vient gâter son-ouvrage , et amène
J’Iiiver, lequel répand le froid dans les
eaux., dans l’air, dans la terre et dans
lés plantes, et désole la face du monde.
La Cosmogonie dès Juifs npùs peint
pareillement le Dieu père de la lumière
, qu’il fait toxlt-à-coup briller au
milieu des ténèbres du chaos , plaçant
l’homme dans un jardin de délices ,
et l’établissant au sein d’une félicité
parfaite, jusqu’à ce que le Diable.,
son ennemi, le Prince des Ténèbres',
sous la forme du Serpent , vienne séduire
la femme, et lui fasse goûter des
fruits de l’arbre des deux principes,
et éprouver le mal que la nature a toujours
placé à côté du bien. Car tous
les Docteurs et les Interprètes, de la
Religloin chrétienne ont toujours attribué
au Démon , jaloux du bonheur
de l’homme et ennemi de Dieu , la séduction
de la femme et l’origine du
mal introduit dans le monda , et ils
ont vu^lans le Serpent la forme que
le mauvais principe ott le Diable avoit
prise pour faire le malheür des horn-
mes. Ainsi dàüs les deux Cosmogonies,
Dieu, ou l’auteur dû bien , se trouve
contrarié dans ses opérations par le
Chef des puissances des Ténèbres,
Ahrïman chez les Pérsés , le Diable
chez les Juifs et. les Chrétiens : et danjs
tontes les deux Théologies ,'le Serpent
est le premier agent du mal introduit
dans le monde. On ne peut trouver
plus de traits dé ressemblance que
ceux qui existent entre ces deux Cosmogonies
, soit par les principes théologiques
qui en font la base, soit pour
le lieu de la scène où l’homme est supposé
placé par la Divinité , soit pour
l ’animal simboliqüe qurm f introduit
comme agent du m al, soit pour le mal
même produit; Car si la Cosmogônie
des Perses dit clairement que l’homme
éprouve aussitôt les rigueurs du froid,
celle des Juifs l’indique aussi , mais
énigmatiquement, ta disant qn’âussi-
tôt l’homme- sentit le besoin de sCcouvrir
, et s’appercut qu’il étoït nud.
D’après tant de ’traits de ressemblance,
nous conclurons que-ces deux
Cosmogonies n’en font qu’une , et
qu’elles peuvent, étant comparées en-
tr’elles , nous fournir assez de lumière
pour deviner tous les traits allégoriques
de l’une et de l’autre. -
Avant d’entrer dans cet examen ,
nous ne pouvons nous dispenser de rappeler
ici en abrégé le système des deux
principes, que nous avons développé
plus au long dans le Chapitre V du
Livre secouer de cet Ouvrage, et qui
trouve sur-tout ici son application.
Ensuite nous expliquerons tes formes
simboliques avec lesquelles on les a
peints , et sous lesquelles'ils figurent
' dans les deux Cosmogonies!
Nous avons dit que les Anciens fureiit
embarrassés de pouvoir expliquer, par
un seul principe [g) , le bien et le mai
de la nature , qui , quoiqu’opposés en-
tr’eux , semblent toujours marcher ensemble
et se mêler l’un à l’autre. Ne
'concevant, pas comment un principe,
bon par essence , ponvoit produire le
mal, ni un principe, absolument mauvais
, produire le bien, ils imaginèrent
deux principes ; l’un souverainement
bon , auteur du bien ; l’autre souverainement
mauvaisauteur du mal,
toujours. se contrariant, toujours eu
opposition entr’èux, et partageant également
l’empire de l’univers , dans lequel
le bien et le mal semblent se mêler
à dose égale. Ils les comparèrent à la
lumière et aux ténèbres, qui, opposés
dans leur nature et dans leur marche ,
semblent alternativement exercer leur
- empire sur l’univers. La lumière bienfaisante
du Soleil étoït une émanation
du premier principe , qui, lui-mêmé ,
'habitait au sein de la substance lumineuse;
les ténèbres de là nuit et de
l’hiver étaient au Contraire l’ouvrage
du second, qui habitait dans les abîmes
de l’obscurité éternelle y et était
enchaîné au sein de la matière, taudis
que l’autre brilloit aux1 Gieux , et for-
Hldït de sa pute substance le monde dos
intelligences. Cette doctrine des .deux
principes, dés Anges -clé lumière et des
Anges de ténèbres , de Dieu et du
Diable , se retrouve' daus toutes les
Théologies , et doit sa naissançe.à deux
des tableaux les plus'contrastans de la
Nature , la lumière et les ténèbres , et
à 1 a difficulté qu’ont toujours trouvé
les hommes de faire: sortir d’ une seule
source le bien et le mal. La diflérence
qui se trouve entre l’opinjôn des Chrétiens
et celle des autreà. Peuples, c’est
que les Docteurs de la Religion: de
Christ ont subordonné le principe ténèbres
au principe lumière , tandis que
d’autres, sectes,' telles que celle .desManichéens
, les ont, ainsi que les Perses,
faits coéternels et d’uüe puissance
égale (i). C’est ime' nuance de métaphysique
, qui n’empêche pas qu’on
ne reconnaisse • chez tous les Peuples
une doctrine commune, fondée sur le
même principe, et qui sert elle-même
dé fondement à toutes les Religions.
Pour prouver cette assertion, nous
avons extrait un passage de Plutar-
que (i ) , dans lequel l’universalité,
l’antiquité et la nature de ce dogme
théologique sont parfaitement exportes:
Il nous dit que cette opinion était
consacrée par les traditions les plus
anciennes du genre humain , par les
mystères et les sacrifices dans la Religion
de tous les Peuples grecs et barbares
, et sur-tout chez ceux qui ont
eu une plus, grande réputation de sagesse.
Ils 1 ajoutent qu’ils donnent le
titre de Dieu par excellence au pre-
r>fr ’ et ^'.feeanà, celui de démon.
est précisément les dénominations
que les Juifs et les, Chrétiens donnent
aux deux principes opposés qui agissent
Ia. C-enèsë ; oar le Créateur, ou
« Uemiourgos' qui produit la lumière
est ce qu’on appelle Dieù par excelf
f l H j f c } ? 2’ ?• *7 7 { e.
f 5
lençe;,'et le Serpent séducteur est le
Démon , peint sous cet emblème mystérieux.
« Les Perses , continue Plutarque ,
» nommèrent le premier Oroniaze , et
» le second Ahriman ». C’est eiiècti-
vemeut. sous ces noms qu’ils figurent
•dans la .Cosmogonie des. Perses., que
nous expliquonset dont-celle des .Hébreux
n’est qu’une copie. Les Egyptiens
appelèrent le premier üsiris , et le second
Typhon. Nous les avons vu aux
prises sous ces noms dans la Théologie
Egyptienne, en expliquant la vie d’Osi-
ris et d’Jsis ,et leurs aventures merveilleuses.
Les: Çhaldéens avoient enbn
conservé le dogme des deux-principes ,
suivant le même Plutarque, dans leur
système Astrologique., ou en admettaient
des astres bous et mauvais. Cette
observation est importante à retenir ;
car nous verrons bientôt les astres ou
les signes, et les constellations, servir
à marquer les époques du bien et du
mal de la Nature dans la Cosmogonie
de la Perse et dans celles des Toscans
et des Hébreux ; ensor-te que déjà nous
trouvons dans ces mots de Plutarque.,
sur le système religieux des Chaldéens,
une indication de la route qu’il nous
faudra suivre.
Les Grecs, poursuit toujours Plutarque
(a ) , eurent leur Jupiter et leur
Pluton. C’est ce Jupiter que les R.o-
ffiains appellent très-grand et très-bon,
et que nous avons vu représenté avec les
attributs du Bélier ou de l’Agneau céleste
, dans l’explication des formes du
Soleil, sous le nom d’Ammon. Pluton
est celui que nous avons vu s’entortiller
danslesreplisdu serpent d’Automne,qni
bientôt vanous servir à çxpliquerlaGenèse
| et qui était l’attribut caractéristique
des Géans , qui attaquoient le
Jupiter très-bon.
. .Nous avons, prouvé , à la suite de ce
passage de Plutarque , l’universalité
OO Ibid, p. 370.