Quoique séparé du'corps, par la nature-,
c’est cependant lui'qui produit dans la
nature corporelle lèf spuffie de vie qui
l’anime, (ira) Si Dieu crée l’homme , le
souffle de vie, qui va l’animer, sera le
souffle même de l’Etre incorporel qui
le crée. Donc Dieu incorporel et invisible
a son Spiritus incorporel, comme
le Dieu visible ou connue le monde. A insi
la théorie des abstractions ne changera
rien à la division de l’Etre unique
en Spiritus et en intelligence première
et universelle. Quelque part que
l’on place Dieu , il aura toujours la
plénitude de la vie et de l’intelligence
primitivement. Si Dieu est le monde ,
ou si le monde est le premier Dieu, la
vie et l’intelligence tiendront de la nature
de la matière , et seront le feu
Ether, principe de chaleur vitale et de
lumière intelligente. Si le monde n’est
pas le premier Dieu , et si le premier
Dieu est par sa nature incorporel, on
aura alors, un Spiritus et une intelligence
aussi incorporels que lui , formés
par la mémeabstraction,ef qui con-
iendront la réalité de ce dont le monde
n’a que l’image et rémpreiute. Cette
dernière manière d’envisager le monde,
dans ses rapports avec Dieu, est celle de
Platon et de tous les Platoniciens; elle
est aussi celle des Chrétiens; mais chez
les uns , comme chez les autres , tout
vient de la métaphysique , et se réduit
à des abstractions de la nature
d’une foule d’autres, dont sont remplis
les livres des philosophes anciens.
Ce que nous avons dit du Spiritus,
qui en changeant de nature n’a pas
changé de fonction, et qui chez les Spiritualistes
garde le même rang, dans
la division graduée du Dieu un, ou qui
se trouve à la troisième place , et remplit
absolument la même fonction, soit
médiatem ent, soit im médiatemen t , suivant
qu’il est séparé du monde , ou
confondu avec lui , nous pouvons le
dire également du Logos , ou de }’in_
ÇO Mar c-Aurel. 1. 12, c, 2j,
telliaenoe Divine,soit qu’elle réside dans
la substance lumineuse du feti visible
soit qu’elle constitue la lumière invisible
du feu intellectuel, que la métaphysique
a créé, par analogie au prc.
mier , pour en être, comme la quintessence.
(n) Comme toutes les âmes
intelligentes n’étoient qu’une émanation
de la Lumière Ethérée, qui brille
dans les Astres, elles deviendront alors
une émanation invisible d’une nature
toute intellectuelle , qu de la Lumière
intellectuelle , qui constitue l’intelligence
Divine , ou son Logos , sa raison
, ou sa Lumière éternelle. L’intelligence
de chaque homme sera un
écoulement de l’ intelligence première;
la lumière de son esprit sera un rayorj
de la lumière , et du conseil delà Divinité
, ou de sâ sagesse éternelle, qui
habite avec lui ; et qui est la première
production d’elle-même. Ce corollaire,
conforme aux principes pesés , s’accorde
parfaitement avec l’explication,
que dorment les Docteurs Chrétiens de
ce passage de Jean sur le Logos, ou
sur la raison éternelle de Dieu, désignée
par la Lumière intellectuelle,
dont celle du Soleil est le corps-:.« Il
» étoitla véritable Lumière,qui éclaire
» tout homme venant en ce mondera
Ce qui est vrai du Soleil au sens matériel
; dans le sens métaphysique,
cela est encore vrai de la Lumière intellectuelle,
dont nos intelligènces ne
sont que des'rayons. Ainsi l’entendent
les Docteurs Chrétiens. De même que
l’Empereur Marc-Aurèle (i) dit, que
nous sommes tous unis à la même intelligence
par une participation commune
, et que cette intelligence est
une émanation de celle de l’Etre suprême
; (o) de même S. Justin (2) fait
du Verbe ou du Logos la raison universelle
, dont l’homme a une portion.'
Il appelle ce Verbe la raison de Diçuj
et il dit que ceux, quisuivênt cette Lumière
, sont Chrétiens , dans quelque
(2) Justin Apologet. c, 2. p. 83.
, opinion
■ oj’iuion qu’ils soient sur la Divinité;
B tels que Socrate , Héraclite , etc.
Nous renverrons aux Platoniciens B et à leurs commentateurs ceux qui se- B roient. jaloux de rassembler la foule des
B passages, qui prouvent que les philo-
Bsnphes anciens, après avoir tout spi- B ritualisé, regardèrent encore 1 intellect B de la Divinité, devenue absolument in-
Bcorporelle , comme la source de nos
Binhh'ScnCes ' ^ du principe pensant
B dans l’homme , principe qu’ils firent
B alors immatériel, comme la source dont
■ il t toit émané. D’on il suit , que la
^■ spiritualité n’a rien changé à cet: égard,
Brt que comme l’intelligenceDivine,sup-
Bposée Lumière Ethérée et matérielle-,
■ étoit la source de l’intelligence humaine,
■ icgardéecomnieiinesiibstanceraatérîel-
■ lc très déliée et infiimnentsii btiie,parei l-
■ lement la même intelligence, supposée
Bcfaiitepure, et.immatérielle, devînt en-
B«) «le principe et la source de notre intel-
Bbget'Ce immatérielle.Tout, ,'utde même,
l e la matérialité près , laquelle ne pou-
B*oit plus exister, dans un ordre tout
Bmnposé d’abstractions.
B II n’y eut pas jusqu'aux causes ma-
Bterielles, qui 11e fussent conservées , et
■ qui, de substances qu’elles étoient dans
B j’orJrematériel, ne se changeassent en
■ images, et en signes , ou en formes se-n-
B sibles, dans le monde immatériel. Nous
■ jvons dit , que l’on conserva le nom
B*e Spiritus , de souffle et de vent im-
Bpétm-ux , pour désigner le principe de
B^ie donné par la Divinité. C’est au
■ inilieu du choc bruyant d’un souffle
Bji'ptfueux , que l’Esprit s’approche de
•assemblée des Apôtres , qu’il va ins-
et il se produit sous la forme
■ e-nierce , ou sous l’image d’une pluie
l , e. eut qui tombe sur les hommes qu’il
B 0it remplir de sa divinité. Tel est le
| ; u Ether au printemps, lorsqu’il va
B L w v fSm principes de vie dans la
■ "Stiere, et qu il descend sur la terre,
|rJ,lr s uu'r ilu vaste corps qn il féconde»,
F°n,me on l’a vu dans Virgile. C’est
ti-elig. üniv. Tome Ù l.
dans ce feu Ether, principe de chaleur
, comme de Lumière, que résidoit
l ’ame du monde , ou le Spiritus ,
ce que nous avons déjà eu occasion
d’observer. C’étoit ce principe igné,
qui consiituoit l’essence de lame du
monde , dont le mouvement et la vie
étoient l’ouvrage du feu, comme l’intelligence
l'étoit de la Lumière. Cette
forme mystérieuse , qui étoit autrefois
regardée comme la substance même du
Spiritus, n’a pas échappé aux Chrétiens,
ijui nous peignent le St. Esprit descendant
sur la ferre en forme de langues
de feu , à la Pentecôte , comme ou peut
le voir dans les Actes des Apôtres.1
Il en fut de même du Logos ; il
conserva le nom et 1 image de là Lumière
(/P , dont il n’étoit que l’idée abstraite
dans le Système des Spiritualistes
: et L u x erat Ve rhum, etc. Ego
L u x mundi, etc. Toutes les comparaisons,
que les Philosophes Payens, ainsi
que les Docteurs Chrétiens, empîoyent
pour nous peindre le L o g o s , !où cet
intellect , sont empruntées de la Lumière
, et les noms qui le désignent
sont ceux de la Lumière. On voit aisément
la raison dt cette image symbolique,
qu’ils a voient emprunté edeSMaté-
rialistes, chez qui elle é toit l’expression
propre delà chose.Tout étoit encore feu,
mais feu intelligent : tout 1 toitancore
lumière , mais lu mi, re intelligente
Nous aurons occasion de justifier notre
assertion, lorsque nous ferons le rapprochement
des différent* passages
des Philosophes Payeüs., sur les trois
principes ou abstractions métaphysiques,
que la Théologie Chrétienne a empruntées
d’eux, et a personnifiés dans la
dist ribution des facultés principales de
l’unité divine. Il nous suffit de remarquer
ici, que le Logos va avoir deux
natures, l’une abstraite et invisible-’
l’autre corporelle et visible ; l’une éternelle
, l’autre assujettie au temps ; l’une
inséparable de sa source , et î’anfre hors
d’elle ; l’une Dieu , l’autre mortelle ■
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