Juge , comme on peut le voir dans
Hygin , Germanieus, et d’autres auteurs,
qui ont écrit sur l’origine des
dénominations différentes données aux
Constellations..L’urne, qu’il tient entre
ses mains , étoit en Egypte le symbole
du débordement, si l’on en croit
Horapollon (i). Le Verseau lui-même .
passoit en Egypte pour produire l’intumescence
du Nil , dont il soulevoit
les flots, par le mouvement qu’il leur
imprimoit avec ses pieds , au rapport
■ de T h ion (2 ) , commentateur d’A-
ratus. Tout à côté de lui, un peu au-
dessus , monte le cheval Pégase, qui
de son pied fait sortir aussi un fleuve,
et que bientôt nous verrons figurer
dans les fables Indiennes, où il annonce
également la fin du Monde. Au
Concluait , on apperçoit le Corbeau
d’Apollon (3) v qui entre dans les
feux du Soleil, tandis que Cet astre
lui-même voyage tout ce p u r , et tous
les suivans dans l’arche ou dans Je
vaisseau céleste , qui correspond dans
toute sa longueur aux divisions' du
Lion, que parcourt alors le Soleil. Ce
vaisseau passoit en Egypte pour être
celui d’Osiris , et la belle étoile du
gouvernail pour Canopus , son pilote,
-placé dans les Cieux. Dans la fable
Clialdaïque de Xixutrus , de son
arche et de ses oiseaux , le pilote est
aussi placé avec Xixutrus dans l’Olympe
. Cette correspondance du vaisseau
avec le Lion solaire est l’origine
d’un des tableaux, que nous présente la
sphère ParanatellontiquedesEgyptiens;
imprimée dansKirker. Ce tableau est celui
d’un vaisseau, dans lequel voyage le
Lion. Aussi dans les Sphères orientales
d’Àben-Ezra , imprimées dans Sca-
liger not. ad Manil., parmi les Constellations
qui, par leur lever ou leur
coucher , fixent- les trois Décans du
Lion , on retrouve toujours le fameux
(1) Hcrapoll. 1. 1, c. 21.
(2) TiiCc*. p.'rSC
vaisseau , dans lequel s’embarquoit le
Soleil au Solstice d’Eté , et dans ]p.
quel il voyage tout le temps du débordement.
Au premier Dec an de la sphère Per-
siqùe , on lit ces mots : moitié du
vaisseau monté par des matelots......
Tête du cheval.
Au premier de la sphère Barbare ;
milieu du vaisseau.
Au second Decan de la sphère Persique
: autre moitié du vaisseau.........
milieu du cheval.
Au second Decan de la sphère Bcr-
bare : proue du vaisseau. Ici la proue
est la dernière , parce que le vaisseau
monte à contre-sens.
Enfin , au troisième Decan. du Lion
dans la même sphère Persique : Corbeau.
.. extrémité du cheval , qui liait
de se lever.
. Cette liaison du Soleil avec les Astres
qu’il parcourait au Solstice et dans le
mois suivant, le Vaisseau et le Corbeau^
céleste , les fit entrer dans la fable sols
tiliale , ainsi que le Verseau qui.selfi:
voit eh aspect avec lui, et qui ouvroit
la marche de la nuit.
Quant au Corbeau y cVtoit l’oiseru
du Scjeil , et celui qu’Apolfoh plaça
dans les Cieux. (4) après l’avoir puai
de son infidélité dans un message, où il
avoit trop différé son retour. ,
Il me paraît, que ce -sont; ces circonstances
astronomiques , qui ont entre
dans la fiction du déluge solstitial imaginé
par- les Egyptiens , et qui- étoit
censé terminer Par née et fa Période,
au moment où le Nil inondoit leurs
terres , et où retranchés sur leurs digues
, ils voyoient tous les ans le veiJ
seau peuché sur son urne s’avancer daat
les C'ieux, et. par son influence vsnic-
nerles débordenaenspériodiques. bons
avons insisté sur le Corbeau P?sllf
l’Arche, parce que la fable de P*®
§É Hygin-1 3 -
(Où S H B I p *• # 4r>
„„lion, de Noé (1) et de Xixutrus (2) y
Tait entrer la double circonstance du
[vaisseau et des oiseaux de l’Arche, qui
ïfurent lâchés au moment où fa terre
Le raffermit. Effectivement le Corbeau
reparaît; il sort des rayons solaires avec
l’Arche, au moment où le Nil vient
’ de se retirer et où le Soleil approche (3)
de la Balance. Peut-être est-ce là l'or
i g i n e de la tradition Egyptienne, qui
dit que c’est sub librà , que la terre
sortie des eaux du chaos devint propre
à recevoir l’homme (4). Nous avons fait
remarquer, que c’est Saturne qui vient
sur le Capricorne annoncer la nuit ,
dont le Versé.» u ouvre la marche, Aussi
la Lble Chaidéenre suppose-t-elle, que
ce fut Saturne , qui apparut eu songe
à Xixutrus , et qui vint annoncer le
déluge ; circonstance inexplicable dans
toute autre .hypothèse , que l’hypothèse
Astrologique , et qui suit nécessairement
de la nôtre , laquelle place
Saturne au Capricorne , ou au signe
qui précède immédiatement le Verseau
, et cela d’après l’autorité des
Astrologues Egyptiens , et de Nonnus ,
Poète Egyptien. Saturne avoit d’ailleurs
son domicile aussi au Verseau
de Deucalioîj. Lucain nous a conservé
dans son Poème la fiction Astrologique
(ô) sur le retour de Saturne à son
domicile, et sur l’aspect du Verseau, au
moment du déluge. L’état du Ciel au
commencement de la guerre civile est
des plus effrayans. Tout se réunit pour
annoncer à l’univers et à l’espèce humaine
la plus terrible catastrophe. Il
ne manque à ces signes pronostics ,
que le retour de Saturne à son domicile,
pour que le Verseau par son influence
ramène encore le déluge.
La fable Chaldéenne suppose égale-
(T) ïiurian ,T. 1. p. 5o. in Timone. Tïiid.
ï- 93°- de Saltat. T.’n: deDea Syr. p. 383,
(2) Syncelle , p, 30.
(3) Solin. c. 32.
(4) Pirmic,
f5) I » I. v. 65 r.
ment, que Xixutrus déposa tous les mo-
numens des connoissances humaines a
Siparis , ville du Soleil, et qu’il les
enfouit, au moment où commença te
déluge , c’est-à-dire, au moment qu e
Soleu entroit au Lion ,-sou domiciles
et dans le vaisseau d’Osiris , ou dans le
vaisseau Solaire , celui dans lequel
l’Astre du jour voyage tout ce mois.
Cette f a b l e ressemble, assez a celle des
Américains, quisupposent, que les eaux
de leur déluge .inondèrent tout 1 u-
nivers, excepté le mont Olagmi , ou
étoit le temple du Soleil. La même allusion
existe dans la fable de Deucahon ,
qu’on fait s’arrêter sur lé mont Lyc.o-
reus (6) ou sur la mont de la Lumière.
D’autres font allusion au nom du vaisseau
même , et nomment le mont , où
il s’arrêta, le mont Baris (7). C’est
ainsi que L’appelle Nicolas de Damas;
cité par Joseph.
Nigidius le fait arrêter sur le sommet
brillant de l’Etna. Le lieu de la scène
étant aussi varié, on doit croire qu’il
ne s’agit point ici d’un fait historique.
Berose , comme nous l’avons déjà
remarqué , donne aussi un Pilote au
vaisseau de Xixutrus ( 8 ) , comme le*
Egyptiens en donnoient un au Vaisseau
céleste, appelé chez eux Vaisseau
d’Osiris , auquel nos livres d’As-
tronomie ont conserve . le nom ^Trca
Noé (9). Dans la fable Chpldéenne, Xi-
xutrus disparaît de dessus la terre,
.et il est placé au rang de» Dieux , lui,
sa femme , sa fille et sou' Pilote (1 °'-
Cependant ses compagnons retournent
à Siparis > ville du Soleil, et y déterrent
le dépôt des connoissances humaines.
Syncelle appelle avec raison
tout ce récit -de la Tératologie Chaldéenne
, ou des fictions monstrueuses «
(6) Lu c . T . 1. p. 5ÿ. Timoa.
(y) Àntiq. Ju cl. 1, 1. c. 3.
; (8) Syncelle. p. 30.
(9) Cæsius.Ccef. Astron,
(10) Syncelle. p. 31.
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