
e gcstari volunt (g.\ Aussi quelque-
lois la Balance fut peinte seule , et séparée
des serres du Scorpion. Aehilles
Tatius dit positivement, que le nom de
Balance étoit celui que les Egyptiens
donnoient à ce signe ^3). C/ie/'oe, dit-
i l , ab Æ gjp tiis çocatoe jugum. Ce
symbole appartenoit donc à la Sphère
Egyptienne,. de beaucoup antérieure
au siècle d’Auguste. Hipparque , qui
viv'oit plus d’un siècle avant ce Prince,
l ’appelle aussi Çvyor (4). Il est,donc incontestable,
que la Balance est un symbole'
astronomique aussi ancien que
tous lès autres;, et que s’il a été inconnu
à quelques peuples ,.ce ne fut certainement
pas au peuple Egyptien , à
qui nous rapportons ces emblèmes astronomiques.
Il étoit important de bien
constater fantiquité de ce symbole,
parce qu’ilestun des plus expressifs. L ’image
d’une balance, mise précisément
(1) Gemi'n. Petav. Uranof p.. 1. etp. 12-17.
(2) Theon ad Arat. Phæn. p. 117.
(3) Achilt. Tat. Uranol. Pelàv. p. 96..
<4) Hipp. Uranol. Petav.X. 3. p. 134...
à trois signes de l’Ecrèvisse, est un dét
argumens lés plus forts de notre système,
sur la position primitive desdou-
ze signes du Zodiaque.
Le signe , qui suit la Balance, estle-
Scorpion; il répondoit alors au moi*
d’Avril et au eommeneement de Mai
ou du second mois.,, qui suivoit l’éqiiil
noxe de Printemps. L’ idée que présente
naturellement cet emblème est cellediv
venin, ou dé quelque maladie; et il
est assez vraisemblable, que les anciens
dont tous'les Calendriers éfoientmétéo-
rqlogiques-, après: avoir peint dans 1rs
Cieux les principales époques de l’année
astronomique et rurale, auront aussi
tracé les phénomènes périodiques de
leur climat.LesCalendriersde Geminus
et de Ptolémée, réglés sur des levers
(.étoiles , ne contiennent que les annonces
de la pluie , du vent, et, èrf‘général
de tout es les variations de l’air, qui semblent
se renouveller tous les ans. Comparons
donc le Scorpion symbolique
avec l’état de l’air en Egypte, dans ce
mois-là,, pour trouver lesens decetem-
blême. Pluche , dans son histoire du
Ciel (S) , appuyé de l’autorité de I)rap-
per ,. de Maillet et de Wansleb, nous
dit, que presque tous les ans , il souffle
en Avril un vent d’Ethiopie, furieux
et pestilentiel ,, qui porte par-tout, le
ravage. II semble assez simplede regarder
le 'Scorpion,, reptile mal-faisant,
comme l’emblème naturel de ces vents,,
chargés de vapeurs dangereuses.
Une nous reste plus, qu’à chercher le
sens du dernier signe , celui du Sagittaire,
dans lequel on avoit peint seulement
un arc et un trait prêt à être lancé,
comme il paroît par le Zodiaque Indien
et par le nom que les Perses donnent s
ce:signe, qu’ils appellent l’arc (6)1 lf*
Indiens le nomment la, flèche ou W
(5), Pluclie , Histoire du Ciel , Tons I*
P- 37-
, (6), Zcnd. Avest. T. 2. g. 349,.
inasp (1), ou Dhanoussou. Il me semble
que la rapidité du trait fut l ’image
la plus naturelle de celle des vents,
et qu’on voulut par-là désigner le retour
des vents Etésiens , qui commen-,
cent à souffler dans le mois qui précède,
le Solstice d été et le débordement du
Ivil : dont on les croyoit la cause- Le
débordement, dit Pluche.(2}, étoit tou-,
'jours précédé.par un vent Etésien, qui,.
soufflant du Nord au Sud, vers le temps
[du passage du Soleil sous les Etoiles de
l’Ecrevisse, pressait les .vapeurs vers le
Midi, et les ainassoit au coeur du pays
Id’où venoit le Nil ; cc qui y causait
Ides pluies abondantes , grossissoit l'eau
,du fleuve, et portait ensuite l’inouda-
ition dans toute l’Egypte. Pluche n’a
[fait ici que traduire Plutarque (3) , et
Ile fragment d’un ancien Auteur, imprimé
à la suite d’Hérodote ( p. 607).
Mais on pourroit donner encore un
[autre sens à ce symbole. Chez un peu-
ble guerrier , tel que fut le peuple
Egyptien,-et qui, après ses récoltes n’a-
Ivoit plus rien à faire , parce que le
Nil ailoit inonder tout le pays , n’est-il
ipas vraisemblable, qu’il aura pudes-
jtiiier à porter la guerre chez l’Etranger
un temps, pendant lequel la nature mê-
pe de son climat l ’eût réduit à l’i-
[naciion ? C’est l’idée que pourroit faire
[naître un arc et un trait, symbole
»usité chez ce peuple, pour désigner la
[guerre : Armatus hoino Sagittam ja-
pn/ans, dit flor-Apollon (4), tumul-
wim significat. D’autres en effet y
[peignoient un faisceau de traits, ou un
Nrquois. Cette dernière interprétation
|s accorde assez .avec ce que nous dit
[Manilius ( I. 3. v. 6a5. et suiv.), sur les
mavauxile l’homme aux approches du
[Solstice d’été (s).
j Cancer ad Æstivre fulget fastigia Zonac....
puucct bella l'erp tractautur Marte cruenla.,
C) LeCi'Onli] ,Vov. aux Indes,f. 1. p.247.
■ v) L’fueli. Hist. du Ciel, T. 1. p. 40.
NecScythiamdéfendit hiems. O e r iran ;as ic c â
Jam tellure fugit, Niîusque tumescit in arva.
Hic rerum status est, Cancri cum sidéré t’ iUi'-
bus.
Solstitium fa c it , et strtnmo versatur.Olympo.
Ces idées sur le Sagittaire ont été adoptées
par les A trologues , et sous ce
signe naissoient les Guerriers.
Nec.non Arcitenens prima cùm veste resurgit#
Fectora clara dabit bello, magnisque trîumphis
Conspicuum patries victorem ducet ad arces.
Manilius , 1. 4. v . 559. ■ :
Quoi qu’il en soit, quand même nous
ne saisirions pas toujours au juste l’idée
qu’on a voulu présenter par ces douze
emblèmes, il suffit qu’il s’en trouve
plusieurs, dont le sens soit si naturel
, qu’il ne puisse souffrir d’équivoque ;
car, comme nous l’avons fait observer,
la place d’un seul, bien déterminée, fixe
nécessairement celle de tous les autres.
Tout ce qu’on pourroit conclure de
l’insuffisance de l’explication de quelques
uns de ces signes, c’est que l’intelligence
du sens, qu’ils renferment,
dépend de l’histoire naturelle de ce
pays , des occupations de ces peuples
, et du préjugé qui leur faisoit attribuer
certaines qualités à tels où tels
animaux. Mais il est plusieurs de ces
emblèmes, dout le sens est très-clair ,
et l’application très-naturelle ; telle est
la Balance placée à un Equinoxe ; l’Ecrevisse
ou l’animal rétrogradé à un
Solstice ; le Boeuf à l’ouverture des travaux
rustiques; une fillesqui porte un
épi placée au mois dos moissons ; trois
figures aquatiques, répondant aux trois
mois du débordement ; en voilà beaucoup
plus qu’ il n’en faut, pour déterminer
la position primitive des astérismes
, ou Constellations du Zodiaque ,
considéré comme le Calendrier Astro no-
(3) Plut, de Isicl. p. 366.
(4) . Hor. Apull. h 2. c. 8.
V va