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leil à cette époque , étoit l’emblème
■ simple et naturel de leur situation (o).
vers 1 Equinoxe-d'automne le Nil
se retire , et rentre peu de tc-mps
après entièrement dans son lit-; niais
les eaux, qu’ ilalaissées dans .'es endroits
bas, séjournent dans plusieurs lieux,
et le sol nouvellement découvert ne présente
qu’un limon gras, quiu’a point
encore assez de consistance, pour qu’on
y imprime le soc de la charrue. Aussi
laissoit-on la terre s’affermir après la
retraite des eaux , suivant Diodore ; et
pendant ce temps, l'Egypfien voyoit
croître l’berbe verte , et les troupeaux
pouvoientdéjà y trouver une abondante
pâture (i). On lâchoit donc les troupeaux,
et leur entrée aux pâturages fut
marquée dans les Cieux , par l’image
d’un Bélier , ou du chef du troupeau.
Ce n’est que dans le cinquième mois,
c’est-à-dire, en Novembre, que commencent
le labourage , et les premiers
travaux du peuple a griculteur. Diodore
nous dit, qu’on jette eu Novembre le
bled sur le limon, que le Nil a laissé dans
les plaines, et qu’on le couvre, en y tra-
cantun sillon sans profondeur, avec une
charrue très-légère. Pline confirmeégale-
mentce témoignage,(a)enréfutant l’opinion
de ceux quiassuroient,qu’on se bor-
noit à faire remuer le limon humide par
deapeurceaux (p). Cela, dit-il, apu être
autrefois; mais aujourd’hui, inarari cérium
est objecta prius semina in limo di-
gressi amnis: hoc eslNovembri mense
incipiente. A l’époque où nous considérons
la Sphère, le Soleil en Novembre
parcouroit le Taureau céleste; et cet
emblème ne fut placé dans les Cieux ,
que comme le symbole du commencement
des travaux d’un peuple agricole.
Non-seulement, c’est l’idée que fait
naître l’image du Boeuf agriculteur ;
mais il est certain , par le témoignage
(1) Diod, 1. 1. p. 32.
(2) Plin. 1. 18 c. 47.
(3} Manil. 1. 4. v.~ 142,
N I V E R S E E L Ë .
d’Hor-Apollo rapporté ci-dessus, qae
le boeuf fut choisien Egypte , pour être
le symbole des travaux : Eovis mascuH
cornu depictum opus désignât. Muni,
lius (gjregarde aussi le Taureau céleste
comme le signe hiéroglyphique des tra*
vaux rustiques ;
Subiniltit aratris
C olla, jugumque suis poscit cervicibus ipse •
Ille suis Phcebi portât cum cornibusorbem
Militiam indicit terris, et segnia rura
lu veteres revocat cultus, Dusc ipse laboris,
Les Egyptiens , qui dans la suite abré-
gèrentees symboles , au lieu de peindre
uu boeuf en totalité, en peignirent seulement
la corne, qui sunisoit pour leur
rappeler l’idée totale.
La végétation (4) en Egypte est extrêmement
prompte, suivant le témoignage
de Diodore , et de tous les Voyageurs
modernes. La terre , un mois
après être ensemencée, ouvre son sein,
et montre au laboureur l’espérance ds
ses récoltes. Les productions nouvelles
et l’état d’enfance de la nature , ne pouvaient
être mieux peints, que par l’em-
blême de deux enfans naissans , ou même
, suivant les Sphères orientales, par
deux jeunes chevreaux , qu’une rnère
vient de mettre bas (5 ).-
Le Soleil ; après' avoir parcouru ce
■ signe, arrivoit au terme de son plus
grand éloignement. Il avoit paru au
mois de Juin , sur la tête du peuple
Egyptien ; mais ensuite il n’avoit cessé
de s’f n éloigner , comme s’il eût voulu
fuir ce climat, et menacer la terre d’une •
nuit éternelle. Arrivé enfin au Solstice
d’hiver, il cesse de s’abaisser; il revient
sur ses pas, pour regagner le pointd’oùil
estparti, par un retour vers.nosdimats,
qui le ramène au commencement de sa
carrière annuelle, Ce phénomène dut
(4) Aclrian. Jim T . 8 anticj, Græccoll. p«
Coliimell. f. 3. c. 8.
(5) Hyd, de vet. Fers. J\el. p. 399,
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
frapper singulièrement les premiers observateurs
, et mérita d’être exprimé
par un symbole imitatif. L’Ecrevisse
fut l’emblême le plus naturel de cette
marche rétrograde (1), et son image
futfracée dansladivisionduZodiaque ,
} où le Soleil entroit, lorsqu’il cessoit de
fuir, et qu’il rapportoit la lumière et la
vie en parcourant, en sens contraire, les
! mêmes degrés de hauteur, qu'il avoit
r parcourus d’abord , en descendant du
haut des“Cieux.
Cette époque du mouvement annuel
I du Soleil fut la plus observée en Egypte;
et le retour de cet astre, vers le trône
céleste , y donna même naissance à
des fêtes. Achilles Tatius nous dit, que
I les Egyp tiens autrefois , voyant le Soleil
quitter le Solstice d’été , descendre
jusqu’au Solstice d’hiver , et par sa re-
I traite diminuer la longueur des jours,
[ avoient craint, que le flambeau du mon-
I de ne les abandonnât pour toujours- Iis
I se livroient en conséquence à la dou-
Ileur et aux larmes ; mais aussitôt
I qu’ils le voyôient s’arrêter dans sa fuite,
I pour remonter vers eux , et leur açcor-
I der plus longtemps le bienfait de la lu-
[ nnère,iis célébraient son retour,en pre‘-
Inantleshabits dè fête, et ils se couron-
I noient de fleurs( i),U n’es f. donc pas éton-
I liant, que ce retour , qui formoit l’objet
I de leur impatience, aitété spécialement,
I désigné dans les cieux ; et ils ne pou-
I voient même choisir de symbole plus
(sensible, que celui qu’ils y ont mis. Il
(cstyraïque Macrobe, dans sou expli-
Ication, supposoit que c’étoit au Sols-
I *',ce pété, que l’Ecrevisse avoit été ori-
I üjfjairement placée. Mais cette supposition
tombe d’elle-même , quand i’pn
I Ün U>Ve’^Ue ^J'on a pccupé le Solstice
ete avant l’Ecrevisse ; et il est certain 1
lorsdel’inventiondu Zodiaque , le I c^.Dr.er tm fut pas destiné à peindre ce
I J^Çripubqu'alorsiln’yrépondoifpas.
«lais outre que nos explications MyfOTsidor.
Orùr.l. 0. c. 47.. :
l2 *) AcliiU. a i l è. 22. 7
3 3 5
Biologiques ont déjà prouvé cette existence
du Zodiaque , antérieure au
temps où l’Ecrevisse occupoit le Solstice
d’été , nous ferons quelques réflexions
qui prouvent l’erreur de Macrobe.
11 savoit par les traditions anciennes
, que l’Ecrevisse avoit été
originairement destinée à peindre la
marche rétro'grade du Soleil ; et com- :
me , au temps de Macrobe, ce signe
étoit près du Solstice d’été, il imagina
que c’étoit pour peindre ce Solstice, où
ilétoit alors. Cetteerreurttoitd’autant
plus naturelle à un Romain , que l’année
des Romains commençant au Solstice
d’hiver, ils pouvoierit regarder ce
point, comme le commencement de la
carrière du Soleil, et le Solstice d’été,
comme l’époque de son retour. Mais
Macrobe devoit considérer, que le mot
rétrograde est une expression relative,
dont le sens dépend du point de départ;
de manière qu’un corps ne peut
jamais être censé rétrograder, à l’instant
oùl’on suppose qu’il commence à
se mouvoir. Or, pour les anciens Egyptiens
, qui commençoient leur année et
leur grande période au Solstice d’été ,
au lever de Sirius (3), le point de départ
du Soleil dut être le même que celui de
l’année, mesurée par sa révolution. Il
étoit censé rétrograder, lorsqu’après
avoir parcouru la moitié du Ciel, par
son mouvement en déclinaison, il reve-
noit sur ses pas , , et parcouroit une seconde
fois Je même espace, mais en
sens contraire.
U paroît d’aijleurs , qu’on a dû placer
originairement le commencement
des signes , ou la première maison du
Soleil au Solstice d’été , avant de la,fi-
xerà l’équinoxe. La méthode qu’on a dû
suivre , dans la première division dès
Cieux, semble favoriser cette conjecture.
Les observations des ombres sols-
titiales , et celles des amplitudes ont
été Vraisemblablement les premières
(3P Porpbyr. Ant. Nymph. p. 264.