de celle que nous voyons ; qu’il est une
P a r o le non une Parole articulée , mais
une Parole de science ; qu’elle s’enveloppe
d’un corps, comme nu homme
se couvre de la peau d’une brebis. On
peut voir le Mémoire de l’abbé Mignot
(i) sur l’opinion, qu’aVoient les
Indiens, de Dieu Verbe et Lumière.
Les Cabalistes avoïent sur la nature
Divine la même idée, que le« Manichéens
et les Orientaux (a). Ils l ’ap-
peloierrt une Lumière répandue et d it
Porphyre , dans F.usèbe (4) , dit que
l’essence, divine est d’une nafùre lumineuse,
et qu’eite habite au milieu
d’un feu étberien très-pur, Démocrite,
qu’elle est un entendement de la nature
du -feu (S>
Les Cabalistes ont aussi- une espèce
de Triade fort approchante de celle des
Platoniciens, des Chrétiens et des Egyptiens
, qui a uneiinlluence sur les différentes
sphères du monde. Kirk.eyc.ife
le témoignage d'unRabhinsurces trois
intelligences, révérées dans les mystères
de la Lumière primordiale , et qui
avoïent l’unité pour centre commun.
Nous ne nous engagerons pas dans la
mysticité de la cabale. Nous n’en parlons
i c i q u ’alin de faire voir , que la
Triade, ou que le système des trois priii-
f.ipesétoitentré, sous différentesformes,
dans toutes les Théologies , et qu’ainsi
il n’est pas étonnant de la retrouver
dans celle des Chrétiens.
On dira peut-être, que l’ancienne révélation
explique cette universalité de
la Triade, et que si elle se trouve chez
les Philosophes Payens, bien des siècles
avant l'établissement du Christianisme,
c'est que la trace des anciennes opinions
palriarcbales n’étoit pas absolument.
effacée ; et que la révélation laite
aux premiers hommes éclairoit encore
leurs descendant.
’(v); 4 scari. ïaserip. T. 31. p. 520.
(2; üeausobr. T* 1. p. 4OH.
(h PaulBeger, Cal ai. Jufiaic, Çhristjan.
Quoique nous ^’écrivions pas ici paii,
des lecteurs,, qui croyent à une révéla-
tion , mais uuiquement pour ceux cmi
font usage de leur raisou, la premiers
et la seule lumière que la nature ait
accordée à l'homme, nous répondrons,,
que la révélation ne peut être censée
nécessaire, et qu’on ne peut eu supposer
l’existence , qu’au tant que la gé,
nération d’une idée importante sur la
Divinité seroit inexplicable à l’homme.
Mais il s’en faut de beaucoup que nous
eu soyons réduits là. Nous avons vu
naître la Trinité , 011 le dogme de l’unité
de Dieu , principe de vie et d’intelligence.
Nous l’avons vu prendre
naissance dans le monde matériel et
visible , et passer ensuite par abstraction
dans le monde intellectuel et invisible.
Nous l avons vu se- propager,
se multiplier sous mille fondes,.donner
naissance à une foule de combinaison»
de la „même abstraction , différente»
dansdifferentes écoles; et par-tout non»
avons reconnu la marche de l’homme,
dont le génie subtil a enfanté une foule-
de Triades de toute espèce. Nous avonii
prouvé, que c’etoit là comme la manie
de toutes les écoles,, dans les siècles oh
s'est formé le Christianisme; et depitis
le principe le plus matériel, jusqu’à 11
conséquence la plus spirituelle , et a
l’abstraction de l’abstraction , nous
avons suivi pas à pas le progrès de
la Métaphysique , sans jamais perdît
la iïlia tion des idées. Par-tout nous avons
remarqué les traces de l’homme; jamais
nous n’y avons vu la Divinité mêlbr s»
lumière aux obscurités de la Métapby
sique. Pourquoi chercherions - nous
l’ouvrage de Dieu, où nous avons vu
l’boranie seul agir ? Pourquoi croirions-:
nous à une révélation et. à une Lunneie
sur naturelle , quand nous voyons
que la raison seule de l’homrue s
tout fait, et qu’il est dans sa nature,
cï 3. }• 3 - P- So.
(4) Euseb. Prpppi Ev. R 3. p. 98:
(5} PluP. de Plaçât» JPIiil» p. dtfr-.
■ lorsqu’il quitte l’être corporel et physique
, en voulant s’élever, de se perdre
■ souvent, dans le monde des abstractions,
let de 'finir« à force de vouloir être su-
■ blime , par ne plds être entendu des
■ autres, et quelquefois parue plus s’en-
Itendre lui - inêlrie. On aùroit tort de
lpi'eri(!rè,pour'dés idées révélées,des sub-
Itilité’s inintelligibles et l’abus du rai-
Isonneraént, pour urié nouvelle lumière
isur-ajoutée à la raison. Au reste , les
■ Payens ne noùs ont, jamais. donné le’ùrs
IraËnemens méfapbÿsiqués, pour des
■ iiispiration's. Ils-pârloiént'a dès hom-
Inies trop éclairés., pour ,oser’ sé dire
Inspirés, lorsqu’i l n’étoiëntque subtils.
■ Il n’app.artenoit 'qu’aux Chrétiens igîro-
liansde prendre pour des idées au-dessus
Idc laportée de l’hbmmë, et dèïegarder
■ Comme , inexplicâblé , ce qu’ils ne ppu-
■ voien-t point expliquer ; de confofidre
lie mot de mystère; qui siguifi'é'fchote
fcachée au peuple , et qu’on ne lui explique
point , parce qu’il n’est pas assez
■ nstruitpeiir l’entendre, de le confondre,
wis-jëj'âvèfc’êhdséiniritèlligïbley l’hdm-
feie , révélée par Diêit,, pour qu’il n’y
■ comprît jamais'rien, ët1 dépendant àfin
■ qu’il l’apprît èt ycju’ilcrftt ferùrehrent,
■ sous peine d’être éternellement rnalbeù-
B'fux. Les dogmes,supérieurs à la raison1
| u, peuple Ç ne l’étoieqt point à celle
Bes Métaphysiciens, qui les portèrent'
Bans Pipijdatidù de Christ; mais , tous
K 8 în'bés 'étant restés' ignoràhs , ‘ils
Bevinrent nécessairement' supérieurs à
[a raison de tout le mondé', Sans de-;
Bénir pour cela contraires à la raison ,
F1 ce. c’est lorsqu’on ‘ frifçbit dé les té-
■ evoir dans un sens différent de celui ;
■ ans lequel ils avoient été conçus', e,t
Bans lequel où les déVoit' prendre. Mal-
Peureusement on né les’Voulut qué con-
■ w.Uesà ja raison et chercher à lès éxpli-
Ijlj'er , afin de les rendre 'int.èiligïblés à
«Munie-, lut toujours regardé coniriiè ■ lin Crime.
Lhn préingé , qui.empê-
■ * 8 ^ eres dé l’Eglise de profiter uês
lie!iS- Vniv, Tome U I.
lumières, que les Philosophes Payens
leur rournissoient dans là doctrine des
trois principes , pour entendre le mystère
de la Trinité, dont les rapports
avec celle des Payens étoient des plus
frappàns. Ils n’ont pu s'empêcher d’en
voir la ressemblance : ils la, démontrent
par-tout dans leurs écrits. Ce sont
eux,qui nous ont fourni la plupart des
preuves, que nous avons apportées ici,
d‘e cetteiconformité. Ils se retranchoient
sur la connoissanee , que ces anciens
Philosophes avoïent, eue deleur ancienne
révélation'. Nous pensons, que non-seulement
cette révélation est une chose
absurde, mais qu’elle est même absolument
inutile, puisque nous avons vu la
filiation de cette idéé et sa génération
dans la tête des Métaphysiciens. La révélation
s’évanouit. done.Quereste-t-il ?
La ressemblance. Elle est avouée : elle
est ptouvé'e. Où en est donc la source ?
dân-à les écrits de ceux, qui nous en
donnènt la génération et toute la filiation
; chez ceux qui l’entendent ; chez
ceux ,qui ' nous ont appris à enj-endre
celle des Chrétiens , qui en sont restés
dépositaires, sans y rien'léomprendre.
C’est donc chez les Platoniciens , ou
chez.'les maîtres dé Plâtrai , sôit les
Egyptiens , soit les Assyriens,que nous
trouverons le berceau de toute cette
Métaphysique ; non-seulement de la
Triade aeê Chrétiens , mais encore de
toutes les Triades de Zoroastre , d’Hermès
, etc'. Les auteurs sont ceux qui
entèüclent : lés copistes.', ceux qui reçoivent
et gardent sans rien comprendre,
La science' est, où le mot mystère
signifié çhbse c’achée; l’ignorance , où
il signifié chose inintelligible. LesChrê-
tipris sont donc les copistes des Orien-
taux'et’rien de pliis.
On voit , pat tout ce que nous avons
dit, qùfe leur Théologie ne leur appartient
pas plus en propre qué leur Cosmogonie
; et, què dans leur Théologie,
comme dansyeurs mystères et leur lê-
'-gchdc , il n’y a rien qui ne se trouve
S