<3’Agneau , dut être la grande Divinité
des adorateurs de l’astre du jour, Pto-
lémée (i) le regarde comme cause active
Je la végétation annuelle. C’est
dans le Bélier céleste, dit Stolller, (2)
que les anciens pensoient que se déve-
loppoit la force motrice du monde , et
que là étoit le siège de sou énergie universelle.
Proclus, dans son Commentaire sur
le Timée, dit la môme chose (3)- jp
regarde le Bélier comme le principe
et le commencement de la génération ,
et il ajoute , que delà vint le culte que
lui rendirent les Egyptiens , et çonsé?-
quemment les autres peuples , clic/
qui cet effet étoit beaucoup plus sensible.
L ’Empereur Julien, dans son Hymne
au Soleil, nous présente cet Astre, qui,
au moment de son retour au Belier à
chaque période ; appelle tous les etres
à la génération (4). Plus loin , dans le
même Hymne (S)-, il examine les raisons,
qui ont fait fixer le commencement
de l’année à l’équinoxe du printemps ,
comme nous avons vu que l’ont fait les
Perses , et comme l’ont fait les Français;
et il remarque, qu’ils y étaient invités
par la nature même, qui alors fait
éclorre tous les dons les plus précieux
de son sein fécond. La mer devient navigable;
les froids rigoureux de l’hiver
sont chassés ; la terre se couvre de verdure;
les prés sont émaillés dé fleurs.
Delà sont venues dans nos traditions religieuses
ces idées de création primitive
, de réparation , de second avènement,
dans lequel doit être établi un
nouvel ordre de choses , dont l'époque
est fixée à la fameuse fête du passage
sous l’Agneau, ou à l’entrée du Soleil
dans s i ri es, comme nous l’avons déjà
vu dans Cedrenus, dans S. Cyrille, dans
Abulfarage, dans la Chronique d’Alexandrie
, chez les Rabbins, chez les
(1) Ploient Tcirab. 1. a. c. 19.
(g) Stoffler, p." 84.
(3) Proclus in T un, 1, i.
Perses , etc. Tout partait de l’Equinoxe
ou d'slries ; tout se renouvellent sous
s i ri es ; le nouvel ordre des choses se ré-
tablissoit par lui; en un mot il était le
chef de toute l’harmonie céleste , le
réparateur de tontes choses et le grand
Dicude la nature. Tel est aussi l’Agneau
dans l’Apocalypse ; tel est Christ ,
Agneau réparateur du mal du monde,
dans le système religieux des Chrétiens.
L ’Agneau, autrement dit Christ
y jonc absolument le même rôle, que
le signe de l’exaltation du Soleil, celui
qui le fait rentrer dans son empire lumineux
, ylrics chez certains- peuples,
slgrms chez les.Perses et les Chrétiens,
joue dans la nature, où il prête au Pieu
Soleil sa parure , au moment, où celui-
ci sort de son tombeau èt des enfers.
Christ a donc, comme on l’a vu,
tous les caractères de l’Agneau , et
l’Agneau lui-même ne se trouve employé
comme symbole principal de >sn
divinité, que par le rôle imposant, qu’il
remplit dans les eieux et sur la terre;
dans les eieux par sa.position ; sur la
terre par son influencé. Voilà donc
encùre Christ identifié absolument avec1
le Soleil, par la forme qu’il a dans son
triomphe, comme il l’est par l’époque
même du temps où il commence
ce triomphe , et par la forme , et la
nature même de l’ennemi, dont Chri t
et le Soleil sont censés triompher. Il
nous reste actuellement à le considérer
dans sa mort, qui précèdece triomphe,
dans sa descenteaux enfers, et enfin à fai-
revoir, qu’onn’arienditdelui, qilin’ait
été dit dit Soleil dans toutes les religions
anciennes , et quesôus ce point de vue-
là encore , Christ est absolument traité
comme Soleil.
Les anciens peuples de l’Orient ont
adoré le Soleil sous différens noms, tels
que ceux d’Adonis, d’üsiris, de Bac-
ebus, d’Atys , de SÎifhra , etc. comme
. (4) Julian. Orat. 4. p. a86,
(5) Ibid. p. 290,
OU
cm le Voit dans l’Hymne au Soleil de
I Martianus Capella ( 1 ) , qui prétend
I que sous ces différens noms le Soleil
1 étoit le seul Dieu, qu’adoroient les dif-
I férens peuples. «Les habïtans du La-
I » tium t’appellent Soleil, dit l’auteur
I» de ce superbe Hymne, les Grecs té I » nomment Phébus , d’autres Bâcchus ;
I.» les habitans des rives du Nil te nom-
I » ment Sérupis ; ceux de Memphis t’ap-
I j> pelleiit Osiris, les Perses Mithra; tu es
I » Atys enPhrygie, Ammon (ou leDieu
I » Agneau ) en Lybie , Adonis en Phé-
I » nicie ; ainsi l’univers entier t’adore
1 33 sous une foule de noms différens ».
Maorobe (2) , dans son savant ou-
I vrage sur les Saturnales , fait voir que
■ tous ces noms d'Apollon , de Bacchus,
■ d’Adonis, d’Atys , d’Osiris, d’Orus, ne
■ sont que les différentes dénominations
■ du Soleil chez différentes nations , et
■ il réduit toute la Théologie ancienne
■ au culte du Soleil. Nos explications
■ précédentes ont tnis le lecteur à portée
■ de juger de la vérité de son assertion.
Les Hymnes attribués à Orphée,
■ les vers de l’oracle de Claros s’accor-
■ dent également à reconnoître le Soleil
■ sous cette diversité de noms.et de for-
■ mes, que ce seul Dieu prend dans les
■ religions anciennes (3). I Le superbe discours, que l’Empereur
■ Julien adresse au Soleil, est absolument"
■ appuyé sur les mêmes principes théo-
Bogiqnes. Il y voit Osiris , Baechus ,
■ Atys, etc. (4).
I Non-seulement les Théologiens, mais
■ les Historiens eux-mêmes, qui nous ont
■ transmis les fables du Soleil sous le titre
■ (t'aventures de Prince , de Héros , de ■
■ Conquérant , reConnoissent que sous
■ tes noms on adoroit Je Soleil ; ce qui
■ est convenir indirectement, que ce ne
■ sent que des histoires factices , et des
■ aventures allégoriques de l’Astre du
I (î ) Martian. •Capell. de Nuptiis Philoî.
I \2) Macrob. Sat. I. i , e. I 7 - i 8~kï-2.c~:i i~
■ A * , etc. ‘ g p
Relig. Univ. Tome ///.
jour ; car il n en peut éprouver d au
très.
Eusèbe, dans sa préparation évangélique,
Plutarque dans son traité d’I-
sis et d’Osiris , Diodore de Sicile , Diogène
La'érce , Suidas , Chérémon ,
Abnéphins, auteur Arabe, en général
tous les Historiens Grecs et Latins, ou
autres qui nous ont parlé de l’Osiris des
Egy pt iens, s’accordent à dire, que c’é toi t
le Soleil que les Egyptiensadoroient sous
ce nom , et il ne nous a pas été difficile
de le prouver , par les aventures de ce
Dieu, ou de ce prétendu Prince. Il nous
suffit ici de l’aveu universel de tous les
Anciens. Cependant ces mêmes hommes,
qui nouS disent que l’Egypte ho-
uoroit le Soleil dans Osiris , né laissent
pas de nous raconter l’histoire d’Osiris
, comme s’il eût été réellement un
homme, qui eût régné sur l’Egypte. On
nous décrit ses bienfaits , les malheurs
et les contradictions qu’il éprouva, sa
mort même , et enfin sa résurrection^
On voit du premier coup d’oeil, qu’une
histôire du Soleil , sous quelques traits
qu’on le peigne , ne peut être qu’une
fiction et une allégorie sacrée, imaginée
par les Piètres du Soleil, qui faisoient
naître et mourir leur Dieu, pour chanter
ensuite son retour à la vie. On a vu
que ces histoires, assez différentes dans
leurs détails, à raison des différentes
légendes dont elles sont tirées (5 ) ,.soit
dans Diodore, soit dans Plutarque ,soit
dans Synésius, qui est l’auteur de la
sienne , ne laissent pas de s’accorder
toutes dans un point principal ; c’est-
à-dire , dans les obstacles qu’Osiris
trouvoit au bien qu’il vouloit faire. Cet
obstacle étoit dans Typhon son rival et
son frère , et dans la mort qu’il reçoit
de la main de son ennemi, qui le'met
en pièces, et l’enferme dans un coffre
obscur, d’où Osiris sort ensuite vivant
($) M a c ro b . Ib id ..S a t 1. 1 . c. 18,
(4) Julian. Orat. 4, p. 269. etc.,
' (5) C î-ile ss , 1. 3. c . 3 .
I