sons e tlfS arbres reprennent leur feuil-
C’est pourquoi nos ancêtres, dit Ma-
crpbe,ontconsacrélemoisd’avril aV énus.
Cette explication de Macrobe , que
nous avons rapportée ailleurs (i) , avec
les modifications que nous avons jugées
nécessaires , nous paroît simple, naturelle
, ingénieuse. Elle est fondée sur
une observation , qu’ont dû faire dans
tous les temps les peuples de l’hé-mis-
plière boréal, qui ont remarqué que la
face de la terre s’embellissoit et se dé-
pouilloit de sa parure , suivant que le
Soleil s’ajpprochoit ou s’éloignoit de leur
climat, et que ce Dieu , par son approche
et par sa retraite , changeoit successivement
la scène où la Divinité
avoit placé l’homme (m ). Le bien et
le mal de la nature dépendant absolument
du Soleil et de sa marche dans le
Zodiaque, son retour a dû causer la
joie , comme son départ la tristesse , et
les adorateurs de eet astre, dans le culte
qu'ils lui ont rendu et dans les chants
qu’ils lui ont adressés, ont dû sur-tout
marquer d’une manière frappante ce
contraste de la nature et de l ’état de-
l’homme aux deux principales époques
de la révolution solaire , au moment
de sa dépression au-dessous de l’Equateur
en automne , et au moment de son
élévation au-dessus , ou de son exaltation
au printemps. Voilà le fondement
sur lequel ont été établies les fêtes , soit
de tristesse,soit de joie,, et le fond sur lequel
ont été brodées les fables solaires ,
plus ou moins ingénieuses , à raison du
plus ou moins d’esprit des Prêtres et des.
Mystaguogues ( jy ). Le fond est le
même ; la broderie est différente dans
ses nuances et ses figures , comme dans
sa richesse.
Vossius , dans son Traité sur l’Idolâtrie
(2), adopte absolument l’èxpli-
r i V E R S E L L E .
la mort d’Adonis, ou son absence, n’esf
autre chose que l’éloignement du Soleil
vers les régions australesen automne et
en hiver. Il joint à l’appui de son sentiment
eaticai de Macrobe , et reconnaît que
(1) Cî-dess. T. 3. cE. ,12.
(s) Voss. de Jciol. 1. 2. c. 5g. p. 633.
(3) Plut, de Isid. p. 355 -375. Aron.
une épigramme d’Ausone sur
le Soleil. Il préfend que l’Adoueus des
Arabes , l’Adonis des Phéniciens,
et l’Adès des Grecs se réduisent au
même Dieu, ou au Soleil des signes
inférieurs. Il cite aussi les vers de
J ovianusPontanus,( zz )qui confirment
également notre explication, et la théorie
que nous établissons dans tout cet
ouvrage sur la mort et la renaissance
delà végétation soumise à l’action du
Soleil.
Nous conclurons donc avec tous ces auteurs,
que la mort et la résurrection d’A-
donis ne doiventpas s’entendrede la mort
et de la résurrection d’un homme,mais;
de celles duSoleil,considéré danslesprin-
cipales époques du mouvement annuel,
et dans lesrapports-qu’il aaveclecom-
mencement et la cessation delà végétation
périodique, avec le retour des longs
jours et des longues nuits , qui partagent
entre elles le cercle annuel, et qui
ramènent le bien et le mal physique
dans l’univers (aaà). Ainsi , Adonis
aura les mêmes caractères que Bac-
chus et Osïris, et ses mystères seront,
confine ceux de eesdeuxDivinites, les;
mystèresduDieu delà Lumière, et contiendront
lerécit de ses combats contre le
principe des ténèbres, dont il triomphe
tous les ans à l’Equinoxe du. printemps
;/ c’est-à-dire , que nous retrouvons
encore dans ces mystères, ce que
Plutarque nous a dit être la base de
toufeslesPteligionsanciennes, la théorie
dès deux principes etle récit allégorique
de leurs victoires et de leurs défeites-
, Passons maintenant aux malheurs
et aux victoires du Dieu du jour (;<' ~
Orus , ou Apollon (4) , fils; d’Isis,.perdu
Mavcelf. î, 27. Dïocl. Sic. I. r. p-221 Æliant
de Annn. 1. 10. c. 14, Hor. Apoll. 1. l- C, I7-
(41 Hersa. 1. 2 . c;'i4 4 -i56.Suid..voc.M'ap
et retrouvé, et nous verrons qu’ils sont
absolument établis sur le meme fondement
théologique.
Le nom Orus est le mot hebreu et phénicien
Or , lumière. O r , dit Phnon ,
signifie lumière (r). Ce qu’il y a de certain
c’est que toutes les fois que les
Grecs parlent de ce Dieu, ils nous disent
qu’il est le même que leur Apollon
ou que le Dieu Lumière , le Soleil et la
lumière du jour, queproduitcetAstre,
et qu’il épanche de son sein. Orus , en
qualité de Dieu du jour et de la lumière
, étoit fils du Soleil Osiris, et de
la Déesse Isis, comme nous Pavons fait
voir dans notre chapitre sur Isis (2).
Nous rapporterons ici un précis de èe
que nous en avons dit, et nous y joindrons
quelques nouveaux développeînens.
• \ , I , ,
Le Bootés placé dans le ciel a côte
de la Vierge , mère du Soleil, ou de
l'Isis d’Eratostbène, étoit censé avoir
été chargé de l’élever (3) i ,au II101.I1S
il présidoit avec la Vierge à la. naissance
du Dieu Lumière, puisqu il non-
toit avec elle à minuit, et qu’il 1 accompagne
toujours. .
Orus étoit persécuté par le noir T y phon
, aux formes serpentines , comme
Apollon et sa mère le sont par le serpent
Python, celui du pôle, qui ramene
les nuits et les froids de l’hiver avec la
Balance, et qui monte toujours à la suite
de la Vierge ou de la mère du Soleil (4).
C’est ce serpent ,dont Orus devint ensuite
vainqueur, lorsqu’Ôsiris^son père,
sortant des enfers, vint l’en faire triompher
(5). Orus ou Apollon avoit son
tombeau à Delphes; le temple étoit bâti
dessus (6).
Orus , avant de triompher , avoit
(1) Phil. Alleg. 1. 2. p. 5?.
Jablonski 1. a, c* 4. p. 222.
Vossi. Orig. Idol. 1. 2. c. 64. p. 649.
(2) Ci-dess. 1.3. c. 3*
(3) Salmas. arm. Clim. p. 594,
(4) Theon. ad Arat.Phæn. p. 113*
(5) Plut, de Isid. p. 35$.
été déchiré et mis en pièces , comme
Bacchus; mais ensuite il fut rappe e
à la vie par la Déesse sa ùiere , qi
lui donna et la vie et l’immortalité. t7 J
Tous les auteurs ecclés astiques nous
parlent des fêtes lugubres iast*tuée*
par Isis à l’occasion de la perte de son fiü et des chants de joie qui leur suc-
cédoient , aussitôt qu’elle l’avoit retrouvé.
Ces fêtes ressernbloient assez a celle^
que la même Vierge céleste, apP^®
Cérès , avoit instituées à l’occasion de
la perte de sa fille , qu’elle pleuroxt et
cherchoit par toute la terre , et qui lui
avoit été ravie par le Prince des tene-
bres , ou par Pluton , roi des Enfers.
Lactance (8) nous peint le demi des
Prêtres d’Isis, durant tout le temps oii
Isis cherche et pleure son fils, qui j“q
a été enlevé , et la joie publique qui
éclate, au moment où elle est censee
l’avoir retrouvé. , , ,
Epipbane (9) nous peint la douta«
et le délire des Prêtres dans ces ceremonies.
Ou y reconnoît la fureur des
Bacchantes , lorsqu’elles pleurent et
cherchent Bacchus.«
Le passage de Minutas Félix , cite
déjà plus haut, confirme encore (10)
ce que nous avons dit sur Chus perdu
et retrouvé par sa mère , qui s afflige
et se réjouit tour-à-tour , et sur les
fêtes dedeuil et de joie, qui retraçoient
cette mort-et cette résurrection mystérieuse.
Julius Firmicus nous fait la
même peinture du deuil et de la joie
successive des Prêtres d’Isis , sur la
mort et la résurrection d Orus. (.11 )
Il n’est pas dificile de reconnaître a
à ces traits l’Adonis des Phéniciens ,
ou le Dieu Lumière , mort et ressuscité.
Aussi Macrobe , qui nous adonné
H Cyrill. Alex, coutr. Jul. 1.10. p. 342.
r7) DÏdd.Sio.l. 1. p.22.
(8) Lactant. 1. i. c. ai.
(a) Epiph. adv. (10) Minnt. Telihxæ. rpe. s.1 613. .3- V- 46*-
(11) Julius ïirm. de profan. Rel.g. p. 4,
K. 2