T R O I S I È M E ,
l e D R A G O N . -
L E Dragon est une Constellation fort
«rande, qui se replie entre les deux
Ourses. C’est le fameux Dragon, qui
gardoit, dit-on, les Pommes du jardin
des Hespérides ( i ) , et qui, ayant été
tué par Hercule, fut mis au nombre
des Constellations par Junon, qui 1 a-
yoit préposé à la garde de son jardin,
ou du jardin connu sous le nom de
jardin des Hespérides (a ). Pherécyde
raconte, que lorsque Jupiter épousa
Junon , les Dieux leur firent lespresens
de nocfc ; celui de la Terre, fut -des
Pommes d’o r, si belles que Junon ne
put s’empêcher de les admirer , et d en
faire planter l’arbre dans le jardin des
Dieux, près du mont Atlas Comme les
Atlantides ou les filles d Atlas en de-
tachoient toujours quelques fruits, Junon
fit garder l’arbre par un Serpent
redoutable , d’une énormè grandeur.
C’est ce Serpent, qui est actuellement
aux Cieux, où il fut placé apres qu il
eut été tué par Hercule. Limage de
ce Héros semble encore appuyer sur lui
son pied, de manière à présenter aux
mortels un monument de sa victoire sur
ce terrible Dragon. Hercule y paroit
dans l’attitude où ilétoit, quand ule tua,
et le Dragon a l’air d avoir la tete à
demi - coupée ; le vainqueur a les
bras élevés et tient à la main gauche
la peau du Lion, qu’il avoit vaincu
dams son premier travail, et dans la 1 * 3
(1) Hyg, 1. » , c. I. German, c. J.
(a) Er-icwh. c. 5. Hygin. ibid.
(3) Germ. ibid. c. 3.
(a) Hygin. c, 3,
droite sa massue ( 3 ). Il s’appuie sur un
genou, et étend son pied droit sur le
monstre qu'il a terrassé.
Quelques Auteurs ont prétendu, que
c’étoit le Dragon que les Géans opposèrent
à Minerve , dans la guerre des
Géans contre les Dieux, et que la
Déesse s’en étant saisi le lança au
Ciel et l’attacha près du Pôle ( 4 ) i autour
duquel il paroît encore entortillé,
On le faisoit fils de Typhon ( 6 ) et
d’Echidna ; et frère de la Gorgone,
du Cerbère, et du Dragon gardien de la
Toison d’Or ( 6 ) ; c’est-à-dire de tous
les monstres mythologiques, qui ein-
pruntoient des Serpens célestes leurs
attributs.
Théon y yoit de plus le fameux
Serpent Python , et le Dragon de
Caumus ( 7) , l’un vaincu par Apollon
ou le Soleil, et l'autre par le même
Dieu , sous les formes de î’Esculape ou
du Serpentaire, qui monte aux Cieui
avec le Dragon du Pôle.
Le même Auteur (8 ) veut, que ce
soit aussi le Dragon dont Jupiter put
la forme , pour se soustraire aux poursuites
de Saturne. On raconte en effet,
que Jupiter nouvellement né fut nourri
par les deux Nymphes, Uélicé etCy
nosura , que ce Dieu métamorphosa en
Ourses, pour les dérober à la poursuite
de Saturne , et qu’il se changea 1»'
même en Serpent ; qu’ensuite devenU
| É Hygin. Fab. 30.
(6, Idem. Prolcg. p. i.
(7) Theon, p. 1x3.
(8) Idem , c. 6,
jpaître
maître de l’Olympe , il plaça aux Cieux
les formes qu’il avoit prises , lui et ses
nourrices ( 1 ). Ce Dragon a sa tête sous
les pieds de 1 'Ingeni.cul.us.
On lui donne iri 'rérens noms, dont
voici les principaux.
Les Arabes le nomment Tinniti ( 2 ),
Jl-ffayq, Taabàn. , Aben , Taben ,
Etabin.
Les Hébreux, Tannin. , Etanim(3 ).
Les Perses, Azhdeh ( 4 )-
Les Turcs , E tanin ( 5 ).
Les Grecs, Ophis ( 6 ) , Megas Dra-
cbn ( 7 )•
Les Latins, Anguis ( 8 ), Serpens ,
JJmco Coelestis ( 9 ), Mirabile mons-
tmm ( 10), Obliquas Draco ( 1.1).
L’Etoile de la langue du Dragon (12)
se nomme Al-Hakis ; les trois de la
gueule , sitflées au-dessous de l’oeil,
Alav/âid; celle qui est au-dessus de
la tête, Ras-al-Tinnim ; celle du repli,
Al-Athaphi ; la suivante des deux , qui
sort près du Triangle, Adphar-al-dib;
la plus boréale , qui se trouve en ligne
! droite, après cette Etoile, Aldib ; celle
S du repli, près la queue, au côté occidental,
Ald-ibh ( 13 ). Il y a, ditHyde (i4 )>
dans la tête du Dragon quatre Etoiles
appelées Al-A\vdid, Al-Salib IVaki.
Entre elles et celles qu’on appelle Tas
Alpherkadein, on trouve, deux Etoiles
brillantes, Al-Auhakân et Al-Dibdn.
Alavtaid sont, comme les Cory ban tes,
(1) Theon, p. 114.
M Hyd. Comm. Ulug-Beigh, p. 13— 15. Kirk.
i xkriip. t. 3 , pars. 2 , p. 106.
(3) Bay. Tab. 3.
(4) Hyd. ibid.
[ (5) Bay. tab. 3.
(6) Hipparch. I. 1 , c. 3.
(?) Arat. v. 187.
(B) Virgil. Georg.
(9) Honn. 1. 1 , v. 189,
des musiciens , qui touchent sur un instrument
appellé Otid, espèce de Lyre.
Al-Salib Al-kVdki est la Croix tombante.
Al-Auhakds et son singulier Al-
Auhak signifient un Taureau noir et un
Corbeau noir. Dcban, dont le singulier
est A ld ib , est un Loup. La premièie
Etoile est Al-Rdkis ou Arrdkis, le Danseur.
Rds-al-Tinnin est la tête du ! )ia-
so n , Raso Tabbani, E tab in, Daban,
Tanin, Etanin, At.tanino (10).
On remarque aussi, près de la courbure
ou du second repli du Dragon, AL-
tais, le Bouc, ou Altiy asân, les deux
Boucs. Les Etoiles quatorze, quinze,
seize, se nomment A l-A td p h i, les
Etoiles vingt et vingt-une, Adphâr,
A ld ib , les ongles du Loup; la vingt-
septième, Al-aîbh, la victime, placée
devant S'ad-al-Ddbih, fortuna mac-
tantis, qui est dans la Corne suivante
du Capricorne.
On distingue sur-tout celle de la tête,
Rastaben (16).
Les Marbres d’Azoph en appellent
cinq Etoiles, les cinq Dromadaires,
et deux, les deux Loups (17).
On donne encore à cette Constellation
les noms de R aimes Emeritus, de
Coluber arborem. conscendens, Draco
tortus, Anguis (18) , Sydus Minerva ,
Bacchi, Æsculapii, Python, Ladon,
Audax.
(10) Germanie.
(11) Arat. v. 30— 46. Finnic. 1. 8 , c. 16.
(12) Ulug-Beigh ,p . i t .
(13) Ibid. p. 12— 16.
(14) Hyd. ibid. p. 13— 15;
(15) Cæs. c. 3 , p. 112.
(16) Bay. tab. 3. Stoffl. c. 14.
(17) Bay. ibid.
(1$) Cæs.. c. 3 , p. n i .
■ ôe la Sphère. Tome III. M