on dans lent ancienne Cosmogonie , disent
que le Dieu Lumière, Ormusd, par
l’amour qu’il a pour les hommes , lait
couler des eaux auprès de son trône.
( Boundesh , p. 361. )
Ce qui me confirme dans cette opinion
, c’est que Lucien, qùiétoit de Sain
osa te en Syrie , près ' de la Mésopotamie
, c’est-à-dire , du pays même
où régnoit cette Théologie , et où les
Cakléens et les Mages euseignoient la
doctrine , qui fait la base de l’Apocalypse
et d’Ezéejîiel , et qui conséquemment
a voit conservé des idées
justes de ces Cosmogonies , qu'il avoit
puisées dans des sources que nous n’avons
plus ; Lucien se rencontre encore
ici avec nos deux auteurs, dans la
peinture du fleuve qui arrosé la ville
Sainte.
A la suite de la description du repas
et de la ville des Bienheureux, que
I or et les pierres précieuses embellissent
de toutes parts (y) , cet auteur,
continuant ses riches descriptions, parle
du fleuve qui environne la ville; et des
36S fontaines qui arrosent ses prairies.
II place près delà des vignes , qui prô-
<misen.t des raisins douze fois par an,
une vendange chaque mois. Ce cpù ressemble
assez aux arbres d’Ezéchiel et
de l’Apocalypse , qui rapportent douze
fois du fruit par an , un chaque mois;
et dont les feuilles ont la vertu de
guérir.
Le fleuve dlean vive, qui coule du
troue de l’Agneau dans l’Apocalypse,
et de l’Orient dans Ezécbiel , c’est le
fleuve d’Orion , l’Eridan Céleste, qui
est pLcé immédiatement au-dessous
des degrés- A?Arles ou de l’Agneau,
et qui monte ilimiédiatement à la suite
de ce signe, qui semble le faire naître
à l’Orient, d’où il jaillit pour couler au
midi, comme nous le représente Ezé-
chiel (2). Les eaux sortoient , dit-il,
(1) Lucian. Hisl. verte, 1. 2. T. 1. p. 752 et
753-
$2) Ezech. c. 47. v. 1.
de dessous la porte à l’orient, et des-
eendoient vers le midi. C’est absolu,
ment ce que fait l’Eridan, commeTins,
péction d*une Sphère peut en convaia-,
cre. Ce phénomène Astronomique de !
l’apparition de l’eau de l’Eridan, à la
suite du lever de l’Agneau ou d 'Aries-i
a fait donner à ce Bélier l’épithète des
JJitx immortalis aquoe par les Anciens;
fonction qu’il fait dans l’Apocalypse,
puisque c’est du trône de l’Agneau que
cou le ce fleuve, etc’esteequi a Fuit, imadjj
cerla fable suivante,rapportée parHy-
gûi et par Germanieus ; <i On dit que
>) Racchus, (3) conduisant son armée en
>) Afrique , éprouva la plus grande di-
u setfc d’eau;qn’aussitôtunBélierséttiij
>! des sables brûla ns , et conduisit Bac-
») chus et son armée à une source d’eim
,, divine wt En reconnoissancede ce service,•
Bacchns donna à ce Bélier le titre
de J upi ter Animon, et lui éleva tm temple
magnifique, dans le lieu où il avoit
trouvé cette eaü miraculeuse. De plus,
ce Bélier , guide et chef de cette esu
immortelle, fut placé tdans les Cieux,
où l ’on voit son imsge , et ’oùil préside,
comme premier chef,aux signes du Zodiaque.
Quant, au fleuve, sou union au
Bélier est aisce à prouver par l’inspection
d'une Sphère ; et elle a été reconnue
par Hipparque , qui, dans soi
Calendrier, place ce. fleuve avec Ariiï't,
avec lequel il se couche toujours, et#
la suite duquel il se lève ii'jjrnédiate-
ment. Les Sphères Barbares, élevécs(4)
un peu plus au nord, ne le placent qu’#'
vec le Taureau ; mais toujours à b
suite A’A r le s , immédiatement. \
Nous avons été d’autant plus vttwn'
tiers déterminés à voir l’Eridan Ccleste,
dans le lleu.ve qui arrose la ville qes
Bienheureux ou l’Elysée des One“'
taux, dont Jean , Ezé.cbiel et Liiciw
ont donné la description , que dans
l’Elysée de Virgile , quia aussi recueil*1
(3) Germanie, in Aride, c. 18.
0 § Nut. ad Manil, Scaliger, p. 137-
l ] es fictions Théologiques , qu’Homere
■ et Platon avoient empruntées de l’O-
■ rient, on retrouve aussi un fleuve, et
L e ce fleuve est appelé par Virgile
Wpridan (1). R y coule à travers une
Hfbrêt odoriférante de lauriers. Le plus
[docte des Commentateurs de Virgile,
[Servins, remarque que Virgile a pu
[faire allusion il la Constellation de l’Eridan
, placée à côté de la Baleine , et
[conséquemment sous A ries , ou l’Agneau
, qui, par sa position , est sur la
tête de la Baleine, laquelle desoncôtéa,
sous sa tête et sous sa mâchoire, YEri-
Um. C’est cette liaison' de l ’Eridan
avec la fable des enfers , qui fit dire
aux uns, que l’Eridan d Italie sortoit
des enfers; à d’autres , qu’il y portoit
[ses eaux. ; . ...’-û
CetEridan étoit supposé être un fils du
Soleil qui, après l’incendie de l’univers,
avoit été placé aux Cieux. Aëtès possesseur
duBélier, quiestau-dessns del’Eri-
dan, ainsi que leCocher, placé au-dessus
du Bélier , et qui monte avec l’Eridan,
I étoient aussi des fils du Soleil.On entend
[ce que signifient toutes ces fictions faîtes
Diodore de Sicile qui nous donne la
croyance des Egyptiens sur le sort des
arnes , et sur la’situation de l’Elysée ;
ce nom, ajouteDiodore, désigne le Nil,
que les Egyptiens appelaient aussi l’Océan
sur les Astres voisins de l’Equinoxe
de printemps, où étoit le lieu de fexal-
■ fation du Soleil et le commencement
I [ de sa course dans le cercle des douze
I signes, par lequel se ré.pandoit la vie
■ [dans le monde sublunaire, soumis à
I l’action du Zodiaque et du Soleil.
I Lqs Egyptiens plaçoient leur Ely-
[ sée (2). près des torrens de l’Océan ,
près de la pierre Blanche et des portes
du Soleil. Par-là les âmes entroïent
dans la fameuse prairie où les ombres
f liabitoient.
L’Orient, et l’Occident sont vraisemblablement.
désignés ici par les portes
du Soleil. C’est ainsi qu’Isidore de Séville
les appelle (3).
Quant à l’Océan, ce nom , suivant
G) Æneitl. 1. 6. v. 65^.
(#3 Octyss. fi. v. 11.
(3) Isid. Orig. 1. 3. c. 5. de Astral.
<|| Hjgiiu 1.2, c.33.
dans leur langue. Or je remarque
moi, que si les Egyptiens ont prétendu
désigner leNil, appelé autrefois Océan,
par le fleuve auprès duquel ils placent
l’Elysée , c’est donc l’Eridan Céleste
qu’on peut encore voir dans cet te fiction,
puisque cet teConstellation, qui s’ap pelle
Eridan parles Grecs, étoit appelée le
Nil par les Egyptiens. Hygin, parlant
de cette Gonstellation, nous 'dit (4) :
i; Les uns l’ont appelée le N i l , les au-
>i très l’Océan >î. Èratosthène (5 ) dit,
qu’Aratus appelle F.ridau le fleuve
d’Orion; mais que d’autre^, avec plus
de raison,l’appellent le Nil. Théon assure
pareillement, que les Egyptiens
l’apêloient le Nil (.6).
11 résulte donc deux choses, i°. que
le fleuve qui coule au-dessous de l’Agneau
ou A'Aries,eti\vi\ Se lève à sa suite
Vers le midi , s’appelle Océan, Nil,
Eridan. 2Q. Que c’est près du Nil ou
de l'Océan, quelcs Egyptiens plaçoient
leur Elysée ; et que c’est l’Eridan , que
Virgile’ fait couler dans l’Elysée. D où
nous conelurrons , que c’est par ce
même fleuve , que j ’ajiteur de l’Apocalypse
a fait aussi afroser son Elysée ,
et. que ce fleuve est celui qui coule de
l’onent vers le midi , et qui jaillit
du trône de l’Agneau.
Nous avons dit ailleurs , ( 7 ) que
par ce fleuve l’auteur a oit voulu désigner
mystiquement l’année solaire , le
temps, qu,i coule A’A r le s , et le Zodiaque
lui-même , divisé en douze signes,
d’où coule la vie sur la nature ; mais
les rapports multipliés, qui se présentent
entre ee fleuve et le fleuve cé-
£5) Eratostli. c. 37,
£6) Theon, p. 144.
(j3 Ci-dess. p. 3a.