inique et rural, d’un peuple savant et
agricole tout ensemble. Ce qu’il y avoit
de plus essentiel à prouver , c’est qu’il
s’accorde parfaitement avec l’agriculture
de l’Egypte , tandis qu’il est aussi
■ d’accord avec la position des points
solstifiaux et équinoxiaux dans le Ciel,
à une certaine époque. Il résulte delà,
que non-seulement il convient à l'Egypte
, mais encore qu’il ne convient
qu’à elle seule, par la raison que les
opérations agricoles de ce pays suivent
presque l’ordre inverse de celui qui a
lieu dans les autres climats ; de manière
qu’il est difficile, qu’un Calendrier
rural , qui convient au peuple
Egyptien, puisse convenir à quelqu’au-
trè peuple que ce soit. Nous conclurons
donc, que c’est avec raison que les
anciens Ecrivains firent honneur à l ’Egypte
de l’invention des Sciences Astronomiques.
En vain, nous objecterait-on ici,
qu’on peut supposer une autre position
de Sphère, où les signes des moissons et
du labourage s’accordent également
avec l’agriculture de s autres climats. Ou
ne doit pas oublier, qu’il ne suffit pas que
cet acccord ait feu pour la terre ; qu’il
doit encore avoir lieu pour l’état du Ciel,
et qu’il n’ y a pas ici une foule de combinaisons
à essayer; il n’y en a que deux.
Si on ne met pas avec nous l’Ecrevisse
au Solstice d’hiver , et la Balance à l’Equinoxe
du printemps, ou sera obligé
de mettre le premier de ces deux emblèmes
au Solstice d’été , e t le second
à l’Equinoxe d’automne; et alors la
Sphère aura la position , qu’elle avoit
environ 300 ans avant i’Ere Chrétienne.
Mais nous avons fait voir, qu’une pareille
position do Zodiaque ue s’accorde
ni avec l’agriculture des Egyptiens , ni
aveccellede.sGrevs, ni avec et-lie des Assyriens,
Phéniciens, Mèdes, Perses, Indiens,
ni avec celle en général d aucun
peuple , qui moissonne avant le 5 oe.
jour qui suit le Solstice d’été, ni avec
celle qui place les labours en automne.
La seule objection, qui paroisse de
quelque importance contre cette explication,
à ceux qui croyent à un monde
créé, c’est la haute antiquité que nous
supposons à l’invention du Zodiaque'
mais elle pourvoit être bien moindre, si,
ce que je Décroîs pas, il étoit arrivé quef
que grande inégalité dans la précession
des Equinoxes. D’ailleurs nous avons
supposé, que c’estlesigne dans lequelen-
troit le Soleil, qu’on a désigué par un
caractère hiéroglyphique, représentatif
de l’état du Ciel, ou de la. terre dans
chaque mois. Mais on poürroit dire, que
les inventeurs àvoient. placé ces symboles
, non pas dans le lieu qu’ôccupoit le
Soleil, mais dans la partie du Ciel op.
posée ; de manière que la succession
des levers du soir de chaque signe eût
réglé le Calendrier , et eût exprimé la
marché^ des nuits; comme le disent
Arâtus et Macrobe (1). L’inventiqn de
l’Astronomie appartiendrait encore incontestablement
à l’Egypte , mais ns
remonterait pas plus loin, que l’époque
où le Taureau étoit le'signe équinoxial
de printemps , deux ou trois mille ans
avant l’Ere Vulgaire. Ainsi, dans cette
hypothèse, lorsque le: Soleil, en conjonction
avec le Taureau, arrivoit le
soir à l’Horizon , le premier signe, qui
se trouvoit alors à l’Orient au-dessus
de l’Horizon , et qui finissoit de se
lever , eût été la Balance ; et l’àscen-
sion de cette Constellation eût aussi
désigné l’Equinoxe de printemps- De
même , l’entrée du Soleil au Lion eut
été marquée le soir par le lever total et
Acronyque du Capricorne : l’entree
au Verseau ou au Solstice d’hiver , par
l’ascension du Cancer ; l’entrée au Bélier,
répondant aux moissons, par Ie
lever du soir de l’épi, ainsi des autres;
et tous lés emblèmes recevraient le meme
sens (s).
f)uoi qu’il en soit, ce sera toujours à
pggypte que ces dénominations appartiendront.
Il y a encore un argument,
que nous avons plusieurs fois indique ,
et qui détruit tout accord qu’on pourvoit
imaginer avec l’agriculture de quelque
peuple que ce soit,dans l’hypothe-
sc qui placeroit la Sphère telle qu elle
étoit trois cens ans environ avant l’Ere
chrétienne; c’est l’antiquité qu’on est
forcé de donner à l’Astronomie , indépendamment
de notre système. Si l’Astronomie
remonte au moins au temps
où le Lion célçste occupoit le Solstice
d’été, on ne peut pas regarder , comme
position primordiale du Zodiaque, celle
qui place à ce Solstice l’Ecrevisse, ou
le premier degré de ce sgne, qui n’a
dû y arriver que deux mille cent soixante
ans après cette époque. Or , nous
11e pouvons nous empêcher de donner
au moins cette antiquité au Zodiaque.
Bailly , dans son histoire de l’Astronomie
ancienne , tome I , a prouvé.;
que non - seulement le Lion ,
mais la Vierge même avoient dû occuper
autrefois le Solstice d’ete. Nous n’ajouterons
rien aux preuves par lesquelles
il établit son opinion, preuves ti-
réèsj des . observations anciennes des
Constellations, qui autrefois servoient
à déterminer les équinoxes, et qui sup-
posoient le point équinoxial dans les astérismes
du Taureau. Lesautoritesqu il
rapporte, et les inductions qu’il en tire,
nous ont paru si concluantes , que nous
ne croyons pouvoir mieux faire que d’y
renvoyer le lecteur. Le travail que nous
avons nous-mêmes fait sur la Mythologie
, que non savons expliquée par l’Astronomie,
suppose toujours le Lion
aù Solstice d’été, et le 'Taureau à l’équinoxe
de printemps; et,les solutions
des fables, auxquelles nous avons appliqué
cette nouvelle clef, nous ont constamment
donné le meme résultat, ainsi
que tous les nionumens. Hercule se
repose sur la peau du Lion, et les Egyptiens
mettoient le trône d’Horus sur le
Lion (x). Les Chaldéens avoient une
longue suite d’observations, qui remon-
toient à plus de 2,000 ans avant, notre
Ere. Aussi ont-ils appelé Régulus, ou
le coeur du Lion , par où passoit le Co-
lure, lechefdesmouvemenscélestes (2), '
Cette antiquité de l’Astronomie une
fois établie , voici le raisonnement que
nous faisons. La Balance et l’Ecrevisse
ont été dans l’origine destinées» peindre,
l’une un équinoxe, l’autre un Solstice.
C’est le .sens le plus naturel, que
nous puissions donner à ces emblèmes ,
et c’est celui qu’on leur a toujours donné
jusques ici. Leur distance respective,
ou l’intervalle de 90° qui les sépare,
confirmé encore cette conjecture. Ils ont
donc occupé cette place originairement.
La question se réduit à savoir , a quel
équinoxe , ou à quel Solstice ils ont cte
d’abord placés. Ce n’est point, comme
nous venons de le voir , à l’équinoxe
d’automneni au Solstice d’été, qu’ilsont
été primitivement, puisque l’Âstrôno-
mieet l’invention du Zodiaque sont antérieures
au temps, où ces emblemesont
occupéçepoint.C’estdonc à l’équinoxe
de p r i t ) teiupset auSolsticed’hiyer, qu’ils
ont été placés, à l’époque de l’ invention
du Zodiaque. Ils sont tous deux symboles
parlans , l’uii de l’égalité des'jours
et des nuits, l’autre, du mouvement
rétrograde du Soleil ; et cependant il
fut un temps, où ils ne pouvo;ent s’ac- _
corder avecce double phénomène. Donc,
s’ils s’y étoient accordés autrefois, ce
n’est qu’en remontant fort loin, qu’au
p rviendra à voir ce qu’ils ontdûnéces-
sairement signifier dans 1 origine. Or ,
en les rétablissant, dans la place, que la
précession leur a fait quitter, le Zodiaque
entier devient, uu Calendrier do
l’Egypte , et, la Peinture naturelle de
l’état du Ciel et de la terre dans ce pays.
Donc il a été inventé chez ce,peuple ,