nenx, il dit d’eux qu’ils régneront dans
les siècles des siècles. Il y a donc deux
états, pour l’ame vertueuse, bien distingués
: le premier celui qui suit la mort,
et qui est un état d’aisance, pendant les
1000 ans'qui précédent le Jugement
Universel. Le second est la vie divine,
et parfaitement heureuse, qui
fi’a plus de bornes dans sa durée. Ce
sont là les deux dogmes, que l’auteur
de l’Apocalypse a'voulu enseigner aux
Initiés , dans ce chapitre ; et Ces deux
dogmes nous lés retrouvons aussi dans
Plutarque et dans Platon , qui tons
deux les empruntèrent de la Philosophie
barbare ; car cet Er , qui parle
dans Platon, étoit. Pnmphylien , et;
Suivant Clément d’Alexandrie (i) , c’é-
toit le même homme que Zoroastre ,
dont la doctrine avoit la même base que
celle du livre de l’Apocalypse, séavoir
le Système des deux principes, la fin du
monde , le grand Jugement et la Résurrection
; Dogmes, que les Sectes
Chrétiennes ont empruntés des Mages
et des Perses (2):
M. Hyde a très-judicieusement remarqué
, que la doctrine commune à
l’Apocalypse et aux Mages étoit établie
fort anciennement chez les disciples
de Zoroastre , bien avant que
i’Apocalyse fut composé ; que c’étoit
l ’ancienne, doctrine de l’Orient, que
l’Apocalypse aconservée, et que soii auteur
a transmise à la postérité. Effectivement
, on trouve cette doctrine consacrée
dans les livres Zends , les plus
anciens monumens dé la Religion de
Zoroastre. On y lit cet'e profession de
Loi. (3) : Je crois , 'sans avoir aucun
doute, à l’excellente et à la pure Loi;
je crois au juste Juge Ormusd; je crois
que la Résurrection dés corps arrivera
, que les corps reparoîtront. 1 2 3
(1) Clement d’Alex. ). 5 . p. 5.59,
(2) Hyde , p. 393 et 637»
(3) Zend. Avesl, T. 2. p. 39.
qu’exprime l’auteur de l’Apocalypse’
lorsqu’il mous peint le grand Juge(r')
tel qu’Grmusd , assis sur un trône
blanc; et les morts grands et petits
qüi Çomparoissent devant le trône - la
mer , la mort et l’enfer qui rendent les
morts qu’ils recèlent , et qui vont subir
le- jugèment, qui 'doit décider à
jamais de leur sort.
Les Manichéens . (4) faisoient précéder
l’embrasementdumonde,et lejuge-
ment, de l’apparition d’un Génie, qu’ils
appellent Y Ancien. Lorsque l'Ancien,
disoient-ils,: fera voir son image, lorsque
le simulacre apparoîtra. Beausobre
convient qu’il ignore quel ës!t cet-Ancien
, dont l’apparition doit précéder
la destruction du monde par le feu,
dans les principes des Manichéens. Cet
Ancipn , c’est le navissimus dies, le
dernier dés jours. Cette expression étoit
consacrée dans la mysticité orientale,
d’où Manès a emprunté sa théorie,'
comme Daniel. Celui-ci. l’appelle VAncien
des jour s, ( Daniel, c. n. v. 9. 10.
etc. ) né dans la vieillesse des temps.
Voici comme s’exprime Daniel (o):
j’étois attentif à ce que je voyois ,-jus»
qu’à ce que des trônes fussent placés;
et que l ’Ancien des jours s'assît. Son
vêtement étoit blanc, comme la neige, „
et les cheveux de sa tête étoient comme
la neige la plus blanche et la p'm
pitre. Son trôné étoit de flammes ardentes
, et. les roues de ce trône étoient
hu feu brillant; un fleuve de feu très»
rapide sortoit de devant sa faeé. Un
million d’Anges le servoient, et mille
millions assistoient devant lui. Le Jugement
se tint , et les livres furent
ouverts. En suivant l’examen de ce
chapitre de Daniel, on verra qu’il'a
fourni beaucoup de traits à 'l’auteur
de l’Apocalypse (6). Comme l’Apoca-
(4) Beausobre , T. 2. p. £>76.
(5) Daniel, c. 9. v-, 9.
(6) Apocalyp. c. 30. v. 9. ta»
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E . ®93
lypse nous peint le Dragon, et deux
antres bêtes tuées et consumées par le
, feu avant ce jugement terrible ; de
I même Daniel (1) voit la bête, qui avoit
été tuée , dont le corps avoit été détruit
par le feu , et qui avoit été livré
au feu pour être brûlé. Il voit
; aussj ;que la puissance des autres bêtes
leur avoit été otée ; que la durée de
leur vie avoit été marquée à un temps
et un temps. Je considérois ces choses,
i dit-il, comme dans une vision de nuit,-
J et je vis (2) comme le Fils de 1 Hom-
■ me, qui venoit avec les nuées du Ciel, et
1 qui s’avança jusqu’à l’Ancien des jours.
J II seApréscnte devant lui ; et il lui
9 donne la puissance, l’Honneur , et le
Royaume-etc. On y voit ensuite (3)
v. 19, la quatrième Bête , celle que
nous avons dit plus- haut répondre au
I-Dragon , faire ic i, comme dans l’Apo-
I calypse la guerre aux Saints, et-même
avoir l’avantage sur eux , jusqu’à
J ce que l’Ancien des jours parût. (C’est
l’homme au trône blanc, Apocal. C.
1 20, v. 1 1 .) Alorsdl donna aux Saints
du Très-Haut la puisssance de juger;
J et le temps étant accompli , les Saints
I entreront en possession de ce Royau-
[ me. N’est»ce pas .ee qui arrive aussi
[ dans l’Apocalypse, lorsqu’sprès le ju-
Lgement, qui s’opère à la fin du chapi-
Itre 10 , on voit au chapitre 21 les
[ Elus passer dans la Sainte Jérusalem?
[ On peut appliquer ici le proverbe : non
\ovum ovosimi/ius. On voit dans la fic-
[ tion Mystagogique de Daniel.sur Nabu-
[ chodonosor , dégradé pendant sept ans
[et. réduit, comme Apulée, à l’état de
[bête, une image.de l’ame ici-bas, et
| de son retour à son principe , lorsqu’a-
| près, son passage a travers les sept
Sphères elle retourne à son domaine ,
a sa véritable patrie. Cette idée my.s-
(■ ) Daniel , c, 7. v. 1 1 . etc.
L ■ Y• *3- H I
t.i) Apocal. c. 20. v . 8.
Daniel; c. 7. ç .2 1 .
(4) TeriulJ. de Prose, adv, Hæres. p. 247.
tagogique a été exprimée sous une infinité
de formes, dans les allégories
orientales. Tantôt c’est l’image d’une
captivité, qui sert à peindre l’état des
hommes ici-bas, auquel succède une délivrance
long-temps attendue ; tantôt
c’est une mort, que suit une résurrection
etc. Ce dogme de la résurrection,
comme le reconnoît Tertullien (4), fai-
soit aussi partie de la doctrine des
sectateurs de Mithra , qui probablement
en donnoient la représentation
dans leur antre mystique , figuratif
des mondes , et. des épreuves qu’y
subissaient les âmes, dans leurs révolutions
à travers-les Sphères, et dans
les, différentes organisations des corps.
Les Fidèles, et les Elus, initiés à ces
mystères, étoient, comme ceux de l'Apocalypse,
distingués par une marque
au frout ; et Signati in frontibus ,
comme les douze mille Elus de chaque
Tribu (5 ).
C’étoit le Taureau Mi thriaque, auquel
s’umssoit la Lune, qui a son exaltation
dans ce signe, par qui se faisoit le
passage au monde Lumière , et s’o-
péroit la résurrection. Ce Taureau,
comme l’Agneau étoit mort et ressuscité.
Àhriman d’abord l’avoit fait périr
(6).
Les hommes seront rendus à la. vie,
disent les Perses, par ce qui viendra du
Taureau. Sosiocn fera Izeschné avec
les morts ressuscités. Ensuite, placé su-r
un lieu élevé, il donnera à tous les hommes
une récompense proportionnée à
leurs actions.
Substituez l’Agneau, qui reinplaçale
Taureau dans la suite à l’Equinoxe , et
vous aurez la doctrine de l’Apocalypse,
mot pour mot.
Le Dragon enchaîné sera Ahriman;
ses combats ensuite contre le Dieu de
(5) Tertul. ibid.
A p o c a ly p . c. 7. 3. c. 14. v . i ,e t 4 . c . 22,
v. 4.
(6 ) 'B o n c le sh .p . 386.363. ib id . p . 387. p . 4 1$ ,