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Soient que les deux vaisseaux, ou le Soleil et la
Lune ( i) , furent faits de la pure substance de Dieu;
c’est-à-aire de la substance céleste ; que le Soleil
fut fait du bon feu, et la Lune de la mauvaise eau',
( August. de haercs. c. 46 ). Ces vaisseaux ici sent
le corps planétaire qui reçoit la substance intelligente,
et la lumière intellectuelle. C ’est comme le
Corps de Christ. Les pères Grecs, lorsqu’ils ont parlé
de la transfiguration,ont cru, comme Manès , que
c’cto'it l’essence divine , ou du moins une lumière
sacrée, q uien rejaillissoir, que lessci disans Apôtres
virent briller sur le Tabor. C ’étoic aussi l’opinion des
Valentiniens : «comme la nature de Christ, disoient-
jj ils , est lumière, il montre sur la terre ce qu’il
» est dans le ciel (2.) 33.
On voit dans Plutarque un philosophe barbare, qui
prétend que dans la production de l’homme , la terre
fournit le corps, la Lune l ’ame, et le Soleil l’entendement
ou Vesprit pur (3).
( t ) On peut vcir dans ' Origène , Comm. in
Job. c. 21 , p 2931 , que le Christ seuî est Av-
'iosrlsic des choses qui sont chez son père : ntmo
agnovil Pat rem , nisi filius, etc.
In medio horum numero Mithrqm , quan et
Mesiterr , JMSG-rtnv, hoc est mediator cm ,, pontbant,
id est Sçlem, duceni et supremum coelesiis mundi
monaicham ( 4).
(u) L ’Abbé (5) Foucher disserte sur l’épithète de
Msoi'ltîf , donnée au Soleil ou à Miihra , et
rapporte un paffage dePlethon, ( Oracul. Cal-
daic. ) où Mnhra est appellé Je second principe ,
la seconde intelligence , S'evleçov m ", qui a
au-dessus de lui le 'Dieu , éternelle Lumière , appellé
le Père. Ce Père, suivant Zoroastre, est le
principe de toutes choses. Cette situation du Soleil
au milieu de l’univers, dit l’Abbé Foucher,
fit naître l’idée d’une médiation morale. Mi-
tlira parut un Dieu médiateur entre Oromaze
et les, hommes.
On voit les rapports de reiïemblance et de
différence, qui se trouvoient entre la religion des
Mages et celle des Chrétiens. Ils convenoient les
uns et les autres de l’existence éternelle d’un
Dieu suprême, père et fabricateur de toutes
choses (6). 20. De la nécessité d’un Dieu médiateur
et visible', pour avoir accès auprès du
trône du Père céleste. 3e. Que le médiateur , qui
étoit de la même substance que le Père, devoit
être adoré avec lu i , et comme lui. Mais quel
étoit ce Dieu médiateur? Voilà le point où la
dispute commençoit. Les Perses prétendoient que
c ’étoit le Soleil ; et les Chrétiens que c’étoit
Christ. Aussi voit-on dans les actes de nos martyrs
, que de part et d’autre on met en oppo- :
(1) T. 2, p. 36*.
(2) Beausobre , t. 1 , p. 553.
(3) Plut- «livres moral, trad.t. 2, p. ?42»
(4) Kirker. GEdîp. t. .2, pars 2, p. 19*.
sttion perpétuellement Christ avec le Soleil, et le
Soleil avec J. C.
Les Perses a voient raison; et l’ignorance seule
des Sectes Occidentales avoit établi cette distinction
entre Christ et le Soleil, laquelle étoit inconnue
aux Sectes Orientales, comme on peut
le voir par le dogme Manichéen, que nous avons
rapporté ( notes de la page 120 ).
Il est certain que Mithra, dit Beausobre, t. 1,
p, 107 , est un des noms que les Persans don-
noient au Soleil; mais si nous en croyons Porphyre
, Mithra étoit aussi le nom de cette seconde
intelligence ( le Aoyoç ) , par laquelle Dieu
a créé le monde ; et peut-être ne donnoient-ils
le même nom au Soleil, que parce qu’ils le
croyoient l'image ou la résidence de la lumière
pure er intellectuelle ou de l'intelligence créatrice.
Cette intelligence étoit le Dieu médiateur, -ou
mitoyen, Msatlnc Qeoç de Plutarque. Nota. Mar-
cion adme.ttcit trois principes : le bon, c’est le
Père;, le juste, le Créateur, Mithra , dans Porphyre
( 7 ) ; et le Chef de la matière ou le Diable
, Typhon, Ahriman.
L ’Auteur des actes d’Archélaüs appelle Prêtre
de Mithra , et . adorateur du Soleil ,
Manès , qui étoit de tous les Chefs de Secte ,
celui qui avoit le mieux conservé les idées
anciennes: Persa Barbare , Barba, Sacerdos Mi-
thuz et collusor, Solem tantum colis , Mit h ram lo-
conim mysticorum illuminatorern , ut oplnaris, et
conicum ; hoc est quod apud cos ludes , et tàn-
quam e le pans mimus perages mysteria. Act. p. 62
et 63. Effectivement les Manichéens plaçoient
Christ dans la lumière du Soieil, et ils avoient
raison. Ils ne différoient des autres Chrétiens, qu’en
ce qu’ils entendoient unpeù mieux la religion chrétienne,
qui n’.étoit réellement qu’une Secte Mi-
thriaque sortie de la Perse, dont les Occidentaux
ne connurent jamais bien la nature.
Les Priscillianites, comme on le voit dans la
lettre de Léon I à Tiburtius Evêque d’Astorga
( c. 4 , t. 1 , p. 4 5 1 ,) jeûnoientle jour de la nativité
du Seigneur, et le Dimanche, se conformant
en tout aux degmes de Cerdon , de Mar-?
cion et des Manichéens leurs alliés. Ces derniers,
dit-il, passent en jeûne le Dimanche, qui est
consacré à la résurrection du Seigneur, et cela,
comme on l’a découvert j par respect et par dévotion
pour le Scleif
Dans les premiers siècles, l’opinion de plusieurs
d’entre les Chrétiens étoit que Christ, en montant
au C ie l, avoit laissé son corps dans le Soleil ;
ce qui est un reste de l’ancienne tradition, que
le corps solaire étoit la substance matérielle à la-'-
(5) Acad. Inscript, t. 29 , p. 113»
(6) Ibid. p. 163.
(7) Beausob, t. 2, p. '87.
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quelle s’étoit uni le Logos, ou la lumière intellectuelle
(1). Hermogènes étoit de ce sentiment,
et Panteme , docteur d’Alexandrie : Evioi ptev ya.<ri
to ffccpeÀ rra Kvçtx sv 1 ù> nxia eiulov tisro T/ôetf’Tetf
Eç(/.oyei>iif ( Clemens in Eiect. Prophet. j.
On croyoit communément, que la première
des intelligences résidoit dans le Soieil, dans cet
Astre que Platon appelle le Fils de Dieu, et que
«e bel Astre est . le séjour <\cs bienheureux,
( U yd e , p. 400 :.) le préjugé commun des Peuples
les conduisît là : « Si l ’on vous demande,
» dit Fauste a Saint Augustin, soit à vous, soit
» a d’autres, en quel endroit habite le Dieu que
» vous servez, tous répondent sans balancer que
** c'est dans la lumière ». Ainsi, ajoute-Beausobre,
les Manichéens, suivant “les idées de l’Ecriture ,
placèrent Dieu le Père dans une lumière invisible
et inaccessible (2) ; et suivant après cela les idées
des Philosophes Persans, ils crurent que le Fils,
cjui est l’image du Père, avoit choisi pour son séjour
la lumière visible, ou le corps du Soleil.
Le Fils, dit Fauste, (August. 1. 21 , p. 2 , )
habite la lumière visible, et comme il réunit
deux perfections, et qu’il est la vertu de Dieu,
( la chaleur, ) et la sagesse de Dieu, ( la lumière,
Minerve, la Lune, ) nous croyons que
sa vertu réside dans le Soleil, et sa sagesse dans
la Lune.
Clément d’Alexandrie, dans les extraits de la
doctrine Orientale, dit q u e , suivant cette théologie
(3 ), le Créateur a produit le Christ animal,
qui est l’image du Fils, ( le Soleil corporel,
animé, image de l ’intellectnel, ) ensuite les Archanges
et les Anges, de la substance animale et
lucide, ( le feu Ether , } orço^ctxxsi sk
xai qcùTeivtic ierlaç.
Saint Augustin, Cont. Faust. I. 21 , p. 4, (4)
donne à croire , que les Manichéens adoroient le
Soleil, p^rce qu’ils étoient persuadés que cet
Astre n’étoit pas une créature de Dieu, mais une
probole, une émanation de la substance divine ,
et par conséquent une personne divine, et un
Dieu Grand et Bon. Istum Solem tam magnum ,
bonum Deum esse putatis, ut nec factum à Deo,
sed prolatum , v t l emissum esse credatis.
Il paroît constant , que les Manichéens ont été
accusés d’adorer les Asrres, et sur-tcut le Soleil
et la Lune; et la dissertation de Beausobre, sur
cette inculpation, ne roule que sur lamature du
culte. C ’étoit une suite de la religion Astrologique,
la seule qui ait jamais existé chez les anciens,
et dont celle de Christ, ou du Soleil, faisait
partie, quoique plusieurs d j ses Sectateurs
s’y soient mépris.
Le pape Léon I , Ep. 15, ad Jurib. c. 4 , dit:
(1) Beausob. t. i , p. 564,
(2) Ibid. p. 565.
(?) Ibid. t. 2 , p. 286., part. 3,
44) ibid. X, 2, p.j 584.
« Les Manichéens ont été convaincus, dans l’exa-
» men que nous avons fait, de passer dans la
» tristesse du jeûne, le Dimanche qui est ' cono-
» sacré à la résurrection du Seigneur, et l ’on
» a découvert, qu’ils gardent cette abstinence pat
» vénération pour le Soleil ». Et dans le Serm. 4
du carême, iL dit encore: « On les accuse de jeû- » ner le Dimanche en honneur du Soleil, et le » Lundi en honneur de la Lune ». (x ) Martianus Capella nous présente le système
planétaire, sous la figure d’un vaisseau conddaumit
pluacri ss epÆt tkPeilrotctees . aIrnca neaisdqeume vfelruào rriabtue sf omnsa nqaunit,
in totius mundi lumina fundebatur. Au haut du
mât étoit la figure du Lion, ce Lion Mithriaque,
ce Lion de la Tribu de Juda, ce Lion, signe céleste,
où le Soleil a son domicile.
qui(dyem) Mmutrlctousrius Trismegistus (5) scripsit\libros et pertinentes , ad <cognttionem divinaruni reniai , in quibus majestatem summi et sin- gularis Dei assoit, iisdemque nominibus appellat , eqjuuisb urse qnuoirse nDt eAuvmov vepte ovP aetsrseem d ;i xaitc nt quis nomen , eo quod no- , minis proprittate non egeret, ob ipsam scilicet uni- tnaeice mo.p uDs eeos ti gpirtouprr inoo mvoecna bnuolno est, quia solus est, exigtt multitudo , nisi cum discrimtn nota et appella,t ionuet duensaimgnqeuta. mqDueeo paerustotnmam sud stmptr unus est , quia , propriè nomen est Deus. C ’est
atiunsusis ldei-sftornibdu itd' ep rlian cpiphiiolrousmop hoired imdem Phluontein i. n Pmloo- - dura. Absolutissima Dei unitas vel simplicitas, summa unitas ( 6 ) etc.
Ce qu’on appelait l’Etre appartenoit au Père,’
ou eioit le Pere? puisque l’Etre est la première
entite. Il n y a que l’Etre qui puisse être susceptible
de propriétés. Avant d’être vivant et intelligent
, il faut d’abord être. Prius est esse, quàm esse tah , disent les Métaphysiciens. L ’intelligence
de l ’Etre étoit le premier degré après
lu i, et la vie le troisième : cette graduation est
bien marquée dans O rigèn e (7). Il dit que le
Dieu Père pénètre tout .ce qui a la qualité
d’Etre ; que le Fils pénètre les Etres doués d’intelligence
, et que le Saint-Esprit pénètre les corps
qu’il anime et qu’il conserve. Voilà peur les Etres
animés, que l’esprit vivifie. in Dmeautse riinâ :m oemntnei,a mveernàs ■ iisnt aa npiemr âctt vaunmima auttm tum hoc çorpus in quo omnia : omnia me n(t e8 d) t.*o qtou-t gptlreint.a: intima mundi replet, vitam .omnibus sug-
( l ) Diogène Laërce remarque que Zenon ~
outre la matière, principe passif, admettoit l’activité
de la raison, le Koyoç , principe d’ordre, qu i
(5) Lactanc. 1. 1, c. 6.
(6) Plot. Ennead. 2, lt 9 , c, C. Comm, Marril. Fie,
(7I Lib. 1 principior,
(S) Pimander,