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•*!v A - V A N T - P R O P O S.
les Romains les adoroient sous d’autres formes et sous d’-autres noms. Ils ban-
nissôient de leur ville Sérapis , et Anubis et Isis ; ils révéroient Pluton ,
Mercure , et Cérès. Platon croyoit que les Grecs avoient un Culte différent
de celui de leurs pères , parce qu’a la place du Soleil , de la Lune et des
Astres ,■ qu’adoroient les anciens Grecs , on adoroit de son temps Hercule,
Jupiter , Esculape , Bacchus , que nous avons cependant prouvé' plus haut
ri’être que ce même Soleil ,aqu il reconnoît avoir été l’objet du Culte des
premiers Grecs. Convaincus de cette vérité, que l’opinion qü’a un peuple
de sa Religion ne prouve rien autre chose que sa croyance , nous avons
osé porter la lumière de l’érudition et de la philosophie dans le labyrinthe
sacré des prêtres de Rome moderne , comme nous l’avons déjà porté dans
celui des Pontifes dé l’ancienne Rome. Nous avons encore trouvé Jupiter
Ammori , ou le dieu Soleil de l’agneau, consacré au Capitole, et le vieux
Janus a»ec ses clefs à la porte de son Temple, Cette assertion , d’après les préjugés
dè l’éducation , et l’habitude de croire tout sans jamais raisonner, en
fait de Réligion , paroîtra d’abord un paradoxe ; mais nous nous engageons
ici à lui donner toute l’évidence de la démonstration la plus rigoureuse.
Nous détruirons du même coup les erreurs- du peuple et celles des
nouveaux philosophes , et nous dépouillerons Christ de ses deux natures
en même temps. Le peup’e en fait tin Dieu et un Homme tout ensemble
; le philosophe aujourd’hui n’en- fait plus qu’un Homme. Pour
nous, nous n’en ferons point un Dieu , et encore moins un homme qu’un
Dieu; carie Soleil est plus loin de la nature humaine, qu’il ne l’est de la nature
sdivine.
Christ sera pour nous, ce qu’ont été Hercule , Osiris , Adonis, Bacchus.
11 partagera en commun avec eux le Culte, que tous les Peuples de tous
les Pays et de-tous les'siècles opt rendu à la nature universelle et à ses
agens principaux ; et s’il semble prendre un corps mortel, comme les héros
•des anciens poèmes , ce ne sera que dans les fictions d’une légende. Ici
peut-être aurons-nous plus d’obstacles à vaincre de la part des philosophes
que de celle du peuple. Car celui qui se croit par sa raison placé au-
dessus des autres hommes consent plus difficilement à faire l’aveu de ses
erreurs , sur-tôut quand il faut étudier une science , et une science nouvelle
, dont le résultat doit être un sacrifice de l’amour-propre, Nous osons
néanmoins espérer, que le sincère ami de la vérité nous suivra dans nos recherches
, et si quelque chose peut le consoler de s être trompé , c’est de se
souvenir que son erreur a été celle de plusieurs siècles, et de plusieurs
milliers d’hommes.
O R I G I N E
de t o u s l e s c u l t e s ,
O U -
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
C H A P I T R E
R'E L I G I O N C
■ n t e l l ig e n c e des mystères des
sectateurs du culte Mithriaque, connu
(sous Je nom de religion de Christ, dépend
sur-tout de l’explication des allé-
Igorries- sacrées de la religion de Zoroas-
|tre , que les Juifs ont adoptées dans
leur Cosmogonie. Les idées théologiques
ides Chrétiens sont essentiellement liées
avec celles des Jui ’s,et tonte la religion
j chrétienne est appuyée sur l’allégorie
du second chapitre de la Genèse. L’in-
icarnation du Christ n’est devenue né-
icessaire, qu’afin de réparer le mal introduit
dans l’univers par le serpent qui
[séduisit la première femme et le premier
homme , en leur conseillant de
manger des fruits du fameux arbre du
bien et du mal; L’existence de Christ
réparateur ne peut être admise, comme
fait historique , qu’autant que la
conversation du serpent avec la femme,
et l’introduction du mal, qui en fut
la suite , sera un fait réel et historique.
Si au contraire cette aventure prétendue
n’est qu’une allégorie , la réparation
de Christ et sa mission ne peut être
Une réalité. On ne petit séparer ces
deux dogmes l’un de l’autre. La nature
j de la première aventure détermine né-
(T) Beausôbre, T. 2. p. 449,
P R E M I E R .
H~ R. É T I E N N ~E.
cessairement celle de la seconde. Point
de péché , point de réparation ; point
de coupable , point de réparateur. Mais
si la première aventure est réelle sous
un certain rapport, la-seconde le sera
sous ce même rapport. Il ne s’agit plus
que d’examiner sous quel rapport elle
est vraie, et si on doit y voir un fait
historique , ou un fait cosmique présenté
sous le voile de l’allégorie. Ce doute
est d’autant plus fondé , que les trois
premiers chapitres de la Genèse, qui
contiennent 1 histoire de la Création du
monde , celle d’Adam et d’Eve, de leur
tentation et de leur péché, ont toujours
fait, beaucoup de peine aux interprètes
de l’Ecriture , juifs ou chrétiens..
(1) Thomas Burnet n’a pas dissimulé
ces difficultés. Beausôbre rapporte un
précis de toutes ces invraisemblances
inexplicables , et il joint cette réflexion
si sage de Burnet (2). .« La fortune et
U le préjugé ont un grand pouvoir sur
» leï esprits. Nous recevons, nous em-
» brassons cette histoire sans examen ,
». parce qu’elle a été écrite par Moyse.
». Si nous la trouvions dans nn pHilo-
» sophe-grec, dans un Rabbin, dans un
»1 écrivain mahométan, l’esprit seroit
£2) Burnet, Arch. L. 2. p. 7,