le passage du Seigneur , d’où doit partir
le nouveau siècle et le nouvel ordre
de choses.
Le père Petau a remarqué , que les
Rabbins ont coutume d’employer le
mot Sara (i), qui signifie proprement
Tenouvetter, quand ils parlent de la
création.
Les Perses appellent le mois d’Avril,
le mois du Paradis {2J. On trouve dans
l’hymne des Manichéens une description
du Paradis (3).-Ce ne sont que
campagnes couvertes de fleurs , et de
plantes, qui exhalent un parfum délicieux.
C’est un printemps perpétuel ;
le zéphyr y souffle toujours.
C’étoit donc à l’équinoxe du printemps,
au mois Earvardin, au Soleil
de l’Agneau, que commençoit cette période
fameuse dans les allégories sacrées,
période dont le retour ramenoit
les mêmes eflèts, le même ordre de
choses , voyoit commencer, mûrir et
finir les ouvrages du Dieu Soleil. Elle
se divisoit tantôt en douze parties,
tantôt en quatre âges, dont l’altération
successive exprimoit celle même
de la végétation et de l’harmonie, que
le ciel, ou le feu éther sacré et intelligent
mettoit dans lemonde élémentaire
au moment où il descendoit au sein
de la matière et la fécondoit. L ’instant,
qui précédoit cette époque équinoxiale
cîu printemps, étoit celui où tout étoit
censé finir par une destruction universelle
appelée, tantôt incendie, tantôt
déluge , pour renaître aussitôt par
l ’action du feu céleste qui ranimait la
nature, et qui lui donnoit une nouvelle
jeunesse, à laquelle succédait l’âge mûr
et la vieillesse. Après cela tout finis-
soit et renaissoit encore avec le temps
périodique, mesuré par chaque révolution
du Soleil, à partir du moment
où ce Dieu créateur tiroit la matière
de l’inertie dans laquelle elle avoit été
(1) Beausobre, T . 2 , p. 208.
(2) Hyde , c. 19, p. 241.
(3) A u g a s t .C o n t .ï'u u s t .,l.'i5 >c. 5.
plongée pendant l’hiver , et organisoit
cette espèce de chaos.
De là sont nées ces opinions philosophiques
sur les mondes détruits et recréés,
dont parlent les philosophes de
l’Inde et de la Grèce. Cette opinion ne
peut être vraie que sous ce rapport
là. Elle revient à celle des Stoïciens,
qui regafdoient le monde comme un
Dieu, qui de son sein tire successivement
un nouvel ordre de choses et le
replonge dans le chaos (4).
Tout ce qui aveit été produit durant
une révolution étoit censé lui appartenir
, et former un ordre dé choses distingué
de celui que l’année suivante
devoit rétablir. Les productions d’une
nouvelle révolution dèveüoient, pour
ainsi dire , un nouveau monde reconstruit
I
sur les ruines du premier, et
dont la durée étoit mesurée par la durée
de la révolution de chaque Soleil,
divisée en douze parties, sous-diviséé
en millièmes, qui formoient une période
de 12000 ans, en style mystique,
laquelle finie , faisoit place à une
nouvelle, et, pour ainsi dire, à un
nouveau monde. Ce renouvellement fut
désigné sous le nom de rétablissement
général (5 ) , lequel s’effectuoit à la même
époque où s’étoit faite la création
censée primitive, c’est-à-dire, à l’cqui-
iioxe du printemps , et il s'opérait anciennement
par le Taureau, et ensuite
par l’Agneau-ou Bélier réparateur.
Delà l’idée d’une régénération parle
Taureau chez les Perses: « Les hom-
» mes seront de nouveau tels qu’ils
» ont été d’abord , dit lé Boufidesh,
» et les morts ressusciteront par ce qui
"» viendra du Taureau (6jp^
Chez les Chrétiens, c’est-par l’Agneau
, comme on le voit dans l’Apocalypse
, et dans tous les autres livres
sacrés des Chrétiens. : ce qui fait voir que
les allégories du Christianisme sont de
(4 ) Diog.Xüër., 1. 7 , c. i , p. Sa.
(5) Zend.. A v e s t ., T , 2 , p. 593,
(v) Bound esli., p. 412— 415 .
Pépoquela plus récente, et ne remontent
Ipas au-dela du temps où ^tries étoit
là l’équinoxe du printemps. Tout étoit
consommé au retour du Soleil à l’é-
[quinoxe, et finissoit avec l’ancienne
! période, ou avec l’ancien monde. C’est
ainsi qu’il faut entendre l’expression,
dont se sert l’auteur Toscan, lorsqu’il
Edit que tout est consommé dans l’es-
Ipace de douze mille ans , que dure la
•période. ...
J Ce sont les six Ghaambars , dont la
[somme fait 36S jours , et dans lesquels
[les sectateurs de Zoroastre ," suivant
[l’Auteur du livre Phareng Gihang-
[liîrî (1), distribuent l’action demiour-
tgique du grand Dieu.
Ainsi la Cosmogonie des Toscans ,
[rapportée par Suidas , est" composée
[dans les mêmes principes que celle des
Perses, dont elle emprunte la division
[duodécimale et l'expression millésimé,
[pour désigner l’année, durant laquelle
[se consomme l’oeuvre de la nature,
j Faisons voir maintenant ses rapports
jafec ia Genèse.
Il nous suffit, pour cela , de rapporter
les termes mêmes dans lesquels la
|Co smogonie Hébraïque est conçue,
pour voir que c’est absolument la même
chose.
t Ier. jour. Au commencement, dit
; la Genèse, Dieu créa le ciel et la terre.
Au second jour , il fit le firmament,
qu’il appela Ciel.
Au '3e. il rassembla les eaux , et fit
la mer.
Au 4e. il fit les corps de lumière qui
'sont dans le Ciel, et les deux grands
flambeaux, qui président, l’un au jour,
l ’autre à la nuit.
; Au 5 e. il fit les reptiles , les.oiseaux,
[W poissons, et tous animaux qui ont
la vie et le mouvement.
Au sixième jour il fit l’homme.
: On ne peut trouver deux Cosmo-
[go-nies plus semblables, que celle des
[Hébreux et celle de* Toscans, de ma-
j O P L 'd ., p. i 65,
nière qu’on peut dire qu’elles partent
d'une source commune. Quelle est cette
source ? Elle nous est indiquée par Je
seul trait qui les différencie; par la
distribution qui est faite de l’ouvrage
de la création dans les six signes du'
Zodiaque , stries, etc. et par l’.jiégorie
millénaire, qui ne se trouve point dans
celle des Hébreux , mais qui se retrouve
dans celle des Perses, avec laquelle"
la Cosmogonie des Toscans a
cette allégorie commune; de .même
que celle des Hébreux a l ’allégorie du
Serpent, commune avec celle des-Perses.,
allégorie qu’on ne retrouve point
dans l’Auteur Toscan. Celle qui réunit
les traits allégoriques des deux Cosmogonies
, et qui donne la clef de l’une
et de l’autre, en suppléant ce qui leur
manque , nous paraît être la Cosmogonie
originale.
Il ne nous reste plus, après avoir
fixé le sens de l’expression des six époques
créatrices , soit en jours , soit en
mille ans, que de déterminer d’une
manière pins précise , que nous n’avons
fait jusqu’ic i, la nature du Serpent
symbolique , dont nous avons indiqué
le lieu dans le inonde, ou dans la
sphère.
De ce que la Cosmogonie des Perses
nomme pour signe caractéristique , et
pour ainsi dire, comme cause de l ’introduction
du mal, l’ascension du signe
de la Balance, auprès de laquelle èt
avec laquelle monte aussi le Serpent,
nous avons conclu , par une induction
fort vraisemblable , que ce Serpent fameux
, qui ramène l’hiver, est de même
nature que la Balance , et placé dans
la même voûte. C’en est assez déjà
pour l’homme, qui joint à la sagacité la
justesse d’esprit, et qui juge des choses
par analogie. Nous allons faire plus,
et montrer que cette Cosmogonie Persane
a entendu parler d’une constellation
; et ensuite , que c’est dé cette
même constellation qu’a voulu aussi
D a