C H A P I T R E
C b chapitre sis. jusqu’au onzième inclusivement
, nous oflre une suite de
tableaux plus efirajans les uns que les
autres , des maux dont l’univers est
menacé , et dont le Prophète apperçoit
l’image, dans le fameux livre de la fatalité.
On y trouve prédite la guerre,
la famine , la mortalité , enfin la destruction
générale du monde , du Ciel,
de la terre, de la mer, au grand jour
de la vengenace du Très-Haut; et tout
cela est peint sous les traits les plus affreux.
Mais nous croyons que tous ces
tableaux sont d’imagination , et qu’d
sèroit inutile de vouloir en trouver la
raison et les rapports avec, un ordre
donné. Tout nous semble être le fruit
d’une imagination exaltée , qui se livre
à tous les éèarts d’uu dédire religieux.
La Théologie des Perses ou des Mages
(i)enseignoit? que le temps marqué
parledestin appróchöif, temps oùla famine
et la pestedésoleroient la terre, et
où-Ahriman, après avoir livré plusieurs
combats au l)ieu Lumière , seroit détruit
; et qu’alors une terre nouvelle,
peuplée d’habitans heureux , succéderait
à ce beuleversement universel.
Telle étoit, suivant Plutarque , la doctrine
des Mages ; telle est aussi celle
de l’Apocalypse de Jean , rlon.t la religion
étoit une secte de celle de Zo-
roastre , établie en Cappadoce et dans
l ’Asie mineure.
(1) Plut, de Isid. p. 370.
(g) Origen.Comment, in Senes. p. 12.
S I X I È M E .
L’univers devoit être frappé des plus-
grands fléaux. Le temps marqué par
les destinées étoit censé approcher. Le
Prêtre Astrologue , pour effrayer le
crime , crée d’avance arbitrairement
tout le tableau de çes malheurs , et la
Ciel semble lui en donner les indices
par ses aspects , et par les pronostics
qu’il en tire. C’est ainsi que Jacob lit
dans les tablettes du Ciel ce qui doit
arriver à ses fils et à ses petits-fils (2'.
De grands malheurs alloient arriver;
la terre devoit être frappée des plus
terribles fléaux ; il devoit y avoir, suivant
les Toscans et les Juifs, des signes
au Ciel et en la terre , qui les annonceraient.
C’est donc y d’après l’inspec-
tion des Cieux , des signes Celestes
et des aspects Astrologiques, que l’Hie*
repliante enthousiaste compose ses tableaux
allarmans. Tout y retrace les.
idées bizarres d’une imagination extravagante
, dont il seroit aussi impossible
de suivre la marche , qu’il seroit
ridicule de le tenter. Nous ne chercherons
donc pas à décomposer tous ces
tableaux d’une composition arbitraire,
depuis ce chapitre jusqu’au onzième,;
ou l’un dvs sept' Anges, qui parois-
sentau septième jour, vient à sonner
la septième trompette, pour annoncer
que le règne de ce monde pst passé a«
Christ , qui va juger les vivons et les
morts, et régner dans tous les siècles (3)'
(3) Apocalyp. c, 11. v. lS. et j8,
C H A P I TR E D O U Z I E M E .
A ’a u t e u r de l’Apocalypse , en finissant
le onzième chapitre où se terminent
les. tableaux des malheurs du
monde ; gravés sur les sept tablettes du
livre de-la fatalité, ou sur les sept Sphères
, porte ensuite sesrègardssurleCiel
des fixes, et particulièrement sur le Zodiaque
, et sur la partie du Ciel, qui à
minuit fixoit le commencement de l’année
au Solstice d’hiver, et qui, au printemps
pau coucher du Soleil, montait
la première sur l’Horizon au Bord
Oriental.. Ces Constellations étaient le
Vaisseau, appelé A r e a , et la Vierge
Céleste , accompaguc-e dp Serpent, qui
se lève à sa suite, et qui paraît la poursuivre
dans les Cieux, , tandis qu’à'
l’Occident le fleuve d’Orion semble
s’engloutir sous la terre , en disparaissant
à son coucher. Voilà les tableaux
, que nous présente le Ciel Astronomique,
au moment oùfinit l’année équinoxiale,
et où au moment où va briller le Soleil
du printemps , qüi porte le fameux
Agneau, chef des 12 signes. Quels sont
les tableaux que nous offre ici l’Apo-
calypsejfi). L’Arche qui brille dans
le Ciel. Une femme ailée , comme la
VierJlde nos Constellations I que
poursuit un serpent, et un fleuve que
la ferre engloutit. C’est à quoi se. réduisent
les tableaux mystiques du
douzième chapitre , tels que Jean les
apperçoit dans le Ciel. Qu’on remarque
bien sur-tout, que le lieu de la scène
poüt Itii, comme pour nous, est toujours.
Je Ciel ; ce Ciel, le seul où l’on
voie des^ vaisseaux ou arches , des
[femmes , des serpens et des fleuves.
Ce sont les mêmes tableaux, que lesan-
ciennes Sphères Orientales d’Aben-Ez-
ra , rapportées par Scaligèr, dans ses notes
sur le Poème Astronomique deMani-
lius(a), nous retracent encore, sur la fin
des divisions desPoisso'ns, et àu commencement
de celles du Bélier, ou du pre-
miersigne, de l’Agneau ou A'Aries. Ou
y lit au troisième décan dès Poissons de
la Sphère Persique : fin du fleuve. Au
premier A’Ar les Ici monte une figure
de fem m e , et c'ette femme est incontestablement
la Vierge Céleste , qui se
trouve alors monter à l’Orient. Au deuxième
décan des Poissons de la Sphère
Indienne, on retrouveencore cette belle
femme unie au Vaisreau (3) , sur lequel
on la représente assise , et par-tout
on voit des Hydres et des Vipères et des
Crocodiles , en aspect sbit avec lès
Poissons, soit avec le Bélier.
Cette même femme on Vierge, dans
Scaliger au signe delà Vierge Céièsfe (4),
est accompagnée sbit d'une bête noire,
soit d'un Dragon , dont on apperçoit la
queue. Ainsi les tableaux du Ciel Apocalyptique
èt ceux du Ciel Astrologique
sont absolument les mêmes, parla raison
que les pronostics de l’ÀpoCaly pse
sont empruntés de l’Astrologie des Perses
et des Chaldéens , et en général de
ceux que les Grées appeloient des Barbares
ou des Orientaux. Revenons sur
nos pas , et suivons l’examen des
traifsinonstrueuxde ce douzièmechapi-
tre comparés avec le Ciel, et avec lès
tableaux , que nous offrent les Sphères
anciennes des Astrologues de l’Orient.
Un sé rappelle ce que nous avons dit
V15 A p o ca lyp . c. I I . v . 19 . c. 12.
b1) S c a lig .N o t. ad Maml.p. 336.
V. 3. (3) Ibid. 346.
(4) Ibid. p. 341.