le nom de cette fameuse Hippodamie,
fille d’OEnomaüs , pour laquelle eom-
battit Pélops. Hygin prétend ( i ) , que,
rougissant de n’avoir pour amant cju un
mortel, tandis que toutes ses soeurs
avoient eu des Dieux, cette Pleïade
avoitété forcée de s’en séparer, et
qu’elle avoit même été chassée de leur
cortège ; -qu’elle etoit* aile cacher sa
honte dans un a«tre lieu du Ciel, où
elle paroît avec des cheveux épars,
telle qu’une Nébuleuse ou une.Comète;
quelle en prit même le nom ; qu’elle,
prit aussi celui de Longodes, a cause
de la longueur de cette espèce de chevelure
; et de X ip h a x , par allusion a
l’épée, don telle semble imiter la forme ;
car son extrémité se termine en pointe.
Théon (2 ) , qui admet quelques-
unes de ces Traditions, la fait se placer
près de la seconde étoile du timon du
Chariot céleste. C’est là que se réfugia
Electre, après le désastre de la maison
de Dardanus; et elle y est, dit-il, connue
sous le nom d’Etoile du Renard.
Comme la douleur lui avoit fait chercher
cette retraite obscure , elle ne se
montre aux mortels, que pour présager
des maux ( 3 ).
Les Pléiades en général jouent un
grand rôle dans l’antiquité , et elles
ont obtenu une haute considération (4).
L ’histoire fabuleuse ou poétique des
Grecs fait descendre d’elles beaucoup
de Héros (5 ) , comme l’assuré la Cosmogonie
des Atlantes ; c’est-à-dire, qu’elles
figurent dans beaucoup de Légendes
et de Poèmes sacrés sur la Nature, sur
la marche du Soleil et des saisons , à
laquelle leur position les lioit eLioile-
ment.
(0 Hygin. Fab. 192.
(2) Theon ad Arat. p. 134.
(3) Hygin. Fab. 19a.
O German. c. 22.
(5) pïod.-Sic. 1. 3, c. 60, p. 220; idem. 1. 4 , c.
27 , p. 2,7a-.
('■ >)'Hygin. Fab. T92.
<7) Jrfasiod. Oper. et Die s , v. 390. Virgil.
On les faisoit communément filles
d’Atlas (6) ; ce qui les a fait souvent
désigner sous le nom d' Atlantides (7),
On leur donnoit pour mère Pleiçnê.
Cette filiation est toute Allégorique
et elle a un fondement Cosmique, si nous
en croyons Théon (8). Ce savant entend
par Atlas l’Horizon , qui ter„
mine la course de tous les Astres, et
qui les fait naître; et par Pieionê •
l’Océan , du sein duquel, tous les Astres
semblent sortir. Ceux qui entendent par
"Atlas le Pôle , trouveront encore ici
leur compte. Car tous les Astres naissent
par la rotation apparente du Ciel, qui
porte les Astres autour de l’essieu ou
de l’axe du monde, Atlas.
On peut aussi entendre par Atlas,
quelque constellation circompolaire,telle
que le Rootès , qui a sa tête près de
l’axe du monde et qui semble porter
le Cielv Son coucher fait lever le Taureau
( 9 ) , sur lequel sont placées les
Pléiades. Atlas étoit un des fils du Ciel
(10) , ou d’Uranus et de Clymène,
fille de l’Océan, avec Epimethée et
Promethée. Le nom de ce dernier fut
donné à l’Hercule Ingenicy.lus (11).
Quant au nom de Pieionê, ceux qui
le prennent pour l’Océan, supposent
qu'il désigne la navigation , qu’indi-
cpioient effectivement les Pleïades (12).
D’autres font venir ce nom de P le ton,
mot qui signifie quantité et multitude,
et que leur fit donner leur nombre
( 13 ), et l’espèce d’attroupement qu’elles
forinen t.
Ceux-ci dérivent ce nom de Peleias,
Colombe ; parce qu’elles semblent
offrir l’image d’une troupe de Pigeons;
comme elles ont .paru à quelques-uns
' Géorgie. 1. 1 , Dio.d. Sic. ibid. J. 3. Theon, p. q2,
Hygin. !.. 2 , c. 22. Germ. Cæs. c. 13 , c. 22.
(8) Theon, ibid. p. 132.
(9) Hygin» h 3» c* 5*
(10) Theon, p. 132.
(1 1 ) Hygin, 1. a , c. 7.
{12) Theon, ibid. p. 132.
(13) Germ. Cæs. c. 22, Hygin. Fab. 192*
présenter celle de petits Poussins, qui
entourent une Poule ; ce qui leur a
fait donner le -nom de Poussinière,
et de Gallina cum pullis sais. Théon
les compare à une grappe de raisin (1).
Ceux-là cherchent l’étymologie de ce
n0in, dans le mot Grec, P ole in, tour-
ner ; ce fut à cause' d’elles , dit-
on, que l’année elle-même, dont elles
mesurent la durée , prit par excellence le
nom de Pleiôn (2). Quoi qu’il en soit
de l’origine de ce nom, on suppose
quelles, et Pleïoné leur mère, furent
forcées de se soustraire aux poursuites
d’Orion, qui les< attaqua dans leur
, voyage en Béotie ( 3 ) , et qui voulait
leur faire violence, Orion les poursuivit
, sans pouvoir les joindre , pen-
! dant autant d’années , que la révolution
j annuelle renferme de mois, ou pendant
douze ans, suivant les uns, et
| suivant d’autres, pendant cinq. Jupiter,
sensible à leurs malheurs, les plaça aux
Cieux, sur la queue du Taureau, qui
[ donna naissance à leur persécuteur ,
lequel paroît encore dans les Cieux les
chasser devant lui , vers le couchant (4).
Les différens levers et couchers des
I Pléiades annonçoient les époques du
temps les plus importantes à connoître,
pour le Laboureur et pour le Navigateur
; et sur-tout celles du labourage
et des récoltes. ( 5 ), du chaud et .du
froid. Les Latins les appeloient Ver-
tgilies, parce qu’elles se levoient à la
I suite de l’ouverture du Printemps (6).
Leur dégagement des rayons Solaires
annonçoit les chaleurs ; leur coucher
du malin, l’arrivée des froids de l’Hi-
. verj prérogative qui les distinguoit dés
autres Constellations, et qui les fit
jouir d’une considération toute parti-
[ culière (7 V
1 0 ) Theon, p. ira.
(ai Ibid. p. j,}.
1 0) Hyg in , 1. 2 , c. 02. Theon, p. 132,
, (4) Ibicf. 1. a , c. z i .
(5) Philoscr. Icon. p. 849.
(6) Hygm, 1. a.c.ai.Germ.CKS.c.aa.Thcon,
t' ‘3*. Isidor. 1, 3, c. 47.
Théon (8) fixe leur lever du matin depuis
Mai, jusqu’au vingt-trois Juin ; leur
lever du soir, depuis Octobre, jusqu’au
dix-neufDécembre. Leur lever dnmatin
dure cinquante-deux jours, aux environs
de l ’Equinoxe de Printemps. Le Soleil
est alors au dix-septième degré du
Taureau. Leur coucher du soir s’achève
durant le même espace de temps, après
l’Equinoxe cl’Automne, à l'arrivée du
Soleil dans le Sagittaire.
Les Pléiades sont proprement les Astres
indicatifs des temps. Leur lever du
matin, continue Théon (9), annonce le
commencement des chaleurs ; leur coucher
du matin , les travaux du labourage.
O11 ne parle pas de leur coucher du soir,
qui arrive vers l’Equinoxe, et qui n’est
indicatif d’aucune opération importante.
Quoique formées d’un assemblage d’E-
toiles très-petites, et assez obscures,
elles sont néanmoins ' très - connues et
très-fameuses, par l’utilité dont est aux
hommes la connoissance de leurs levers
et de leurs couchers différens. A leur
lever commence la moisson ; à leur coucher,
le labourage et les semailles. Elles
se lèvent le matin au Crépuscule vers
le vingt-cinq du mois Pharmuti, qui
répond à Avril, le Soleil étant alors au
Taureau. C’est alors que se fait la moisson
chez les Egyptiens. Elles se lèvent
le soir, lorsque le Soleil est au Scorpion,
au mois Athur , qui répond à Novembre
; c’est la saison du labourage. Elles
se lèvent alors le soir, et sont visibles
toute la nuit sur l'Horizon. C’est Jupiter
lui-même,dit Théon (10), quiles a ainsi
placées, afin qu’elles fussent pour les
mortels des annonces iidelles des révolutions
des saisons, du commencement
des Etés et des Hivers. Elles sc couchent
aussi le matin, au mois Athur, lorsque
(7) Fratostnt. c. 23.
(8) Theon ad Arat. Phæn. p. * 3 3 - 1 3 4—
s 3 5 .
. (9) Ihid. p. 1,34.
(io) Theon, p. 135.