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Ajoncs couverts de Cuscute peuvent infecter des champs
ensemencés de Légumineuses au voisinage; il y faudra
veiller, et détruire, toutes les fois que cela sera possible,
les plantes sauvages couvertes de Cuscute.
Viscum album.
Cui.
Le Cui [Viscum album) est un parasite des tiges des
arbres. Muni de feuilles vertes épaisses et persistantes,
il vit pendant des années sur les branches où il s’est
implanté et sur lesquelles il forme de petites broussailles
rondes qui restent vertes en hiver sur les arbres dépouillés
de leur feuillage.
Le dommage que le Gui cause aux arbres est assez
notable, bien qu’il ne les épuise pas beaucoup, puisqu’il
peut assimiler lui-même directement l’acide carbonique
de l’air à l’aide des organes verts dont il, est chargé : il
ne tue pas les arbres qui en sont chargés comme la
Cuscute tue les Luzernes et les Trèfles, mais il en affaiblit
notablement la végétation. Les Pommiers et les
Poiriers sur lesquels on laisse les touffes de Gui se multiplier
portent peu de fruits et se couvrent de bois mort.
Les parties des branches situées au delà des points où
sont implantées des touffes un peu fortes de Gui se dessèchent
et meurent. En outre, quand les vieilles tiges
de Gui meurent, la place par où elles s’enfonçaient dans
le tronc de l’arbre devient souvent le centre d’une carie
profonde du bois.
Le Gui est parasite d’une très grande quantité d’arbres
fort divers; il pousse même fréquemment sur les
Sapins comme sur les Peupliers, les Acacias, les Pommiers,
etc., etc.
Les touffes rondes et toujours vertes que forme le
Gui sur les branches se couvrent à l’arrière-saison d’un
grand nombre de petites baies blanches contenant une
pulpe visqueuse. Les oiseaux qui en sont friands et
particulièrement la grive du Gui [Turdus viscivorus) se
chargent de propager le parasite en le ressemant sur les
branches où ils vont se percher et où se collent les
graines du Gui engluées de matière visqueuse qu’ils
emportent à leur bec ou à leurs pattes.
Les graines de Gui contiennent un, deux, parfois
même trois embryons. On a remarqué que quand le Gui
est parasite sur les arbres résineux il y reste toujours
plus chétif et il produit alors des graines à un seul embryon,
tandis que sur les arbres feuillus et particulièrement
sur le Peuplier noir oii il atteint son plus puissant
développement, ses graines en renferment plusieurs (i).
L ’embryon du Gui est bien développé. Il a une longue
tigelle parcourue par un faisceau vasculaire et deux
cotylédons bien formés. Il est logé dans un albumen.
Quand la graine germe, la tigelle de l’embryon en sort
sous forme d’une petite colonne verte qui se courbe en
fuyant la lumière, elle est négativement héliotropique
comme l’a bien montré Dutrochet en faisant germer
des graines de gui fixées par le mucilage qui les entoure
aux vitres d’une fenêtre dans une chambre. Le petit cylindre
vert qui en sort n’obéit pas à la pesanteur comme
c’est la règle pour les racines, mais se dirige vers l’intérieur
de la chambre qui est la partie moins éclairée.
Si on colle les graines sur un gros boulet de fonte
toutes les tigelles se dirigent vers le centre du boulet (2).
(1) H e rm a n g r a f zu S o lm s L a u b a c h , Ueber den Bau und die Entmickelung
der p a r a s i t i s c h e r Phanerogameii.Pnngshàm’s Ja h r b ü c h e r , V I , 604, ( 18 6 S ) .
(2) D u t ro ch e t , Mémoires pour servir à l’histoire des végétaux, t . I I , p . 6 3 ,
P a ris iS S y .