le Dien Soleil, dont les rayons sacres
fournissent ce feu immortel, son image'
qu’ils entretenoient dans leurs pyrées.
On lui donnoit le nom de Mithra (i) ,
que plusieurs traduisent par celui de
Maître et de Seigneur , titre que tous
les peuples ont donné à la Divinité,
chacun suivant leur langue.
On attribue à Zoroastre , dont lés
livres nous ont donné l’intelligence de
la Genèse , la forme mystérieuse et
symbolique du culte du Soleil ou de
la religion Mithriaque. Nous rappellerons
en abrégé ce que nous avons dit
de Son antre mystique.
Le monde, dont le Soleil était l’ame,
était représenté par un antre profond
et voûté, comme la sphère, dans lequel
on avoit représenté toutes les divisions
du ciel èt les corps lumineux , qui y
circulent. On y avoit retracé le mouvement
des fixes et le firmament, qui
étoit Censé les emporter par sa circulation
rapide, celui des Planètes, qui se
meuvent en sens contraire à celui du
monde. On y voyoit des portés symboliques,
par lesquelles les âmes descendaient
de l’Empyrée jusqu’à la matière
terrestre, qu’elles animoient en venant
habiter nos corps. La division des douze
signes , celle des climats , celle de
la matière sublunaire en quatre élé-
mens, toutes les distributions du monde
visible, et même celles du monde intellectuel
, dont celui-ci (i)*étoit!Cfensé
l’image , y étoient représentées par des
emblèmes analogues à la nature des
deux mondes , comme on pent le voir
dans la description qu’en ont fait Ori-
gène , Porphyre et Celse , qui opposent
la Théologie Mithriaque à celle des
Chrétiens.
Les divisions Astronomiques entreront
nécessairement dans celles de la
marche du grand Dieu Soleil , et lés 1 2
(1) fitrab. 1. i 5. p. 732. Sûidas. Hesych.
(2) Porphyr.de- eu.tro'nytopb.
Origen. contr. (À‘ls.1. 6. p. 258-i
emblèmes dès Constellations se trouveront
aussi étroitement liées aux images
et aux moiivemeus symboliques de Mi-
thra , qii’ils le' sont dans la sphère
réelle et dans l’antre mystique qui la
représente , et dans laquelle naît et
triomphe le Dieu, père de la lumière et
âme dù monde. On ne doit donc pas
Être surpris, que nous expliquions par
les caractères Astronomiques les formes
du culte Mithriaque et les allégories
merveilleuses qu’il a produites.
Nous allons commencer ici par un
des nionumens les plus fameux de Mithra
, dans lequel on a retracé en caractères
symboliques , empruntés de
l’Astronomie, toute la Théologie des
deux principes et la distribution de k
nature en âges de bien et de mal, de
génération et de destruction , de lumière
et de ténèbres. Les limites
en sont incontestablement fixées aux
deux équinoxes, et caractérisées par les
emblèmes, qui y répondoient dans les
temps les plus anciens et .bien avant
que se formât l’initiation Mithriaque
del’Agneau, connue sous le nom de religion
de Christ. La Théologie de la
Cenèse , ou celle de l’oeuf d’Oromaze
et d’Ahriman , qui nous a servi à entendre
la Genèse , y est exprimée en
caractères Astronomiques de la manière
la plus claire et la plus énergique. Ce
monument est celui du Mithra (e),
imprimé dans-(^ M. Hyde , dans (4)
Montfaucon , dans l’ouvrage de la
Torrè , Evêque d’Adria , et dans
Kirker (5 ).
C’est unBas-relief de marbre, qui représente
un jeune homme avec un bonnet
Phrygien, une tunique et un manteau,
qui sort voltigeant de l’épaulegau-
ehe. Ce jeune homme , peint dans d’autres
mohumens avec des aîles, quelquefois
aussi sans aîles , appuie son genou
(3) De veteri Réliaione Persarum , P - ! A
(4) Ântiq.èxplicl.T. 1. part. 2.pl. 21S.fijH'
(5) - GEdip. T .-r . pi 217.
sur un taureau altéré, et pendant qu’il
lui tient, le mufle de la maiu gauche , il
lui plonge de la droite un poignard dans
le col. Au côté droit de ce monument
sont deux hommes, l’un jeune et l’autre
vieux , dont les habits et les bonnets
ressemblent à celui de Mithra. Chacun
d’eux tient un flambeau , l’un élevé et
allumé ; .c’est celui du jeuue homme';
l’autre baissé et éteint:, c’est qelui du
1 vieillard. Le taureau blessé répand «les
'flots de sang, que reçoit un chien placé
à côté du taureau. Au milieu du monument.
, sous le ventre du taureau , est
.1111 lion, tranquille, sous lequel s’étend
i une hydre , ou lpng serpent. ,Ou remarque
sous le ventre du taureau un
'scorpion, qui de ses deux pinces arraçhe
les testicules de l’animal , et. semble
vouloir le priver delà force de féconder.
Devant la tête du taureau est planté un
jarbre auquel est attaché un flambeau
■ allumé et élevé , avec une petite tête de
taureau. Derrière le taureau , ou au
côté.opposé, est un autre arbre, auquel
est attaché un flambeau éteint et renversé
, et au pied le scorpion, que nous
lavons vu répété sous le ventre du tau*-
reau. Le premier arbre , celui auquel
est attachée ou suspendue la petite tête
de boeuf, est couvert de feuilles simplement.
Le second, au pied duquel est
le scorpion , e'st chargé des.fruits de
l’autonme. Le couronnement de ce bas
relief représente sept pyrées ou sept
autels flaniboyans, dressés aux planètes.
T Aux deux extrémités, on voit u’un côté
[le Soleil conduisantun quadrige, dontles
chevaux regardent les quatre parties du
monde , et de l’autre la lune sur un
char traîné par deux chevaux , qui paraissent
tomber de fatigue.
Nous ne donnerons point l’explication
de ce monument dans tous ses détails
; nous ne dirons que ce qui tendra
au but que nous nous proposons, c’est-
a-dire prouver que nous sommes fondés
a expliquer par les signes etles constellations
là religion Mithriaque. Les tabieaiix
qu’on y présentait, étaient principalement
ceux de la génération et de
l’altération successive des productions
de la nature et le triomphe naturel de
la lumière sur les ténèbres , et des
ténèbres sur la lumière. Ils faisoient
le principal objet de la religion Mi-
tbnaque , et des.sectes qui én sont émanées
, et quepous y rapportons. L ’inspection
seule. d,u monument suflit pour
justifier .notre assertion. Le flambeau
allumé et élevé désigne le retour de la-lu-
miére : Je flambeau renversé et éteint indiquées
ténèb res. Le j eune hom me est le
printemps peint sous les traits de la jeunesse
, âge qu’on donnoif.a cette époque
aux images du Soleil,çom 111e nous l’avons
vu dans les passages de, Macrobe. Le
vieillard, qui tient le flambeau abaissé ,
représente l’automne, ou la vieillesse de
l’année,de la nature et dusoleil,comme
on l’a vu dans le même passage. L ’arbre
couvert de simples feuillages , auquel
est attaché lpflambeauallumé, et l’arbre
couvert de fruits , auquel est attaché le
flainbeau renversé , désignent la même
chose, et concourent à fortifier la même
idéesymbolique. Ce sont deux emblèmes
naturels du printemps et de l’automne ,
empruntés de l’état de la végétation à
cette double époque. Les deux figures
dianimaux attachées à ces mêmes arbres
sont empruntées du ciel, où e lies sein t
également placées à deux points diamétralement
opposés du Zocliaqqe , dans
lequel roule l’année. Elles répondent
l’une au printemps, l’autre à l’automne.
Il résulte de là, que ce monumentou
les dessins anciens sur lesquelsril a été
copié , remontent à une antiquité très-
reculée, puisque les poiutsde printemps
et d’automne y sont désignés par deux
signes, qui ont cessé d’y correspondre
plus de deux mille quatre cents ans
avant le règne d’Auguste. On y fixe
la position des. équinoxes telle qu’pile
étoit dans les cieux trois mille ans avant
l’Ere des chrétiens, et même plusieurs
siècles encore avant, puisque les constel-'
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