l’auteur de l’Apocalypse avoient pris
cette dénomination allégorique dans
les mêmes , livres Mystiques:., Celui-
ci n’a pas choisi le même nombre symbolique
, ou l’Ogdoade, nombre qui fait
allusion aux Sphères ; mais le nombre
douze ou la dodécade , qui , suivant
Timée, représente également le monde,
et qui fait allusion à la fameuse division
en douze parties, relatives aux
signes , au huitième Ciel, et au Zodiaque,
par où passoient les âmes, pour
retourner à la vie , ou à leur origine ,
comme on le voit dans Clément d’Alexandrie
(i). On en aura la preuve dans
l ’examen que nous allons faire de
la nouvelle Jérusalem et de ses rapports
avec la Sphère des fixes » et surtou
t avec le Zodiaqne et avec ses douze
signes , par lesquels passoient les âmes,
soit pour descendre , comme le disent
Clément d’Alexandrie et Macrobe (2);
soit pour remonter à leur principe,
comme l’assure Clément au même
endroit , où il explique les travaux
d’Hercule. C’étoit d’ailleurs , suivant
Macrobe ( 3 ) , dans la Sphère aplane
ou des fixes , et conséquemment où
est le Zodiaque , que l’antiquité avoit
assigné aux âmes pures leur demeure.
On ne sera donc point surpris , que
nous comparions la nouvelle Jérusalem
avec le Zodiaque et ses divisions,
et cela même dans un monde intellectuel
, puisqu’il étoit l’Archétype du
mondé visible , et qu’il .avoit intellectuellement
tout ce que celui-ci avoit
matériellement. Suivons ces rapports,
que nous croyons exister entre les dimensions
de la : ville, Sainte , et avee
le monde Archétype Lumineux , sur
qui fut formé celuirci. Car c’est dans
le monde NosW , dit Procjus , qu’est •
• (1) Clem. Alex. Stromat. 1. 5. p. 590,
(2 ) Som. Scip. I. 1. ch. 12. p. 47.
(3) Ibid. c. i i .p .4 6 .
(4) Apoc. c. 21. v. 9. etc.
(5) Ibid. v. 10.
(6) Ibid. v . 11.
le véritable Ciel, et que sontles véritables
Dieux planétaires.
u Venez, dit l’Ange au Prophète, et
» je vous montrerai l’Epouse, qui: a
» PAgneau pour Epoux (4).
- JJ Et il me transporte en esprit (5)
jj sur une grande et haute montagne, et
h il me montre la ville sainte, la Sainte
jj Jérusalem , qui descendoit du Ciel
» venant de Dieu,illuminée delà clarté
jj de Dieu ( 6 ) ; et la lumière, qui l’é-
» clairoit, étoit semblable à une pierre
jj précieuse , à une pierre de jaspe
jj transparente, comme le crystal ».
Cette ville (7) n’a pas besoin d’être
éclairée par le Soleil ou par la Lune,
parce que c’est la Lumière de Dieu
qui l’étlaire , et que l’Agneau en est
la lampe. Les nations marcheront à la
face de sa Lumière, (8).et les Rois de la
terre y porteront leur gloire et leur
honneur. Il n’y aura (9) point de nuit.
On y apportera la gloire et l’honneur
des nations (io).
Rappelons-nous ce que dit Scipion,
lorsqu’il montre à son petit-fils le séjour
des âmes , le lieu où les grands
hommes et les chefs des peuples, Couverts
de gloire , doivent un jour retourner;
C’est dans un lieu élevé et tout
éclatant de lumière , qu’il lui montre
le séjour des. âmes, où ees grands hommes
,ces chefs des peuples doivent vivre
éternellement heureux : in excelso,\
pleno stellarum , illustri et claro loco•
Ce sont ces étoiles , que nous verrons
bientôt représentées par des pierres d’une
couleur analogue. C’est la colonne
de Platon , brillante de toutes les couleurs
de l’Iris. C’est dans un lieu éleve,
que Daniel (11) ,dansune vision divine ,
se trouve placé , lorsqu’on lui fait voir
la nouvelle Jérusalem et le nouveau
'(7) Ibid. v . 23,
(8) Ibid. v . 24.
( 9 ) Ibid. 25.
(10) Ibid. 26. ()1. , .-.‘.il . J-
(1 1) Daniel, 0, 40. v. 2. '
Temple, qui vont être rebâtis ; fiction
absolument semblable à celle de l’auteur
de l’Apocalypse , qui l’a copiée
et l’a placée également à la suite de
la défaite de Gog et de Magog.
C’est pareillement dans le lieu le
plus élevé de la terre, au-dessus de nos
régions élémentaires , que Platon (l)
met son Elysée , la terre des bienheureux
, terre pure , placée dans un
Ciel pur , ou sont les Astres; dans cette
1 région , dit Platon , qu’on appelle
jËther, c’est-à-dire , dans la,même
légion où nous avons vu que Fytha-
gore et Cicéron plaçoient le séjour des
âmes vertueuses. Le véritable Ciel n’êst
pas celui que nous voyons à travers les
couches épaisses de l ’air. C’est dans
cette région sublime , à laquelle notre
; nature ne nous permet pas d’élever
notre, vue, qu’est le véritable C ie l, la
véritable Lumière et la véritable
Terre, dont toutes les parties élémen-
[ taires ont une perfection incomparablement
supérieure à celle de la terre té-
[nébreuse que nous habitons, dans laquelle
reflue , comme dans un profond
gouffre , tout le sédiment de la
[ matière, l’eau , l’air et les ténèbres.
[ Ceseroit, dans le style de l’Apocalypse,
[la grande Babylone , qui habite au
[ milieu des eaux, et dans laquelle on
E ne trouve que corruption , tandis que
[ la première terre, cette terre sublime,
[que couvre le véritable Ciel , est la
[terre Céleste, le séjour des bienheu-
[reux, la Sainte Jérusalem , notre vé-
| ntable patrie, d’où nous sommes exilés,
[ et dans laquelle la vertu seule peut nous
[ l’amener. C’est un langage de frane-
| maçonnerie religieuseou d’initia tiou, où
l tout est allégorique. Dans la terre que
j bous habitons, dit Platon (2' , tout est
j altéré, vermoulu et dégradé. Il n’y
■ Oint rien, qui ait quelque valeur ; on
[ 0 ) Plato. Pliæd., p. Ion,
[ (3) PUit, ibid.-p. 110,
n’y trouve, comme dans la mer , que
du limon et du sable. Il n’y a rien, qui
puisse être mis en parallèle avec les
beautés, qu’étale la surface de la terre.
Mais dans le mêmerapport celles-ci sont
infiniment inférieures à celles des productions
de cette partie supérieure, placée
dans la région sublime de l’Ether. Les
couleurs y. spnt d’un éclat plus pur et
plus v i f , que celles qu’employent nos
peintres , lesquelles n’en sont qu’une
foible image (3V Ces différentes couleurs
forment diff érentes nuances sur la
surface de cette terre , et y répandent
une agréable vérité. On potarroit comparer
cette terre aux Sphéroïdes bu Balles
à douze faces, distinguées chacune par
une couleur différente; mais cescou-.
leurs sont infiniment plus éclatantes’
que celles de cette Boule. Une face présente
l’éclat vif de la pourpre; une
autre celui de l’or ; celle-là un blanc
éblouissant ; ainsi des autres couleurs,
qui en varient la surface. Ces douze
couleurs du Sphéroïde auront bientôt
leur application aux douze pierres, qui
nuancent lesdouze faces de 1 a villeSainte
de l’Apocalypse. T outesles productions
de cette terre heureuse, continue Platon
, ont un degré de perfection qui les
rend infiniment supérieures aux nôtres,
dans la même proportion. Les pierres
précieuses y sont infiniment plus belles ;
les sardoines , les émeraudes, les jaspes
et toutes les autres pierreries , y
brillent d’un éclat infiniment plus pur,
et sont d’une transparence beaucoup
plus lumineuse. Toute cette terre en
est ornée ; elles mêlent leur éclat à
celui de l’or et de l’argent. La réunion
de ces beautés forme un , des plus
beaux spectacles, dont jouissentlesbien-
heureux (4). Les haliitans de cette terre
fortunée ne connoisjsent point les maladies
; leurs organes ont une perfects)
Ibid. P- ITO-
(4) Ibid. p. Z41.