révolut ion des siècles ; mais la nature
bientôt est rassurée par l’espoir d’être
régénérée , et de voir renaître avec
elle ces âges heureux, qui furent les
premiers de son enfance (i).
Aussi cette Eglogue , dans deux manuscrits
que consulta Pierius , portoit-
elle pour titre , De interpretatione
novi Scenuli , et novi Soeculi interprétatif)
, titre que justifient pleinement
le 4 et 5 e vers de l’Eglogue (2).
C’est de cette fiction sacrée, consignée
dans les livres Sibyllins, que le
Chantre de Mantoue sut profiter pour
flatter Auguste , dont l’empire pacifique
sembloit devoir ramener les jours
heureux de Saturne et d’Astrée, et ces
âges d'inocence , où la terre n’est plus
habitée que par une génération vertueuse
, qui , à sa mort, passe au rang
des , deini-Dienx et des Héros (3).
Non-seulement la succession des quatre
âges se reproduisent, mais les mêmes
événemens à-peu-près, et les mêmes
altérations dans la félicité et dans
les moeurs des hommes avoient encore
lieu pendant la nouvelle révolution.
Aussi Virgile, (4) après avoir fait dans
les vers suivans une charmante description
du bonheur du nouvel âge,
qui va recommencer, ajoute que bientôt
les mêmes besoins et les mêmes passions
, venant à renaître , ramèneront
aussi les mêmes travaux et les mêmes
maux (S), et que les mêmes événemeus
se reproduisant sur la seène du monde,
en chantera encore Pexpédition des
Argonautes et les sanglans combats livrés
sous les murs de Troyc.
Telle étoit effectivement la doctrine-
ancienne sur là nat ureetsur les effets des
grandes apücata stases ou restitutions
périodiques des sphères et des phéno-
tnenes produits sur la terre-par le sys-
(1) Ectog.^i v. 5bi_
<2). Ib id -v . 4..
43) îfesiod. Opéra et Bies , v. kx,
(4) . Y îrg il. ibîd. v. 18 , etc,.
(5) Yiigih ibid. v. 3.1*-
tême des influences célestes. Servie
dans son Commentaire sur cette Eglo.
gue, a bien apperçu 1 idée astrologique
qui faisoit la base de cette théorie (a)^'
Origène a combattu cette opinion
qu’il attribue aux Egyptiens, aux P y.
thagoriciens et aux Platoniciens (6)
qui admettoient, d’un côté l’indestruc-
tibilité du monde , et d’un autre de
grandes périodes, qui ronloient dansl’é-
ternité , en ramenant continuellement
les mêmes aspects des astres, et les mêmes
événemens.
Synesius (7), malgré toute sa philo.
Sophie, n’a pu se défendre de la crédulité
aux dogmes de l’Astrologie, et à
l’existence de ces périodes, les unes simples,
les autres composées, qui produi-
soient le même ordre de choses daw
le monde , conformément à la doctrine
des Philosophes de la Grèce et de l'Egypte
, à laquelle il étoit initié. Il ea
parle avec ce ton de mystère, qu’a liée-
toit l’Astrologie, plus propre à piquer
la curiosité , qu’à la satisfaire.
Sénèque lui-même (8), traitant là
grande question des catastrophes, qui <
étoient censées terminer chacune de cet
périodes , suppose, comme Virgile,qu«
l’ancien ordre se rétablit : que les animaux
sont de nouveau reproduits, ainsi
que l’homme, qui reprend sa première :
innocence et son ancienne félicité ; mais
qu’il ne.conserve pas long-temps.. Bientôt
le vire reparoît. sur la terre, etvient
souiller la pureté primitive des moeurs
des mortels. K
Par-tout cette régénération et.cetfe
dégradation successive de la nature sent
une suite nécessaire de la fatalité. 6’est
le mouvement des; astres , dit Beross
cité par Sénèque ( 9 )’, qui opère ctf-
grandes, révolutions périodiques.
C’est doue dans l’Astrologie, que nen*
(6) Orig. Centra. Cris. 1. 4-p. &5ï..
Synes. 1. a. do Provid. sub tin..
Senoc. Quæsti Nat. 1: 31 c. 35)1.
(ÿl Ibid..). 3.C. 2%..
devons chercher l’origine de ees périodes
et leur mesure. Le Ciel doit nous
fournir W divisions du temps fictif,
comme il nous fournit celles des périodes
réelles des Astres. Aussi les trou-
voit-ou dans les livres Astrologiques des
Chaldéens, des Egyptiens et de leurs
Mereures , cités dans le Syncelle , sous
le titre de Livres Géniques (1).
Parmi le g-and nombre de périodes
(b), connues chez les Anciens sous
le nom de Périodes de Restitution, ou
de g andes années , il n’en est aucune
qui puisse mériter proprement le nom
de Grande année, dans le sens que nous
l’avons pris jusqu’i-ci, si elle n’embrasse
le cercle immense de tous les aspects
possibles, et si elle ne rétablit absolument
et à tous égards les Cieux dans
la position, que l’on suppose primitive,
afin que l’ordre primitif des effets terrestres
puisse aussi se reproduire.
Or, comme la précession des Equinoxes
d’un côté , les mouvemens ditfé-
rens de chacune des Planètes de l ’autre,
varient à chaque instant la position
du Ciel relativement à la terre, il
ne peut donc y avoir de grande période
de restitution, que celle qui accordera
ces huit mouvemens, et qui
lèra une. ou plusieurs fois coïncider en
meme temps la fin de ces huit révolutions
aveele point, qui est supposé être
celui de leurdépart. JVJais les Anciens(c)
ayant fait de 36,000 ans la grande
révolution des fixes , à raison d’un degré
pour le mouvement séculaire , il
t ensuit , que toute grande année, plus
petite que trente-six mille ans , ou pins
grande , mais qui n’en seroit pas un
multiple, c’est-à-dire,qui ne la conlïen-
uroit pas-exactement un certain nombre
de fois, ne saurait être la période
demandée.
3 Lai la restitution des aspects doiy
être parfaite | et le défaut de coiinci,
10 Synceî. p. 3$.
CO f lalim. Tim. T. 3. p. 39.
CO. Cicer. Soran-Scip. C..-J-
167
dence d’une seule des huifs révolutions
dérangeroit tout. Aussi FL ton
dans son Timée ( 2 ) exige-t-il, pour
que la grande année soit complète-,
que les révolutions des huit sphères
soient exactem en t ren fermées un certain
nombre de fois dans l’immense période,
qu’il appelle parfaite , et qui rétablit
tout le Ciel dans sa position primitive.
G’est aussi le sentiment de Cicéron
(3) et de Macrobe (4) son Commentateur.
Cicéron veut que, non-seu-
lemeut Jes Planètes , mais encore le-s
signes., lesquels ne peuvent varier que
par le mouvement de précession, soient
revenus chacun à leur première place
et tous ensemble. Cette période, dit
l’orateur Philosophe, renferme bien des
milliers d’années; mais pourtant, ajouts-
t-il ailleurs, elle est d’une durée fixe
et déterminée (5 ).
Les conditions requises par Platon et
Cicéron sont une suite nécessaire de
l’hypothèse de la restitution parfaite
dès mêmps aspects et des mêmes effets.
D’après ce principe , nous rejeteroas
toutes les périodes différentes , qui ont
été données par les Anciens, et noqs
n’en garderons qu’une , qui est la période
Chaldaïque de 432,006 ans,que
nousa fournie Berose, parce qu’elle seule
est un multiple de la période de 36000
ans , qui doit être nécessairement renfermée
dans. la grande année de restitution.
Elle la contient douze fois; et
en quelquesorte, elle peut être regardée
comme un de ces grands mois de la
grande année, indiquée par ces vers de
Virgile :
Incipient nragnî procédera menses (6). ;
Il ne reste plus qu’à faire voir , qu'au,
bout de 432,000 ans, pendant lequel intervalle
la période des fixes fait douze
révolutions complètes, les sept planètes
(4). Maerob. .Soin. t. 2. c. ir.
(0) Culot1, du Nat. Dt:or. I. a. c. acty
m Virfr-Edog.