igo
jour vînt détruire les illusions de la
nuit. Mais quand on veut avoir des mira
clé s | il ne faut pas y voir trop clair.
Orig'ène ,dans sa préface sur l’Evangile
de St. Jean , parle de l’Apocalypse
de Jean ; niais il parle aussi ailleurs de
l’Apocalypse d’Elie; et de l’Apocalypse
de -Saint Paul. C’étoit un homme aux
Apocalypses que cet Origène. Il aimoit
les livres' merveilleux. Car dans les livres
’contre Celse, il vante les livres
Sibyllins, dont il invoque le témoignage
en faveur de Christ. Il estimoit
tort les visions d’Hermas , livre assez
semblable à l’Apocalypse; si ’ce n’est ;
que l’un commence par’ la morale et
finit par les visions et que l’autre commence
par les visions et finit par la
morale. C’est à-peu-près connue nos
apologues, dont les uns commencent
et les autres finissent par la moralité.
Il en fut dfe même des allégories mystiques.
Hippoly te, ami d’Origène, s’explique
dé la manière la plus précise sur IA-
pocalvpse et sur son auteur. Il dit que
St. Jrean fut relégué par Domitien ,
dans File, de Pathmos , 1 où il eut la
visiûn de PApôCfiîypse. Qu’il s’endormit,
sous Trajan, a Ephèse, et qu’on
né put trouver scs Reliques, que l’on
chercha inutilement. Ces dormeurs d’E-
phèse , sont fort suspects; et leurs visions
ne méritent pas plus de foi, que
celles dés dormeurs de Pepuzza. Le
livre d’ ÎIippolyte , qui contient ce témoignage,
en‘faveur, de l’Apocalypse,
est un tissu dé petites fables; comme
tous les livrés des premiers Chrétiens,
lesquels ont plus qu’aucuns autres le
caractère 'fabuleux suivant la-judicieuse
observation de M. .Dupin, (i)'
5;[. ' C ÿprieu "cite souvent r’Àpoca-
lyosç., mais toujours sans npm d’àu-
tcur.Il l’appelle l’Ecriture divine, dans
son exhnrtàrion au Martyr, i d H i i
rçmarqüé le îùànbre 'mystérieux de
(I) Prolsg, siff-la Bü>. L, a. ç. 6,
sept ; les sept jours de la Création , lcj
sept mille ans de la durée du Monde
les sept Esprits qui sont devant Dieu,
les sept Lampes du Tabernacle, les sept
Chandeliers de l’Apocalypse , les sept
Enfans de la Femme stérile, les sept
Colonnes de la Sagesse , les sept, femmes,
qui prennent .un seul homme pour
mari ; et tout - cela , .pour venir aux
sept Frères Machabée. Il ajoute, que St.
Paul fait mention du nombre septy
comme d’un nombre privilégié, et que
c’est la raison pour laquelle il n’avoit
écrit qu’à sept Eglises.. Sans doute,
que Cyprien l’avoit appris par quelque
révélation particulière; car il avait
souvent pendant la nuit , à ce qu’il
dit lui-même , des visions et des son?
ges , qu’il révéloit le lendemain à son
Eglise, comme des avertissement du
Ciel. Au défaut des ces visions nocturnes,
il faisoit venir de petits en-
fans , qui , dans leurs extases, l’instrui-
soient de la vérité'; car la vérité jiswt
de la bouche des enfans. .
Voilà les Pères du premier rang,
et les garants respectables de la Tradition
en faveur de l’Apocalypse,.depuis
Justin jusqu’a u milieu du troisième
siècle. Ceux qui sont venus plus
tard 'ne'produisent pas des titres &
créance aussi imposans , que ces anciens
Docteurs, plus voisins du temçs
où l’on suppose qu’a vécu Jean, lit
parmi ceux-ci , on a vu que les* nos
allèguent l’Apocalypse sans nom d’auteur;
d’autres , sans nous dire si elle
est de Jean le prêtre, ou de l’apôtre;
et que d’autres enfin l’attribuent à l’a-
-pétie. - -•
1 A v a u t d ’ a l l e r p lu s l o in , i l e s t ju s t e d in -
■ t e r r o g e r le u r s c o n t em p o r a in s . Papias,
qui- t o H c h o i t p r e s q u ’a u t em p s de 8b
J e a n , n e p a r l o i t p o in t d e l’Apocal
y p s e ( a ) ; e t q u o iq u e c e D o c t e u r en-
- s e i g i i â t a u s s i l a D o c t r in e d u regue
de- ioeo a r t s i l n e l ’ a p p u y o i t q u e sur
(2) Èosèb. Hist. E.ccl. L 3. q, 9.
une Tradition non écrite. Un Chrétien
millénaire, qui ne cite pas l’Apocalypse,
clans un livre où il veut établir cette
opinion, est une chose fort extraordinaire
, s’il eût connu cet ouvrage.
Mais venons a quelque chose de plus
positif. Plusieurs auteurs, qui ont vécu
avant St. Denis d’Alexandrie, à' ce qu’il
assure lui-même, dans un loDg fragment
(1) qu’Eusèbe nous a conservé,
ont fait des critiques sur l’Apocalypse,
et ces Docteurs doivent être fort anciens,
puisque Denis., qui les avoit
lus, et qui les allègue , écrivoit déjà
vers le milieu du troisième siècle. Non-
seulement ils rejetaient tout-à-fait l’Apocalypse
, mais ils en refutoient aussi
tous les chapitres pied à pied, comme
étant, disoient-ils, destitués de sens et
de raison. C’est ainsi qu’on traite toujours
ce qu’on n’entend pas. Et les Philosophes
qui, dans ces derniers temps,
ont regardé l’Apocalypse'comme un
assemblage d’idées bizarres, sans plan
ni dessein , telles que les rêveries d’un
malade en délire, dans lesquelles chercher
une suite de raison, séroit une
haute folie , n’ont pas moins été dans
l’erreur, que ceux qui l’ont regardé
comme un ouvrage inspiré. C’étoit.
oublier, que la science sacrée des anciens
étoit toute énigmatique, et qu’elle
n’étoit ainsi couverte d’une- enveloppe
bizarre, qu’afin de piquer davantage
la curiosité des adeptes (2), Il falloit
donc ainsi juger l’Apocalypse.
Ces Auteurs , en second lieu , soute-
roient, « que l’inscription de ce livre
» est fausse ; qu’il n’a pas été composé
» par St. Jean , ni même par aucun
” homme Apostolique (gj. Us ajoutaient,
* que Cerinthe en étoit l’auteur ; qu’il
» sVtoit servi d’un grand nom pour
* donner plus de poids à ses rêveries’ >
(0 Idem. 1. 7, c. 25.
(2) S'alust. Plilosôph.'c'. 3. p. 247. (3) Euseb. Ibid. 1. 7 . 0. 2.5.
(4) Ibid. 1.3, e. 28 e tc . 2Ü.
» et pour mieux insinuer son opinion
» sur le règne de ifflooans». Ce Cerinthe
était un homme fort entêté dé l’opinion
du règne de 1000 ans. Il parut peu de
temps après l’époqueoùl’onfixe la mort
des Apôtres (4V Cette opinion, qui étoit
venue des Juifs , il là répandoit parmi
les Chrétiens , et pour l’accréd-iser, il
s’appuyait sur l’Apocalypse, qu’ilsoù-
tenoit être une production de St. Jean,
Mais on le soupçonna d’en être lui-
même l ’auteur. Au reste, d’antres chefs-
de secte, tels que Cerdon et Marcien (5v)y
au rapport de Tertullien , et même les
Alogitens , au rapport d’Epiphane, s’élevèrent
contre l’Apocalypse , qu’ils
nioient être de - St. Jean ; et parce que-,
>5 disoient - ils , entre ’ au très' raisons
» du temps dë Jean il n’y âvoit point
«encore d’Eglise Chrétienne à Thya-
it tire ». Ce que St. Ëpipbane ne craint
poin t de leur accorder ; car il suppose-,
que lorsque St. Jean écrit à REglise de
Thyatire , il en parle non comme si
elle existait alors , mais par un esprit
de prophétie. De cet aveu d’Epiphane-
nous tirerons-nous une conséquence y
c’est que cet ouvrage appartient à la
secte, qui étoit originairement à Thyatire
; c’est-à-dire , à , la’ secte Phrygienne.
A ces- Docteurs Grées , qui nioient
l’autorité de l’Apocalypse (6].* comme-
ouvrage; de St. Jea-n-ipil faut joindre-
celui d’un Auteur Latin , qui écrivoit
environ vers- l’an 200 de l’Ere Chrétienne
, et qui étoit comme l’oracle de-
l’Eglise de Rome. C’est le Prétre.CaïuSi
Cerinthe , dit cet auteur , alléguant
certaines -révélations , comme écrites:
par un grand Apôtre , débita dos prodiges
qu’il a-feints , comme lut ayant
été découverts par des Angesblfassurej,
(iii’après- la résurrection; il y aura na
(5) Tertull. Cèntr. Mart-ion , ! . 4 .
Epiplî. Hceres. c. Syi --
0 ).'Euseb. Hist. Eecles. 1. 3. c. 2J ,