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cérémonial supposé découle nécessairement
de la première idée, ou de celle de
le faire naître, vivre et mourir. Il passe
par les degrés de l’adolescence et~de la
jeunesse , et publie la doctrine de son
ioitiation.il l’appuie par des miracles,
qui presque tous ne.sont que l'exercice
de sa puissance prétendue pour le bien
des hommes. Le merveilleux qu’on y
m Êle est nécessaire, pour donner du poids
à cette doctrine , et pour établir l’opinion
qu’elle est dictée par la Divinité
N I V E R S E L L FT.
ôn a pu y conserver quelques fraifg
merveilleux empruntés d’autres fables
sur le même Dieu Lumière , connu
sous d’autres noms , tels que celui de
Bacchus, d’Adonis , etc,; car ou voit
Christ, comme Bacchus, changer l’eau
en vin, et, comme hii, monter sur l’âne
dans son triomphe. Malgré celajen’ose-
roîs assurer, que ceux qui ont fait la
triste légende, que nous avons , Payent
calquée exactement sur la marche du
Soleil dans les cieux , comme l’étoient
les poèmes sur Hercule et Bacchus, ni
qu’ils eussent encore la clef Astronomique
même. D’ ailleurs le merveilleux est le
grand ressort de toutes les Religions,
et les chefs de l’initiation aux mystères
de Christ ont bien senti, que le peuple
avoit besoin d’être trompé par le spectacle
imposant des miracles et par les
prestiges , comme l’observe l’Evêque
Synésiiis , dont nous avons cité plus
haut le passage. Toute la vie du Christ
a donc été imaginée dans cette vue.
Ceux qui l’ont fabriquée en ont lié les
événeinens supposés, non-seulement à
un lieu particulier, tel que la Judée,
mais encore à une époque et à des noms
connus, tels que le-siècle d’Auguste et
de Tibère , et le nom de Ponce Pilate,
qu’on a mis sur la scène près de cent
ans après sa mort, lorsqu’on imagina
l’histoire romanesque du Dieu Lumière
, né au sein d’une vierge le 2 5
décembre , et triomphant des ténèbres
par sa résurrection le 2 5 mars , à l’é-
.quinoxe de printemps, dans son pas-
gage sous l’Agneau.
C’est sur ces deux fondemens de l’initiation
Mi tbriaque, qu’aétécomposée
l ’histoire de Ch'ristaussi arbitrairement,
que celle d’Osiris et de Typhon l’a été
par l’Evêque Sy nésius.qui n’a eu d’au tre
but,quede tracer les caractères opposés
dit principe du bien et de celui du mal,
et le triomphe du premier sur le dernier,
après les avoir personifiés l’unet l’autre
et avoir imaginé des rôles analogues
à leurs caractères. Tout y est l’ouvrage
de l’imagination , si ce n’est, peut-être
que.,, comme dans la fable de Christ,
des anciens mystères de l’Agneau
, dont notre Evangile n’est qu’uu
réchauffé très-moderne. Il me semble,
qu’ils n’avoient d’autres données que
leur foi à deux mystères, savoir à son incarna
tion au sein d’une vierge à Noël, et
à son triomphe à Pâques, sous le nom
et sous le symbole de l’Agneau. Sur ce
fond très-simple on a pu broder mille
histoires différentes , supposer mille
manières d’être mis à mort, pourvu
qu’on le fît ressusciter. En conséquence
nous ne suivrons pas les détails
de la fable de Christ; nous nous attacherons
seulement aux deux mystères
qui en sont le fondement, à l’incarnation
au sein de la Vierge, que nous
avons expliquée, et à la résurrection
sous la forme de l’Agneau réparateur,
à laquelle nous allons passer.
Nous avons vii que Christ avoit tous les
caractèresduDieu Soleildans son incarnation
oudans sa nativité, soit pour l’époque
de la révolution annuelle ,1a menue
que celle de la nativité du Soleil; soit
pour l’heure où elle concourrait avec
le jour, qui, comme chez nous encore »
commence à minuit; soit pour la forme
ou la constellation sous laquelle il nais-
soit, etquiatouteslesqualitésquedevoit
avoir,suivant Zoroastre, l’étoilequi an-
noncoit cette naissance , c’est-à-dire,
la figure d’une vierge ; soit parl’image
symbolique de l’enfant, que cetteVierge
tient, sojt enfin par le pom même
l ’enfant appelé Christ et Jésus. 11 nous
xe te à faire voir qu’il a encore tous
Jcs caractères du Dieu Soleil , au moment
de son exaltation ou desà résurrection,
soit pour l’époque du temps où
elle arrive , soit pour 1<. forme symbolique,
sons laquelle il répare lanature,
forme qui se trouve dans le ciel, aussi
bien que celle qui fixe sa naissance;
soit pour la nature des fêtes auxquelles
cette réparation de Christ a
donné lieu, soit pour les allégories de
mort et de résurrection , qm sont les
mêmes dans la Religion du Soleil , et
dans celle de Christ, C’est ce que nous
allons examiner; de manière que’ de
cette comparaison il résultera une ressemblance
entière entre Christ et le
Soleil, dans lès deux aventures mystérieuses
de ce Dieu ; tant dans celle
de sa naissance au sein d’une vierge,
que dans celle de sa résurrection. Enfin
l’on verra qu’on n’à .rien dit de l’un , ou
de Christ, qui n’ait été dit de l’autre ,
i ou du Soleil, bien des siècles avant celui
; où s’est formé le Christianisme.:
En finissant notre premier chapitre,
ou l’explication de la faute prétendue
I de l’homme et du mal introduit par le
serpent dans la nature, nous avons dit
que le réparateur devoit être le Soleil,
etnoasavonsprouvédepuis qu ill’étoit.
Nous avons, ajouté que Christ où le
réparateur devoit naître avec le Soleil,
[ et nous avôns< fait voir qu’il y naissoit.
Nous avons conclu qu'il devoit opérer
la réparation au moment où le Soleil
vient réparer la nature et reprendre
I son-einpiresurles ténèbres ; c’est -à-dire,
a l’équinoxe de printemps.
()r ,ra’êst précisément à l’équinoxe
de printemps , que le Christ triomphe ;
I car ItrioinpheàPâqneset la Pâques des
Chrétiens est fixée nécessairement à
l’équinoxe. La raison qnrl’y a fait fixer,
c est qu elle est Ja iête du passage du
[■ ■ Seigneur Soleil aux ré gions Boréales et
aux six signes quicomposent le domaine
0 ) Porpliy. de Abstinent. 1. 4. j>. 373,
d’Ormusd on de la Lumière. On a traduit
toujours ce mot Phase [is.ï jestum
transilûs , ou fête du Passage du Seigneur,
On donnoit au Soleil l’épiIhèle
a’Adonis ou de Seigneur.Porphyre,dans
une prière qu’il lui adresse , lui dit..:
Seigneur. Soleil; (i)et dans la consécration
des sept jours de la semaine aux
sept planètes, le jour du Soleil, ou Dies
Solis, s’appelle le jour du Seigneur , ou
Dies Dominica, tandis que les-autres
retiennent simplement le nom de leur
planète,tels que le lundi,jour de la Lune,
mardi, jour de Mars, etc. Le Soleil est
le seul, qui prenne le titre de Seigneur
ou de Roi de l’univers.
Cette fête du passage fut fixée originairement
au 8°. ante. kal. april. ou
trois mois précisément jour pour jour
après le dies natalis que uous avons
fixé au 8 ante kal. jauuar. .. Elle ré pou-
doit au 2 5 de mars. Là Je soleil étoifc
censé renouveller lanature, rétablir uu
nouvel ordre de choses, créer ou recréer
l’univers , et faire passer les hommes
dans le règne de la Lumière et dans l’empire
d’Ormusd, après la destruction de
i’ancieu monde , sur les ruines duquel
l’agneau cm élevoit un nouveau , dans
lequel le bien etlajumière repreuoient
leur empire. Toutes ces idées Mystiques
se trouvent réunies dans le passage de
Cedrenus,qui fixe au 20 de mars la création
primitive, la réparation et le commencement
d’un nouveau siècle et d’un
nouveau mouçle,aprèsla fin du premier.
« Le premier jour du premier mois ,
» dit Cedreuus , { 2 ) est le premier du
» moisNisan, lequel répond au 2 5 du
» mois de mars des.Romains et au mois
» Phamenoth desÉgyptiens.Ence jour
» Gabriel donna le salut à Marie pour
» concevoir le Sauveur. En ce même
» jour notre Dieu-Sauveur., après avoir
» terminé sa carrière, ressuscita d’en-
». tre les morts; ce que nos anciens pères
» ont appelé la Raques, ou le pas-
» sage du Seigneur. C’est à ce même
(2) Cedren. p.