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latiôns duTaureau et du Sèôrpion ont ùc-
cupé ces points depuis environ l’an 4000
avant l’Ere chrétienne , jiiscju’à 2 5 oo
avant cette même Ere. : Les éènstel-
iations du Bélier et de la Balance
les ont remplacées pendant environles
2S00 ans qui précèdent le règne d’Auguste
, et fixant les mêmes points du
temps , elleëont entré de la même manière
dans le? allégbrieset dans les monumens
delà religion solaire, mais elles en
ont changéles formes. Le Dieu Lumière
Mithra ne triompha plus sous le symbole
du Boeuf, mais sous celui du Bélier
, que les Perses appellent toujours,
l’Agneau. Les Gentils de l’Inde n’ont
point aujourd’hui de plus grande consolation,
au dernier moment de là vie1,
que de tenir la queue d’une vache et
de se faire religieusement arroger de sa
bouze, ou d e son urine, pour rendre l’am e
ainsi purifiée digne du séjour qu’elle
doit habiter.
Dans nos mystères, postérieurs à ceux
de l’Inde, c’est l’AgUeairsaiistacheque
l’on porte à un moribond: ; ! c’est par
son sang que l’ame est purifiée de'
toute souillure. Ainsi dans les mystèresi
des Chrétiens., ce ne fut plus le boeuf
égorgé qui féconda la terre , et en répara
les malheurs, par l’effusion de son sang,
Comme nous venions dé le voir;1 mais cer
fut l’agneau qui, mis à mort-, répara pâr
la perte de son sang la nature dégradée.
Aussi , comme nous voyons iciie sang
duboeufcouicrsur la terre qu’il fécondé ,
nous trouvons de même dans les monu-
rnens anciens des Chrétiens, la croix au
pied de laquelle est un agneau égorgé
(1), dont le sangest reçu dans un calice.
C’est absolument la même idée, mais elle
estrendue,sous une autre forme symbolique
, dont le changement étoit devenu
nécessaire, depuis la substitution faite
dans le ciel de l’Agneau au Taureau,
au point équinoxial de printemps.
( ï ) Casalius de veterib. Christ, ritib. c. 2.
P -4 -. !
(a) M o n . de l’A cad. des B e lle s -L e ttre s ,
N I V E R S E L L E.
On remarque dans le monument dé
Mithra l’attention qu’on a eu d’v peindre
sur-tout les alternatives de lumière
ét de ténèbres dé génération et de destruction
qui ont lieu aces deux époques
de la révolution annuelle. C’est ce que
marque d’ijne manière aussi claire
qu’ingémèusele sCorpiOn, qui s’attache
au principe même de la fécondité du
taureau'; dont il veut arracher les testicules.
La fécondité donnée à la nature
est peinte par lesang dé ce taureau qui,
comme celui d’Uranus; donne naissance
à la déesse de la génération. Dans d’autres
monumens cette idée est exprimée
d’une manière plus énergique encore,
mais moins décente , par un homme
qui- ensemencé la terre y ' comme lit.
Vulcain quand il donna naissance à'
Erichtonius ou Jupiter à Orion. Aussi
St. Justin (ƒ) assimile-t-il la naissance
de Mithra à celle d’Erichtonius , né de
la viërgê MinèiVe et de Vulcain qui
l’ùnçtPautre, dans lâThéùIogié Egyp-
fiëné y sont regardés‘'comme le père et
la inèïfe ;dn Soleil-,'ou ae Mithra, dont
orifaisoitun prince;lequel avoit régné
dans la ville dn Soleil.
Revenons aux fêtes de la naissance
de Ce Dieu.
' Toits les snvansreconnoissent, qu’elles
se célébroient au Solstice ■ d’hi-vCr 1 air
moment où- le Dieu'Soléil comm'ehçoit
à revenir vers noiis , et à1 accroître la
durée du jour. C’est le sentiment de M.
Fréret (2) ; c’étoit, dit ce savant, la
plus grande fête de la religion des Mages.
M. Hyde (3) la fixe également vers
le Solstice d’hiver. Le Calendrier Romain
, que nous avons déjà cité , et qui
futpublié sous Constantin, la fixeelaire-
ment au 2 5 décembre.1 Ce fut aussi sous
Constantin que ce culte commença à
s’accréditer en occident et à faire quelque
fortune. Car il n’y a pas de doute
que ce ne soit la fête de la naissance de
Tome 16. p . 270.
(3) Hyd, vet, Rclig. Pcrs. p. 247;
Dieu , qui est indiquée par ces mots
de N. J . ou natalis invicti (g), puisqu’il
est vrai qu’il s’agit de la naissance du
Soleil,aveclequelon a toujoursconfondu
Mithra. D’aillèurs l’épithète d'Iiu*ictus
I est. celle que tous les monumens de
I ce temps-là donnent à Mithra. Dé-là
I ces inscriptions des statues et des ima-
Iges de ce Dieu. « Deo Soli invicto
| » Mithrce : au Dieu Soleil invincible
I y) Mithra. NomenirwictumSolMithra..
I» Deo Soli invicto Mithroe et Lunoe
| » oeternoe , ou Soli amnipotenti Mi-
f » three ».
Ainsi Mithra et Christ naissoient le
I même jour , et ce jour étoit celui de la
[naissance du Dieu Soleil. On disoit de
[Mithra, qu’il étoit le Soleil , et de
[Christ, qu’il etoit la lumière qui éclaire
[l’homme.venant dans le monde,
j Mithra naissoit dans une grotte, et
[Christ dans une étable; c’est un parallèle
[qu’a fait St. Justin(ijlui-méme.aJI nais-
I» soit le jour où le Soleil prenoit nais-
[» sance, in stahulo siugiae, autrement
: » dans la station du Bouc céleste, où
» nous avons vu que répondoit l’étable
pi d’Augias,danslesixième travaild’Her-
[Mcule ». Ce Père ajoute même, que
Christ né dans une étable s’étoit aussi
[réfugié dans une grotte.
[' Qui sont ceux qui viennent rendre
hommage à Christ naissant ? ce sont
les Prêtres de Zoroastre, les adorateurs
[de Mithra , enfin les Mages. Que lui
joffrent-ils ? les trois présens qu’ils fai-
jsoient à leur Dieu , ou au Sol eil ; l’or;
l’encens et la myrrhe. Le savant P. Kir-
BgHH nous a donné l’énumération des
.differens métaux , plantes et végétaux,
;que les Arabes, les Cahléens et lesuw-
jtres Orientaiixavoient affectésà chaque
planète ; or ces trois choses sont celles
qui étaient consacrées au Soleil. Tout
;le monde sait, que l’or est le métal que
les anciens ont consacré au Soleil,
commel’argentl’està la Luné , etc. Les
Alchimistes nous ont encore perpétué
ces distributions Astrologiques des métaux.
Par où sont-ils censés instruits de la
naissance du Dieu Jour ou du Christ?
par l’Astrologie. C’est dans le ciel qu’ils
voyent le type du Dieu nouveau. C’est
à l’orient (h) , c’est-à-dire , au point
même de l’horoscope, qu’ils reconnaissent
la naissance du fils de la Vierge:
«Nous avons vu son étoile à l’orient,
» disent-ils (3) ». Eh bien regardons
aveceux à l’orient au moment précis
da cette naissance. Qu’y verrons-nous?
La Vierge mère du Christ, et dans ses
bras l’image d’un jeune enfant nouveau
né , qu’elle allaite. En effet, si
l’on monte un globe de manière à
mettre le Capricorne, dans lequel entroit
le Soleil au Solstice d’hiver, sou*
le méridien inférieur , on verra que le
premier signe du Zodiaque , qui sa
trouve alors monter sur l’horison à
l’orient, et fixer l’heure du moment
natal du jour, ou du Dieu Soleil, dont
on fête la naissance à eette époque, c’est
lesignedelaVierge. Elle estnomméeCé-
rès , et Cérès élle-même s’appeloit la
Sainte Vierge et donnoit naissance
au jeune Bacchus des mystères. C’est
cetteGonstellation,dans laquelleProciu*
place le siège de Minerve, qui, dans son
inscription du temple de Sais (5 ) , se
dit mère du Soleil , sans perdre son
titre de chaste Vierge. C’est cette
Vierge, que le savant garde de la Bibliothèque
d’Alexandrie , Earatosthè-
ne , dit s’appeller Isis (6) , la mère du
jeune Oms (i), ou du Soleil; Vierge dont
on fêtait les couches à ce même Solstice
(7) ; celle qui pleuroit la perte de
son fils , et qui se réjouissoit quelques
jours après de l’avoir retrouvé. Enfin
(1) Justin Dialog. cumTryph. p. 240 et 104.
(2) OEdip. T . 2. part. 2. p. 367.
(3) E v. Math. ç. 2. y. 2.
LO Hesych. v. 'leçk wa.fl).
(5) Procl. in Tira. 1. I. p. 30.
(6) Eratôstlï. c. 9.
(7) Plut, de.Isid. p. 377.