vint-, unie an corps et devenue sensible,
arut assez bien rendue par le mot
'ertie, on par le mot, qui exprime la
raison hnmaine rendue sensible. Mais
dans l’idée abstraite et première, le
Logos des Cb réliens Grecs a siguifié
raison , intelligence , sagesse divine.
Aussi disent-ils souven t , que le Verbe
est la sagesse du Père , sa raison éternelle.
Athenagore (i) appelle le fils
de Dieu la raison et i intelligence du
Père , et il se sert, des mêmes mots ,
dont se servent les'Philosophes PayenS,
pour désigner l’intellect de Dieu, ou
cette sagesse éternelle, qui contient les
Types originaux de tous les Etres (a).
Lactance, un des plus grands défenseurs
du Christianisme (3), a fort
bien remarqué , que c’étoit plutôt par
rationem que par verhum, qu’on de-
voit exprimer le xcyof de Dieu. Que
les Grecs avaient une expression bien
plus exacte dans le mot Logos , que
les Latins dans celui de Verbum, puis-
que le fils est proprement la sagesse
souveraine de Dieu. Que les Philosophes
anciens avoient connu ce second
principe ou L ogos, qu’ils regardoient
comme la raison universelle, qui avait
arrangé le monde; principe absolument
semblable aux idées, que S. Jean nous
donne du Verbe , lorsqu’il dit , que
c’est par lui que l’ordre du monde a
été disposé , qu’il en a distribué l’éco-
conomie , et que rien n’a été fait sans
son assistance. Omnia per ipsum facta
sont, et sine ipso factum, est Ni/iil,
gitod ja chm est. Cette raison universelle
étoit clans l’ordre du monde , et
le 'monde avoit été fait par elle. In
mundo erat, et mundus per ipsum
faciu s est ; mais elle étoit originairement
en Dieu comme dans sa source
et son principe : Verburn erat in prin-
cipio apud jbeum.
(1) Atbenag, Le ?, pro Christ, p. 37.
(2) Atlignaz. Contr. Ariujn, T, J, orat. 2.
3 aS-
(3) P a c ta n c , 1, 4. e. 6,
Le passage de S. Justin , que nons
avons déj à cité , où ce Pi re noua dit
que Christ, le premier né du père"
n’est autre chose , que cette raison unil
verselle, dont chacun de nous a une
portion, prouve bien qu'il entend parle
Logos, ou par le Verbe, la raison, l’in,
telligence souveraine de la Divinité
dont, nos intelligences découlent.
Tertullicn , dans son Apologétique
(4), regarde également le-Verbe,
ou plutôt le Logos comme la raison de
Dieu, et l’intelligence ordonnatrice de
1 univers.Use sertdu mot Locus ou ratio
qui exprime , dit-il, cette raison , cette
sagesse, qui a tout arrangé , tout ordonné,
d après le sentiment même des
Pnilosophes anciens (z), qui ont nou-
seulement admis 1 idée , mais jusqu’à
l’expression du Logos. C’est-là ce Dieu
ame ou intelligence de Jupiter. Il le
compare au rayon dn Soleil, qui, sans
se séparer de l’uni té de l’Etre qui le
produit, n’est qu’une extension de sa
substance. Il distingue dans l’oeuvre
créatrice la raison , qui produit l’ordre ;
et l’arrangement, de la force vive.; qui
couronne l’ouvrage. Tertullun ajoute,
que Christ par ses miracles s’est montré
être la parole primordiale de Dieu,
accompagnée de la raison et appuyée
du Spiritus.
Philon suppose, que Moyse (S) avoit
sur le monde intellectuel et archétype
les mêmes idées que Platon et que tous
lesPlatoniçiens. IJ dit, qu’il avoit conçu,
que rien de sensible, et de bien ordonné,
ne peut exister sans un modèle intellectuel
, dont il retrace l’ordre et les pro- 1
portions. Que Dieu, ayant résolu de
former ce monde visible , avoit déjà
conçu le plan intellectuel du monde,
qui renfermoit d’une manière intellectuelle
tous les êtres , tous les_ genres
et les divisions, qui dévoient exister
(4) Tertull. Apologet. p. 21,
A d vers. Pra x. p, 637.
(5) Phil. de opif, p, etc.
corporellement
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E . I2t
■ corporellement dans le monde visible.
■ Il assimile la conduite de Dïen à celle
■ d’an architecte , qui, avant de coiis-
■ truire une grande ville, en a déjà conçu
■ le plan dans son esprit. Il existe dans ri tê te une ville toute intellectuelle ,
vaut, même qu’il ait posé la première
■ lierre de celle qu’il va bâtir. Il en fut
■ le même de Dieu architecte de funi-
■ crs. Il avoit l’univers dans sa raison
■ éternelle , que Philon appelle la raison
■ livnie, qui a tout ordonné (un). Tel est
K c Koyoç dans S. Jean
1 11 semble effectivement, que Moyse
■ aise faire à Dieu la comparaisonde
■ on ouvrage, avec son plan éternel,
■ orsqii’il dit qu’il trouva que la chose
■ •toit bien. Si nous voulons nous ex-
Bniitier d’une manière plus précise ,
■ joute Philon , nous dirons , que ce
■ nonde intelligible n’est autre chose que
■ oraison même de Dieu, qui organisé
(«’univers ; comme le plan intellectuel,
■ ansla tête de l’architecte, n’est antre
■ hose que la raison même de l’archi-
■ ecte, qui médite d’effectuer le modèle;
■ u’d a conçu dans son .esprit. Nous
déjà,danslesdeux passages dd
■ ertullien et de Lactance , et dans
■ lui de S. Jean même, que Cette raison
■ rdmatriee du monde , qui en a créé
■ °>*e et la distribution’, ést: ce que
■ s Chrétiens' révèrent sous' le nom de
■ h* 011 du Verbe de Dieu (ASU qui
■ * ,‘e dans le monde qu’il a arrangé", et
Jjjiii demeure cependant en Dieu, comme
■ > ns son premier principeetcîansSa sour-
W'FJjg verrous bientôt les mêmes idées
as Macrobe;, qui nomme ce sèCond
J,! e u «"fèfligence émànée, de Lien,
■ qwl.e iéontient les Types oriiîinaux
I l c^08é8, S J tfvoit unë secté
- 'U'etîen*;, qnie S- Alhanase dit ju-
K A Vi H avoient. sur le Logos les
•a.,’: ep ldt'es; , qu’on doit avoir , et
I W ” * «fc personnifier cette HH
| 1011 nietaphysique, n’fen faisoient
■ (O’Aihanaz. Coijjr» SUiel. T. i. p. 6 5 i.
i R e l f . XJniv. Tome U t.
qu’un avec Dieu y comme la raison
humaine me fait qu’un avec l’homme
(r). - ■ m
Il nous suffit de ce que nous avons
dit, pour prouver que ce queles Fayens
pensent du r», >,oyo: mens Dii’ina, doit
s’entendre du Verbe des Chrétiens, qui
est absolument la même partie intelligente,
ou la sagesse de Dieu, comme
l’appellent les Chrétiens eux-mêmes.
La différence du mot Verbum, au lieu
de ratio et de mens , qui sont les véritables
noms, et que lesPayens ont bien
conservés , n’en fait pas dans l’opinion
théologique’, sur le second des trois
principes.(ee) Nous allons entendre parler
les anciens! 1
Macrobe, dans son Commentaire silï-
lê Songé de Scipion, oftvragède Cicéron,
qu’il explique parles grands principes
de la philosophie' des Pythagoriciens
et dés Platoniciens , nous a donné de
la manière la plus claire la Triade,
qu’ont adoptée - les Chrétiens , la
triple distinction du Dieu père , de sbn
Lo'gos et du Spiritus, avec- une filiation
semblable à celle’, qui existe dans
la théologie des'Chrétiens , et iiiie idée
de leur unité inséparable‘dè celle de la
Monade première. Il semble , en le lisant,
entendre un Docteur Chrétien ,
qui nous montre, coinm'ent, le Spiritus
procède , et le Ris 'dit engendré du
père , eteomméOtl’un et l’autrferestënt
éternellement attachés à l ’unité paternelle
, malgré leur'ac'fion- sur le'mohde
intellectuel, et 'sur le monde visible-.
Voici en subs ta neecé que clifMaCrobe.(2)
Ce savant Théologien distinguéid’a-
bord , comme Platon, le Dieu Suprême,
le premier 'Diéuyiqui s’appelle chez les
philosophes Grecsr kyiûsiv, le" bien pat
excellence , la première cause. Il placé
ensuite soir L o ' g o s , son' intelligence,
qu’il appelle Métis en latiié et Htr ’èii
grec , qui ’confient, les idées originelles
clés choses , ou îesitiées ; iiileîligençe
(2) Macrob. Som. Scip. J ..1. c. 2-6.: : ,
(.)