quelle vont passer les Israélites ( ou Voyans, )
retirés enfin de cette terre étrangère. C’est
alors qu’ils verront Dieu, qu’il ne leur cachera
plus son visage.; c’est-à-dire , c’est l ’époque où. doit
arriver la fameuse Théophanie Paschale, '
Effectivement, de même que l’auteur de l’Apocalypse.;
c. a i , fait tout-à-coup paroître la nouvelle
Jérusalem^, toute brillante de clarté, que
l’ tiiérophante Jean , transporté sur une haute
montagne, voit lui apparoitre ; de même aussi
•Ezéchiel, c. 4° ? reçoit du Seigneur une vision
divine, à la suite de la défaite de Gog et Magog ;
dans laquelle il se trouve transporté sur une
haute monta2:11 e , v. 2 , où il voit une ville et un
temple, qui figure la;réparation de Jérusalem.
Celui qui parle à Jean a une canne d’or pour
mesurer la viile, ( An, c, 20, v. 15 ) dont il
donne les dimensions, dans lesquelles l’ordre duodécimal
se trouve à chaque instant' répété.
Ezéchiel voit pareillement ( c. 40, v. 3 , ) un
Ange ou Génie lumineux, qui tenoit en main
une canne, et qui lui donne les dimensions des
murailles qu’il mesure: trois chambres à l’Orient,
et ensuite trente autres chambres, nombre égal
à celui des degrés du signe, formoient la façade
orientale, où s’ouvroit une large porte. On y
montait par huit degrés,, ( v. 22, ) nombre égal
à celui des huit Sphères. Il en étoit de même
des façades du midi, du nord, et de l’occident.
Tout-à-coup ( c. 43 9 v* 2r ) paroît la
gloire du Dieu d’Israël, qui remplit ce lieu de
s 1 gloire ; et elle brille du côté de l’orient. Au
milieu du bâtiment s’élève un autel, appelé sériel,
ou hauteur de Dieu ( v. 15 , ) dont les dimensions
étoient de douze coudées en tout sens. La
consécration et la purification de l’autel s’en fait
pendant -sept jours, ( v. 26, ) et au huitième
jour se font les offrandes.
On interdit l ’accès de ce sanctuaire à tout
étranger et à tout incirconcis ( c. 44, v. 9 ).
On s,.it que^ les étrangers éroient exclus des
mystères d’Eleusis ; et que l’on exclut aussi
de la ville Sainte ceux qui ne font pas
inscrits sur le livre de l’Agneau, ce qui répond
aux incirconcis , c’est-à-dire, ceux qui ne sont pas
de la même confrairie. Toutes ces cérémonies sont
relatives à la fête de Pâques, comme il paroît
par le ch. 45 , dans -laquelle doit s’offrir un Bélier
( v. 1 5 , ) pour sacrifice expiatoire.
Enfin, après la description-la plus détaillée de
la nouvelle ville et du temple, dont on donne
à Ezéchiel toutes les dimensions, l’Ange le fait
revenir vers l’entrée et vers la porte de la maison
du Seigneur; ( c. 4 7 , v. 1 , ) et il appèrçoit des'
eaux de dessous la porte, vers l'orient, qui des-
eendoient du côté droit du temple, et qui cou-
loient vers le midi ( comme le fleuve d’Orion,
placé sous Aries ). Des deux côtés du torrent
étoient plantés beaucoup d’arbres,, ( v. 7 , ) dont
les feuilles ne doivent point tomber , et qui ne
manqueront jamais de fruits ; ( v. 12 , ) car ils
en porteront de nouveaux tous les mois. Les fruits
serviront pour nourrir les 'peuples, et les feuilles
pour les guérir. Tout ce qui sera «bréuvé de
l’eau du torrent sera guéri et vivra ( v. 9 ).
N’esc-ce pas absolument la même ch os -, que nous
présente le Prophète Jean , c. a i , v. 1 et 2 ,
à la fin de son ouvrage, lorsque l’Ange lui
montre le fleuve d'eau. vive, qui coule du trône
de l’Agneau, et sur les bords duquel croît l’arbre
de vie, qui donne-douze fois du huit, une fois chaque
mois., et dont les feuilles ont la vertu de
guérir ? Enfin cette ville s’appelle elle. It Seigneur avec ( c. 48, v. 35 ). L’Apocalypse finit de même
psoairt caev evce rnsoeut,s ( toCîu. s2.1 , v. 21: ) que le Sùgneur Deux fictions ne peuvent
se ressembler d’une manière plus complète, soit
dans le plan général, . soit dans la marche comparée,
depuis les premiers tableaux jusqu’aux derniers,
soit dans les expressions, souvent les mêmes,
mot pour mot i d'où il résulte que. les. Sectaires
Phrygiens, qui, suivant Epiph. 1. 2 , c. 4 9 , re-
cevoient l'ancien et le nouveau testament, ont
emprunté de ces livres les idées mystiques,, dont
leur Hiérophante a composé sa prophétie bizarre.
Ce qui justifie notre conjecture, c’est que, tandis
que les noms des-églises fixent la scène en Phrygie,
les noms deGog et Magog, de Babylone, du grand
fleuve d’Euphrate, sur lequel sont liés quatre
Anges ( c. 9 , v. 14 ) ; tout nous reporte dans
les lieux où écrivoit Ezéchiel. Incontestablement
le copiste est Jean, ou l’Hiérophante Christiane- Judaïque, qui prophétizoit à Pathmos, dans les
sociétés religieuses , eu dans les loges de la Secte
Phrygienne. Il a imité jusqu’à la comparaison
du Pasteur, qui est dans Ezéchiel, c. 34, v. 12,
où Dieu dit, qu’il visitera ses brebis, et qu’il les délivrera
des lieux où elles avoient été dispersées; qu’il
les fera revenir dans leur propre terre , qu’ il les fera
paître sur les montagnes d?Israël, le long des
ruisseaux, dans les pâturages les plus fertiles.
Jean, c. 7 , v. i4 » suppose que le Seigneur rassemble
ces Elus qui avoient été dans 1 affliction ,
devient leur Pasteur, ( v. 17 , ) et les conduit
aux fontaines des eaux vivantes.
Nous ne suivrons pas plus loin la comparaison
de ces deux fables sacrées, dont l’une est une
foible copie de l’autre, et dans lesquelles on annonce
aux Initiés, soit la chute entière du monde,
soit la destruction des nations coupables qui persécutent
les fidèles, et le prochain retour de l’arae,
malheureuse ici bas, vers la céleste patrie; soit
la nouvelle Jérusalem , comme dans l’Apocalypse;
soit la Jérusalem reconstruite, comme dans Ezéchiel.
Dans le dernier, c’est Jérusalem coupable,
qui est remplacée par une nouvelle Jérusalem;
dans
dans T ’Apocalypse, c’est Babylone ou le monde
coupable, q u i, après avoir 'été détruit, se trouve
remplacé par la nouvelle Jérusalem. C’est toujours
la même idée mystique, lo retour de Pâme
de l’Initié à la céleste patrie, lorsque , par la
grâce de l’initiation et la pénitence de ses finîtes,
il méritera d’être réintégré dans les droits de
l’innocence primitive, et qu’il sera rendu au principe
lumineux, dont ilest- éloigné dans cette vie. morts
ùs-,. séjour de ténèbres et de malheur, et dont
011 déplorait les misères dans les mystères de Pé-
pu?za, oude.la secte Phrygienne, à qui doitçt-e
attribué l’Apocalypse de Jean.
L’auteur de l’Apocalypse, c. 1 , v. 14 , et 7 ,
v. 10, a aussi copié Daniel c. 7 , v. 9 , lorsqu’il
nous peint le Génie qui représente le dernier jour,
1 ancien des. jours, assis sur son trône.
Il l’a copié aussi c. i 3 , où évidemment les
quatre bêtes de Daniel ont servi à composer le
monstre de l’Apocalypse qui a la gueule de Lion,
les pieds d’Ours et le corps de Léopard : dans
l ’Apocalypse comme chez Daniel, c’est è mari,
que monte le monstre, ou les quatre animaux
qui le composent. Tous deux employant le même
mot ; une grande puissance lui fut donnée ( Apo-
calyp. c, 13, v. 2, et Daniel c. 7 , v. 6 ). Les
dix cornes sont aussi dans Daniel,. mais données
à une autre bête, ibid. y. 7. Il a aussi des têtes
blelTeés, ou des cornes arrachées ( Apoc. c. 13»
V. 3 ). Il lui fut donné également le pouvoir
de faire la guerre aux Saints, et de prévaloir
( Apoc. c. 13 , v. 7 , et Daniel c. 7 , v. 21: )
l ’expression familière de l’Apocalypse c. 12 , v.
1 4 , un temps, des temps et la moitié d'un temps,
est aussi employée dans cet endroit ( Daniel c. 7 ,
v. 125, et c. 12 , v. 7 ). Les dix cornes, qui dans'
l’Apocalypse c. 1 7 , v. 1 2 , désignent dix Rois
qui vont régner successivement, figurent aussi ( Daniel
ibid. c. 7 , v. 24, ) pour désigner des Rois.
Ces bêtes s’unissent à la bête dans l’Apocalypse,
pour combattra l’Agneau, qui finit par les vaincre
( Apoc. c. 1 7 , v. 13 et t 4 ). Dans Daniel ( c. 8,
v - ) les bêtes 9ont aussi combattues et défaites
par le Belier ( Arits ).
Le Belier et le Bouc ic i, qui se suivent, et se
chaflent successivement à la suite du monstre, ou de la
Baleine, sont Persée , chef des Perses et des Méfies;
et la Chèvre céleste , Jupiter Ægiochus, dieu
des Grecs. C ’est ainsi qu’il faut entendre l’explication
de Daniel, qui dit que l ’homme Belier ou le
Belier, est le chef des Perses, et l’homme la Chèvre,
celui des Grecs. Un coup - d’oeil, jeté sur les
Sphères de Scaliger suffit pour prouver que te sont ces deux emblèmes astronomiques, qu’on
A voulu peindre et unir à l’Agneau Equinoxial.
Dans l’un et clans l ’autre, la bête a une Bouche
grandi a loquens ( Dan. 7 , v. 20 ; Apc. c. 13 , v. 5 \
On remarque encore , que l ’auteur nous ayant
conduit an point équinoxial, annonce la consommation
de toutes choses et la mort de Christ.
O.* retrouve également dans Daniel, que tous
ceux dont les nems seront écrits dans le livre
seront sauvés ( Dan. c. 12 , v. 1 , et Apoc. c. 21 ,
v. 2 7 ) . : . .
( c ) « Cum piadeat ipse (1) •
» Mandas et in nullo ponat vestigia fan do
» Quoi patet ex ipso motu , cursuque volantis
» Cura luna et stellae v alitent per inania utundi:
» Sic mundus et ipse (2)
» In convexa vtlans ter et es facit esse figuras ».
Sivi ignés fabricavix opus, flammoeque misantes
Qiice mundi fccirc oculos (3).
( d ) On trouve dans Je c.- 7 , une nouvelle
preuve de cette aversion superstitieuse pour la
Tribu de Dan, qui étoit une suite de celle
qu’on avoit pour le signe qui la caractérisoit. Parmi
tous ceux qui doivent être soustraits à la vengeance
céleste, au nombre de cent quarante-
quatre mille, pris douze mille par douze mille
dans chaque Tribu, et qui sont en conséquence
marqués au front, comme serviteurs de Dieu , la
Tribu de Dan seule est exceptée, tandis que
toutes les autres sont nommées; et on a été
obligé de répéter Joseph deux fois, l’ un sous
son nom, l’autre sous celui de Benjamin, pour
réparer cette omission volontaire et compléter
le nombre des douze Tribus. Apoc. c. 7 , v. 8.
( e ) On sait que les douze Tribus, dans le songe
fie Joseph, ou les douze fils de Jacob sont représentés
par douze Etoiles. Joseph se compte
pour le douzième, dit Philon ( 4 ) ; il complète
le Zodiaque, avec ses onze frères. On remarque
aussi avec quelque surprise , que les caractères
que Jacob, dans la bénédiction donnée à ses en-
fans, attribue à chacun de ses fils »sont empruntés
du Zodiaque. Par exemple, Ruben est comparé à
llo’enau qui s’écoule> et répond au Verseau. Zabu- habite les bords de la mer ; le Capricorne
pqruo’iiel soccupe s’appelle Hircus MAris, Neptunia . Issacbar est comparé à l’Ane, et il occupe
le Cancer où sont les deux Anes. Juda au Lion ;
il occupe le Lion céleste, domicile du Soleil.
Nephtaïi, qui occupe la Vierge , domicile de Mercure,
est loué de sa légèreté et de la douceur
de son .éloquence- A$aer., qui répond à la Balance
, qui suit l’Epi des moiflons, est admiré à
cause de la bonté de son pain. Dan, qui occupe
le Scorpion, est comparé au Céraste. Benjamin, casé"
1 i
s
! m
(i) Manil. v.
.(2) V. 197.
138. .(3) Manil. 1.x , v. 127.
(4) Philon. de Soren. Jtûlig» Uniyi.Tome / / / , x*5
JM