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un char attelé de Boeufs , pour voiturer
ses récoltes , sous le nom de chariot
et de Boeufs d’Icare :
Ficelant Icarü Sitlera tarda boves.
Properce.
La belle Etoile de la Vierge-, dont le
coueiier précédoit de peu de minutes
celui d’Àrcturus , s’appela l’Epi ; et on
y peignit rm épi dans les mains d’une
Moissonneuse (i) , iqui prit elle-même
le nom de iille d Icare , ou du Laboureur:
Erigone Icariijiüa. liiique com-
plures Icarium Bootem, Erigonem
Virginem iiominaverunt (2). ;
La ’ Constellation obscure ., qui sè
trouve entre Icare et ses Boeufs, et qui
sc levoit alors Héliaquement avec Arc-
turus , pendant les moissons , fut dé“
signée par.un faisceau d’épis, suivant
l ’ancien manuscrit que consulta Bayer,
( Coes. p. 134.) et garda chez les Arabes
le nom A'Huzimethon, manipulum, s eu
fascem arislarum , au lieu de celui de
chevelure de Bérénice , qu’elle porte
aujourd’hui, depuis Conon et Caliima-
que. Ces emblèmes, dont le rapport
avec les moissons est si naturel, ne semblent
pas réunis dans la même partie
du Ciel, sens dessein ; et on sant assez,
que le génie symbolique, qui donna
l ’existence aux premières Constellations
, eréa aussi les autres. La grande
Ourse précède le lever de l’homme, qui
porte la faucille , et il semble la „conduire
devant lui. Les Latins l appe-
loient terio ou septemteriones (3), a
cause des sept étoiles brillantes de cette
Constellation. C’étoit le nom qu’ils don-
noient aux grosses charrettes , qu’ils
employoient à fouler les épis, et à détacher
les grains de bled , à terèn-
dis frugibus. D’autres prétendent, que
c’étoit un attelage de Boeufs, et alors
( j) Germon. Cæs. c. 8.
(2) H y g iu .l. 2.
(3) Gerra. Cîbs. c. 2.
A ul. Gell. t. 2. c. i l .
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ee serôitla traduction deBoenfs d’Icare,
ou.de l’attelage de son char : Sed ego (4]
cum Loelio et Varrone sentio, qui trio,
ries antiquo vocabulo boues appel,
latos scribunt. slnliqui Groecomm
dixerunl, nostri quoque veteres
à bobus junplis Septemtriones ap-
pellarunt. Les Egyptiens appeloientce
chariot Vehiculum Osiridis , le chariot,
de leur Dieu du labourage.
Ainsi, de quelque manière qu’on envisage
cette Constellation , soit comme
chariot, ou même traîneau destiné à
écraser le bled, soit comme un attelage
de Boeufs-, elle est; toujours un emblème
relatif aux moissons. En effet, com-
j> nie le dit Goguet (5) , la pratique
jj la plus usitée dans l’antiquité étoit
jj de préparer en plein air une place,
» en battant bien la terre , d’y répan-
jj dre des gerbes', et de les faire fouler
jj par des Boeufs ; il paroît que du
jj temps de Moyse, c’étoit la méthode
jj des peuples d’Asie et d’Egypte. Eu
jj Italie, ajoute le même Auteur, on
jj emploie. les charrettes et les tfaî-
jj neaux.à cet usage ; teriones ».
Voilà une jeune Bile qui tientun épi,
accompagnée de son père , qui tient
lui-même une faucille (6), et qui est.
précédé d’un attelage de Boeufs, et en-
tr’eux une gerbe de bled. Il seroit difficile,
que des figures jetées au hazard
eussent entre elles une liaison aussi intime
, et des rapports si marqués avec
la moisson Egyptienne à cette époque,
sans que les inventeur- des Constellations
eussent eu du dessein. La niênie
Constellation du Bouvier a pu fixer le
commencement des moissons en Egypte,
par son leyer Acrouyqiie, dans les derniers
âges , lorsque le Solstice dite
comcidoit, avec les premiers - degrés do
Lion ; ainsi nous ne pouvons pas décider
Varro de Xing. lat. 1. 6. pi 40/
(5) Orig. des Lôix , T. l, |l 2.<,
0 ) Theon* p. 12-1.
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si la faucille, qu’il tient à la main, est
de la Sphère primitive, on si c’est dans
la dernière époque , qu’on lui mit en
main l’instrument symbolique des moissons.
U suffit de voir, qu’au moins îly a
du dessein dans ces emblèmes, et que
dans l’une et. l’autre époque , c’est, toujours
aux moissons qu'ils ont. rapport.
1 Dans le premier âge , c’est-à-dire,
pendant, tout le temps qu’il a fallu au
Solstice d’été pour parcourir en sens
rétrogradé les 30° du Sagittaire, l’Etoile
Ba plus belle , qui parut dans le
voisinage du pôle , jétoit la Lyre , ou
la Constellation du Vautour ; elle étoit
comme le pivot sur lequel roujoit toute
la Sphère. Le symbole qu’on y peignit
fut.un oiseau , et un instrument de musique
, deux emblèmes bien différens,
et que nous allons cependant chercher
à rapprocher. Nous insisterons sur l’origine
de cette Constellation, parce qu’elle
fut comme le point central du système
céleste, le point de départ de toute la
Sphère , et de l’année astrale ; celle qui
fixa l’cpoque où il faut remonter pour
trouver l’origine de toutes les périodes
subordonnées à la grande période; c’est
mode , dont le retour au pôle doit
tout rétablir dans son état primordial.
L’astre le plus apparent, au commencement
de la grande période, ou de
la révolution des fixes , qui se trouvoit
aux environs du pôle , dut naturellement
fixer les regards dfs premiers
hommes. La forme de son mouvement,
ainsi que la lenteur de sa marche
, comparée à celle des autres belles
Etoiles, fournirent plusieurs emblèmes
assez naturels pour la caractériser
, et elle étoit d’un usage trop important
, pour ne pas la distinguer par
un signe. Ceux qui n’envisagèrent que
son mouvement circulaire autour du
pôle, et qui la voyoient toujours placer,
et faire là roue dans les Cieux,
(1) Ülng. Beigh, p. 19. Sloffler , c. 14.
■ (sj Tab). Alph. p. 208.
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tandis que les autres Astres , poilr la
plupart, se lev oient et se couch oient,
la comparèrent à l’oiseau , qui décrit
plusieurs cercles" en l’air, avant de fondre
sur sa proie. On y peignit donc un
Epervier ou Vautour ; et on appela
cette nouvelle Constellation Vulturca-
dens (1), ou le Vautour considéré au
moment de sa chute , pour la distinguer
de la Contellation de l’Aigle , qui
s’élevoit perpendiculairement vers le
Zénith, et que l’on nomma Vulturvo-
lans ; noms que portent encore ces
deux Constellations. D’autres , au contraire
, ne considérant que la lenteur de
son mouvement, l’appelèrent iardum
sydus, et prirent uneTortue pour symbole
, et désignèrent par ce nom leur
Etoile polaire. Elle s’appela donc, Tes-
tudo (2) en Latin, et en Grec yjrv; ,
nom qu’elle conserve encore aujourd'hui
; mais, comme les premiers instru-
mens de musique furent montés, dit-on,
sur l’écaille de la Tortue, ou plutôt
eurent cette forme, comme la mandoline
, et le sistre Allemand, le nom de
Testudo devint également celui de l’animal
et de l’instrument de musique ;
et la Constellation fut dans- la suite
désignée par ce double emblème.
Peut-être celui de lyre n’eut-il lieu que
dans les derniers âges , lorsque cette
Constellation fixa le Solstice d’été par
son coucher du matin, et l’Equinoxe
de printemps par son lever du soir ; ce
qui arrivoit dans la haute Egypte , lorsque
le Solstice d’été coïncidoit avec les
derniers degrés dn Lion. Le Solstice,
et conséquemment le débordement du
Nil étoient annoncés pour lors, par le
coucher du matin de la Lyre Testudo, et
par le coucher du soir du Corbeau ; éés
qui a produit une fable Egyptienne (3),
qui a passé chez les Indiens , et qui est
conservée dans l’Ezour-Vedam (4). On
représente sur le mont JNilo , dans un
(3) Ælian de Animal. 1. 6. c. 7 . ,
(4) Z e n d A v e s t .T . i.p .8 3 .