crée,non-seulement parcequele Christ
étant-ressuscité, il ne falloit pas qu'il
trouvât les fidèles endormis, mais encore
parce que c’étoit à la même
lieure , ou il avoit ressuscité , qu’il ile-
voit un jour venir juger les hommes.
Lac tance (i)en dit autant ; que c’est
là cette nuit fameuse ,. pendant laquelle.
on veille dans l’attente de l’arrivée
du Roi et du Dieu de l’univers;
qu’il y paroîtra en libérateur , eô juge,
et en vengeur, et qu’il descendra accompagné
de ses Anges. £
Cedrenus et l’auteur de la Chronique
Paschale (a) fixent également à
l'entrée du Soleil à l’Agneau Equinoxial
, ou au premier degré d'A r ie s ,
l’avènement de Christ, et la consommation
des siècles ; et cela d’après
les écrivains sacrés.
Il résulte de ces passages , que la
consommation des siècles de voit s’opé-
pérer au point même du ciel , ou au
lieu du Zodiaque, où le Soleil étoit au
moment du départ des .Sphères. La résurrection
universelle devoi t s’effectuer,
sumoment de la résurrection de Christ,
eu à pareille époque du temps , c’est-
à-dire, au moment où le Dieu Soleil ,
sous la forme de l’Agneau, attireroit
vers lui les âmes des Initiés, comme
l’indique l’Empereur Julien (3). Tel
étoit donc l’objet de ces veilles sacrées,
l ’attente d’une Théophanie, et l’apparition
du Dieu Lumière, qui devoit transplanter
ses Elus dans la Cité Sainte, dans
cette Jérusalem libre, et mère de tous
les hommes , comme l’appelle St. Cyrille
(4), ou dans l’air libre, et l’Elysée,
comme Pappelle Py thagore (5 ), dans le
lieu d’où les âmes des hommes étoient
sorties, et où elles dévoient retourner.
En remontant vers l’origine du Cbris-
(1) T,act. 1. 7. c. ig.
(2) Cedr. p. s .
(3) Julian , Orat. 5.
(4) Cyril 1. Catech. 10. p. 222.
( 5) Hierocles, aurea Carmin, v . 70. p. 313,
£6} Appeal, ç. i, v, 3. c. 19. v, il,
tianisme , nous trouvons des secies
d’initiés aux mystères du Bélier , soit
Atvs, soit l’Agneau , honosé en. Phry.’
gie , qui s’assembloient à certain jour
poury jouir de la vue de la Sainte Jérusalem
, qui étoit, le grand objet de leur
désir, èt comme le tableau mystique de
l ’Autopsie de ces mystères. Cette ap-.
parit.ion s’appeloît Apocalypse ,. ou
révélation 4 ite à la Prqpliétesse, qui
y tenoit lieu de Prêtre. C’est pourquoi
Jean se qualifie ici de Prophète {td)\
car on remarque que Jean appelle ses
ouvrages Prophéties (6), et que l’Ange
lui dit, qu’il étoit un Prophète, comme
ses frères (7). La Prophétesse dit, que
Christ lui a révélé , que le lieu , où ij$è
sont assemblés , est sacré. Ensuite, que
son inspiration est une Apocalypse,
ou révélation de Christ, qui est supposé
lui apparoître vêtu de blanc (8),
comme il paroît à Jean, et la remplir de
son esprit de sagesse. Jean commence par
dire, que c’est une Apocalypse de Christ,
qu’il va rendre publique. On donnoit
également ce nom aux révélations, bu à
l’Autopsie des anciennes initiations (ejwj
Ces visions s’opéroient dans une espèce
d’extase, et les Prophètes,ou Chefs'
d’initiations savoient s’en procurer.
Un des préceptes , que la loi déférons
tre donna aux Arehimages (9)', hit
de se procurer des manifestations'de b
Gloire Divine. Porphyre assure, que
les Gnostiqnes se vantoient d’avoir des
révélations ou apocalypses de Zoroas-
tre {10), .dont nous avons rapporte
plus haut la doctrine sur les deux pria-,
cipes , doctrine qui fait la base de l’A-
pocalyse de Jean. Cet Er de P®®'
phylie, dont parle Platon dans le i°‘
livre de Repub., Er (11) à qui fut faite
la révélation du sort des âmes âpre?
(7) Apocal. c. 22. v. 9. v . 10. v . 18. 19. fi) Ap ocal. c. i . v . 1.
(9) Beausob. T .p r . p. 400,
(10) Iid. p. 294. .
(1 1) PRit. Rep, p. 614,
Jja mort, et du jugement...qu’elles suivissent,
étoit , suivant quelques-uns,
|)c, même que Zorof.stre , qui , dans les
■ montagnes d'Arménie, avoit faifcreu-
■ ser cet antre fameux , lequel représeu-
■ toit le monde et les routes des âmes à
■ uavers les Sphères.
I jMoritanus (1), un des Prophètes de
■ çetté secte Phrygienne , étoit un bom-
|ïne à extase, et qui parloit d’une ma-
I ifitre énigmatique , comme St. Epi-
■ pliane en convient ; et qui éprouvoitune
■ esjièce de délire prophétique,tel que
■ celui qui inspire l’auteür de l’Apoca-
■ lvpse.
| Un dimanche, dit l’auteur de ce li-
■ vre mystique (2), je fus ravi en esprit :
■ j’entendis derrière moi une voix forte
■ et éclatante, qui dit écri vez, etc. Quant
■ au style éuigmaticjùe de cet ouvrage ,
■ et à l’espèce de déliré prophétique,
■ personne 11e peut sV méprendre.
1 ' Ces sectaires admet toient la Résur-
i rection (g'Qim rapport de St. Epiphane.
■ Et dans PApooalypsé (4), il est éga-
Blement question de première et seconde
■ Résurrection ; de première, et secondé
■ mort, p*
■ Cette croyance étoit aussi celle des
BEtiTratiqu.es ,’d'ont les Phrygiens étoient
■ Lie jifeefe-, et à qui ils succédèrent. Ces
■ sectaires étoient répandus en Psidie,
■ ™ Rhrygie, en Isanrie , en Pampliylie ,
BeÜ Cilicie , en Galatie et dans toute
■ l’Asie mineure ; c’est-à-dire , dans le
BpaJs où le culte d’Atys ou du Soleil Bé-
■ leÇ et celui.de Mithrà, Soleil du Boeuf
•toient répandus; Aussi fetrouve-t-bn
■ tais leurs dogmes le système des deux
Principes. Il fàit la basé de la Théologie
Ee "Apocalypse et des tableaux de leurs
pnibats. Les Encràti<iues (5 ) pareille-
PriÇnt admet toient la distinction des deux
principes, dont les OEuvres étoient opposées,
et qui se combattoient, telle enfin
qu’elle est indiquée dans Plutarque’,
dans le passage rapporté ci-dessus. Us
olfroient, au lieu de vin , l'eau dans
leurs mystères ; ce qui forme un nouveau
rapport avec ' les mystères de
Mithra, dans lequel là'consécratidn du
pain et de l’eau , accompagnée de paroles
mystiques ,' étoit usitée.
Les initiés à Mithra (6 y ad met toient
aussi le dogme de la Résurrection ( /’).
On' peut donc regarder toutes ées sectes
, ainsi que la secte Chrétienne,
comme différentes ramifications' de la
religion du Soleil , connu sous lé nom
de Mithra, et vainqueur du mauvais
principe , originairement sous la' forme
du Boeuf, et ensuite soiis celle de l’A-
gueau. Car on remarqué encore, que
le nom d’Agneau , si fort répété dans
cé livré , étoit celui que les Mages don-
no'îènt au premier des douze, signes.
Cette religion Mifhriaque "étoit1 d’ailleurs
répandue en Cappadoce et en
Ciliei'è, dès la plus haute antiquité; et
Mifhr'a, dans les monumens les plus,
anciens, porte toujours le bonnet Phrygien;
ce qui fixe Cil Phrygie le théâtre
le plus brillant de, cette Religion. Aussi
Qiigène oppose-t-il aux Milbriaques
la Théologie de l’Apocalypse, Corinne,
le livre qui a le plus de rapport avec la
doctrine,des Mithriaques , et, qui dans
la religion Chrétienne fait, eu quelque
'sorte;1 le pendant du tableau Mithria-
que,puisqu’il contientleurtliéorie mystique,
Sûr l ’ilSvation de l ’ame vers les
objets divins (7) j ou: le retour des âmes
les plus divines vers ce qu’il y a-de
meilleur. C’est ce meilleur , dont il
étoit question dans les Orphiques , où
1 iriit'ié disoit : j’ai évité le mal, et j’ai
trouvé le rnieuxV'Oàr tel étoit le but
de toutes les initiations , de rappeler
f ?P ‘PE Contra Hæres. c.‘ 48. p. 176.
Apocal. c .v . io . ■ '
yO Itpîplja, c. kg-, *
W) Appeal, c, 20. y
175.
(5) Epipii. ibid. 174.
(6) Tertull. proorrip. c.,40.
(7) Origan; conti'. Cels, 1, S. p. :199.
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