»venue dans le inonde; il jaillit du
55 sein de cette Lumière , qui existe par
» elle-même. Il est. Dieu , né de Dieu ;
si c’est une Lumière , qui émane
55 d’une Lumière. L ’ame est d’elle-
55 même lumineuse, . parce qu’elle est le
55 souffle de la Lumière immortelle,
55 etC. 55.
Mahès croyoit l’Essence divine une
substance véritablement lumineuse ,
qui se fait appercevoir par la splendeur
qui en émane ; ce n’est point, dit Beau-
sobre ( i), une Lumière métaphysique,
pour ainsi parler; mais c’est une Lumière
véritable,qui est contemplée dans
le Ciel par les esprits immortels ; un
grand nombre de Pères Grecs ont cru
lamême chose. On peut en chercher la
preuve;dans Beausobre. On verra, (2)
comment l’idée d’un Dieu corporel retint
S. Augustin dans le Manichéisme,
parce qu’il craignait, que ce ne fût
anéantir Dieu, si l’on 11’en faisoit pas
un corps.
, On trouvera dans Beausobre (3) i’exa-
men de cette question , savoir si on doit
regarder comme une hérésie dangereuse
l’opinion , qui fait de la nature
divine une Lumière étendue. Il expose
les raisons d’en douter, qu’il tire et du
* lence de l’Ecriture et de la notion
d’esprit, qui renferme l’idée de corps.
Bien que Manès (4) conçût la Divi-
mtc comme une Lumière étendue, il
ne laissoit pas de lui laisser sa sim-
plicité. L ’essence de la Lumière est
pure et simple. Manès (5) dit, que la
forme immatérielle, ou la nature divine
de J. C. n’etoit point visible et ne
pouvoit etre touchée. Comment, dit-
il encore , la Lumière auroit-elle souf-
fert, puisque la nature mauvaise n’a pu
s’en saisir ? .
Dans le système Manichéen la Lumière
désigne la nature Divine , le
(1) Bea'usob. Ibid. p. 470,
(2) Ibid. p . 477.
O) Beausobr. T. 1, p. 484.
Verbe ; et les Ténèbres , la Nature ou
la Substance mauvaise.
Dieu , suivant les Valentiniens (6)
est une Lumière corporelle, étendue'
figurée, très-pure, éternelle, immortelle
, Lumière que personne n’a vue et
ne peut voir, excepté le Fils unique.
Les plus parfaites , les plus sublimes
intelligences ne la contemplent que dans
le Fils , qui est Pimage qu’elle forma
(Pelle-même, lorsqu’elle voulut se manifester.
Il résulte de tout ce que nous avons
dit jusqu’ici, que les Anciens ont regardé
originairement l’univers comme
la Divinité même, comme la cause première
de toutes choses, qui renfermait
en elle le principe de la vie, et l’intelligence
éternelle et infinie de ce grand-
Dieu unique , qu’ils ont. placé dans la
matière éthérée , dans le feu principe,
dans l’élément le plus subtil et le plus
universel, la source de son mouvement
et de sa vie, et de celle des êtres qui vivent
et se meuvent par lui et dans lui.
Ils ont placé dans la partie lumineuse
ou dans l’énergie lumineuse de
ce feu principe, la faculté intelligente
de leur Divinité , et celle des anus qui
en sont toutes émanées , et qui doivent
y retourner, après la dissolution cl»
corps. Il suit de-là, que le Soleil , qui
répand à grands flots cetfe substance
intelligente, dont il est le foyer et la
source , Sol finis lucis Æthereæ , va
devenir lintelligen.ee mime du monde
, mens mundi, comme l’appellent
Cicéron et Macrobe , et. qu’il sera la
source primitive de nos intelligences,
mentisfons, suivant. Martianus Capell».
En conséquence il deviendra le Logos
ou l’intelligence même de la Divinité,
caractère essentiel au réparateur, et
que le Soleil réunit encore à tous les
autres traits deressemblauce, qu’il a avec
(4) Ibid. p . 5 i 2 . (
(5) Fabric. p. 2o5.'
(6) 13eausob. Ibid, p. 55o.
fe Dieu des Chrétiens ou avec Christ.
. Il çst vrai, que la religion des Chrétiens
n’admet! pas le matérialisme de
toute cette théorie ; qu’elle s’élève à
une spiritualité, qui suppose hien dans
les facultés divines les mêmes divisions
que nous venons d’établir ; mais qu’élle
les sépare. de l’Etre visible , tactile
et corporel ; et que chez leurs Docteurs
le Spiritus et le Verbum, quoiqu’ex-
primés par des mots , qui 1 tiennent à
la matière, sont absolument immatériels
, et ne peuvent résider .dans le feu
Ether, quelque subtil que l’on conçoive
cct élément universel. Aussi n’est-ce
pas à la théorie des! Matérialistes, que
nous rapportons notre Théologie , mais
a celle de spiritualistes calquée toute
entière sur la première , qui lui a donné
naissance.
Aon s avons commencéconime ont fait
les premiers Philosophes ; nous finirons
par où ils ont fini, et la marche ,
que nous suivons dans Je développement
dé la Théologie ancienne, est celle
même , qu’ont suivie' les inventeurs.
Les objets corporels ont long-temps og-
cupé l’homme,avant qu’il imaginât des
cires incorporels ; il a étélié aux objets
visibles et sensibles par les sens , longtemps
avant de se perdre dans les abstractions
d’un monde invisible , créé
par son inu.gi nation. Il a honoré le
giand Dieu , la cause universelle qu’il
voyoit, bien des siècles avant d’en supposer
hors de lui un, qu’il n’avoit jamais
vu et qu’il ne devoit jamais voir. Il
Vo.yoit le premier en lui-même; il
ne voyoït le second, qiiedansun autre
ùe, Je monde. Il connoissoitle premier
parle témoignage de tous ses sens;lese-
î 0!,1 ’ a,ù contraire,n’é toit connu que par
ïMuetion. Il voyoit l’existence de l’un;
1 ne pouvoit que conclure celle de l’au-
« i f l ’on sa't que, chez le grand nora-
re des hommes, ce sont les sens qui ont
t empire le plus universel et le plus du-
,j. -, se*11 cet univers visible, la
1 emiere et la plus ancienne Divinité
des hommes , celle qui a eu le plus
d’âdoratcurs , soit dans sa totalité , soit
dans ses parties , la Métaphysique va
faire éclorre uu nouveau monde ,, un
nouveau Dieu tout intellectuel , dont
le premier a fourni le hiodèle , et qui
en aura les mêmes divisions, (k) mais
dans le sens le, plus'abstrait et le plus
dégagé, qu’il Soit possilde, de la matière.
Il y avoit déjà bien des siècles
que la force magique de la Métaphysique
avoit Créé ce nouvel ordre do
clipses , quand les Chrétiens rédigèrent
leur Théologie. C’est là l’opinion
philosophique,.qu’ils adoptèrent
de préférence, rsoit parce qu’elle éloit
alors la plus à la mode , soit parce
qu’ils crurent, qu’ellehonbroit davantage
la Divinité , ou soit, plutôt, parce
qu’elle étoit la Philosophie religieuse
des Orientaux , chez lesquels est né le
Christianisme , et-de qui Pythagore et
■ les autres «tvoientemprunté plusieurs de.
leurs dogmes tliéologiques, qui n’ont
■ une ressemblance si parfaite avec ceux
des Chrétiens, que parce qu’ils partent
de la même source.
On adora , non plus l’univers Dieu
unique , ou le Dieu un , mais l’unité
même de l’être , que l’on plaça toujours
au-dessus de l’être, qui étoit un ,
comme on 'peut le voir dans Proclus
et dans tous les Platoniciens. Ces ra-
finemens métaphysiques faisoient le
caractère de la théologie de Pytha-
gbre , sur la Monade première ou Monade
paternelle. C’est ainsique la foule
innombrable des hommes a donné une
existence métaphysique à un être unique
, abstrait, , i’humanité. C-est par
cette raison que , dans la philosophie
ancienne, la multitude,, ou la multi-
.plicité est toujours subordonnée à
l’unité , qui est placée constamment
au haut de l’échelle graduée de tous
les êtres. L ’essence de Dieu résida dans
l’unité même de l’être; elle fut Je non
plus ultra de. toutes les abstractions
possibles , et le point le plus élevé où