de la plus grande autorité, a conservé
cependant des traditions précieuses, et
s’accorde absolument ici , avec Ovide
et Messala, sur Janus, qu’il confond
avec Noë ou avec le Dcucalion des
Scythes, peut-être à cause du vaisseau,
qui les caractérise tous deux, m ’appelle
Chaos et semert mundi : il lui donne
pour femme la Terre , épouse du Ciel,
dans toutes les Théogonies. 11 dit.( L. 3 B
que ce fut lui qui «c docuit Astrorum
» cursus, et distinxit annum ad cur-
sum solis, et dùodecim menses ad
» motum Lunæ . . . . » Qu'il régna sur
l’Italie, et qu’on l’y honore sous le nom
de Coelum., Chaos , et « seraen mundi,
» patrem deorum inajorum et mino-
,, rum , animam mundi moventem coe-
» los. Ilium signant in scriptis cursu
s» Solis et jnotu Lunæ, et sceptro Do-
» minii. . . . duabusque clavibus, etc ».
Il n’est pas difficile de reconnoître,
dans ce Génie céleste, aux mains duquel
on remet le sceptre et les clefs du
Teirfps, dans ce Dieu ame du Ciel et
du Monde , le Janus, dont les deux Auteurs
nommés ci-dessus nous ont défini
la nature. Le titre de Père des
Dieux, qu’il lui donne, appartenoit aussi
à J anus, quasi Deorum Deum, dit
Macrobe ( Sat. L. i , C. 9 ) , citant les
vers Saliens les plus anciens. Sa liaison
avec la révolution du Monde et avec
le Soleil et l ’année , dans Berose , est
aussi confirmée par Macrobe : « Alii
,, Janum mundum, id est coelum , esse
» voluerunt » ; et Arnobe ( contra gentes,
L. 3 , p. 117 ) : « Janus, quem quidam
3, ex vobis mundum , annum alii, Soin
lem nonnulli esse prodidêre ». Le
même Arnobe fait Janus fils du Ciel :
« Janum quem ferunt coelo procreatum
» régnasse in Italia primum ».
La nature de Janus est donc la même,
que celle de la force Démiourgique,
qui agit dans le monde visible , que celle
de ce feu principe , générateur des
corps , qui meut la Sphère, qmi circule
dans les Cieux, et brille dans tous les
Astres, et spécialement dans le Soleil,
enfin l’agent universel des formes régit-
lières du chaos. En le plaçant dans le
Ciel, dont les uns le font fils, ou avec
lequel les autres le confondent, et en le
formant de la même substance que le
Soleil, nous ne nous écarterons point
des principes théologiques de l’antiquité.
Examinons maintenant, quelle fonction
il remplissoit dans l ’ordre du
Monde, et quel étoit son rang dans la
République des Dieux.
Janus ouvroit la marche des révolutions
célestes,; il étoit placé aux portes
de l ’Olympe , il étoit le Chef du Temps
et de l’année, et donnoit l’impulsion
au système harmonique du Monde.
Il étoit le Père de l’année :
Jane biceps, anni tacitè labentis origo.
Ovide , Fast. I , v. 64.
Principium de s, Jane , licet velocibus annis
jEt revoces vultu s a eu La long a tuo.
Martial, Epig. L. 8.
Il présidoit, avec les Saisons et les
heures, aux portes du Ciel ; et cette
fonction lui lit donner le nom de Ja-
nitor, ou de portier du Ciel.
« Praesideo foribus Coeli, cum mitibus Horh\
» Inde vocor Janus ».
Il en ayoit les clefs : « cum clavi fi- 7» guratur, » dit Macrobe * Sat. L.
C. 9. Et Ovide, Fast. L.' 1 , Y. 99>
représente de même :
«c Illetenens dextrdbaculum,clavemque sinistré
Personne n’entroit au Ciel, s’il nen
ouvroit la porte.
Ovide lui demande , pourquoi , «anl
tous les sacrifices faits aux autres Dien*i
il rccevoit toujours les prémices delefl'
cens :
fi . . . Car, quamvis aliorum numina plaça*\
» Ja n e , tibi primo ilium , merunique jer°} ’
v. SU Jan"*
Janus répond :
te Ut p e r me p o s s is ad itum , q u i lamina s e rv o ,
y) A d quosGumque velis, p ro rsù s habereDeos.yt
Il é t o i t comme le Chef de l’harmonie
universelle :
« Quidquid ubique v id e s , coelum , mare, nubila , terras
» Omnia surit nostrâ d a n s a , patentque manu.
■»i M« penes est unum va sti custodia mundi
» -E tju s vertendi cardinis omne meupt e s t» .
Y. 117.
Comme l’année solaire et ses divisions
recevoient de lui leur impulsion ,
il eut tout le cortège symbolique du Génie
du Temps.
On mettoit à ses pieds douze autels,
représentatifs des douze mois de l’année,
I dont il faisoit l’ouverture. ( Sat. L- i ,
C. 9. ) « Varro libro quinto rerum di-
» vinarutn scribit, dit Macrobe, Jano
» aras dùodecim pro totidem mensibus
» dedicatas ». Il présentait dans ses
mains le nombre 3 5 5 , égal à celui des
jours de l’année ( Ihid. ) « Simulacrum
j » ejus plerumque fingitur manu dexterâ
y? trecentorum .et sinistrâ sexaginta et
» quinque numerum retinens, ad de-
» monstrandam anni dimensionem ».
Pline en dit autant ( Pline, L. 3 4 , C. 7 ) :
, « Ut per significationem hanc anni,
i » temporis et ævi se Deum indicaret ».
On mettoit souvent aussi près de lui
un seul autel à quatre faoes, pour dé-
! signer,dit Plutarque, (Plut. Quæst. Rom.)
; les quatre saisons de l’année. Quelquefois
on désignoit la même chose, en
donnant à sa statue quatre visages,
dont les différens âges exprimoient ceux
du temps.
Tous ces attributs symboliques du
temps et leur explication se trouvent
“ans ce passage de Suidas, sur Janus ,
dont voici la traduction latine:« Ja-
” nuarii simulacrum est quadriforme ,
II quatuor anni conveïsiones. Alii
» fingunt dextrâ manu clavum gestan-
* tem, ut principem temporis , et aperc
e la Sphère. Tome HT.
» torem anni et Janitorem ; alii dextrâ
» ejus numerum 3oo, in sifûstrâ 65
» tenentèm, ut qui sit annus ». Longin,
dit-il, lui donne le nom d'AEonarius ,
c’est-à-dire, de Père des siècles et du
temps.
Le premier des douze mois fut spécialement
sous son inspection, et emprunta
de lui son nom. Le commencement
de tous les autres lui fut égale-
mentconsacré, comme au Père du temps
et de ses divisions. Numa, dit Macrobe,
( L. 1 , C. i 3 ) donna, au premier mois
le nom de Janus, « et primum anni
» esse voluit, tanquam Bicipitis Dei
» mensem ». Et ailleurs : ( C. 9 ) « non
» solùrn Januarii mensis , sed omnium
» mensium ingressus tenët ».
Il ne nous reste plus rien à désirer,
pour connoître la nature et les fonctions
de Janus, dans l’administration
universelle du Monde. Il s’agit maintenant
, avec ces données, de déterminer
le lieu, qu’il occupe sur la voûte céleste,
parmi la foule des Génies brillans , qui
la peuplent et forment le cortège, du
Dieu Soleil, qui s’avance toujours escorté
des douze grandes intelligences,
qui président aux douze divisions de
sa marche.
Janus doit 6e trouver à la tête, et au
point, où commence la révolution des
Cieux, et qui ouvre la marche du temps,
qui circule dans le Zodiaque ; et effectivement
il s’y trouve.
Pour nous en assurer, plaçons la
Sphère telle qu’elle s’offroit aux yeux
de Numa, lorsqu’il régla son année ,
et nous verrons, que Janus est le premier
Astre, qui monte sur l’Horizon, et
qui ramène la nouvelle période.
Le commencement de l'année i’ rima
i n c fut fixé par Numa, peu de jours
après le Solstice d’hiver, et à l’heure de
minuit, comme on peut le voir dans
Plutarque, (Quest. Romaines, p. 284,)
et dans Macrobe , ( Saturnales, L. 1 ,
C.3 ).
Or le Capricorne , dans lequel étoit
alors le Soleil, étant mis sous l’Hori