reconnoître du dessein , d’autant plus
qu’il paroîtroit étrange , que parmi
cette foule de monumens, souvent bizarres,
qui nous viennent de cette haute
antiquité, et que l’on convient être tous
symboliques , les caractères Astronomiques
lussent les seuls, qui ne signifiassent
rien. Cette conséquence toute
naturelle, qui résulte de la connoîs-
sance que nous avons du génie de ces
peuples,reçoitencoreunnouveau degré
de force du témoignage d’un desplus sa-
vans hommes del’antiquité.Macrobefi),
dans l’explication qu’il nous donne des
douze signes du Zodiacjije, suppose que
chacune de ces ligures est un symbole
de la marche et des effets du Soleil ;
ses explications , il est vrai, ne sont
pas toujours heureuses ; mais il y en
a au moins deux où le génie symbolique
paroît à découvert.tt Voici, nous dit-il,
» les motifs qui ont fait donner aux
» deux signes , que nous appelons les
» Portes du Soleil, les noms de Chèvre
>1 sauvage et d’Ecrevisse. L ’Ecrevisse
»» est un animal qui marche à reculons ,
»et obliquement; de même le Soleil,
» parvenu dans ce signe , commence à
» rétrograder et à descendre oblique-
» ment. Quant à la Chèvre , sa mé-
» tliode de,paître est de monter tou-
» jours, et de gagner les hauteurs en
» broutant ; de même le Soleil, arrivé
,, au Capricorne, commence à quitter
» le point le plus bas de sa course pour
» revenir au plus élevé ». ;
L ’Ecrevisse , suivant Macrobe , n’est *
donc point une de ces figures arbitraires,
tracées au liazard dans le Zodiaque ;
elle est le symbole naturel d’un mouvement
rétrograde. Le Capricorne l ’est
également d’un mouvement ascendant,
ou de l’élévation ; car c’est l’idée qua
nous présente cet animal, qui se plaît
à paître sur la eîme des rochers. La
position respective de ces deux symboles
, qui, dans le Zodiaque , sont tel-
(1) Macrob. Satur. 1. ï . c. 17 et c. a i .
(2) Mur.il. Astr. I.3. v - 3 1 1 . et 447. .
lement disposés, que l’un étant à u»
Solstice , le second a dû nécessaire,
ment occuper l’autre , ajoute encor®
un nouveau degré de vraisemblance à
l’idée, que chacun de ces signes présente
séparément, et la probabilité de-
vient très-forte par la réunion des vraisemblances.
Le raisonnement, que nous avons fait
sur les deux emblèmes naturels des
termes de la course du Soleil, nous le
ferons sur un signe intermédiaire, qui
partage en deux également la Scouise
de, l’Astre du jour. Entre ces deux limites,
quifïxent le terme des pluslongs
jours , et des jours les plus courts, il
doit naturellement s’en trouver un, qui
détermine un point important, celui
de l’égalité des jours et des nuits , qui
a lieu dans tous les pays ,1 et qui a été
remarquée chez tous les peuples dit
monde. Effectivement, dans le Zodia-,
que. la division qui répond à ce point
intermédiaire , est marquée par une
Balance, symbole le plus expressif et le
plus simple dei’égalité. Manilius, en fait
le caractère de la Justice (al. Celteidée
se présent e si naturellement, q u’elle n’a
point échappéaux anciens; et Virgile, en
parlant de l'équinoxe , où répondoit de
son temps ce symbole Astronomique,/
fait allusion - Libra die somnique pares
ubi fecerit haras. (3I Manilmsl’ap-
pelle (4) Æquaiilemtemporalibram-ijty
Mais quand ces Auteurs n’en auroient
pas fait l’application, le symbole estpar-
lantjetl’on nepentguères supposer d’autre
sens àcet emblème, et d’autre dessein
aux inventeurs. Joignez à cela,qtu?h
distance de 90° ou de trois signes, dont
lu Balance est éloignée du Cancer et du
Capricorne, prouve bien que ce n’est pas
par hazard, qu’elle occupe celte place,
et que sa position , dans le Zodiaque,
se trouve nécessairement détermine®
par les deux svmbolcs des .Solsticesj
ce qui ajoute encore uu troisième clegro
(3) V irg . Georg. I. 1. v, 208.
(4) Munit. 1. 2. v. 242.
E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
d’évidence à l’interprétation que nous
donnons de chacun de ces emblèmes -,
envisagés seuls, et indépendamment de
leur position respective.
On doit imaginer, que l’état duCiel,
considéré relativement à la marche du
Soleil, dans le cercle de sa révolution
annuelle, n’a pas du etrele seul objet
; qui ait occupé les premiers Agriculteurs
Astronomes. Le Zodiaque , comme
l’a bien observé H yd e ( i) , devoit
| être autant un Calendrier rural, qu’un
Calendrièr Astronomique ; et quand
une fois on eut désigné le point équinoc-
tial et les points solstitiaux, lesautres divisions
durent renfermer des images rela-
I tives al’état de la terre dans chaque saison,
ou même dans chaque mois, de ma-
nièreque le cultivateur pût y voirl’an-
' nonce périodiquede ses travaux et de ses
récoltes.Aussi beaucoup de Calendriers
anciens ont cette forme; et chez presque
tous les peuples du monde (2), les dénominations
cfe plusieurs mois ontétéem-
j pruntéesdel’état. delà végétation et des
opérations agricoles (g). Le temps du
labourage et des moissons, son t les deux
époques les plus importantes de l’année
rurale ; elles durent, être désigné es cha-
! cune par un hiéroglyphe particulier, et
dont le sens se présentât naturellement
aux yeux du spectateur le plus grossier.
'■ Le boeuf étoit le symbole le plus simple
du labourage; et il paroît, qnecet animal
• aété choisi effectivement cbezles Egyptiens
, pour être le symbole des travaux
du laboureur, suivant le témoignage
d’Hcr-A pollon (3', Une corne de boeuf
peinte,désigne les travaux. On ne pou-
voil cllectivement mieux désigner l’ouverture
de l’année rurale,que parl’image
i du boeuf agriculteur , compagnon des
travaux de l’homme (ft). Un faisceau
d’épis, ou une jeune moissonneuse te-
! Mntunépi, peignit assez bien le mois
des récoltes ; et nous retrouvons éga-
(1) H'vàe de vel, Pers. Relig. p, 39c,.
(») Court. Gebl. T, 4. p. 88.
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lement dans le Zodiaque ces deux symboles.
Il paroît donc , que ce qui a du
se trouver dans le Calendrier hiéroglyphique
d’un peuple Astronome et Agriculteur
, se trouve dans notre Zodiaque ;
que l’état du Ciel et de la terre , dans
leurs époques les plus intéressantes, y
a été peint d’une manière assez sensible,
pour qu’on ne puisse le méconnoître ;
et que vraisemblablement lesautres ca- .
ractères symboliques du Zodiaque ont
aussi un sens relatif à l’état de la nature,
dans le climat du peuple inventeur,
quel qu’il soit. Une partie de ces
signes annonce évidemment du dessein;
donc les autres en renferment aussi ;
mais il ne paroît pas aussi marqué, jusqu’à
ce qu’on sache à qui ce Calendrier
appartient (i).
Mais comment trouverons - nous ce
Peuple primitif, qui traça dans le Ciel ce
Calendrier symbolique, écrit en carac- ,
tères de feu , et où chacun put voir chaque
année l’état de la nature et l’ordre
successif de ses travaux?
Nous procéderons ici de la manière
la plus simple. L’inventeur sera celui
à qui' le Calendrier conviendra tellement,
que dans aucun siècle il n’ait
jamais pu convenir complètement à
aucun antre. Il ne suffira pas, que quelqu’un
puisse s’en appliquer une partie;
il faut que tout lui convienne, et que
l’état du Ciel et celui de la terre s’accordent
ensemble, à l’époque d’où l’on
voudra partir.
Cette règle de critique étant une fois
établie, comparons le' Zodiaque, d’abord
avec le climat de l’Egypte , dans
le siècle où les sciences Astronomiques
ont été transmises aux Grecs. Nous
trouvons , il est vrai, à un équinoxe
et aux deux Solstices, les emblèmes que
nous avons cru être les plus propres à
désigner les points cardinauxde la route
du Soleil. Mais cet accord ne prouve
(3) Hor. Apoll. 1.2. «. 17.