née et sortie du Dieu suprême.Il ajoute,
qu’ils sont au-dessus de la raison humaine,
qui ne peut les comprendre, que
dans des images e t des similitudes.Ouant
à l’ame du monde, il semble la placer
plus près du monde , auquel elle
donne la vie et le mouvement, et il la
regarde comme la source de nos aines.
En effet ; dit-il, c’est ou du Dieu suprême
qu’il s’agit, ou de l'intelligence
née de lui , et qui contient les formes
des choses * ou de l’ame du monde, qui
est la source de toutes lès autres âmes.
Il place ensuite le Ciel et les corps célestes
; et enfin les êtres terrestres. Ainsi
au-dessus de l’Etre corporel soit terrestre
, soit céleste , il établit la Divinité
, dont il distingue trois degrés:
Dieu , l’intelligence et l'ame universelle
: D eù s , Mens et Spiritus. Ici on
remarque , qu’il y a une espèce de gradation
, en ce que le Spiritus semble
tenir de plus près à la matière, tandis
que le Logosrient plus immédiatement
au règne intellectuel, et à la Monade
première, qui est toute intellectuelle,
Dieu , dit-il, (i) qui est, et que l'on
appelle première cause, chef et seule
source de tout ce qui est ,de tout ce
qui pourvoit être ,c’est-à-dire, en style
Platonicien , du mondé invisible et du
monde visible ; ou , comme disent les
Chrétiens , visibi/ium et invisibilium
omnium, etc., a engendré de lui-même,
par la fécondité surabondante de sa
’■ Majesté, Mentem, (dd) son intelligence
à laquelle on donne le nom de w chez
les Grecs. En tant que le rw regarde
son père , il garde une entière ressemblance
avec lui; mais il produit à son
tour Pâme,qui a un rapport avec les êtres
snivans, et avec deux quis’éloignent du
premier principe; et peu-à-peu cette
ame semble dégénérer par le voisinage
des corps qu’elle regarde, et auxquels
elle communique. Elle a cependant
une portion de la pure intelligence dont
.elle émane,et qu’on appelle' Avjikùv, por-
(?) Macrob. ibid. c. 14.
t-ion raisonnable ; mais’ elle tient aussi
de sa nature la faculté de donner les
sens et l’accroissement aux corps, (c’est
ce que fait le principe de vie. ) La pre-.
mière portion , celle qui est raison et
intelligence pure , et qu’elle emprunte
de l’intelligence son principe , est absolument
Divine , et ne convient qu’aux
seuls Etres divins. ( On voit comment
ils ont analysé le Spiritus , et lui ont
donné lés deux natures intelligente et
sensitive. L’une est dans Dieu ; l’autre
anime la nature.) C’est l’ame qui crée
qui organise les corps ; elle'emploie
la partie la plus pure de sa substance,1
qu’elle tire des sources pures de 1 intelligence
dont elle émane , pour animer
les corps sacrés et divins , quibrilé
lent aux Cieux , le Soleil , le Ciel et!
les astres, et en faire des intelligences'
Divines. En s’abaissant ensuite vers les
corps inférieurs et terrestres , elle remarque,
qu’ils ne peuvent contenir Cette
intelligence pure et sans mélange ; à
peine l’homme est-il susceptible d’eil
recevoir une légère portion.
Plus.loin, (2) Macrobe suit encorelj
chaîne graduée des êtres', à commençai
parla prepiière cause. Il fa,ut savoir, dit-
il , que, du Dieu suprême, est née Mens,
ou l'int.elligençe , et de l'intelligence,
l’ame ;.que c’est l’ame , qui crée et qui
remplit des principes de vie tout ce
qui se, trouve placé après elle-; que,spi,
éclat lumineux brille par-tout, et qu’il
est réfléchi par tous les êtres, de même
qu’un seul visage semble se multiplier
mille fois dans une foule de miroirs,
qui sont rangés exprès pour en réfléchir
l’image. Or, cbmuie tout se suit
par une chaîne non-interrompue d’êtres
, qui vont en se dégradant jusqu’au’:
dernier chaînon, on verra , qu'à partit
de l’Etre intellectuel, ou du Dieu suprême
, jusqu’au limon le plus bas et
le plus grossier.,..tout se tient , tout
s’enchaîne par, des liens mutuels élu1'
dissolubles , et que c’est là cette ta-
(2) Macrob. ibid. c. 14.
llticnfe chaîne d’Homère , dont le som-
Iniet est attaché au plus haut des Cieux,
[et qui pend jusqu’aux endroits les plus
(bas de la terre. ( ee )
I Omvoit, par ce que dit Macrobe ,
que les trois premiers chaînons de cette
[immense chaîne sont le Père , sou Lo-
|pos,->'w Mens, et Mnima, ou Spiri-
\ius mundi, ou en style Chrétien, lé
Père, le Fils et le S. Esprit, principes
de toutes choses ,. et placés au-dessus
[de tous les, êtres créés. Il nous peint
[encore, dans un autre endroit, les trois
premiers principes placés au-dessus du
[monde visible et du monde créé. Il dit,
[que le Ciel est l’ouvrage du Spiritus
Wreatoris, ( 1) ou de l’ame universelle ;
■ que ce principe Créateur procède de
ll’iutelligenee, que certainsThéologiens
^appellent le Fils, ou intelleclus Fi/lus,
■ et que lui-même a dit être toujours
rttourné vers sou Père ; et que celte
[intelligence Mens est née du Dieu su-
■ prênie. Il prétend , que l’on 11e doit
■ pas entendre dans Cicéron le nom de
[Dieu suprême donné au Ciel, par première
cause, parce que, dit-il , G/obus
Wpse , quod CcE/um est, animoe sit f i -
tbrisa ; anima ex mente processerit ;
mens ex Meo , qui verè summus-est,
Iprocreata sit. Ainsi l’esprit! ou l’ame
[universelle procède de l’intelligence on
Bju fils, et celui-ci est engendré -par le
(bien suprême. Il semble entendremn
MJicjcteur Chrétien disserter, sur la ma»
■ nière dont procède l’esprit, et sur celle
■ uuntde fils- est engendré :du père. Il
FJ a qu’une légère nuance de différ
F;ncP {.ff)- Celle qui se trouve entre
r énoncé de Macrobe Payen , et celui
[des soi , disans orthodoxes Chrétiens.,
jp est pas si grande , que celle: qui, se
peiiountre entre les sentimens des Doc-
peurs Chrétiens de différentes sectes, sur
j,p Pfênie matière ; .eusorte que celte
, Platonicienne, est aussi ressemblante,
.qu’on peut, le désirer , avec
fceile des Chrétiens ( g g ) ,,•
: (*) Macrob, ibid. c. 17.
■ Voyons maintenant, comment Macrobe
a su conserver -l’unité aux trois
principes. Dans la théorie des nombres
mystiques , l’unité , dit ce Savant
(gj, réunit en soi Je pair et l’impair
, la partie active et la partie passive
du mondé. Elle représente le souverain
Dieu, le Dieu suprême , et elle
sépare son intellect de la multiplicité
des choses et des puissances , qui le
suivent. C’estcètte intelligence, née du
Dieu suprême , qui, affranchie des vicissitudes
du temps , subsiste dans le,
temps toujours un, ou dans le présent
éternel. Une par sa nature , elle .repeut
pas’être nombrée : cependant elle
engendre et contient en elle-même la
foule innombrable des Types ou des
idées dès choses. En réfléchissant un
peu1, 011 verra que l’unité appartient
aussi au Spiritus ou à l’ame universelle.
Eu effet, par elle-même exempte
du nombre et du chaos tumultueux de
la matière , ne se devant qu’à son auteur
et à elle-même , simple par sa
nature , lors même qu’elle se répand
dans le corps immense de l’uni vers
qu’elle anime, elle ne fait; .point divorce
avec l’unité. Ainsi vous, voyez dit
Macrobe , comment l’unité.bu lamo;-,
nade originelle de la première cause
se conserve entière et indivisible jusqu’à
l’ame „ ou au Spiritus , qui anime
le monde.
Ces principes métaphysiques , portés
dans la Théologie des Chrétiens,
qui se formoit clans ce temps,- là,,,
ont enfanté non - seulement le dogme
dés trois principes , Pire , s.cyof
e,t Spiritus , mais encore celui de
l ’uiùté première, dans laquelle ils résident.
On voit ici,le germe et lq’modèlg
de la Trinité déSiQbréfiens, qui n’est
qu’une série graduée d’a.bstfaefions personnifiées,
d’où est venue la distinction
*d,es personnes, ou des trois abstractions
personnifiées, laquelle ne multiplie pas
pour cela lanatiifte divine. Car elle est
(2) AÏacrqb. ibid. i. 1. c. 6.
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