de-l’essence unique. C’est ce génie allégorique , qui
a fait éclore la triple distinction de l’essence divine
, en Père, Fils , et Esprit, ou de la cause première
et du principe unique , dont émanent la raison
et la vie universelle de tous les êtres. On trouve
Jnême dans cette' théologie, ( ibid. p. 583, ) des
distigctions de sexes et de mariages parmi les
JSona, ou parmi les intelligences émanées de la première
cause. On marioit, dans ce siyle-là, Dieu
avec sa-bonté; et de ce mariage naiffoiem toutes
les grâces divines. On le marioit avec sà justice
, et on en faisoit naître les peines et les récompenses.
Toute la théologie des Indiens est
dans ce style. Pour nous, on nous a fait grâce de
toutes ces fictions , - à l ’exception d’une filiation et
d’une procession.
Suivant Basilides ( 1 ), du Père éternel sortit
vvç, ou Ion tel lige née ; de l ’intelligence , sortit
Ae^/oc, ou le Verbe ; ensuite qç'o'viuriç , la prudence
; de Phronêsts , la sagesse et la puissance;
enfin la justice et la paix , filles de la
justice. On trouve de ces Divinités morales dans
Hésiode, et dette généalogie est toute dans le
style Indien. CesEons composent , avec le Père,
la bienheureuse Ogdoade. Ce ne sont point
huit personnes divines; mais des perfections et
des attributs personnifiés. Voyez le même Beaut.
2., p. 1 ',6 3 sur sobn la théologie des Valentiniens
; sur le Nisr , la 'Ehtlitê , Sophia, Euthy-
misis , Pleroma; sur leur filiation et leurs mariages;
et comment on personnifioit les - idées les plus
abstraites de la métaphysique.
L ’auteur du Mercure Trismégiste dit, que de
l ’esprit pur émane la pensée avec sa saur la parole.
HéPs venriç sevro tu y» , ctcTsAcpn xtfet ris hoyv.
(Merc. Trismég.)
( b ) Pythagore, suivant Diogène Laerce, p. m.
319, a cru que notre ame étoit une partie détachée
de l ’Ether, et qu’elle n’étoit immortelle que parce
que l’Ether est immortel. Plutarque confirme la
même chose, et y joint Platon ( de Placit. Phil.
1. 4 , c. 7 ). Cicéron fait aussi dire à Caton
( m Catont majore ) , que ni Pythagore, ni ses
Sectateurs, n’ont jamais douté que les esprits dès
hommes ne fussent ex universu. mente divin î
delibatos. Les Juifs disent que les formes spirituelles,
ou les Anges et les aines , sont faites
d ’un corps subtil et spirituel , qui est appelé
le Saint-Esprit. Ce sentiment est aussi celui des
Valentiniens (a).
( c ) Cette ame.universelle revient au principe
d’action universelle, qu'on est forcé de reconnoître
dans la nature , principe unique, dit Voltaire
( 3 ) , principe nécessairej
present par-
tout dans le monde.
( d ) Lés Stoïciens appeloient Dieu , cette ame
universelle ( 4 ) , cet esprit unique , répandu dans
toutes les parties de la matière qu’il pénètre ;
mais ils plàçoient l’intelligence suprême* spécialement
'dans le feu Ether.
Les anciens Théologiens faisoient un Dieu
de Jupiter, et ils disoient qu’il étoit anima,
mundi ( ^ ).
Les Sabelliens ne concevoient en Dieu qu’une
seule personne ( 6 ) , dont le Verbe est la
raison, ou, la sagesse, et dont le Saint-E-prit est la
vertu. N; le Verbe ni le Saint-Esprit, n’étoient point,
suivant Sabeüius, des hypostases, tout de même ,
que les facultés de raisonner et de vouloir, n’ont
point une substance distinguée de. celle de i’ame
humaine, et ne sont point \des personnes différentes
de l’homme. Cé&te idée, que Sabeliius
avoit de notre Trinité , ejt la.-'vé ri table et la seule
idée qu’on doive en avoir. Albufarage •( Dynast.
p. 81 ) dit. que,' suivant les Sabelliens-, ce que
nous appelons les trois personnes divines sont,
l’existence (ou l ’Etre-Dieu , ) sa sagesse et sa rie ;
que ce ne sont que -des attributs respectifs de
l’existence Divine. Ii ajoute, que ce sentiment est
tout-à-faic le même , que celui d’Einpédocle Sur
les attributs divin?, et qu’il est suivi d’une paître
des doctes chez les Mahométans. Le Sabellianisme
étoit, sur le sujet de l’unité de Dieu , le pur Judaïsme
, comme le dit Saint Basile ( Ep. 64 ;.
( c ) St. Augustin (Act. contr. Feiic. c. 1 7 ,! . 1 )
interroge Félix Manichéen ( 7 ) , qui, suivant
les principes de sa secte, plaçoit Dieu au sein
de la substance lumineuse, et lui demande si
cette Lumière, ou., dans le style allégorique,
cette terre lumineuse étoit créée'ou éternelle.
Celui-ci répond, qu’elle est co-éternelie à Dieu; et il
ajoute, qu’il y a dans l’empire de la Lumière
trois êtres , qui existent par eux-mêmes ; savoir ,
Dieu le Père , la Terre qu’il habite, et l’Air qui
l’environne; et il convient avec Augustin, qui
le force à cet aveu, que le Père, la Lumière ,
et l’Ais: qu’il habite, sont consubstantiels. Cette
idée rentre dans celle des Catholiques, qui regardent
la Père , le Fils ou la Lanrère du Père,
et le Spiritus, comme consubstantiels.
Les Manichéens plaçoient Christ dans la substance
lumineuse, répandue dans le Soleil et dans la
Lune, comme on verra ci-après. C’est pour cela,
que qv/e loues-uns de leurs docteurs ont dit, que
, la Lumière du Soleil, et celle de la Lune, qui
n’est que celle du Soleil , étoient une substance
incorporelle et consubstantielle avec Dieu; ce qui
seroit évidemment absurde, s’ ils n’eussent déjà
transporté les expressions des Matérialistes dans
la Métaphysique; et vice versa. Ils entendent parler
( 1 ) Beaus. t . 2 , p. 6 .
(2) . Ibid. t. 2 , p. 171.
(D Pièces’ d éta chées, t. 2. (II. fau t prendre un p a r t i ) .
(4} Plut. Placit. Philos. 1. 1 , c . 7 , p . 882.
(5) Macrob. Som. Scip. 1. 1 , c. 17.
(6) Beaus, t. 1 , I. 3 , c . 6 , p. 537.
(7 ) Beaus. t. 1 1. 3 , c. 4 , p . 5©?.
du
t'a to%o$ invisible, ou (le la Lumière ïncréée, ren-
due sensible par le Soleil, qui en est comme le
corps. Photius (cod. 179) rapporte à ce sujet
la doctrine d’Agapius Manichéen , *qui disoit,
* que la Lumière, qui brille dans ce* deux
» Astres, est consubstantielle à Dieu; qu’elle
» n e« pas une Lumière visible, mais une Lu-
» miere intellectuelle, etc.» Voyez Photius. Il
est impossible que cet Agapius entendît parler
de la Lumière corporelle. Le témoignage des
yeux le dément. Mais il entendoit parler du
Logos incorporel, ou de la Lumière abstraite,
incorporée ou incarnée dans le corps Solaire.
Ces principes sur l ’unité de cause, et sur ses
divisions en Christ, intelligence souveraine, placée
a»*s la substance lumineuse du Soleil, et en
|||Ij|p | placé dans la substance aérienne, sont
conformes à l’ancienne doctrine orientale ( 1 ) ,
conservée par les Manichéens., ( Faustus apud
Augustinum ). Fauste répondant à la question,
que lui fait Saint Augustin s « Pourquoi adorez-
>> vous le Soleil? nous servons, dit Fauste, un
» seul et même D ieu , sous le triple nom de
n Pere Tout-Puiflant, de J. C. son fils, et du
** ^ ^ ^ ^ P 1 2*** ^ a*s nous croyons que le père
» habite dans la lumière suprême, dans celle que
» Saint Paul appelle inaccessible. » ( C ’est le sentiment
d’Orphée , comme on le verra ci-après ,
etirportloy ). « Nous croyons aussi, que
le fils habite dans la seconde lumière, qui est
la lumière visible. Mais ayant deux attributs,
parce qu’il est la vertu et la sageffe de -Dieu ,
nous croyons que sa vertu réside dans le Soleil,
et sa sageffe ( Minerve ) dans la Lune. Nous
croyons de meme, que la troisième majesté, qui
est le Saint-Esprit, a pour son séjpur tout l’air,
qui environne la terre. Rien n’est plus conforme
à. notre théorie , qui est la véritable. » La Secte
Manichéenne étoit dans les vrai« principes de la
philosophie orientale. Les. Chrétiens d'Occident
étoient les plus ignorans.
( O 1 Nous voyons dans Origène , Coram. in
ïoh. p. 214, que plusieurs faisoient D ieu , 5ty-
pcthMS qvtrèaç ht'r'lopsçxc kcli eddeçaS's. Zap*
fTVSUpcLTlKOV KcCl tLiüifaS'SÇ pcthlCTcl JCcC,Tôt T# WVg-
poVJKW cCVTiS.
( ƒ ) On voit dans Théodote , fameux Valentinien
, ( Théodot, Eclog. sect. 45 , -p. 47) qu’entre
les parties de la matière, il y en avoit de légères,
de subtiles, et de pures, qui s’élevoient an deffus
des autres, et que les Valentinieas appelloient
matière, *■ ** Ce fut de ce lle -là ,
que le Créateur forma les Archanges, les Anges et
la lumière elle-même.
| ( g ) Ciéanthe , qui donnoit le nom de Dieu à
Lame et à l ’intelligence universelle, fixoit dans
(r) Beausobre, t. a, 1, 5, p. j8£.
(2) Cicer. de Nar. Deor. c, 12.
(|1 Ibid. c. IJ.
R e lie r . U tîiv . T om e U L
029
l’Ether la principale effence de la Divinité. Ckan-
thés qui Zenonem audiyit unà cum to , qutm provint
t nominavi, tum ipsum mundum Deum esse
dicit, tum toiius naturel menti, ataue animo tri•
huit hoc nom en j tum ihtimum et altissimum atque
undiqut circumfusum et extremurn omnia cïngeutem
atque complexum ardorem , qui Æthcr nominatur^,
certissimum Deum judicat. « Ce qui se réduit à
» l’Univers Dieu, mu par une ame divine et
» intelligente, dont la substance est le feu Ethct,
» qui circule dans les régions les plus élevées c'u
» monde, et qui propage de là son énergie dar.«
»> toutes les parties de la nature ».
T um p a t e r om n ip o te n s fa c u n d ç s im b r ib u s ^ E th e r
C o n ju g is in g r em ium la t t e d e s c e n d i t , e t om n es
M a g n u s a l i t n ia g n o c om m ix tu s c o r p o r e f é t u s »
Parménide plaçoit également la substance intelligente,
qui régit le monde, danscefeu lumineux,
qui recouvre de sa substance divine les Cieux et
toutes les Sphères qui nagent dans cet Océan oe
lumière, qui compose i’empyrée. « Parmenides (a)
» Stephanem appt Hat continentem ardoie lutis o>+-
» bem , qui cingit calurn, qutm appellat Deum »,
C’est cet Ether qu’on appeloit Jupiter (3), autrement,
suivant Macrobe, Vame du mondt ‘ 4). Cicéron
cite les vers d’Enqms et d’Euripide, qui
donnent le nçm de Jupiter à ce feu Ether :
A s p i c e h o c su b lim e c a n d e n s , q uem in v o c a n t om n e s J o v e r r
V id e s su b lim e f u s u m , im m ed e ra tum Æ th e r a ( j )
Q u i ten e r o terram c ir c um je c tu am p lc c t itu r .
H u n e summum h a b e to d iv um , h u n e p e r h ib e to J a v e n *
C ’étoit le feu Artiste, Dieu des Stoïciens,
principe d’ordre et d’arrangement dans la nature
et dans les arts.
Cicéron explique en détail la nature et les différentes
propriétés de- ce feu principe , qui tranat
omnia. C ’est à lui qu’est dû le principe de vie :
omne quod vivit, sive animal, sive terra edi-
tum 9 id vivit propter inclusum in eo calorem,
ex quo intelligi dthet eam coloris naturam vim
habere in sç vitalem per omnem mundum pertinente
™. Atque etiam mundi ille fervorpurior , per- -
lucidior, mobiliorque multàj oh tas causas aptier
ad sensus commovendos quam , hic noster calor,
quo hcee quat nobis nota stint retinentur et vigent,
Absurdum igitur est die ire, cum homines et bestia
hoc colore teneantur et propter ea moveantur et stn~
liant, mundum esse sine sensu, qui integro et
puro , ft libero eodemque acerrimo et mobilissimo
ardore^ teneatur. Preesertim unus is ardor qui est
mundi, non agittaus ab alio , neque exttrno pulsu #
std perse ipseac tua spontt tnovtatur.
(4) Ibid. c. % j.
(5} Ëurip..*
Tt J