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de sel par hectolitre d ’eau, puis a le couvrir de chaux
en poudre. Pour faire l’opération (i ) on met le tas de
giain a traiter sur un sol carrelé ou dallé, on y verse à
plusieurs reprises, mais à peu d’intervalles, la solution
de sulfate de soude pendant que des ouvriers armés de
pelles en bois agitent et retournent vivement le tas. On
ne cesse de verser du liquide que lorsqu’on voit que le
grain n’en retient plus et qu’il s’en écoule une plus
grande quantité par le bas du tas : tous les grains doivent
être ainsi uniformément humectés de liquide sur
toute leur surface. On prend alors de la chaux fusée en
poudre que l’on répand sur toutes les parties du tas
pendant que les ouvriers le retournent avec activité dans
tous les sens; on en ajoute environ deux kilogrammes
par hectolitre tout en continuant à brasser le tas jusqu’à
ce que tous les grains soient exactement couverts de
chaux.
Ce sulfatage des grains proposé par Mathieu de Dombasle
a été adopté et recommandé en France par de
Gasparin et de nombreux auteurs de traités d’agriculture.
Il a été pratiqué avec succès, mais dans bien des
pays, on a remplacé le sulfate de soude par du sulfate
de cuivre en suivant du reste exactement la méthode de
M. de Dombasle. On asperge avec un balai trempé dans
la solution de sulfate de cuivre, le tas de froment jusqu’à
ce que les grains en soient bien imprégnés, puis on les
saupoudre de chaux fusée en poussière.
Cette manière d’opérer paraît avoir sur toutes les autres
un avantage particulier. Le sulfate de cuivre qui
mouille le grain, mis en présence de la chaux est décomposé
comme dans la préparation de la bouillie
bordelaise. Il se forme donc autour du grain un dépôt
(i) Annales de R o v ille , Supplément, p. 273, 1837.
de matière préservatrice assez peu soluble pour n’être
pas entraînée par l’eau du sol, et qui cependant doit non
seulement empêcher la germination des spores de Carie
qui peuvent être adhérents à la surface des grains, mais
aussi arrêter l’invasion des filaments de Carie ou des
sporidies-levûres de Charbon qui peuvent pulluler dans
le sol fumé.
Il est certain qu’en fait cette méthode employée dans
la culture produit d’excellents effets, et que la Carie et
même le Charbon sont devenus fort rares dans les champs
où on la pratique avec soin.
En Allemagne, on a particulièrement recommandé
l’immersion des grains pendant une durée de 12 à 16
heures dans une solution très étendue (1/2 pour 100) de
sulfate de cuivre. C’est le procédé que M. Kühn a regardé
comme le plus sûr et le seul à employer quand il s’agit
de Froment dans lequel il y a une proportion notable
de grains cariés; néanmoins on a dû Constater que la
longue immersion dans un bain de sulfate de cuivre,
nuit à la germination des grains. M.Sorauer (i) considère
que quand on traite les semences comme le propose
M. Kühn, la proportion des grains qui ne germent pas
est assez grande pour que l’on doive augmenter d’un
tiers la quantité de semences que l’on a ainsi sulfatées.
Le saupoudrage des grains qui ont été seulement
mouillés avec la solution de sulfate de cuivre empêche
l’action corrosive du sulfate de cuivre sur les germes de
grains et rend ce mode de protection des semences inoffensif
en même temps que fort efficace.
C’est principalement contre la Carie que l’on emploie
utilement le sulfatage des semences, parce que les spores
de Tilletia qui au moment de la moisson sont renfermées
(i) Soraucr, PJlau'^enkrankheiten, 2® éd., t. l i , p. 204.
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