regardés comme divins, que parce qu’ils
participent au feu divin intelligent. Les
arbres, les plantes , les rochers dans ce
système , sont les ossemens et les cheveux
de la Divinité. Le corps des astres,
celui du Soleil et de la Lune, font la
fonction des sens ; iet l’Ether celle de
l ’aine intelligente, qui constitue proprement
la Divinité.
Suivant le même S. Augustin , (\)
la création des intelligences célestes
ou des Anges est comprise dans celle
de l’Éther ou du Ciel , et de la substance
de la lumière , dont l’unité est
désignée par celle de l’unité de chacun
des jours de la création. Ils participent
à cette Lumière éternelle , cjui
constitue la sagesse de Dieu , et. que
nous appelons , dit-il, son lils unique •
idée fort semblable à celle de Varron
et des Stoïciens (g-) sur les astres , ces
êtres intelligens, qui vivent au sein de
l'Ether et de la substance lumineuse de
la Divinité.
On remarque dans les passages de
Varron et de Cicéron deux propriétés
principales du feu Ether , ainsi que de
i’ame du monde : l’une de donner la
vie , l’autre de fournir l’intelligence ,
de vivifier par la chaleur , et de rendre
intelligent par la lumière ; ensorfe que
l’on voit-, que la substance de la Divinité
étoit spécialement ce feu Éther,
qui circule dans toutes les parties de la
nature , et qui a deux qualités principales
, la chaleur vivifiante et la lu-
.^nière' , l’une principe de vie universelle',
l’autre principe d’intelligence
universelle. Car nous avons eu soin
déjà d’observer, que ce que les anciens
entendoient par Spirilus orbis n’étoit
pas l’élément de l’air ; qu’il n’y avoit
de commun que Je nom ; mais que e’é-
toit une substance beaucoup plus subtile,
plus active, émanée de l’Ether ,
et qui faisoit couler avec elle les principes
du mouvement et de la vie dans
fous les animaux, C’étoit le fluide
(?) &id, I ii, c,
Éthéré , qui circule dans les astres e{
dans le Ciel, et dont tous les animaux,
hommes , quadrupèdes , volatiles et
poissons tiroient les principes de la viet
qui se manifeste par la chaleur et le
souffle de l’animal. Ainsi le feu principe
,-éterneiet Dieu „renfermoit dans
sa suhstance le Spiriïits et le Logoli
ou l’intelligence universelle de la nature
et de tous les Êtres. Ces idées sont
absolument conformes, à la théologie
d’üvphée, qui concentroit dans le seul
feu Ether , qui contient le monde, les
trois principes de la nature divine, ou
la seule force, divine , sous les trois
noms de Lumière , Conseil et Vie,
Tel est le Verbe chez les Chrétiens.;
“ Vit a erat L u x , et L u x erat Vila;
j» et L u x erat Verbum » ; dans le premier
chapitre de l’Evangile de Jean,
le seul morceau théologie) ne dé la Religion
Chrétienne , et l’unique base de
la théologie. « Avant toutes choses,(2)
» dit Orphée , l’Éther,fut produit par
jj le premier Dieu. L ’Ether existoitau
» sein du vaste chaos : et de la nuit
» affreuse, qui l’environnojt de tontes
»j parts. Du sommet de l’Ether jaillit
jj un rayon de Lumière, qui éclaira
jj la terre et toute la nature. Cette j
« Lumière , le plus ancien de tous les
jj êtres, le plut "sublime , est le Dieu
jj inaccessible, qui enveloppe tout dans
jj sa substance , et que l’on nomme
jj Conseil,Lumière et Vie u. Ces trois I
noms ne désignent qd’une même substance.
Cette Lumière est la substance intelligente,
qui a ordonnél’univers, puisque
l’auteur ajoute, qu’elle avoit formé
le Soleil, la Lune, les Astres , et donne
à l’homme l’aine raisonable , c’est-a-
dire , plus simplement, que, c’est là le
principe universel d’intelligence, dont
îes astres intelligens et nos aines sont
une émanation , comme on l’a vu dans
le passage de Virgile.
Timothée le Cronograplie , au rapts)
Suidas voce Qrplicus,
port
■ port de Cedrenus , ajoute qu’Orphée ■ enseignoit aussi, que tout avoit été ar-
■ rangé par une seule nature divine, qui
■ avoit trois noms , et que ce Dieu étoit
■ Je grand Tout , renfermant en lui la
■ Triade démiourgiq ne, consubstantielle,
■ qui organise toutes choses.
I Cette idéé du Dieu, qui renferme en
■ lui le Logos, ou l’intelligence et la vie,
■ est absolument la même que nous avons
■ déjà exposée sur l’univers , renfermant
Ben lui le Spiritus, principe de vie et
lie feu intelligent, principe d’infelligence.
■ C’est lamêmequecelledés Chrétiens, ou
■ de l’Evangile de Jean , qui nous pré-
Bsénte le grand Dieu renfermant en lui
■ la Lumière et la vie : E t vita erat L u x ,
I et Lux erat vita , et L u x erat Ver-
Bburn; c’est-à-dire, le premier principe,
Boule principe üniversel,sous-ciivisé en
■ principe d’intelligence, qui est la lu-
■ mière , et en principe de'vie, qui est le
mSpiritus des Chrétiens. Car c’est lui
■ même que ie zm d’Orphée. C’est ce
■ iriucipe.de vie,(cetteame du monde que
■ Synesius-, évêque dè Cyrène, appelle le
Wtroisième D ie u , que le Dieu père a
■ versé dans le monde pour l’animer.
B Lathéologie de Zoroastre enseignoit,
§Pe quand Dieu organisa la matière
■ le l’univers, il envoya sa Volonté sous
■ U forme d’une Lumière toute brillante;
■ ne parut sous la ligure d’un homme ;
■ ne étoit accompagnée de soixante-dix
■ s plus honorables de scs Anges. (1)
■ L'hérésiarqueSimon(2) avançoit,que
■ e D'eu suprêine, qu’il qualifie de Dieu
■ *4$ Dieux , qui est unique, incompréhensible
, qui a donné le commence-
■ ment à toutes choses ; et à qui par con-
■ quentelles sont, nécessairement toutes
r'ssujeties, est inconnu, retiré dans une
■ 11 nu ère ineffable, inaccessible, infinie,
Incorporelle , qui émane de lu i, et dont
ï icntplit le sublime séjour qij’il ha-
I IÊ I ïDBk apuà Hvd. H 22. p. 298,
1 t2) Beausob. ï . 1. p. 258.
Recognit. Clem. S. 2. n°. 61.
lielig. Univ. J'orne IIJ,
bite ; il est lui-même une immensité
de lumière. C’est là aussi le système
des anciens Gnostiques sur le J, y—
thds.
Les Valentiniens, (3) dans la génération
factice des attributs de la Divinité,
l'ont naître, de jk et à'Alêtheia, Logos
et Z o é , le Verbe, ou la raison et.la vie.
C’est évidemment, dit Beausobre, I’ame
de l’univers,dont la vie et la raisonsonfc
les deux propriétés. Tout ceci est Platonicien.
La théologie des Phéniciens place
aussi dans-la substance de la lumière
la partie intelligente -de l’uniyers et
celle de nos aines, qui en est une émanation.
S.on irradiation est regardée
comme 1 acte meme de l’ame pure ,
et sa substance comme un être aussi
incorporel que l’intelligence.'(4) On
peut voir dans l’Empereur Julien le
développement de ces principes théologiques.
Cedrenus nous dit également,^)
que les Chaldéens adoroient
la lumière , qu’ils appelaient Lumière
intellectuelle ,■ et qu’ils désiguoient par
ces deux Ictères a et a , ou qu’ils ap-
peloient a » , deux voyelles qui comprennent
les deux ternies extrêmes do
la diffusion delà lumière (h ) dans lés
sept corps planétaires, dont le premier
ou là lime répondoit à la voyelle *, et
le dernier on Saturne, à la voyelle » ,
taudis que le Soleil étoit exprimé par
I. Ces trois voyelles réunies ont formé
le Dieu las des Gnostiques, ou la Pa~
naugeia , autrement la Lumière uni-
veiselle , distribuée dans-les sept corps
planétaires , dont le chef est le Soleil,
et dont les termes extrêmes, qui renferment
sa substance, sont B et «Recommencement
et la fin.
C’estcettePanaugeia, que nous présente
le premier chapitre de l’Apocalypse,
au milieu des sept chandeliers
Ci) Beausob. T. 1. p. 58r.
(4) Julian. Orat. 4, p. 9S0-SS3.
(5) Cedreu. P*
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