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pas là cette idée Astrologique, que l’Hiérophante
Jean a voulu appliquer à la
Baleine et à Méduse, parce qu’elle s’y
trouvoit liée dans la science secrète de
l ’Astrologie et de la Magie, dont on
attribuoit à Méduse et à Persée la merveilleuse
invention.
On sait, que , dans la fixation des
saisons, non-seulement les levers et
les couchers du soir étaient observés
, mais encore ceux du matin', au
lever du Soleil. C’est ce que Daniel appelle
vision du soir et du matin, c. 8.
v. 26. O r , si le soir le coucher de la
Baleine et le lever du Vaisseau , de la
Vierge et du Dragon déterminoient
l’Equinoxe, le lever de Méduse, et
l’ascension de la queue de la Baleine,
avec les cornes du Bélier et Persée, le
marquoient le malin à POrient. C’est
sans doute ce changement d’aspect,
qui a fait désigner le couchant par le
côté de la mer, et le levant par le côté
de la terre. L’auteur voitdonc le soir, du
côtéde lamer, laBaleine ou lemonslre,
dont une partie , c’est-à-dire la queue ,
est couchée, et a entièrement disparu.
M ais bientôt cette partie blessée, ou
couchée redevient visible le matin à
l’orient, du côté de la terre , au lever
de l’Agneau et de Méduse , qui ramène
cette queue, cauda piscis , à l’Horizon
supérieur. C’est ainsi, qu’on doit
entendre ce que dit l’auteur de l’Apo-
Calypse (i), qu’il avoit vu du côté de la
terre une Bête, qui avoit les cornes
de l’Agneau , pmloit comme le Dra-
g >n , et qui exercoitla puissance de la
première Bête , en présence de cette
première, dontla plaie avoit été guérie.
Le côté de la terre nous semble être
le bord oriental, et la guérison de la
(1) f f i î c. 11. v. 13.
partie blessée de la Bête lorsqu’elle éfoifc
e x mari du côté de la mer, est l’ap.
parition desaqueue à l’orient, ramené«
avec Méduse et le Bélier; et qui était
cachée à l’occident., lorsque l’on consultait
l’aspect du Ciel le soir,au lever
delà Vierge et du Vaisseau. L’auteur
a donc fait deux fois usage de la Ba.
leine; la première fois , lorsqu’il par|e
des aspects du soir, la queue de la Ba.
leine étant cachée dans les flots, tandis
que sa tête est encore au-dessus. La
seconde , lorsqu’il marque l’aspect du
matin , où cette même queue, qui s’é-
toit couchée la première, reparoît par
la même raison la première avec Méduse
et avec la tête du Bélier,oudL-ir/es,
qui est alors le premier signe à*.l’o-l
rient , où il va ouvrir les portes du
jour , ayant sur son dos le Dieu de
la Lumière -, qui doit entier dans son
triomphe. Cette conjecture est d’autant
plus vraisemblable, que le Bélier ou l’Agneau
es tle premier desdouzessigues qui
paroisse» l’orient ,accompagnédesdeui
monstres , dont on vient de voir la description
dans la Sphère, sçavoir Eoes
tia el Capul Demonis , que s: 1 i voient:
Cap ut A rie fis et Cornua ejus, dam
les Sphères Orientales d’Aben-Ezra,et
dans le véritable ordre du monde, comme
on peuts’en assureravecuneSplière,
L ’Apocalypse pareillement fait marcher
à la suite des deux tableaux monstrueux,
qu’elle vient de présenter, celui d'Arles
ou de l’Agneau sacré placé sur la montagne
de S;on , entouré des 12 Tribus,
que nous avons vu ailleurs, casées chacune
sous un des douze signes du Zodiaque,
dans la distribution du camp
des Hébreux.
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E . agi
C H A P I T R E Q
V o ic i comme débute l’Hiérophante
Astrologue (1). « Je regardai encore, et
„je vis lAgneau debout sur la mon-
„ [agne de Sion , et avec lui 144 mille
* personnes , qui avoient son nom et le
» nom de son père écrits sur le front ».
Je vis l’Agneau , ou , comme dit le
Grec, un Agneau debout sur la montagne.
Cet Agneau est* évidemment
celui que placela Sphère, au premier dé-
can du premier signe.C’est ce Bélier que
les Perses boniment l’Agneau ; ce Bélier
ou cet Agneau , que nous verrons
ailleurs à la tête de la ville Sainte ,
qui a douze portes , distribuées Irois
pai trois, comme les saisons , sur lesquelles
étaient écrits fés noms des 12
Tribus , et douze fondemens où sont
les douze noms des' douze Apôtres de
l’Agneau. Le Ciel ici et l’Apocalypse
nous présentent absolument le même
tableau.
Daniel le nomme, comme les Grecs,
le Bélier ou A r le s , et il le place exactement
aussi' à la suite des quatre Bêtes
ou animaux, dont l’union a fait la Bête
monstrueuse de l’Apocalypse. Daniel
11e le met point à l’orient , mais
au couchant avec cés quatre animaux,
dont le quatrième, le Dragon, est combattu
par Ar les ou par l’Agneau Equinoxial.
L’autèur de l’Apocalypse décrit
dans son c. 13. les deux monstres quise-
ront vaincus, et qui succomberontsous la
puissance de l ’Agneau, et il place,àl’en-
tré-e du quatorzième , comme nous venons
de le voir , l ’apparition de l’Agneau.
Dânicl décrit, dans son septième
chapitre, le même monstre ( 2 ) , qu’il
décompose en ses quatre parties, Il
il commence pareillement son huitiè
(D Apocalyp. c. 14. v. 1.
(2) Daniel, c. 8. v. 3.
F A T O R Z I ÈME .
ou le chapitre suivant, en disant : « Je
>) levai les yeùx , et je vis un Bélier,
« qui se tciioit devant les marets , et
»j qui dônnoit des coups de cornes con-
,> tre l’occident, l’aquilon et le midi ; il
>» devint puissant, ensorte que les Bêtes
, « ne purent lui résister ». L ’apparition
du Bélier, qui est alprs au couchant,est
suivie de la Chèvre ét de ses Chevreaux,
qui s’élèvent au-dessus, sans être encore
à l’Horizon , mais qui y descendent, et
font fuir devant eux Persée et son Bélier.
C’est ce phénomène Astronomique
que nous peint Daniel (3), lorsqu’il ajoute
à la description de son Bélier ces mots:
it J ’étois attentif à ce que je vqyois , et
,, en même temps un Bouc vint du côté
ji de l’occident, au-dessus de la surfaee
j> de la terre. 11 va jusqu’au Bélier,
» que j’avois vu se tenir devant la porte;
)i il s’ élance avec grande impétuosité
»! sur lui ; l*attaque avec furie ; le pré-
,, cipite à terre , ët, personne ne peut
» délivrer le Bélier de sa puissance ».
Le Bouc devint ensuite extrêmement
grand ; mais sa grande corne se rompit,
et il s’en forma quatre vers les quatre
points Cardinaux du monde. Je remarque
ici en passant, que les cornes
du Taureau descendent avec lui. Peut-
être est - cè là l’objet de l’àllusion.
Mais revenons à nos deur animaux.
Le Bélier vaincu était à la porte , lorsque
son adversaire le Bouc l’attaqua et
le fit disparoître. On saura , que les
Astrologues donnoient au Ciel deux
portes , l’orient et le couchant. Il eét
évident, que c’estdecettedernièrequ’il
est question . puisque Daniel appereut
le Bouc ab occidente, du côté de l’occident
; et que d’ailleurs ce n’est
(3) Ibid. v. 5.