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cipes,quese rapporte l’administration
universelle du monde... Le monde cherche
toujours à s’unir à l’ame ; l’ame
à s’élever à l’intellect, et celui-ci à remonter
jusqu’au premier principe.
. Voici comment Plotin distribue l’or-
dre des principes. Ilmet,auplushaut H
gré de l’échelle graduée des êtres, l’unité
absolue ou la simplicité de Dieu
Supérieure à tout, tellement qu’elle n’a
ni ressemblance, ni retour à quelque
objet que ce soit, placée par sa souveraine
bonté au-dessus de tout ; unité
souveraine, qui rend Dieu sur-le-champ
■ C/h.Epsuitevientlepremier intellect, qui
est l’intellect de toutes choses et de
toutes les idées, De lui naît l’ame première
; et l’un et (’autre sont un et tout,
Vient enhn le monde formé par l’intellect
et parle moyen de l’ame, lequel
est moins un et tout , que un de tout,'
ou unité composée de toutes choses,;
Toutes les aines se reportent vers l’ame
unique du monde, qui est leurchef,
Toutes les intelligences de ces âmes se
tournent vers ihntellect unique, placé
su-dessus desames,comme l’oeil regardé
Ja lumière du Soleil. Enfin .l’intellect pur
regarde la lumière originale et la bonté
paternelle. ~ <
Plotin lui-même , dans le chapitre
premier de ce même livre, prouve qu’il
n î y a que trois principes , et que tout
se .réduit à eux seuls : qu’il n’y a qu’un
seul Dieu , un seul intellect, une seule
ame pu Spiritus c que la natnre de
Dieu est simple et la première : qu’elle
est une et la même. Ensuite vient l’intellect
, ou ce qui comprend premièrement
, et après lui Pâmé. Tel est l’ordre
naturel!; et ne l’on doit admettre ni plus
ni moins de principes dans l’ordre intelligible
; ce qu’il prouve ensuite.
Quelque grande que soit l’ame , elle
n’est que comme l’image de l’Intellect
lui-même , (i) tout de même que lapa-
rôle proférée est l’image de la.pënsée,qui
existe dans Pâme. L’ame est le Vérité
Çi) Ibid, c, 6-7,
de l’intelligence. Elle est toute entière
acte et vie. . .. L’ame est le Verbe de
l’intelligence et son acte, comme 17«,
telligence est le Verbe de Dieu. Mais
le Verbe de Pâme est obscur, en tant
qu’il est limage de l’intelligence; il doit
par - là même regarder l’intelligence.
Par la même raison, l’intelligence, image
de Dieu, regarde Dieu ; elle le voit
en ne s’en séparant pas. Nous disons
que l’intellect est son image : il faut
nousexpliquer plus clairement.D’abord
il doit être engendré etxonserver en
lui une ressemblance avec son Père,
telle que celle que la lumière garda
avec le Soleil. Cet intellect, à qui oii
donne le nom. de l’intelligence la plus
pure , ne peut naître ; que' du premier
principe , et ainsi engendré , il produit
ensuite tous les êtres , et la beauté
idéale des formes.
Platon donne à cet intellect le nom
de cause ; mais il lui donné un Père,
qui est le Bien lui-même ; et une production
, qui est l’ame. Ainsi , dans
Platoa , on voit, que du Bien , ou de
là première cause est engendrée l’intelligence
, et de l’intelligenoe sort
Paine. (hh)
L ’auteur remarque ici1, que toutes
ces idées abstraites, et ces sous-divisions
de l’unité première ,.ne sont pas
nouvelles ; que Platonn’en-es'tpas même
l’auteur ; que Parmenide avant lui en
avoit parlé ; ce que nous ne contestons
pas. Car , quoique noirs disions,,
ue les idées des Chrétiens sont.cellys
es Platoniciens , nous sommes persuadés,
queeftte métaphysique est bien
antérieure à Platon., et que ce philo*
sopbe, ayant été s’instruire long-temps
à i’écoje des Egyptiens , devenus spiritualistes,
a porté dans l’Occident, on
renouvelé lesystêmedes trois principes*
qu’on enseignait dans les écoles de I’9"
rient, et qu’on retrouve dans les .écrits
attribués aux Mercures.Trjsmégistes^
dans ceux de Jambliuue , lesquels çon*
! Viennent un précis de la théologie des
Egyptiens spiritualistes, et une sembla-
I ble théorie d’abstractions. Aussi Màrsi-
liiis Ficin (1) a-t-il bien observé, que le
1 système des trois principes de la théologie
de Zoroastreet des Pis toniciens avoit
)a plus grande conformité avec ceux des
Chrétiens; que cette dernière théologie
! venoit à l’appui de la première; il auroit
I dû dire, qu’elle étoitnée de la première.
Non-seulement elle èst semblable y
i mais c’est absolument la même chose:
[ et certainement on ne s’avisera pas
! de regarder la première comme une
j doctrine relevée. Les Platoniciens eux-
, mêmes nous.tracent la gradation de
leurs idées, dans la formation du dogme
métaphysique des trois principes. Il est
clair , dit Marsilius Eicrn développant
I les fondemens de cette, doctrine d’a-
I près les Payens eux-mêmes, il est clair,
II que l’ordre , la mesure , la régularité ,
la forme, la Beauté sont supérieures
i et préférable^ à la masse-corporelle , et
i qu’elles sont absolument des choses in-
[ corporelles. Elles n’ ont donc pu passer
dans le corps, que par le moyen d’une
[ nature incorporelle,supérieure à la ma-
[ tièrë y raisonnable et vivante : c’est
j l’ame, cettè ame universelle , qui meut
li la nature. Au-dessus d’elle est l’Intel-
I [ l'gènce , et enfin le Bien lui-même,
II commencement et fin de touteschoses.»
1 1 Cette explication s’accorde avec celle
i de S. Augustin , dans le passage cité
j ci-dessus, pour prouver la progression
F des idées humaines , en formant cette
[ théorie abstraite.
Le.même commentateur de Plotin
S présente encore d’autres divisions abs-
; traites de chacun des principes, suivant
I ‘^rapports ou aspects qu’ils ont avec i Etre , qui les précède , et celui qui les
I suit. L’unité première , ou le Bien su-
I pieme n’a de regard avec aucun être,;
ou ne voit rien au-dessus de lui, vers
j A1101 R doive tendre. L ’Intellect fils chu
! Comment. sGTT.Dnead.'5.1l. 2. 'c. r. HS
i I2) Comment. Ennemi. I.f, j. c.8.
Bien ou du premier Dieu en a deux ,
dans Plotin ; le premier comme procédant
de l’unité , et étant Un lui-même ;
le second comme existant en soi, et se
mulipliant dans la multitude desidées
qu’il contient, et qu’il voit cependant
dans un acte unique. L ’ame a trois regards
ou trois rapports, avec le Père par
le moyen de l’Intellect, avec l’Intellect,
et avec la nature qu’elle vivifie.
La Lumière unique du Soleil, concentrée
dans le Soleil lui-même, nous
montrele Bien (2).père de l’Intelligence :
et ailleurs, la Lumière elle-même nous
représente 1 Intellect. (3)
Plotin dit, que la matière reçoit l’influence
lumineuse de l’ame, ( 4 ) sans
pouvoir comprendre la nature, qui l’illumine
; que la matière est le mal, et
le premier mal, et que le premier mal
est l’obscurité et les ténèbres. Ce (pii
s’accorde parfaitement avec la théologie
de S. Jean : JErat L u x , quæ ht-
c-et in tenebris , et tenebroe eam non
comprehenderiint. Il paroît , que les
premiers versets du premier chapitre
de l’Evangile de Jean , base unique’ de
la théologie Chrétienne, sont un lambeau
de philosophie Platonicienne ,
cousu à la triste légende de Christ.
Suivant Plotin, i’ame reçoit de l’Intellect
les formes ou les espèces des
choses. C’est en effet l’Intellect, qui les
communique à l’ame universelle, La
partie de cette ame , la plus voisine de
l’Intellect, les communique à celle, qui
lui est subordonnée , ou qui la suit, et
lui donne la lumière et les formes. L ’Intellect,
versant quelque chose de soi-
même dans la matière immobile et tranquille,
fabrique et arrange tout : et ce
cjuelque chose est la raison, qui découle
de l’Intellect.
Le Bien lui-même est pour ainsi
dire.le centre. L ’intelligence est la lumière
, qui en jaillit, mais qui est permanente.
L ’ame , la lumière de la lu-
(3 ) Ib id . Il 8. c. 10'.
(4) .Plolin, Euuead. I . 1. 8. ç . 14.