gie donnoit au vieux Saturne , vieillard
lent et glacé. Firmicus, (i) parlant
des influences planétaires, dit de Saturne
, qu’il rend les hommes lents et
avares ; ailleurs, qu’il est froid , obscur
, réduit à la plus grande indigence.
L ’auteur de l’Apocalypse (2) dit de
l’Ange ou du Génie tutélaire de la dernière
Eglise, qu’il est nud , pauvre,
aveugle; et 11 lui reproche sa tiédeur.
Le temps et de nouvelles recherches
, tant sur les qualités planétaires
et sur leurs rapports avec le caractère,
que l’Apocalypse donne aux sept Génies
inspecteurs des sept loges ou des sept
Eglises, que sur les monmnens anciens,
qui nous peuvent faire découvrir quelles
étoient les Planètes spécialement
honorées dans les sept villes , pourront
jeter ütt nouveau jour sur la correspondance
des églises avec les Planètes ;
correspondance qui est claire dans la
première et la quatrième Eglise, dont
l’une a pour déesse tutélaire, et l’autre
pour attribut , Lucifer ou Vénus.
Il est certain , au moins par l’inscription
de Milet , dont nous avons
parlé plus haut (3) , que les villes de
ce pays-là étoient sous la sauve-gar-
de d’une Planète, et de l’Ange ou Archange
, qui la présidoit , puisque le
refrain de la prière adressée à cet Archange
est toujours : Sauvez le peuple
de Milet.
Il est assez vraisemblable , que le
Prophète, dans son extase , s’élevant à
travers les sept Sphère^ , dont la première
es't la Lune, et la dernière Saturne
, est censé y avoir apperçu les
caractères différens des Eglises, qui leur
étoient subordonnées , et qu’il en ait
pris l’idée dans celui même de la Planète
, qui influoit sur chaque Eglise ;
car on sait que ces influences étoient
(1) ï'irmic. 1. T. e. I. id.l. 2 . c. 2.
(ï) Apocal. ç. 3. v. 16. v. 17.
(3) Toy. ci-àessus.
telles , que l’ame , en descendant du
ciel (4) , se revêtoit des qualités .de
chaque Planète,qui altéroieut diversement,
la puretéde sa substance. Celle
doctrine d’ailleurs étoit celle des Pris-
cillanistes, comme nous l’avons vu pins
haut, o’est-à-dire, delà secte Pli 17.
gienne (5 ), à qui on doit attribuer l’Â-
pocalypse ; d’abord parce que cette
secte célébrait tous les ans en Phry-
gie ses mystères , dont le grand but
étoit l’attente de l’apparition de laSte.i
Jérusalem ; but qui est évidemment
celui de l'Apocalypse.
Secondement, parce que cet ouvrage
ne peut Être attribué , qu’à une secte;
qui étoit en vigueurà Thyatire , puis-
que Thyatire est une des sept églises
ou des sept loges soeurs. Or c’étoit la
secte Phrygienne, qui étoit en vigueur
à Thyatire. L’église de Thyatire était
composée toute de sectaires , appelés'
Phrygiens. Donc celui qui fraterniss
avec eux , et qui leur parle avec le ton,
imposant d’Hiérophante , étoit de la
même secte ; et conséquemment toutes
les six autres loges en étoient aussi.
Si l’auteur eût été Chrétien, de la communion
qu’on appela depuis Catholique,
etdisciple de Christ, il n’eût pas adressé
cette lettre , ou prophétie circulaire’à
la société de Thyatire, qui n’en étoit
pas. Il est évident, que si nous connois-
sons bien quelle étoit la seef e de Thyatire
, nous connoissons celle d’Epbèse,
de Smyrne , etc. puisqu’elles font ici
corps commun, et qu’elles reçoivent des
avis du même Hiérophante. Or c’étoit
la secte appelée Phrygienne , dentrions
avons parlé plus haut, qui fleurrssoit
à Tyathire , comme on peut le voir
dans S. Epiphane.
Ceux qui nioient l’authenticité du
livre de l’Apocalypse, et qui rejetaient
cet ouvrage, comme n’étant point de
(4) Macrob. Soin. Seip..l. 1. c. 12. ,
(5) Beausobre , T . 2. 1, y. ch. !■ 9' *
p. 42S.
i,Apôtre Jean , se fondoient, sur ce que
Itcan V est censé faire une adresse
fidèles de Thyatire , et qu’il n’y
la voit point alors de fidèles à Thyatire:
IfiVmais que la religion dominante de
Icette ville étoit alors la secte Phry-
1 „jeune ; c’est-à-dire la même que celle
Imii attendoit des yisions à Pepuzza en
llbrygie- Il est vrai, qu’Epiphane re-
Iponil que c’est une suite de i’espnt pro-
Iphétique de J.ean , qui aroit -prevu
l'établissement futur d’uneEghse en ce
llieu, où du temps d’Epiphane ily en
lavoit une , dit-il, et assez florissante ;
lau lieu qu’autrefois toute cétte Eglise
■ étoit composée des sectaires de la secte
■ de Pepuzza ; que cette Jézabel, qui se
■ dit propbétesse , étoitPriscill&ou Qum-
Itiila , dont la naissance et la doctrine
“ avoient été prédites par l’Esprit Saint,
qui découvrit à Jean ce qui devoit arriver
après sa mort, lorsqueQuintilla
tou Priscilla paraîtraient. Cette réponse
test si mauvaise aux yeux d’un homme,
[qui ne croit pas aux inspirations du S.
Ttsprit, que je n’entreprendrài pas de
la réfuter. Mais je tirerai cette im-
ipoitante conséquence, que la secte ou
l ’églïse de Thyatire, élant dans les principes
de l’initiation Phrygienne , dont
Des tnysteresse célébroient à Pepuzza,
Bessix autres Eglises, qui communient
[ici avec elles , y étoient donc aussi.
L’autenr de cette révélation , qui en
qualité de prophète on de docteur de .
[la secte leur écrit, en étoit donc également
; et enfin tout l’ouvrage iui-
[ Blême de la Révélation, qui a été com-
Iposédaus leurs principes, appartientné-
jcessairementàcette secte, laquelle s’as-
Iscmbloit tous les ans pour attendre
[l’apparition de la céleste Jérusalem,
[ et par la peinture des maux , qui
[affligent l’homme ici-bas', faisoit de-
[sirer à l’initié la résurrection, qui devoit
l’établir dans pn état plus heureux.
Car telle étoit la croyance de la secte
Phrygienne , comme nous l’avons remarqué
ci-dessüs.
Le Génie lumineux, revêtu d’une robe
éclatante, qui apparoit à Priscilla
(2) , la prophét.esse, ressemble fort au
Génie resplendissant de lumière, qui
apparoît à Jean. Les sept flambeaux,
portés par sept vierges , retracent bien
les sept cbandeliers qui accompagnent
le Génie lumineux de l’Apocalypse, et
font allusion aux mêmes flambeaux célestes,
ou aux sept Planètes. L’attente,
où ces initiés étoient de Christ, ressemble
parfaitement à celle, où .es fidèles
et les amis de l’Agneau sont, lorsque
le prophète Jean leur annonce qu®
Christ va paraître (3) et qu’il est à la
porte. Le voici qui vient sur les nues ,
etc. Or la théologie des Priscillanistes
contenant l’exposé des voyages de
l’ameà travers la Sphère, nous ne balancerons
point de reçonnoître ici une
allusion aux Sphères dans les adresses
faites aux sept loges d’initiés , qui leur
étoient subordonnées. Apres avoir
suivi le génie enthousiaste de l’IIieio-
phante dans ce voyage , nous allons
passer au huitième Ciel, ou à celui des
fixes , qui se trouve place immédiatement
au-dessus des sept couches planétaires
, et dont le tableau doit naturellement
se présenter ici a nous,
si nous avons bien suivi la marche de
l’Hiérophante dans son extase ou dan*
sou élévation vers l’Empyrée, vers le séjour
de la Lumière première , qui environne
la Divinité , et qui remplit, de
son éclat le monde intellectuel , d’où
sont descendues nos anirs, et veis lequel
l’initiation doit- leur ménager un
retour facile. ^
Cette huitième couche lormera 1 Og-
doade (4) fameùse , qui désignait mystiquement
le Monde, la Terre ,ia Jérusalem
, etc.
(r) Epiph. Contr. heeres,!. 2. c. 5 i .p . Ig8.
(1 2 3) Epiph. 1. 2. c. 49. p. 182,
(3) Ap oralyp s. c. r. v . 7 ..c. 22 . v. i* .
(4) Jrenée , 1 .1 . c. j . p. a3.
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