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niiration qu’inspire le merveilleux.
Origène dit a Celse (i), qui se van-
toit de connoitre fort bien la religion
chrétienne : « En Egypte les philo—
» soplies ont une science sublime et
» cachée sur la nature de Dieu, qu’ils
» ne montrent, au peuple, que sous l’en-
» veloppe de fables ou d’allégories.
» Celse , ajoute-t-il, ressemble à un
» homme qui, ayant, voyagé dans ce
» pays , et qui n’ayant jamais conversé
» qu’avec le vulgaire grossier, croiroit
» entendre la religion des Egyptiens.
» Toutes les Nations orientales , les
»Perses, les Indiens, les Syriens,
» cachent des mystères secrets sous des
» fables religieuses ; le sage de toutes les
» Nations en pénètre le sens, tandis que
» le vulgaire n’en voit cjue les symboles
» et l’écorce»«
Isidore fils de Basilide (2) , dans un
fragment, que Clément d’Alexandrie
nous a conservé (3), dit : « que ceux qui
» veulent philosopher doivent appren-
» dre ce que veut dire le chêne ailé et
» le manteau de diverses couleurs qui le
» couvre ; que tout ce que Phérécyde a
» enseîgué d’une manière allégorique,
» dans sa théologie , il J’a pris de la
» prophétie de Charnu.
Ta tien a ppeloit la philosophie Pythagoricienne
l’héritage de Phérécyde, et
celle de Platon, une image de Phérécyde.
Or , Phérécyde avoit affecté
d’envelopper d’allégories l’ancienne
théologie des Phéniciens. Clément
d’Alexandrie le compare (4) à Héra-
clite , appelé le Ténébreux, a cause de
l’obscurité de ses ouvrages.
Toute la théologie des Indiens est
écrite allégoriquement. On peut voir
leurs fables sur Pareswati, Vichnou ,
Routren et Brouma, et sur les cinq premières
puissances que. Dieu créa , lesquelles
ressemblent entièrement aux
(1) Orlg. Contr. Ceïs. B. 1 , p. 13,
(2) Bcausobre, T . 1 , p. 327,
(3) Clem. Alex. S u . 1. 6 ,p . 641»
(4) Ibid. p. 5ijf.
N I V Ë R S f i t L É
cinq élémens, dont Manès suppose qnj
Dieu composa l’armure du premier homme.
Les Valentiniens et les Gnostiques
exprimèrent dans ce style les idées 1rs
plus abstraites sur la Divinité, eomm*
on peut le voir dans Irénée, Epiphane
et dans Bcausobre (S). De là le I’ropa-
tor, le Buthos , la Sigé son épouse;
le Nous et son épouse Vérité ou Ale-
théia, et toute la suite des Eons et leurs
épouses, qui ne sont que les attributs
de leur essenee. Ainsi les chrétiens ont
rersonnifié le Logos , le Spiritiis , et
e principe de l’intelligence et de la vie
universelle qui résident dans Dieu , et
qu’il communique au monde , comme
nous le verrons plus loin. Nous ne devons
donc pas être surpris de retrouver
le même caractèio allégorique dans k
Cosmogonie des Hébreux , peuples voi-l
sins de la Phénicie et de la Syrie; où
écrivirent Sanchoniaton et Phérécyde,
et dont le législateur passe pour avoir
■ été à peu-près contemporain du premier
de ces auteurs. Ils avoient. tous
deux écrit sur la Cosmogonie, connue
Moyse, et sur les premiers principes
des choses, sur iè temps, sur le ciel
et sur la terre(6). Les docteurs hébreux
eiix-mêines , ainsi que plusieurs docteurs
chrétiens , conviennent, que 1rs
livres attribués à Moyse sont, écrits dans
le style allégorique ; qu’ils renfermentj
un sens tout autre que celui que la
lettre présente , et que l’on prendrait
des idées fausses et absurdes de la .divinité
, si on s’arrêtait à l’écorce. C’est
sur-tout dans le premier chapitre de la
Genèse et dans la fable d’Adam etd ’Eve,
qn’ils ont reconnu un sens caché et
allégorique, dont on devoit bien se garder,
disent-ils, de donner la clef au vulgaire.
Voici ce que dit, à cet égard Maimonide,
le plus savant des Rabbins (7H
u On pe doit pas entendre ni prend;*
(5) Bcausobre , T, 1.1. 3. c. 7,10.
(b) Diop. Barri. 1. I.
Maimou, Myre Nc-voch. pars 2. a. *9-
y, h fa lettre ce qui est écrit dans le
» livre de la Création , ni en avoir les
» idées qu’en a leeommundeshommes;
» autrement nos anciens sages n’au-
» roient pas recommandé avec' autant
„ de soin d’en cacher le sens, et de ne
» point lever le voile allé-gorique qui
» cache les vérités qu’il contient. Pris
» à la lettre , cet ouvrige donne les
» idées les plujs absurdes et les plus ex-
» travaganfesde la divinité. Quiconque'
» en donnera le vrai sens, doit se garder
» de le divulguer. C’est une maxime
» que nous répètent tous nos sages, et
» sur-tout pour l’intelligence de l’oeuvre
» des six jours. Il est. difficile que par
» soi-même ou à l’aide des lumières
» d’autrui, quelqu’un ne vienne à bout
x d’en deviner le sens : alors il doit se
» taire, ou s’il en parle , il ne doit en
» parler qu’ob curcment et d’une ma-
» nière énigmatique, comme je fais
» moi-même, laissant le reste à devi-
» ner à ceux qui peuvent m’entendre ».
Et il ajoute que ce génie énigmatique
n’étoit pas particulier à Moyse et aux
doe,teur Juifs ; niais , qu’il leur était
commun avec tous les sages de l’antiquité
(1).
Maimonide n’est pas le seul qui ait
cru que les livres de Moyse renfermaient
un sens caché , et qu’on devoit
y chercher l’allégorie. Pliilon , écrivain
Juif, pensoit de même, et la plupart
de ses traités n’ont, d’autre but que de
rappeler tous les livres sacrés à l’allé-
gone. Il a fait deux Traités en particulier
intitulés des Allégories (2’ ,dans
lesquels il rappelle à l’allégorie l’arbre
de vie, les neuves du paradis et les
autres fictions de la Genèse. Il s’est
trompé, en ce qu’il a rapporté à la
morale des allégories qui dévoient se
rapporter à la Nature. Quoiqu’il n’ait
pas été heureux dans ses explications, et
(1) Ibid, pars 1 . 1. 17,
(2) Phi!. p. 3.
Q). Origan. Comin. in Psalm. p, nf),
Melig. Univ. Tome l l l .
qu’il n’aitpasrencontré juste, au moins
est-il certain qu’il a bien senti qu’on
ne devoit pas prendre ees réerts à la
lettre ; et il savoit par tradition , que
les Juifs les plus instruits eroyoient
qu’il y avoit un autre sens que celui
qui se présente naturellement. C’est
une chose avouée de tous ceux qui
commissent un peu les écritures (3),
dit, Origène , que tout y est enveloppé,
sous le voile de l’énigme et de la parabole.
Cet écrivain et tous scs sectateurs
regardoienten particulier, comme
une allégorie, toute l’histoire d’Adam
et d’Eve et du paradis terrestre, ainsi
qu’on peut le voir datas Cedrenus (4).
Dès ce temps-là , les gens instruit#
sentaient, donc combien il était nécessaire
d’avoir recours à l’allégorie pour
sauver les absurdités des dogmes secrets
de l’initiation.
Les Thérapeutes, chez les Juifs,
consacrant à la retraite, à la prière
et, à la méditation tous les momens de
leur vie, s’occupoiept de la recherche
du sens mystique des écritures, 11e
croyant pas qu’on dût. les prendre à la
lettre. Ifs emp’ovoient la clef allégorique
, et disoicut que la lettre nëtoit
que le corps des choses qu elles coir-
tenoient, et que le sens caché en était
l’aine. Les Esséniens étaient aussi de
grands allégorisfes (5 ). Origène (6)
rapporte une comparaison as ez ingénieuse
d’un dotteur héb:eu. Il compare
leur écriture à un vaste édifie
qui renferme une fouie d’ap'parfemens,
dont les clefs sont, distribuées dan*
chacun, de manière qu aucune ne convienne
à l’appartement auquel on l’a
attachée. L ’embarras est de trouver
la clef qui seule convient et peut ouvrit
chaque appartement.
Billion , dans son traité de In Vie
contemplative , parlant des premiers
■
k (4) Ceclr?n. p. 376.
£i>) Bcausobre T. a» p. 462.
(6) ürig. Cuiujtii. iu rsaliA. p. 39.